Mercredi 15 novembre, le ministère de l’Intérieur publiait des chiffres de violences conjugales, à nouveau en hausse ? Les précisions d'Anne-Cécile Mailfert.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite
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00:00 - Le journaliste Hector Vins, en toute subjectivité, bonjour Anne-Cécile Maïfert.
00:03 - Bonjour à tous et à toutes.
00:04 - Il y a deux jours, le ministère de l'Intérieur a publié des chiffres sur les violences conjugales
00:09 et des chiffres à nouveau en hausse.
00:11 - En 2022, il y a eu 244 000 signalements aux forces de l'ordre.
00:16 Cela dit deux choses.
00:17 Déjà que nous assistons à un véritable changement de paradigme.
00:20 En 2017, elle n'était que 120 000.
00:22 En 5 ans, il n'y a pas eu deux fois plus de femmes victimes, mais deux fois plus de femmes
00:26 qui nomment les choses et qui osent.
00:28 En quelques années, nous sommes passés d'une société du déni à une société où s'entendent
00:32 enfin les cris.
00:33 Deuxième enseignement, les violences conjugales sont massives, d'autant plus que les victimes
00:37 ne sont en réalité qu'un quart à se signaler.
00:39 Ces violences peuvent aller des coups, en passant par la cyber-surveillance, le rabaissement
00:43 systématique, l'emprise, le vol ou les viols.
00:46 Bref, toutes ces tactiques pour dominer et contrôler dans un couple.
00:49 Les femmes qui ont croisé des hommes violents sont nombreuses car elles sont nombreuses.
00:53 C'est toute une culture à changer.
00:54 Ils sont vos fils et vos frères, nos députés ou nos animateurs télé.
00:57 Et qu'en est-il pour les femmes ?
00:59 Ne croyez pas que les femmes, parce que victimes, perdent de leur capacité à être des héroïnes.
01:03 La plupart ont été bien conseillées, écoutées, ou ont trouvé ce qu'il fallait pour survivre
01:07 et continuer à avancer.
01:08 C'est cette jeune femme généreuse, un amouraché d'un violent écorché qui se
01:12 relève plus forte que jamais.
01:13 C'est cette femme sans papier que son compagnon avait prostituée et qui vient d'être diplômée.
01:17 C'est cette chanteuse éclatante, cette députée engagée, cette ministre pertinente.
01:22 C'est vous qui m'écoutez et me comprenez.
01:24 Et puis il y a celles qui n'y survivront pas, 118 féminicides en 2022 et celles qui
01:29 ne s'en remettent pas.
01:30 Ceux qui condamnent les femmes à vivre à genoux, ce ne sont pas que les violences.
01:33 Ce sont les obstacles qu'on met sur leur route.
01:35 L'obstacle pour celles qui se posaient les bonnes questions, mais qui s'est pointé
01:38 à la permanence d'une association et à qui on a répondu que c'était fermé, faute
01:41 de subvention.
01:42 L'obstacle pour celles qui, valise sous le bras et enfant à la main, appellent le
01:45 115 à la recherche d'un toit et à qui on dit « on n'en a pas, rappelez demain ».
01:49 L'obstacle pour celles qui est traquée, qui a besoin d'un juge réactif et de policiers
01:54 attentifs mais à qui on dira qu'on n'a pas le temps, vu la pile de dossiers.
01:57 Et ces obstacles, comment les lever ?
01:59 Au vu de cette réalité qui ne se laisse plus cacher, l'ensemble des institutions
02:02 devraient être en ébullition.
02:03 Au ministère de la Justice, de l'Intérieur, de l'Éducation, ce devraient être les
02:06 téléphones qui sonnent, les conseillers qui courent, les dossiers qui claquent.
02:09 Mais au gouvernement ou à l'Assemblée, sa stag n'a pas feutré.
02:12 Mesurette, économie de bout de ficelle ou augmentation de quelques miettes disent beaucoup
02:16 de la valeur que l'on accorde à la vie des femmes.
02:18 La société aussi a un rôle à jouer.
02:20 Elle a souvent su être en avance sur ce que l'État prévoyait.
02:23 Pour pallier à l'urgence, la Fondation des femmes a lancé hier une campagne d'appel
02:26 à dons avec un slogan simple « Maintenant on agit ». Parce qu'on devrait pouvoir
02:31 quitter un conjoint violent sans abandonner toute sa vie derrière soi.
02:34 Parce que souvent ça tient à presque rien.
02:36 Faire un don parce que la vie des femmes le vaut bien.
02:39 Merci Anne-Cécile Maïfert, présidente de la Fondation des femmes.
02:42 Et donc cette campagne « Maintenant on agit » pour faire un don.
02:46 C'est très simple, il faut aller sur le site de la Fondation des femmes.
02:49 On vous retrouve vendredi prochain.