• il y a 11 mois
Anne-Marie Denis, présidente de la FRSEA Normandie, n’écarte pas la possibilité d’actions d’agriculteurs ces prochains jours en raison de la colère contre l’empilement des règles et du non-respect de la loi Egalim supposée garantir la rémunération des producteurs

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Transcription
00:00 Il est 8h15, bienvenue Simon Dangelon sur France Bleu et France 3 Normandie.
00:04 Notre invitée Didier ce matin est Anne-Marie Denis, présidente de la Fédération Régionale des Syndicats d'Exploitants Agricoles.
00:11 Bonjour Anne-Marie Denis.
00:13 Bonjour à tous.
00:14 Gabriel Attal, le Premier ministre, doit rencontrer aujourd'hui les responsables des syndicats agricoles.
00:20 Vous attendez quelque chose de concret ? C'est possible ça ? D'apporter une réponse rapide et efficace ?
00:26 Déjà ce que je peux dire c'est que la rencontre avec Gabriel Attal est une coutume si j'ose dire.
00:30 A chaque fois qu'on a un nouveau Premier ministre, il demande à rencontrer le syndicat national majoritaire des agriculteurs qui est la FNSEA.
00:38 Bien sûr, notre président présentera toutes les problématiques agricoles.
00:43 Nous espérons avoir quelques réponses ou les avoir assez rapidement dans les heures qui viennent.
00:47 Quelle réponse espérez-vous entendre ce soir dans la bouche du Premier ministre ?
00:51 Voilà, elles sont nombreuses sinon nos agriculteurs seraient...
00:53 Un ou deux exemples ?
00:54 Donc dans les réponses qu'on a, c'est les problématiques environnementales qui s'emplient les unes après les autres.
01:00 Au niveau européen, on a une politique européenne aujourd'hui qui est un peu décalée de ce qui se passe sur le terrain.
01:06 Donc on demande quelques évolutions.
01:08 Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?
01:10 Eh bien par exemple, on diminue la production parce qu'on nous impose de faire déjà cher à la hauteur de 4% alors qu'on a besoin d'une agriculture nourricière.
01:23 D'autre part, on nous impose en Normandie plus particulièrement de remettre les prairies en prairies permanentes.
01:29 Alors que de l'autre côté, on nous impose de diminuer l'élevage.
01:32 Donc il y a des incohérences dans les propositions.
01:34 Bruxelles et Paris ne disent pas la même chose, c'est ça ?
01:37 Oh, ils savent très bien se compléter quelques fois.
01:39 Mais en tout cas, c'est cette superposition qui vous fatigue.
01:43 On va revenir à quelque chose d'assez concret, le prix du lait.
01:45 Vous êtes vous-même productrice de lait dans l'ORN.
01:50 En contrat avec Lactalis, ça se passe mal à nouveau ?
01:57 Oui, je le dis bien, je suis un fournisseur à Lactalis, sinon pas un client.
02:01 Sinon je ne travaillerais peut-être pas avec eux.
02:03 Les négociations commerciales sont en cours déjà depuis plusieurs semaines, de nombreuses semaines avec les organisations de producteurs.
02:12 Aujourd'hui, ça se passe mal, je dirais même très mal, puisque ça s'était plutôt calmé.
02:18 On voyait moins les agriculteurs au pied des laiteries depuis 2-3 ans.
02:22 Lactalis dit avoir augmenté de 30% les tarifs versés.
02:25 Bien sûr, ils ont augmenté depuis 3 ans.
02:29 Parce qu'il y a 4 ans, il y a eu déjà les états généraux de l'alimentation qui ont établi une construction de prix,
02:36 qui devait être respectée pendant ces 3 ans-là.
02:38 Ils devaient montrer un signe, donc ils ont suivi le signe.
02:41 En même temps, comme nous tous, on a subi des augmentations des coûts de production,
02:45 l'alimentation animale, mais aussi l'électricité, le carburant, comme chaque habitant français.
02:52 Et ça a une incidence largement au-dessus des 30% d'ailleurs depuis 3 ans.
02:56 Mais ça nous permettait de maintenir quand même le revenu.
02:59 Aujourd'hui, Lactalis est vers un prix à la baisse, mais les charges n'ont pas baissé et c'est décalé par rapport à la construction du prix.
