Acheter ou réhabiliter, quelle exigences pour un logement de qualité ?
Avec Ingrid Taillandier, architecte et maître de conférences à ENSA Versailles. Elle crée ITAR architectures en 2006 et reçoit en 2016 le Prix spécial des Femmes architectes en 2016
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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-01-11##
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Transcript
00:00 - Le Grand Matin Sud Radio, 6h37, Patrick Roger, Benjamin Gleize.
00:05 - Il est 6h41, la vie en vrai, crise du logement, vague de froid notamment, de plus en plus de logements font face à l'inconfort,
00:13 le danger, le froid, des difficultés, il faut améliorer effectivement son logement.
00:18 C'est ce que nous allons voir dans notre rendez-vous avec le Conseil National de l'Ordre des Architectes
00:24 et ce matin Ingrid Taillandier qui est avec nous.
00:27 Architecte, bonjour.
00:28 - Bonjour.
00:29 - Vous êtes aussi maître de conférence à l'École Nationale d'Architecture qui est à Versailles
00:34 et spécialisée aussi dans toute cette amélioration bien sûr.
00:38 Alors, il y a un travail qui est à faire et vous insistez en fait beaucoup là-dessus,
00:43 avec les habitants eux-mêmes pour réussir à améliorer, par exemple dans le cas des réhabilitations, son logement.
00:51 - Alors moi je crois beaucoup au tandem habitant-architecte en effet,
00:56 je pense qu'on a beaucoup à apporter pour la qualité du logement,
01:00 pour augmenter les standards, créer un vrai levier pour exiger des choses auprès des promoteurs,
01:09 auprès peut-être des bailleurs sociaux qui vont réhabiliter des grands ensembles.
01:13 Et ce travail d'architecte qu'on a, cet engagement qu'on a professionnel autour de la qualité,
01:19 que ce soit la qualité spatiale, la qualité architecturale d'un logement en soi, d'un bâtiment,
01:24 mais également la qualité environnementale d'un projet,
01:28 avec le choix des bons matériaux, faire en sorte que le projet soit pérenne,
01:33 que les façades puissent durer plus de 50 ans, c'est un peu ça l'idée,
01:38 de ne pas avoir à la réhabiliter ou les ravaler tous les cinq-dix ans.
01:43 C'est un travail qu'on a professionnel qui peut être vraiment associé à des exigences d'habitants pour augmenter tout ça.
01:53 - Oui, c'est ça. Alors c'est dans le cadre de construction comme dans le cadre de réhabilitation.
01:57 - Exactement. Moi j'aimerais m'adresser à la fois aux futurs acquéreurs,
02:03 qu'ils soient très exigeants.
02:05 On a besoin de gens qui aient envie de logements traversants, double-orientés,
02:12 qui puissent ventiler leurs logements pour améliorer le confort d'été.
02:15 On a besoin d'habitants qui exigent que les logements, leur bâtiment en soi,
02:22 soient agréables, qu'ils puissent se connecter, créer du lien social avec leurs voisins,
02:26 puisque si les parties communes sont éclairées naturellement,
02:30 les escaliers, les halls, les paliers, tout d'un coup on crée une petite communauté
02:36 qui fait qu'on sort de l'anonymat dans son bâtiment,
02:40 qu'on crée une vraie vie collective où on a du plaisir à vivre en ville.
02:47 Et c'est ça qu'il faut ramener je pense pour faire accéder...
02:50 - C'est vrai que ça on ne l'avait plus trop, on cherchait un appartement
02:54 et quels qu'ils soient, quelles que soient les conditions,
02:56 qui plus est avec la pression, notamment dans les grandes villes,
02:59 vers des logements de plus en plus petits, assez inconfortables.
03:03 - Je crois beaucoup à ces espaces intermédiaires, ces espaces communs,
03:07 et en plus il me semble qu'on peut exiger une pièce en plus,
03:11 parce que cette pièce en plus pour l'intégralité d'un immeuble,
03:13 elle ne coûte pas grand-chose en termes de charge,
03:16 et c'est la pièce en plus dont on a besoin 4 fois par an
03:18 pour accueillir sa belle famille, ses amis,
03:22 et donc ça c'est quelque chose qu'on fait de plus en plus dans nos logements.
