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Je vous invite à aller voir l'interview complète
Parrique chez Anti|thèse https://www.youtube.com/watch?v=7ybLwpbaKZ8
Musique https://www.youtube.com/watch?v=42LDUohuGuU

Réponses au quiz de fin :

/!\ Description à ne pas lire avant d'avoir vu la vidéo entièrement
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Quels sont les 5 éléments qui définissent la décroissance ?
Réduction de la production et de la consommation.
Pour alléger l'empreinte écologique.
Planifier démocratiquement.
Dans un esprit de justice sociale.
Dans le soucis du bien-être.

Quelle différence entre la décroissance de Jancovici et celle de Parrique ?
La décroissance de Parrique est choisie et respecte les critères ci-dessus, celle de Jancovici est subie elle ne concerne que le premier critère.

Ludo devrait-il faire le ménage même s'il est millionnaire ?
Bien sûr que oui. Il devrait même verser un petit quelque chose à ses colocs en compensation des heures de ménage esquivées précédemment.
(C'est toujours agréable d'imaginer taxer des riches.)

#parrique #décroissance #écologie #jancovici #janco #antithèse #média #indépendant #démocratie #bienêtre #interview #extrait #ethiqueettac
Transcription
00:00 [Musique]
00:08 Et alors justement, vous parlez de décroissance.
00:10 Alors, parlons-en justement, détaillons un peu ce concept,
00:15 qui est souvent décrié d'ailleurs.
00:17 Macron a finalement assimilé ce mode de vie, ou en tout cas cette idée,
00:23 à la vie à miche, c'est-à-dire un retour finalement à quelque chose de très sommaire,
00:27 un retour en arrière en termes de confort.
00:29 Il y a plein de critiques comme ça sur le concept de décroissance.
00:32 Est-ce que vous pourriez un peu développer ce que vous entendez véritablement par décroissance ?
00:37 Alors, je vais déjà définir le terme.
00:39 La décroissance, c'est une réduction de la production et de la consommation
00:42 pour alléger l'empreinte écologique, planifier démocratiquement,
00:46 dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être.
00:49 Cette définition, elle a cinq éléments.
00:52 La première, c'est quelque chose d'assez factuel.
00:55 La décroissance, c'est une réduction de la production et de la consommation.
00:58 Mais à ce niveau-là, on ne sait pas trop ce que c'est.
01:00 Parce qu'on l'a vu, la production et la consommation, c'est des choses abstraites.
01:03 Ça peut être la production de cigarettes ou de publicité pour les SUVs,
01:06 ou la production d'insuline ou de logements sociaux.
01:10 On ne parle pas de qui produit et qui consomme encore.
01:13 Ça peut être, et on verra après, la réduction de la surconsommation des classes aisées,
01:19 la réduction de la production de certains secteurs indésirables.
01:23 Pour l'instant, c'est ça, réduction de la production et de la consommation,
01:26 pour alléger l'empreinte écologique.
01:28 Là, c'est déjà une première spécificité de se dire,
01:30 la décroissance doit être sélective, où on va venir viser les productions et les consommations
01:34 qui sont les plus intenses en ressources naturelles.
01:37 Pourquoi ? Parce que c'est une stratégie de transition écologique.
01:40 Donc, ne le fais pas pour le plaisir.
01:42 On peut voir qu'il peut y avoir des co-bénéfices sociaux,
01:44 mais l'une des premières raisons, quand même, c'est parce qu'on est en surchauffe,
01:47 qu'on n'arrive pas à se soutirer de cette surchauffe
01:49 parce que les politiques de croissance verte n'ont pas fonctionné.
01:52 Et donc, il va falloir essayer quelque chose de plus.
01:54 Et ça, déjà, ça nous oriente un petit peu.
01:56 Ça nous dit, par exemple, faire des podcasts avec une empreinte tout petit,
02:01 ce n'est pas la priorité.
02:02 On ne va pas commencer par vous dire, non, les gars, là, il va falloir rationner.
02:06 Faites moitié moins de podcasts.
