Annick Alix est la secrétaire départementale du syndicat Force ouvrière pour les collèges et lycées en Côte-d'Or
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00:00 Jusqu'à 9h, toute la Côte d'Or se réveille.
00:03 On parle de l'école, de l'apprentissage.
00:07 Ce matin sur France Bleu Bourgogne avec vous bien sûr,
00:09 et aussi avec notre invitée, la secrétaire départementale du syndicat Force Ouvrière dans l'école Agélice et de Côte d'Or.
00:14 Annick, Alix, alors c'est le deuxième jour de grève dans l'éducation nationale en moins d'une semaine.
00:19 Pourquoi refaire une grève et s'y rapprocher ?
00:22 Eh bien la question se pose effectivement,
00:25 puisque même nous on n'avait pas spécialement anticipé qu'il y ait un deuxième jour si tôt.
00:29 Moi je pense qu'il faut y voir là le signe d'une colère qui monte.
00:33 Les collègues cherchent le moyen d'une action efficace,
00:37 et la pression est telle qu'un jour n'a pas suffi.
00:40 Vous avez été déçue, choquée aussi par la polémique qu'il y a eu autour de la nomination de la nouvelle ministre de l'éducation, Amélie Ouedé-Rocassara.
00:48 Oui, il faut admettre que, alors bon, comme je disais tout à l'heure, ça reste la même politique, c'est une autre communication.
00:53 Mais c'est vrai que son démarrage a été désastreux avec des sorties qui nous sont apparues comme de véritables provocations contre l'école publique.
01:02 Oui, quand elle dit que le privé c'est mieux, ça vous révolte forcément ?
01:05 Ça nous révolte, surtout quand on apprend qu'elle fait contourner Parcoursup par son fils pour être sûr qu'il atterrisse au bon endroit.
01:13 Il y a quand même beaucoup de choses qui sont effectivement assez choquantes dans sa communication.
01:17 Alors, Gabriella Tall, avant de partir à Matignon, on a quand même eu le temps d'annoncer des mesures qui, selon vous, ne vont pas forcément dans le bon sens.
01:24 On va parler des groupes de niveaux dans les classes de collège et de lycée.
01:27 En gros, pour schématiser, on mettrait les élèves les plus forts avec les élèves les plus forts, les plus faibles avec les plus faibles.
01:34 Pour vous, ce n'est pas une solution pédagogique tout ça ?
01:36 Non, pour nous, ce n'est pas une solution pédagogique. C'est une réponse, c'est une mauvaise réponse à un vrai problème.
01:42 Le vrai problème qu'on a, c'est l'hétérogénéité des niveaux dans les classes. Avec des effectifs chargés, c'est difficile d'avoir des élèves très forts, des élèves très faibles, et de les faire tous fonctionner en même temps.
01:52 Mais pour cela, il ne faut pas sortir les plus faibles et les mettre à part, il faut alléger partout.
01:57 Et garder cette hétérogénéité jusqu'à ce que le nombre d'élèves par classe ne pose plus un problème par rapport à ça.
02:03 Et vous, vous pensez que, par exemple, les élèves les plus à l'aise ou les plus forts dans une matière pourraient aider les plus faibles et tirer aussi un peu vers le haut ?
02:09 C'est ce qu'on voit, c'est la pédagogie que tous les profs développent dans les classes qu'ils ont, quand elles sont trop chargées et qu'ils ne peuvent pas s'occuper de tout le monde. Ils le font tous de toute façon.
02:19 Dans ces cas-là, comment on fait pour accompagner les élèves qui sont les plus faibles ? Parce que parfois, il s'agit qu'ils ne décrochent pas. Le flèche, c'est hyper important pour ça.
02:28 Pour qu'ils ne décrochent pas, il faut pouvoir circuler dans la classe, il faut pouvoir aller les voir plus souvent, il faut pouvoir les lancer dans des activités différenciées. Et ça, ça ne se fait pas à 30.
02:38 Prendre du temps, spécifiquement, avec les élèves les plus en difficulté.
02:41 Et pour ça, il faut en avoir moins.
02:43 Alors, vous dites que la vraie réponse à ces classes moins chargées, ça dépend vraiment des établissements. Pourtant, dans notre académie, il y a des classes avec peu d'élèves, notamment en milieu rural.
02:53 Alors, est-ce qu'on sait si en milieu rural, on apprend mieux, on y arrive mieux, on s'en sort mieux ?
02:57 Alors, je ne sais pas, je n'ai pas fait d'études personnellement pour le savoir, mais je sais que le climat scolaire est effectivement beaucoup plus agréable, par contre.
03:04 Et ça, les collègues le disent. Donc, ne serait-ce que pour ça.
03:08 Quand on crée un climat d'apprentissage qui est agréable, il l'est aussi pour l'élève.
03:12 Et rien que ça, c'est déjà mieux. On ne va pas forcément tout mesurer à la performance et aux tests et à la note.