03:26 - C'est-à-dire ? Mais comment on réussit ?
03:27 Parce que le prix du mètre carré est très cher,
03:30 donc comment vous allez réussir à dégager...
03:33 Non mais c'est vrai, quelques mètres carrés supplémentaires.
03:35 - C'est un petit studio qu'on peut avoir sur un immeuble
03:39 et que tout le monde se partage avec des règles de réservation
03:43 et qui font partie des charges.
03:44 - Ah qui sont une pièce commune dans un immeuble,
03:48 que l'on partage quoi, c'est ça ?
03:50 Mais ça c'est surtout vrai dans la construction neuve.
03:52 - Voilà, dans la construction neuve.
03:53 Après si on part sur la construction, sur la réhabilitation,
03:57 il ne faut pas hésiter à mon avis à être très exigeant,
04:00 à se dire "j'ai pas de balcon, j'aimerais bien en avoir un"
04:04 et c'est possible de totalement métamorphoser un projet,
04:07 d'autant plus que les immeubles des années 70, 60-70
04:12 ont une structure souvent en béton
04:15 qui permet d'avoir des ajouts en façade.
04:18 Donc aller très loin dans cette exigence-là
04:21 de confort d'habiter, plus de confort thermique
04:25 par rapport à une enveloppe qu'on va exiger très qualitative
04:31 pour des raisons thermiques, acoustiques et aussi environnementales.
04:37 On peut avoir des isolants extrêmement environnementaux,
04:42 biosourcés, au même prix que des isolants beaucoup moins...
04:46 - Parce que les auditeurs qui vous écoutent se disent "oui d'accord,
04:48 attendez, c'est bien tout ça, mais ça va faire grimper la note, la facture".
04:52 Mais avec vous les architectes, on peut travailler pour essayer de limiter quand même, c'est ça ?
04:58 - Oui, nous on travaille sur des enveloppes à la fois pérennes
05:01 et très qualitatives du point de vue environnemental
05:04 et des enveloppes qui vont permettre de faire des économies d'énergie
05:09 parce que quelque part, le coût d'une réhabilitation d'un immeuble
05:13 elle est bénéfique pour tout le monde et elle est bénéfique pour la facture énergétique.
05:18 Ce qu'on dépense en hiver en chauffage, c'est vraiment très problématique.
05:24 - De plus en plus, évidemment, ça c'est une préoccupation du moment.
05:28 Un dernier mot Ingrid Taillandier, ce que vous disiez aussi
05:32 parce qu'il y a une pression dans les villes aujourd'hui
05:35 pour construire ou pas justement construire.
05:40 Et vous dites, on a besoin quand même de logements au cœur des villes ou autour aussi des villes.
05:45 - Il faut continuer à construire, il faut que les habitants comprennent
05:49 que c'est des logements qu'on construit quelque part pour leurs futurs enfants et petits-enfants.
05:54 On est dans une croissance démographique encore en France
05:57 et je pense que ça va continuer dans les 30 prochaines années.
06:01 Donc il faut continuer à construire et pour accepter cette densité supplémentaire
06:05 autour de bassins d'emplois et de zones urbaines denses,
06:11 il faut nous faire confiance à nous architectes
06:14 car on aime travailler une certaine forme de densité raisonnée.
06:17 - Alors ça j'aime bien ce mot, densité raisonnée,
06:20 parce que c'est vrai qu'il faut travailler en fait sur ce point.
06:24 - Oui, sur des volumétries qui s'intègrent dans un contexte,
06:28 sur la capacité à intégrer des espaces végétalisés en cœur d'îlot
06:33 pour faire accepter cette densité forte.
06:35 Et puis tout ce que j'ai expliqué sur la qualité des espaces communs
06:39 qui vont mener de la rue, de l'espace public, jusqu'à chez soi, le très intime,
06:45 ces espaces communs de qualité sont essentiels pour faire accepter une densité raisonnée.
06:50 - Merci beaucoup Ingrid Taillandier, architecte, maître de conférence à l'École nationale d'architecture.
06:55 Notre rendez-vous tous les 15 jours sur Sud Radio à 7h00 avec le Conseil national de l'ordre des architectes.
07:01 et puis évidemment c'est écouté en podcast.