02:08 Alors que si vous êtes une marque automobile et qui produit des SUVs,
02:11 ou une marque qui fait des parkings, des autoroutes, ou des choses comme ça,
02:14 ou un golf qui utilise énormément d'eau,
02:16 ou un élevage industriel qui se concentre sur le bœuf,
02:20 vous avez une grosse empreinte,
02:21 et donc là, vous avez une question de soutenabilité à vous poser.
02:24 Planifier démocratiquement.
02:28 Ça, on voit que le planifier démocratiquement, qui est le troisième élément,
02:31 il fait le lien avec, dans un esprit de justice sociale,
02:33 et dans le souci du bien-être.
02:35 C'est-à-dire que l'économie, on l'a vu,
02:36 si c'est l'organisation collective du contentement,
02:38 ce n'est pas le Far West,
02:39 on ne va pas juste arrêter de faire des trucs comme ça.
02:42 Non, ça va être une transition coopérative, concertée de toute manière.
02:47 Et d'ailleurs, si l'on veut qu'elle se fasse dans le souci de la justice sociale,
02:51 parce qu'on l'a vu, si quelqu'un a besoin d'avoir accès à des médicaments
02:56 et qu'on vient réduire la consommation de médicaments de cette personne,
02:59 on va créer un besoin insatisfait de la pauvreté.
03:02 Donc là, ça sera un échec de politique économique.
03:05 Alors que si justement, on doit, je ne sais pas, par exemple,
03:07 réduire l'usage de l'eau,
03:09 mais on arrive à s'organiser pour faire en sorte qu'on ferme quelques golfs,
03:13 mais ça nous permet d'arriver à maintenir l'agriculture.
03:18 Là en fait, on a fait une réduction de la pollution et de la consommation
03:21 qu'on a planifiée démocratiquement pour arriver à se rendre compte
03:24 de quelles activités étaient les plus importantes
03:27 sans venir dégrader la qualité de vie.
03:29 Ou en tout cas, moins que si l'on avait fermé l'agriculture
03:33 au lieu de fermer les golfs.
03:35 On se rend bien compte.
03:36 Et la justice sociale, c'est aussi extrêmement important
03:38 parce qu'on a des inégalités environnementales qui sont énormes.
03:43 Donc déjà, dans un esprit de justice sociale,
03:45 c'est-à-dire que cette réduction de la pollution et de la consommation,
03:47 elle va principalement se concentrer sur les pays du Nord, pour commencer.
03:51 Où là, on peut élargir un petit peu plus sur les classes les plus aisées
03:55 et les régions les plus aisées de tous les pays,
03:57 mais principalement sur les pays à haut revenu
04:00 qui sont à haut degré de dépassement.
04:02 On ne va pas demander à des pays comme le Malawi ou Madagascar
04:05 de venir décroître, ce qui serait l'équivalent de demander
04:09 à quelqu'un qui ne mange pas déjà à sa faim de faire un régime.
04:12 Ça n'a aucun sens.
04:14 Moi, je suis spécialiste de l'obésité macro-économique.
04:16 Donc je travaille sur la Suisse, la Norvège, les États-Unis,
04:20 le Canada, la France, l'Allemagne, des pays comme ça.
04:23 Et donc c'est ça la justice sociale, mais même au sein de ces pays,
04:25 on a des inégalités qui sont importantes.
04:27 Au sein de l'Union européenne,
04:30 le volume d'émissions des 10% les plus aisés,
04:33 c'est le même volume d'émissions que celui de la moitié
04:36 de la population la plus pauvre.
04:38 Donc là, ça ne sert à rien d'avoir des envolées à la Thanos d'Avengers
04:42 où on va supprimer la moitié de la population, des approches comme ça.
04:45 Non, il faut se concentrer sur là où sont les émissions.
04:48 Si les émissions, elles sont sur les voitures surdimensionnées,
04:52 des riches, sur la consommation excessive de bœuf,
04:56 eh bien, il va falloir se concentrer là où elles sont.
04:59 Ça ne sert à rien de faire des discours généraux.
05:01 D'ailleurs, on doit tous se serrer la ceinture.
05:04 Et l'autre aspect, on l'a vu, c'est l'aspect intergénérationnel,
05:09 de se dire, dans cette transition aujourd'hui,
05:12 la justice sociale, elle demande aussi,
05:15 et c'était l'ambition première du concept de développement durable,
05:19 de maintenir notre capacité à contenter dans le futur.
