• il y a 11 mois

Ce matin, Anne-Cécile Mailfert aimerait faire un point sur le vocabulaire employé par Emmanuel Macron lors de ses dernières interventions.
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Transcription
00:00 En toute subjectivité, bonjour Anne-Cécile Maïfert.
00:03 Bonjour à toutes et tous.
00:04 Ce matin, vous nous parlez de vocabulaire, Anne-Cécile.
00:07 Mercredi, ma sœur a accoché d'une fille.
00:09 Elle fait donc partie d'un grand plan de réarmement de la France, selon le mot de notre président.
00:14 Le mot prononcé lors de ses vœux le 1er janvier est répété à Touva mardi dernier.
00:18 Ré-arm-ment.
00:20 D'ailleurs, l'expression réarmement, accolé à démographique, m'a donné envie de répliquer
00:25 "laissez nos utérus en paix".
00:26 Mais au-delà de cette obsession nataliste qui ne dit rien de bon pour nos droits, c'est
00:30 ce vocabulaire guerrier qui m'a intriguée.
00:31 Ce n'est pas la première fois que la guerre fait partie de son vocabulaire.
00:34 Au début de la crise sanitaire, Emmanuel Macron avait convoqué tout un champ lexical
00:38 martial.
00:39 En dramatisant à l'excès, le président espérait comme aujourd'hui, mobiliser et
00:43 créer l'union nationale autour de lui.
00:45 Mais cette fois, ces mots viennent pointer plus qu'une stratégie de communication,
00:49 un projet politique.
00:50 Il emprunte à l'idéologie ultra-droitière, va chercher leur voie en virilisant le pouvoir,
00:55 prenant le risque au passage de réveiller un grand démon.
00:58 Qu'est-ce que vous voulez dire Anne-Cécile ?
00:59 En utilisant cette rhétorique belliqueuse avec une telle légèreté, Emmanuel Macron
01:04 nous accoutume à l'idée de la guerre.
01:06 Elle gronde à nos portes.
01:07 Déjà j'entends que la guerre fait partie des possibilités pour nos générations.
01:10 Et bientôt, on la pensera inévitable.
01:12 La dernière fois que l'on parlait de réarmement moral, c'était en 1938.
01:16 A l'époque, les créateurs de cette expression et de ce mouvement qui disait se battre pour
01:20 la paix, s'inquiétaient de la remilitarisation de l'Allemagne.
01:23 Derrière les métaphores, il y a aussi les actes politiques.
01:26 De nos jours, ce n'est pas que l'Allemagne qu'on réarme, mais aussi la France.
01:29 Depuis novembre, le Livret A, épargne préférée des Français, permettra de soutenir l'économie
01:35 de guerre.
01:36 Concrètement, les banques pourront faire bénéficier à l'industrie de la défense
01:40 et de l'armement les fonds du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire.
01:45 Et vous, ça vous fait peur ?
01:46 Je suis Lorraine.
01:47 Quand j'étais gamine, nos sorties scolaires étaient à Verdun, devant des tas d'ossements,
01:50 des villages rasés ou des terrains encore marqués par les bombardements de la première
01:54 guerre mondiale.
01:55 Dans les bois, on jouait sur les vestiges des forts et notre jeu préféré, c'était
01:58 l'Allemand contre le Français.
01:59 Les secrets de famille, c'était ce que les soldats allemands avaient fait subir à ma
02:02 grand-mère avant de brûler la ferme Vosgienne, alors que mon grand-père était prisonnier
02:06 de guerre.
02:07 La guerre, ce n'est pas un jeu de mots.
02:08 Elle laisse des traces indélébiles sur des générations.
02:11 Féministe, je sais que la guerre est l'expression la plus brutale de la violence virile dans
02:15 laquelle meurent nos enfants, que nous n'élevons ni pour tuer, ni pour être tués.
02:19 Réaliste, je pense que la guerre est toujours une impasse et la paix la seule solution.
02:23 Loin d'être une évidence, la paix est une bataille culturelle de chaque instant, la
02:27 seule que tout dirigeant avisé devrait raisonnablement mener.
02:30 Il y a deux jours donc, c'est l'Est, ma sixième nièce, naissait dans l'Est.
02:35 La beauté d'un nouveau-né est toujours désarmante.
02:38 Alors un désarmement démographique, voilà ce qu'on préfère.
02:41 Car pour faire des enfants, c'est l'amour qu'il faut faire, pas la guerre.
02:45 Merci Anne-Cécile Maïfert, présidente de la Fondation des femmes, on vous retrouve
02:49 vendredi prochain.

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