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Laure Beauffigeau, chargée de développement à la Coopérative d'installation en agriculture paysanne de la Mayenne

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Transcription
00:00 7h46 sur France Bleu Mayenne, notre invité Marcelin Robin.
00:05 On va évoquer le gouvernement qui veut calmer la colère des agriculteurs
00:09 et le Premier ministre Gabriel Attal qui reçoit ce soir leurs représentants.
00:13 Et pour parler de la crise des vocations mais aussi des solutions pour que des fermes soient reprises,
00:17 on reçoit ce matin une agricultrice chargée de développement à la coopérative d'installation en agriculture paysanne de la Mayenne.
00:23 Bonjour Laure Beaufigeaux.
00:24 Bonjour.
00:25 Les représentants des principaux syndicats d'agriculteurs mayennais ont été reçus en préfecture hier.
00:30 Il y a urgence à répondre aux inquiétudes ?
00:34 Il y a clairement urgence à répondre aux inquiétudes.
00:36 Après, on n'a pas tous les mêmes inquiétudes suivant l'agriculture que l'on fait.
00:39 Les vôtres, quelles sont-elles ?
00:41 Vous représentez un modèle paysan avec des petites exploitations.
00:48 Il y a des difficultés à s'installer, à reprendre des exploitations de ce genre ?
00:52 Quand on dit petite, l'agriculture paysanne n'est pas significative de petite.
00:58 Par contre, le synonyme est plutôt résilient.
01:01 Les structures peuvent être plus ou moins grosses, le débat n'est pas là.
01:05 Par contre, pour reprendre les fermes, c'est assez compliqué.
01:08 Il y a énormément de fils d'agriculteurs et de filles d'agriculteurs qui ne reprennent pas les fermes.
01:13 Ça a été le modèle historique pendant très longtemps.
01:15 Aujourd'hui, il est non-issu du milieu agricole.
01:17 C'est un vrai parcours du combattant de pouvoir réussir à aller jusqu'à l'installation.
01:21 Il y a énormément de difficultés, que ce soit pour trouver la bonne formation,
01:26 trouver la personne qui va vous apprendre le métier que vous voulez faire et pas le métier que lui fait,
01:31 trouver le foncier, comprendre la jungle dans tous les organismes,
01:35 il y a toutes les histoires de filières, tout ce qui va nous permettre d'avoir ce qu'on a besoin sur la ferme.
01:41 Et une fois qu'on a vendu nos produits, il faut être un peu multicasquette.
01:45 Tout ça, c'est un métier qui s'apprend généralement parce qu'on est fils d'agriculteurs.
01:50 Et nous, on leur met une perf en version rapide pour qu'ils arrivent à faire tout ça dans un temps assez court.
01:57 Il y a un projet de loi du gouvernement qui devait être présenté cette semaine,
02:00 qui le sera dans quelques semaines. Il a été reporté sur l'installation de nouveaux agriculteurs.
02:04 Il va y avoir un volet simplification. Qu'est-ce que vous en attendez-vous de ce projet de loi ?
02:09 Très honnêtement, je suis technicienne SIAP,
02:13 donc tout ce qui est aspect politique à la Confédération Paysanne, à tous les discours,
02:18 je vous laisserai voir ça avec eux.
02:20 Mais en tant que technicien, ce que vous disiez, la difficulté de s'installer et de trouver des terres,
02:25 quelle mesure pourrait y avoir dans ce projet de loi qui pourrait vous intéresser ?
02:31 La mesure qui pourrait être très intéressante, ce serait de réussir à bloquer du foncier pour ne pas qu'il parte à l'agrandissement.
02:36 Et de pouvoir développer les moyens pour avoir des outils que l'on a à la SIAP,
02:41 qui sont des outils de portage par exemple.
02:43 En moyenne, c'est 60% des installations qui sont portées par des non-issus du milieu agricole.
02:50 Pour qu'ils puissent justement apprendre le métier, être sûrs d'eux, et puis même rassurer les banques.
02:56 Ces outils de portage là, on les accompagne sur un an, deux ans, trois ans, on aimerait même plus.