05:22 Parce que nos économies, si elles sont accréditées écologiquement,
05:25 ça veut dire qu'on vient contenter aujourd'hui,
05:28 mais en sacrifiant la capacité de contenter demain.
05:30 Ce qui n'est pas facilement acceptable éthiquement.
05:33 Donc, on revient à ça.
05:35 Ça, c'était pour les cinq éléments de la définition de la décroissance.
05:39 Et Jean-Marc, Jean Covici, par exemple, soutient que la décroissance est inévitable,
05:43 mais par contre, si elle n'est pas planifiée dès maintenant,
05:46 elle sera subie via une crise, effondrement, etc.
05:49 Est-ce que vous êtes d'accord avec ce constat ?
05:51 Moi, j'utilise différents termes.
05:53 La décroissance, c'est quelque chose de spécifique.
05:55 Ce que Jean Covici appelle la décroissance, moi, j'appelle ça un effondrement.
05:59 Donc, c'est un spectre.
06:01 D'un côté, vous avez la décroissance qui correspond en fait à une transition
06:06 gérée de manière consciente.
06:09 C'est l'équivalent d'un régime.
06:10 De se dire, ah bah tiens, j'ai 20 kilos à perdre,
06:13 j'identifie combien de kilos j'ai à perdre,
06:14 je décide de comment j'ai envie de les perdre,
06:16 en faisant plus de sport, en arrêtant de manger ci, de manger ça,
06:20 et je fais un choix conscient de le faire, et je fais ma transition.
06:23 Et bien sûr, avec un peu de chance, j'ai le temps de la faire,
06:25 j'ai les moyens de m'acheter les choses que j'ai besoin de m'acheter,
06:27 j'ai les moyens de le tendre pour aller faire le sport, toutes ces choses-là.
06:30 Ça, c'est la décroissance parfaite si on l'avait commencé dans les années 1970,
06:33 quand on s'est rendu compte, à la publication du rapport "Halte à la croissance",
06:37 qu'on avait un problème dans la soutenabilité.
06:40 De l'autre côté du spectre, on a l'effondrement,
06:43 c'est-à-dire que le moment où on n'a rien fait sur la soutenabilité
06:47 et on se retrouve confronté à un effondrement systémique.
06:51 Donc ça, par exemple, l'effondrement des pêcheries somaliennes,
06:54 où on a toute une partie des populations littorales
06:58 qui, depuis très longtemps, vivent de la pêche.
07:02 D'un coup, à cause d'une surpêche industrielle,
07:04 pas des navires somaliens, on peut imaginer,
07:07 mais de grands navires industriels du pays du Nord,
07:11 on surpêche, les poissons n'arrivent plus à se reproduire,
07:15 l'écosystème s'effondre, on ne peut plus pêcher.
07:18 Là, de la même manière, on s'adapte à une réalité biophysique,
07:21 sauf que ça arrive en pleine face et c'est vachement plus difficile
07:25 que ça se fasse dans la joie et la bonne humeur,
07:27 parce qu'on doit agir vite, on n'a pas forcément le temps
07:29 de prendre en compte la justice sociale,
07:31 on n'a pas forcément le temps de planifier démocratiquement,
07:33 on n'a pas forcément le temps de se concentrer sur la qualité de vie.
07:37 Et donc, entre le choix de décroissance choisie aujourd'hui
07:42 et effondrement subi demain, c'est un peu comme une ligne de métro.
07:47 On a plusieurs arrêts et le plus on attend,
07:51 ça fait 50 ans d'inaction écologique dans ces pays à haut revenu
07:55 qui ont vu, année après année, leur empreinte écologique augmenter
07:59 en dépassement de leur biocapacité,
08:01 donc il ne serait qu'en même temps qu'on se mette à agir.
08:03 Mais je suis d'accord avec Jean-Marc
08:05 qu'une économie ne peut pas fonctionner au-dessus de ces moyens biophysiques,
08:08 à jamais.
08:09 Au bout d'un moment, il y aura soit un effoncrement de l'écosystème
08:13 qui va venir créer des chaleurs insupportables,
08:16 qui va venir créer des pandémies à répétition, des inondations,
08:19 ou soit une raréfaction d'une ressource,
08:23 que ce soit des métaux qu'on n'arrivera plus à trouver,
08:25 que ce soit un manque d'eau,
08:28 ou que ce soit un manque de biomasse, de matériaux,
08:32 ou même de sols fertiles disponibles.
