Anne-Cécile Mailfert nous parle d'Emmanuel Macron et de son idée de décorer Michel Sardou.
Mais ce n'est pas de Michel Sardou dont elle parle ce matin.
Ce qui l'interroge dans cette décision, c'est la motivation du président de la République.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite
Mais ce n'est pas de Michel Sardou dont elle parle ce matin.
Ce qui l'interroge dans cette décision, c'est la motivation du président de la République.
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00:00 En toute subjectivité avec la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Maïfert.
00:05 Bonjour à toutes et tous.
00:06 Et ce matin, Anne-Cécile, vous nous parlez d'Emmanuel Macron et de son idée de décorer Michel Sardou.
00:12 Oui, et ce n'est pas de Michel Sardou dont je vais parler ce matin.
00:14 Ce qui m'interroge dans cette décision, c'est la motivation du président de la République.
00:18 Michel Sardou est un artiste déjà multi-décoré depuis 1993, chevalier officier, puis commandeur de la Légion d'honneur il y a trois ans.
00:26 Pourquoi le décorer à nouveau ?
00:28 Il s'agirait, selon un conseiller du président cité par le Nouvelle-Hobbes, de récompenser le chanteur car il a su diagnostiquer des décennies avant Michel Houellebecq le « mal-être masculin » dans ses textes.
00:39 Fermez les guillemets. Qu'est-ce que c'est ce « mal-être masculin » ?
00:42 Je ne sais pas. Mais je me suis dit qu'il devait se passer quelque chose de grave pour les hommes dans notre pays pour qu'on se mobilise ainsi au plus haut niveau.
00:50 Alors je suis allée sur le site de Santé publique France et je tombe justement sur cette étude qui est sortie il y a trois jours sur la santé mentale des jeunes.
00:57 Entre 2018 et 2022, quel que soit le niveau de scolarité, les garçons présentent un meilleur niveau de bien-être mental que les filles.
01:06 Au lycée, la perception positive de leur vie actuelle pour les garçons est élevée et stable tout au long de la scolarité et de la période, alors qu'elle subit une forte baisse chez les filles entre 2018 et 2022.
01:17 Concrètement, une fille sur quatre au collège et au lycée déclare avoir déjà eu envie de mourir contre un garçon sur dix.
01:24 C'est ce mal-être croissant des filles qui mériterait sûrement une mobilisation présidentielle.
01:29 Une fille sur quatre au collège ou au lycée, le chiffre est impressionnant. Mais alors comment est-ce qu'on peut définir ce mal-être masculin ?
01:36 Ce que le conseiller du président veut dire par « mal-être masculin » est sûrement autre chose.
01:40 Et peut-être la « gender fatigue », le « on ne peut plus rien dire » ou encore « on ne peut même plus draguer » que vous avez sûrement déjà entendu.
01:48 Ça expliquerait d'ailleurs Michel Sardou qui n'a pas dit autre chose à l'Olympia pour son dernier concert.
01:53 Un jeune homme qui pose sa main sans son consentement sur la main d'une femme, c'est garde à vue direct.
01:58 Il symbolise par cette phrase une réticence croissante vis-à-vis des progrès de l'égalité et une résistance à la prise en compte des violences faites aux femmes,
02:05 ceux qui en ont marre des féministes et commencent à le faire savoir. Et en un sens, je peux les comprendre.
02:10 Je peux comprendre que ce soit déroutant pour des hommes qui ont été élevés dans le modèle d'une virilité patriarcale,
02:16 à qui on expliquait qu'un homme se définissait par sa capacité à prendre et à dominer, qu'il fallait maintenant changer.
02:23 Changer pour devenir quoi ? Qui sait vraiment ce que c'est être un homme dans une société égalitaire avec les femmes ?
02:29 Répondre à cette question fondamentale, enflattant une masculinité nostalgique du « c'était mieux avant » est une impasse.
02:35 Car les femmes n'ont pas prévu de revenir à la maison pour subir et souffrir en silence. Alors on fait quoi ?
02:41 Travailler à réfléchir, imaginer et valoriser des modèles masculins positifs, qui ne génèrent pas ce mal-être mental et physique chez les femmes et les filles,
02:49 qui nous permettent à toutes et tous d'être épanouis là est tout le chantier pour les hommes des années 2020.
02:55 Il serait d'ailleurs temps qu'ils s'y mettent, le président en tête. Perso, je lui conseillerais plutôt de décorer, et dit de près tôt.
03:10 Virilité abusive, c'est dans la chanson « Kid » dédiée de Préteau.
03:14 Merci Anne-Cécile Maïfert, présidente de la Fondation des femmes. On vous retrouve vendredi prochain.