03:02 Ça, c'est ce qui nous permettrait de les aider à s'installer.
03:05 Une structure comme la nôtre, c'est un salarié, à la limite deux salariés.
03:09 On a énormément de difficultés à pérenniser nos structures qui les accompagnent eux, et ça ne devrait pas exister en fait.
03:14 Laure Bofijo, vous êtes notre invitée ce matin sur France Bleu Mayenne, chargée de développement à la SIAP 53.
03:20 Alors vous, la crise des vocations, vous ne la constatez pas vraiment.
03:23 Beaucoup des gens qui viennent frapper à votre porte sont non-issus du milieu agricole, ce que vous nous disiez.
03:28 Tout d'ailleurs, quel profil ?
03:30 On va avoir trois types de profils.
03:34 Le premier type de profil, c'est j'avais un bullshit job à Paris et finalement ma vie n'a pas de sens et pourquoi je ne serais pas paysan ?
03:41 Ça, c'est le premier profil.
03:43 Le deuxième profil, c'est l'ingénieur agronome qui est allé complètement au bout de la démarche.
03:48 Et à un moment, il se dit, mais en fait, si je revenais aux bases et que je l'essayais moi-même,
03:53 ce serait plus facile de comprendre tout ce que j'ai appris et de le confronter à la réalité.
03:59 Et puis, on a tous les gens qui retournent à la terre parce que les grands-parents étaient agriculteurs
04:05 ou finalement, ils ont grandi à la campagne, ils ont fait une carrière dans quelque chose d'autre
04:10 et ils se disent, ben non, en fait, j'ai envie de revenir aux sources et je change.
04:14 Il y a un enjeu de communication des principaux syndicats agricoles ou des agriculteurs,
04:19 même pour susciter des vocations selon vous ?
04:23 Oui, clairement. Je ne sais pas si vous avez fait un peu un bilan, mais la communication qui est faite sur le monde agricole,
04:31 c'est qu'il fait trop chaud, il fait trop froid, il n'y a pas assez de pluie, il y a eu trop de pluie,
04:34 les prix ne sont pas bons, on est en colère, c'est la crise, ça ne va pas, on est mal rémunéré.
04:39 Et ce sont des réalités ?
04:40 Alors, ce sont des réalités pour une certaine catégorie d'agriculteurs, oui.
04:43 Donc, c'est mal rémunéré, on a quoi ? C'est un sacerdoce, on a des journées horribles à rallonge,
04:51 on n'a pas de vacances. Donc oui, pour une certaine partie des agriculteurs, c'est une réalité, mais pas pour tout le monde.
04:58 Et donc, très rapidement, comment développer ce modèle ?
05:03 Quelles sont les aides que vous donnez au profil, aux personnes qui viennent vous voir ?
05:10 Les aides qu'on demande ou les aides qu'on donne nous ?
05:12 Non, les aides, quelles mesures vous mettez en place pour les personnes qui veulent s'installer ?
05:17 Très rapidement, en quelques secondes.
05:18 C'est quoi la recherche ?
05:19 C'est le réseau. C'est-à-dire que quand ils arrivent vers nous, il y a un réseau paysan qui se met en route,
05:24 ils peuvent aller voir chez tous les paysans et se dire "Ah, ça c'est trop chouette, ça je le prends, ah mais oui, ça c'est possible,
05:29 ah mais en fait, je peux très bien prendre des vacances et gagner ma vie".
05:31 Et c'est clairement, on appelle ça des groupes d'appui locaux.
05:35 On les accompagne avec des paysans et des élus locaux et d'associatifs,
05:39 pour qu'ils s'intègrent dans le territoire et qu'ils se disent "En fait, ce métier est trop chouette".
05:42 Merci Laure Boffi, je suis heureux d'avoir été l'invité de France Bleu Mayenne ce matin.
05:45 Vous êtes éleveuse de bovins à Minil et chargée de développement à la coopérative d'installation en agriculture paysanne.
05:52 La Mayenne, bonne journée.

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