Aujourd'hui, c’est la journée internationale des droits des filles - Anne-Cecile Mailfert
Aujourd'hui, c’est la journée internationale des droits des filles et Anne-Cécile Mailfert a cherché à savoir ce qu’il en était ici...
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite
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00:00Et à 7h21, en toute subjectivité avec vous, Anne-Cécile Maïfert, aujourd'hui c'est
00:04la journée internationale des droits des filles et vous avez cherché à savoir ce
00:08qu'il en était ici en France ? Oui, on est une fille de 0 à 18 ans, alors
00:12j'ai simplement demandé à ma filleule adolescente ce qu'on pouvait améliorer
00:15pour elle et ses copines en France et elle a répondu « la sexualisation des filles
00:19sur internet ». Je lui ai demandé ce qu'elle voulait dire par là « quoi qu'elles fassent
00:23et quoi qu'elles postent sur les réseaux et malgré leur jeune âge, tout est vu de
00:26manière sexuelle.
00:27Elles se déguisent en potiron pour Halloween, c'est sexuel.
00:30Elles parlent physique-chimie avec quelques boutons de chemise ouverts, c'est sexuel.
00:34Elles se prennent en photo entre copines, c'est sexuel.
00:36Au début, les commentaires les effraient, puisqu'elle ne les surprend plus, elles
00:40s'adaptent.
00:41Elles évitent de s'exposer, font attention, se réfugient derrière des comptes privés
00:43quand elles ne quittent pas totalement les réseaux.
00:45Leur santé mentale en est altérée, des psychologues anglais ont constaté que les
00:49filles qui passent plus de temps sur les réseaux sociaux étaient moins satisfaites de leur
00:52vie après un an.
00:54Des statistiques qui doivent être encore pires en ce qui concerne les mineurs qui se
00:56trouvent sur les sites OnlyFans et son concurrent français Mime.
01:00Ces réseaux sociaux censés leur être interdits permettent d'échanger des contenus pornographiques
01:04réalisés en direct et en échange d'un abonnement payant.
01:06Un flou dangereux entoure ces pratiques puisque la Cour de Cassation indique qu'en l'état,
01:11il ne s'agit pas de prostitution et plus dangereux encore, peut-être, sont les agresseurs
01:15qui s'y pressent.
01:16Les filles voient Internet comme un lieu dangereux autrement dit.
01:19Et elles n'ont pas peur, elles n'ont pas tort.
01:21Et c'est particulièrement vrai pour celles qui sont les plus vulnérables.
01:24C'est ce que montre Rémi Barbet dans le livre « Bao, 16 ans prostituée » le témoignage
01:28bouleversant d'une adolescente prise au piège des réseaux sociaux qui est sortie
01:32hier aux éditions Ixo.
01:34Internet permet aux prédateurs de cibler de manière démultipliée les jeunes filles
01:38et de les proposer à une foule de clients, ce qui était beaucoup plus difficile auparavant.
01:41Nouveaux outils, vieilles stratégies, la prostitution n'arrive pas par accident dans
01:46leur vie.
01:47Dans le cas de Bao, une agression enfant, des adultes qui ne l'ont pas protégée et
01:51l'ont même culpabilisé, un petit ami qui la trouve et la drague en ligne et qui
01:55la vend ensuite en ligne également.
01:56Qui la vend en deux clics sur un site d'escorte ou des blogs du genre de coco.fr comme celui
02:02utilisé par Dominique Pellicot.
02:03Et dans le cas de la prostitution des mineurs, c'est aussi Monsieur Tout-le-Monde qui clique,
02:07paye et se relaie dans des chambres glauques pour violer ses enfants, du banquier au religieux
02:11en passant pour le vieux monsieur ou le jeune homme fringant.
02:14Et Anne-Cécile, que font les parents ?
02:16Selon l'association Internet sans crainte, les parents sont plutôt conscients des risques
02:20sur Internet.
02:21Ils ont une vigilance accrue tout particulièrement pour leurs filles et en conséquence les contrôlent
02:26plus que les garçons.
02:27Mais la sexualisation des filles ne devrait pas être le problème des filles, elle est
02:31le problème des garçons, des hommes, de la société.
02:34La liberté qui règne sur Internet, c'est celle du plus fort d'imposer sa loi.
02:38Et la liberté des hommes broie la liberté de nos filles.
02:40La journaliste Claire Allais explique dans « Matrice aux origines de la domination masculine
02:46» qui sort aujourd'hui même aux éditions du Seuil, qu'il n'existe aucune preuve
02:50que cette domination masculine ait toujours existé.
02:52Mais par contre, l'appropriation des corps et de la sexualité des femmes a, elle, toujours
02:57été son objectif.
02:58Que ce soit dans la vie réelle ou virtuelle, dans la rue ou sur les réseaux, exister librement
03:03est un combat sans cesse renouvelé pour les générations d'avant, comme pour nos filles
03:07d'aujourd'hui.
03:08Merci Anne-Cécile Maïffert, présidente de la Fondation des femmes, et à vendredi prochain
03:12il est 7h25.