03:18 Il y a un climat scolaire qui est hyper important. Et à 30, il ne peut pas être bon.
03:23 Ni pour le prof, ni pour l'élève.
03:25 La question des classes moins surchargées est aussi liée au poste des enseignants.
03:32 Ça, c'est vraiment une question centrale.
03:35 Vous qui siégez au niveau de l'Académie de Dijon, dans toutes ces instances, on a une idée de la carte scolaire, de ce que ça va donner au mois de septembre ?
03:43 Il y a encore beaucoup trop de suppression de postes à la rentrée ?
03:46 Oui, il y en a quand même 98 sur toute l'Académie dans le premier degré, dont 27 en Côte d'Or, et puis il y en a 60 dans le second degré.
03:53 Donc oui, c'est encore trop, surtout que ça fait suite à beaucoup d'années consécutives de baisses importantes.
04:00 C'est pour ça aussi que les parents se mobilisent. Est-ce que vous en voyez de plus en plus chaque année de parents qui se mobilisent en disant
04:05 "Nous, on ne veut pas de la fermeture d'une classe" ou "On voudrait que le prof reste".
04:08 Oui, ça me paraît se tendre. On a plus de collèges en lutte, on a plus d'écoles dans lesquelles il y a des classes.
04:15 Là, je ne sais pas, vous avez évoqué tout à l'heure plusieurs exemples, mais on peut parler aussi d'York, dont une maternelle ferme, les Violettes.
04:23 Renef, ce week-end, Montmusard ce matin.
04:26 Ça change quand même les REP. Les deux exemples que je viens de donner, même les REP ne sont pas épargnés par les fermetures de classes.
04:30 Réseau d'éducation prioritaire, là où peut-être nos enfants ont plus besoin d'attention.
04:34 Tout à fait. L'attention a été donnée par les dédoublements en grande section CP-CE20, mais pour pouvoir faire ça, on a un peu blindé dans les autres classes.
04:42 On se retrouve aujourd'hui avec des classes REP qui sont presque aussi chargées que des classes ordinaires.
04:47 Quand on a 25 ans REP, c'est encore trop.
04:49 Ce qu'on peut dire aussi, Annie Calix, c'est que s'il y a toutes ces suppressions de postes d'enseignants, c'est aussi parce qu'il y a de moins en moins d'élèves.
04:56 Alors on fait comment ?
04:57 Oui, bien sûr. C'est ce qui est toujours donné à les indicateurs, en plus, dont le recteur nous abreuve en instance.
05:05 Il montre effectivement que le nombre d'élèves par classe a l'air de baisser quand même.
05:09 Alors vous dites quoi quand on dit "le nombre d'élèves" ?
05:11 C'est des disparités. En plus, je pense qu'il ne faut pas regarder au niveau des moyennes, surtout dans une académie qui, comme la nôtre, est assez rurale, vous l'avez dit.
05:17 On va avoir forcément, mécaniquement, des classes très très peu chargées qui vont faire baisser cette moyenne.
05:23 Mais moi, je pense qu'il faut parler plutôt en termes de maximum par classe.
05:27 Et quand on part du principe qu'il faut être 30 en collège et qu'il faut être 35 en lycée,
05:34 qu'on ne crée pas d'ouverture tant qu'on n'est pas 31 dans chaque classe de niveau ou 36 dans chaque classe de lycée,
05:40 ce n'est pas une bonne manière de calculer.
05:43 Numériquement parlons, il faudrait de quoi ? 25 en collège ?
05:45 25 en collège, 30 en lycée, 20 en REP.
05:50 Moi je trouve que voilà quoi.
05:52 Et ça ne devrait pas s'entendre en moyenne, ça devrait s'entendre en maximum.
05:55 Derrière chaque poste supprimé, il y a aussi un enseignant qui potentiellement va devoir bouger, enseigner ailleurs, déménager.
06:02 Est-ce que ça c'est bien accompagné ? Parce qu'on imagine que la nouvelle, il faut l'encaisser.
06:06 Comment ça se passe après ? Est-ce que vous, vous êtes accompagné quand vous devez muter, bouger ?
06:10 Effectivement, le mieux c'est quand même aussi, je vais prêcher pour ma paroisse,
06:14 mais c'est de se faire accompagner par un syndicat pour faire ses voeux de mutation au moment où on est victime d'une suppression de postes.
06:21 Il y a des dispositifs qui sont prévus aussi au rectorat pour accompagner, sauf que comme ils ont plein de gens à accompagner,
06:26 là par exemple je prends l'exemple de la technologie qui a été supprimée en 6e et cette suppression est donc confirmée cette année,
06:33 beaucoup d'enseignants vont se retrouver, ce qu'on appelle, en mesure de cas scolaires,
06:37 c'est-à-dire avec leur poste supprimé alors qu'ils ne sont ni partis à la retraite, ni partis en mutation.
06:42 Donc quand on fait ça, il faut les recaser. Même avec beaucoup d'attention, je ne sais pas comment ils vont les caser.