Le 22 juillet 2023, vous avez été des milliers à rendre hommage à votre idole, Thibaut Pinot, dans le col du Petit Ballon pour la 20e étape du Tour de France. Retour avec les principaux acteurs de cette folle épopée sur cette journée exceptionnelle en hommage au coureur préféré des Français.
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00:00 (musique)
00:26 Il y a un côté papal, un côté biblique.
00:29 (musique)
00:33 Ce moment-là, je l'ai vécu et il n'y a personne qui pourra me l'enlever.
00:36 (musique)
00:38 J'avais l'idée de vouloir être là, pouvoir dire après coup, j'y étais.
00:42 (musique)
00:48 Envie comme quelque chose que tu ne retrouveras jamais dans ta vie, ça se trouve.
00:51 (musique)
00:57 (musique)
01:03 Europe 1 Sport, Éric Huet.
01:06 L'information est tombée aujourd'hui à 17h21, Thibaut Pinot va prendre sa retraite en fin de saison.
01:12 Le franc-comptoir l'annonce dans un entretien à lire dans le journal "L'équipe de demain".
01:17 Thibaut Pinot, ça fait 14 ans qu'il est chez la groupe AMA FDJ, c'est vraiment la famille.
01:21 La retraite de Thibaut Pinot, c'est quelque chose de marquant.
01:23 Pour marquer le coup, on a besoin aussi de gens qui vont nous aider à marquer le coup.
01:27 Qui mieux que la FFL pour ça ? Ils ont une histoire avec Thibaut Pinot aussi.
01:30 On partage vraiment les mêmes valeurs de sport, d'amour, de l'émotion, etc.
01:34 Ça a été un bon client quand même pendant quelques années à la FFL.
01:37 On sait qu'il jouait le jeu aussi, il aimait bien rire de ses déboires.
01:40 Ça nous donne encore plus envie de l'honorer parce que nous c'est un peu notre combat, tu vois.
01:44 On a envie que les gens dédramatisent aussi du sport.
01:47 On aime bien les grands vainqueurs dans le fond, mais on aime aussi les perdants magnifiques.
01:52 Ce mec, il est dingue, il est fou, il me fait rêver, il me donne des frissons, j'ai envie de le suivre.
01:56 Attaque encore de Thibaut Pinot, il vole aujourd'hui Thibaut !
01:59 Ceux qui connaissent le vélo connaissent le niveau de performance où il est allé.
02:04 Et donc, il y a sûr respect pour ça aussi.
02:06 Moi, dès qu'il lève le cul de sa selle, ça me fait des trucs, j'arrive même pas à le décrire.
02:11 Même s'il n'a jamais gagné de grands tours, ça a été quelqu'un qu'on a adoré suivre.
02:14 C'est le mec dans ce sport qui m'a procuré des émotions les plus fortes, négativement et positivement.
02:19 Ça commence en 2014, ce gamin qui arrive, qui se retrouve un peu par hasard sur un podium du Tour de France.
02:25 Il y a un abandon de Froome à l'époque, un abandon d'Alberto Contador, il est là.
02:29 C'est quand même des magnifiques victoires, c'est du panélage, c'est des victoires sur le Tour de France.
02:33 Il a le peu d'u.s. parce qu'il faut marquer son temps.
02:38 C'est une victoire sur le Tour de Lombardie, il faut le faire, devant les meilleurs.
02:42 Traverser les Pyrénées, la table du Tour Malay en 2019.
02:47 Et Thibaut Pilot qui s'envole vers la victoire d'Étape.
02:49 Allez Thibaut, allez ! Allez mon grand ! Allez mon grand !
02:53 Allez mon grand ! T'es grand aujourd'hui ! T'es grand ! T'es très grand ! Allez mon grand !
02:59 Thibaut Pilot s'impose aujourd'hui, 3ème victoire d'Étape sur le Tour de France.
03:04 Puis il y a ses drames, ses drames qui nous identifient à lui.
03:08 Parce qu'on a tous des drames aussi et que ça le rend plus proche de nous quelque part.
03:14 Thibaut Pilot pris dans la chute.
03:16 Et on les a vécu en direct. Ces larmes, on les a vécues en direct.
03:19 Moi 2019, c'est inconsolable.
03:21 Ce moment où il se prend avec William Bonnet qui dit "bon, ça sert plus à rien, arrête-toi".
03:26 On l'a tous vécu en direct.
03:28 Je crois qu'avec Thibaut Pilot, c'est ça quoi. On sait pas à quoi s'attendre.
03:36 Et dans le meilleur comme dans le pire, on traverse tout quoi. Mais toujours avec panache.