03:08 Actuellement, 405 euros les 1000 litres. Pour vous, pour couvrir vos frais, ce serait combien ?
03:15 Si je prends un exemple de 3 agriculteurs qui sont dans ma situation, c'est au moins 440 euros les 1000 litres.
03:24 La loi EGalim n'est pas respectée ?
03:26 La loi EGalim, telle qu'est la construction du prix, a changé le système,
03:32 puisque antérieurement la construction du prix se faisait du consommateur vers l'agriculteur,
03:36 et ne respectait pas du tout nos coûts de production.
03:38 Les agriculteurs ne pouvaient plus du tout en vivre.
03:40 Depuis la loi, on fait une construction du prix en montant, c'est-à-dire en partant de l'agriculteur,
03:46 tenant compte de tous ses coûts de production, idem pour l'industriel,
03:49 et le distributeur devait assumer ses coûts de production de base pour pouvoir acheter son produit.
03:54 C'est le mécanisme obtenu, mais il n'est pas respecté alors ?
03:56 Il n'est plus respecté.
03:57 Par Lactalis. Alors si vous attendez peut-être ce soir de la part de Gabriel Attal qui l'osse le ton vis-à-vis de ces grands groupes ?
04:03 Alors je pense qu'en France, quand il y a des lois, il me semblait qu'on avait obligation de les respecter.
04:10 Aujourd'hui ce n'est pas le cas. Donc oui, on attend d'un Premier ministre de lever le ton,
04:15 on ne lui demande pas de faire un prix parce que ce n'est pas son rôle,
04:17 mais au moins d'imposer qu'on respecte la loi et qu'il y ait des renégociations avec les OPs
04:22 et qu'on arrive à un tarif admissible, minimum.
04:25 Depuis quatre jours maintenant, des agriculteurs bloquent une autoroute dans la région de Toulouse.
04:29 C'est excessif ? Ou alors, vous, une réflexion est en cours pour savoir si vous faites la même chose ?
04:35 Alors, je ne peux jamais parler d'excès parce que je n'y suis pas et quand on n'est pas sur le terrain, ce n'est pas facile.
04:40 Il y a juste que quand il y a une action, en général, la FNSEA, les FRSEA et les FED locales,
04:46 on décide toujours sur le mode d'action, on cadre le mode d'action, on est contre la violence et la destruction.
04:53 Donc, quelquefois, malheureusement, il peut y avoir des excès.
04:57 Alors, est-ce qu'il y a l'intégration de personnes extérieures et tout ? Je ne peux pas juger.
05:01 Ceci dit, dans le sud, ils ont quand même beaucoup de problématiques,
05:04 problématiques sanitaires, problématiques climat, eau, etc.
05:07 Et en Normandie, est-ce que les problématiques sont telles qu'on envisage de s'aligner au parc ?
05:11 En Normandie, les problématiques sont un peu différentes, mais extrêmement importantes.
05:16 On a tous les problèmes d'environnement, comme je vous disais,
05:18 les prairies, on a aussi les problèmes IED, qui sont les émissions industrielles,
05:24 on a les problèmes du bio qu'on a produit, etc.
05:28 Donc, il y a beaucoup de sujets, et bien sûr la construction du prix du lait,
05:32 beaucoup de sujets pour manifester, pour faire des actions.
05:35 Je pense qu'on fera des actions, et j'ai mes collègues ce soir en visio,
05:38 et j'appelle mes collègues de la région Normandie à réagir, réagir fortement, ne veut pas dire...
05:44 Quel type d'action ? En ciblant par exemple l'actalis, on en parlait un peu plus tôt ou plus large ?
05:48 Bloquer des routes ?
05:50 Je crois que la vieille coutume d'aller leur rendre visite n'est pas si mal,
05:53 donc je pense que ça fera partir des motifs, de la communication,
05:57 et après ce soir, c'est mes collègues par département qui décideront
06:01 quel type d'action ils mettent en place. Il faut que ce soit adapté au terrain et aux attentes.
06:05 Donc réflexion ce soir. Merci beaucoup Anne-Marie Denis, présidente de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles,
06:11 invité France Bleu, France 3. Bonne journée.
06:13 Merci.
06:14 Merci, et notre invité bien sûr à retrouver en podcast sur francebleu.fr

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