08:34 La question, bien sûr, c'est aussi comment mettre en œuvre cette transformation,
08:39 étant donné que finalement, ceux qui ont le pouvoir, les plus riches,
08:42 sont aussi ceux qui sont le moins impactés,
08:45 comme vous l'avez dit, par cette crise de l'économie.
08:50 – Oui, ça ce n'est pas nouveau,
08:53 on a quand même dans le contexte de nos démocraties modernes,
08:56 on arrive à organiser des systèmes redistributifs de solidarité,
09:00 comme on a vu, comme la sécurité sociale,
09:03 on a des mécanismes redistributifs,
09:06 mais qui pour l'instant ne prennent pas vraiment en compte
09:10 cet aspect environnemental.
09:11 Donc là, c'est une étape de plus dans le développement
09:15 de notre capacité à être généreux, à s'auto-aider,
09:19 donc pour moi c'est un progrès économique,
09:21 dans le genre où on crée de plus en plus de filets de sécurité
09:23 qui nous protègent collectivement contre la pauvreté,
09:27 mais en effet, ça a beaucoup plus de chances de se faire
09:30 dans un cadre démocratique à une personne, une voix,
09:34 que dans un cadre de décision de marché à un euro, une voix.
09:39 Donc ça, et si on le met dans le cadre international,
09:44 ça a beaucoup plus de chances de se passer
09:46 si on laisse une voix aux populations les plus vulnérables,
09:49 à commencer par celles des pays du sud,
09:51 que si on prend cette décision que dans les pays du nord,
09:55 avec des populations inclus vulnérables,
09:57 mais beaucoup moins vulnérables que d'autres.
09:59 Donc là on voit que, moi je pense que c'est qu'à travers
10:02 un procédé démocratique non économique, ça c'est très important,
10:06 non économique où l'on peut parler de nos besoins
10:09 en tant que citoyens et citoyennes,
10:11 et pas de nos intérêts en tant qu'acteurs économiques.
10:14 Je pense que ce n'est qu'à travers ces procédés
10:17 qu'on va pouvoir prendre cette décision,
10:18 qui a du sens quand on se rend compte,
10:20 et les chiffres nous le disent,
10:22 qu'une majorité de la population va souffrir de l'inaction écologique,
10:27 alors que c'est une minorité de la population
10:29 qui aujourd'hui parvient à attribuer la valeur,
10:33 ce surcroît de croissance économique,
10:34 on en a parlé tout à l'heure.
10:36 Donc si on venait discuter ça en deux secondes,
10:39 si vous étiez dans une coloc et vous aviez un problème
10:41 qui ne nettoie pas la cuisine,
10:43 et que voilà vous avez juste une personne
10:45 qui ne fait jamais le ménage et ça nuait à tout le monde,
10:47 alors que ça fait gagner un peu de temps à cette personne
10:49 qui n'a pas à faire la vaisselle,
10:51 ben vous essayez deux secondes, il y a tout le monde qui va faire
10:53 "Bon Ludo, la vaisselle là tu la fais maintenant,
10:57 et problème réglé".
10:58 Donc là c'est un petit peu,
11:00 et là le fait que Ludo soit millionnaire
11:02 ne devrait pas la franchir de se dire "Non mais écoutez,
11:04 vous êtes gentils les prolos,
11:05 mais moi je gagne quand même dix fois plus
11:07 que vous tous réunis,
11:08 donc la vaisselle je ne la fais pas".
11:10 Là c'est un petit peu comme ça qu'on est en train de gérer
11:12 la discussion sur les problématiques écologiques,
11:14 alors que dans toutes les situations de tous les jours,
11:16 que ce soit les personnes qu'on croise
11:18 quand on attend le train à la gare,
11:19 ou entre familles ou entre amis,
11:21 on se serait assis et entre personnes
11:23 on aurait pris une décision qui serait quand même,
11:25 je pense qui serait assez plus proche
11:27 de la poursuite de l'intérêt commun
11:28 que de celle de l'enrichissement d'une minorité.
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