03:40 Je pense que ce qui a marqué le public, c'est l'expression.
03:42 L'expression du visage, l'expression qu'il avait dans le geste cycliste.
03:46 À travers Thibaut Pilot, que ce soit en jour de grâce ou en jour de difficulté, il y avait une expression sur le visage.
03:52 S'il y a une forme de robotisation du coureur ou s'il n'y a pas d'expression du visage, il y a moins d'intérêt.
04:00 On ne ressent pas les choses et les sentiments.
04:03 C'est ce qui me touche, c'est le regard de Thibaut.
04:05 Thibaut, il a quelque chose dans le regard. Il est un petit peu ailleurs.
04:10 Il a un côté Pierrot de la Lune, un côté petit prince.
04:14 Il est, au fond de lui, l'enfant qu'on a envie de rester.
04:17 Je me rappelle des moments où il prend des bambous de l'espace, où il n'avance plus sur le vélo.
04:21 Et en fait, on se dit juste, le gars est humain.
04:23 Je trouve qu'on se retrouve tous dans ces cyclistes-là qui travaillent très dur, qui vivent des moments très difficiles.
04:28 À travers les sportifs, à travers les champions, il y a un mécanisme d'identification qui se noue, qui se construit.
04:37 Et le fait d'exposer ses doutes, ses faiblesses, alors même que toute la construction du sportif,
04:43 c'est une sorte de mythologie de l'individu infaillible qui va au-delà de l'adversité.
04:49 En fait, le public, il est aussi en attente d'autre chose et de cet aspect profondément humain.
04:55 Là, je ne peux plus. Ça fait 15 jours que je renvoie le frein. J'ai été malade.
04:58 Là, j'ai des jambes. Avec Bruno, j'ai dit « let's go, on y va, on fera le point là-haut ».
05:04 Je perds le général, ce n'est pas grave, 8e, 7e, je m'en fous.
05:08 Moi, je voulais l'étape et au final, dans l'oreillette, j'ai dit « j'en fais qu'à ma tête, laissez-moi tranquille.
05:15 Peut-être que c'est n'importe quoi, mais j'ai envie de profiter. »
05:19 Le grand public au sens large a compris qu'il perdait un des derniers dinosaures d'une forme de cyclisme assez romantique.
05:26 Il venait de dire en gros que c'était sa dernière année et on s'est dit « tiens, il faut marquer le coup ».
05:30 On avait envie de faire le truc le plus fort possible.
05:35 Quelque chose qui soit rassembleur et qui soit aussi quelque chose de fort pour Pinault,
05:39 qui soit quelque chose qui lui parle à lui aussi.
05:41 On sait que Thibaut est abonné au Parc et qu'en plus, il est abonné au virage au Thuë.
05:47 Donc on se dit, franchement, ça peut lui plaire.
05:49 Les virages dans le foot, c'est là où se réunissent les supporters,
05:55 ceux qui sont vraiment les fans absolus des clubs.
05:58 Et pourquoi pas faire ça aussi pour Pinault ?
06:00 On se dit, s'il fait le Tour, il faut forcément qu'on aille le faire sur le Tour.
06:03 Le Tour de France, c'est le Tour de France. C'est là où se gravent les légendes.
06:07 C'est là où il a aussi connu ses plus grandes joies et ses plus grandes tristesses, certainement.
06:12 Coup de bol, il y a le Marckstein, la veille de l'arrivée sur les champs,
06:16 d'une étape qui passe à 50-60 bornes de chez Thibaut.
06:19 Donc là, pour nous, c'était l'occasion rêvée.
06:21 On s'est dit, il y a quelque chose à faire là-bas, il faut marquer le coup là-bas, sur ces terres.
06:25 Il va falloir quand même répondre à des Français qui sont dans l'attente,
06:28 l'espoir fou de voir Thibaut Pinault une dernière fois.
06:30 L'idée, c'est qu'on soit la meilleure équipe possible,
06:32 mais ça ne sera pas les réseaux sociaux qui vont décider, pour moi,
06:36 de la composition de l'équipe Groupama et FDJ.
06:38 Mais in fine, c'est moi qui déciderai, puisque in fine, c'est moi qui serai responsable.
06:42 La première crainte, en fait, c'est qu'il ne fasse pas le Tour de France.
06:46 Parce qu'à ce moment-là, on ne sait pas.
06:47 Au moment où on commence à acter le fait qu'on va le faire, on ne sait pas.
06:49 Ce n'est pas encore sûr et certain. La sélection, elle n'est pas définie.
06:51 Là, on demande en interne, nos collègues de l'équipe cycliste.
06:54 On sait que ce n'est pas officiel, mais est-ce que vous pouvez nous dire s'il va faire le Tour ou pas ?
06:58 Parce que nous, il faut qu'on s'organise.
07:01 Louer un bus, faire des t-shirts, des écharpes.
07:05 Parce que les supporters de foot, ils ont des écharpes, des t-shirts.
07:08 Donc, si on veut faire tout ça, ça prend du temps.
07:10 Ils n'ont pas l'info. Ils n'ont pas l'info, ils n'ont pas l'info.
07:12 Donc, on lance quand même toute la préparation.
07:15 Notre « boulot » avec Antoine en tant que FFL, c'était de porter l'événement sur les réseaux sociaux
07:22 et de faire appel à tous ceux qui aiment le vélo, même dans ceux qui ne le suivent pas,
07:27 pour ameuter un max de monde.
07:29 On a commencé à en parler à Serious Shirley, qui fait beaucoup de choses dans l'univers du vélo.
07:33 Et puis, évidemment, le collectif Ultra Pino, parce que c'est vraiment le mouvement de supporters ultime.
07:38 On avait lancé un concours pour recruter un peu les gagnants et sur CV.
07:41 Nous, on est vraiment qualitatifs.
07:44 En gros, les gens nous disent « Pourquoi est-ce que je dois être dans ce bus ? »
07:47 Et là, on voit quand même l'engouement dans les gens qui répondent,
07:49 dans les gens qui disent « Ok, j'ai posé des jours de congé pour venir. »
07:52 On prend les meilleurs, on prend le gratin du gratin.
07:57 Un bus pour aller au virage Pino, ça se mérite.
08:00 Évidemment, on a avancé un peu dans l'ombre, avec l'espoir quand même que ça puisse le faire pour Thibaut.
08:04 Après le Giro, ça semble évident qu'il va aller sur le Tour de France.
08:08 Et puis, il y aura un pouvoir quand même dans cette équipe.
08:10 Il est quelque part sur les dix dernières années la tête de gondole des hommes de Marc Madiaux.
08:15 On arrive avec un vécu, avec une construction, avec une cohésion,
08:22 pour aller très haut, très fort et très loin.
08:24 À partir du moment où il est annoncé, on se dit « Bon, bah, ok, on y va. C'est bon, on y va. »
08:37 Et on va lui faire sa fête.
08:38 Il nous a fait vibrer, maintenant c'est à lui de déguster ce qu'on veut lui rendre.
08:42 La groupe AMA FDJ et Thibaut lui-même, en l'occurrence, mettent le hoquet sur l'opération.
08:46 On s'est mis en mode action. Là, on a dû tout faire en trois, quatre semaines.
08:51 J'ai reçu un mail un soir, on me demandait juste mon accord.
08:54 Et moi, à l'époque, je rigolais, je dis « Oui, bah, s'ils veulent, il n'y a pas de souci.
08:59 Ça va être une buvette, ils vont prendre deux, trois cocas et puis des bouteilles d'eau.
09:04 Et puis c'est fini, je pense qu'il y aura… Je ne m'attendais pas à ça, en fait.
09:08 Quand on voit qu'il commence à susciter énormément d'enthousiasme,
09:12 que beaucoup de médias commencent à s'intérêter à ça,
09:15 à nous demander « Ça se passe où exactement ? Est-ce qu'on pourrait venir ? »
09:18 Là, on se dit « Ok, on a peut-être fait un truc qui s'emballe un peu. »
09:22 On sent cette passion sur les réseaux sociaux, des fans qui sont là,
09:27 on va dire des tribus Pinot qui sont en train de se créer.
09:31 Et on commence à les inviter, nous aussi, parce qu'on se prend au jeu.
09:34 Le programme pour demain, exactement, c'est quoi ? Départ, quelle heure ?
09:37 On part de Paris cette nuit à minuit avec le bus.
09:40 Et on arrive sur place demain matin assez tôt.
09:42 Les gens qui veulent venir se greffer à nous, ils viennent se greffer, on est là toute la journée.
09:46 Merci à tous, allez Tibo !
09:49 Ça a l'air lourd, hein ? Ça a l'air lourd et ça l'est.
09:56 À 23h, les premiers invités, supporters, arrivent devant le siège de la FDJ.
10:01 Je me dis que ça sent bon et que c'est bien parti parce qu'on a un bon groupe.
10:05 Vous me centrez sur le bel été, s'il vous plaît.
10:08 Le déguisement, c'est primordial.
10:10 Celui qui ne sait pas se déguiser, il n'a pas sa place dans l'émeuge, on colle du petit ballon.
10:14 Elle m'a converti au monde ultra, donc je découvre le monde ultra dans le vélo.
10:17 Le casting est prometteur et de qualité.
10:21 Allez Tibo !
10:22 Voici un membre émérite.
10:24 On va rentrer dans le bus, donc on a nos amis de la Fashion Week qui vont aller au fond dès le début
10:28 avec leur enceinte pour casser les couilles à tout le monde dans le bus.
10:31 Nous, dans le quart, on a notre tambour, on a nos mégaphone,
10:34 on a nos 200 écharpes, nos 200 t-shirts, nos 200 bobs.
10:37 Et on se dit, ça suffira, on a bien fait à faire un peu plus au cas où.
10:41 Est-ce que tout le monde a son Zootag ?
10:44 Tous ceux qui ont le Zootag, c'est un peu des référents.
10:48 Si vous avez des questions, on est tous en contact, vous venez nous voir et on réglera les problèmes.
10:52 Tout ce qui est fumigène, on évite, on ne pousse pas les gens.
10:56 Non, on ne pousse pas les gens, même les néerlandais.
11:00 La seule certitude, c'est que j'ai 50 personnes qui sont là.
11:03 Il y en a déjà une vingtaine à camper parce qu'on voit des premières vidéos qui arrivent sur Twitter
11:08 de types qui sont là-bas en train de camper, notamment Arthur Vichot et Louis de la FFL.
11:12 Bon, ça y est, J-1, on est dans le col du Petit Ballon,
11:15 au virage Pinot, en train de débarquer, tout le matos pour le barbuck de ce soir.
11:20 Je suis avec Mathieu qui fait partie du cup.
11:22 Allez Thibaud !
11:24 Et ben voilà, voilà comment on commence une bonne soirée FFL.
11:29 Bon, ben là c'est le moment où on va dresser la tente et regarder un peu la vue qu'on a là pour dormir.
11:33 Ça va être phénoménal.
11:35 Et puis bon, de toute façon, si on s'ennuie, juste derrière, il y a le stand des Ultra Pinot avec Vichot.
11:41 Donc on va passer une bonne soirée, je pense.
11:43 On a répété quelques chants aussi avec les capos qui étaient déjà bien, bien chauds.
11:47 Mais sinon, c'était un barbuck entre fans de vélo et de sport.
11:50 Ça parlait de foot, ça parlait de NBA, ça parlait de cyclisme, ça parlait de tout, quoi.
11:55 Eh, les gars, les gars, les couplets, ils sont un peu compliqués.
11:58 Surtout le premier, parce qu'il faut connaître la carrière de Thibaud.
12:01 Mais le refrain et le deuxième couplet, on veut la folie.
12:03 (Chant)
12:21 J'ai eu une nuit compliquée aussi parce que j'avais quand même la boule au ventre.
12:24 Je crois que j'ai reçu des vidéos d'Arthur encore jusqu'à une heure du matin, je crois.
12:28 Donc j'avais du mal à trouver le sommeil.
12:30 Et le matin, dans la chambre, c'est plutôt nous qui lui demandions des vidéos parce qu'on n'arrivait pas à dormir.
12:34 (Chant)
12:38 On part en bus, on se dit qu'on ne va pas beaucoup dormir.
12:42 (Chant)
12:49 Il faudrait que tout le monde soit chaud comme Arnaud.
12:52 Parce que ce n'est pas parce que c'est minuit qu'on a envie de s'endormir.
12:55 Tout le monde est chaud comme Arnaud.
12:57 Et on y va.
13:00 (Chant)
13:19 (Bruit de moteur)
13:32 Bonjour Messieurs, Dames, bienvenue aujourd'hui en Alsace pour cette 20ème étape du Tour de France.
13:38 Avec j'espère un grand Thibaut.
13:40 J'espère que vous êtes prêts parce que là quand on va sortir, il va falloir qu'il sache qu'on est là.
13:43 (Chant)
13:49 Je ne m'étais même pas encore brossé les dents qu'ils arrivaient déjà avec les mégaphones, les trucs.
13:53 Je me suis dit ok, eux ils n'ont pas beaucoup dormi mais ils ont l'air bien chaud aussi.
13:56 (Chant)
14:01 On va vous mettre un plan de contribution pour biser la soute.
14:04 Et en fait on va tout prendre et tout est amené à l'auberge au fond là-bas.
14:07 Tout ce qui est carton de t-shirt, pancartes, etc.
14:09 Et on fera la distribution pour ceux qui n'en ont pas eu.
14:11 Moi je n'ai plus aucune notion de l'heure.
14:13 Il fait grand soleil, on est à la montagne.
14:16 8 heures avant on était sur le périph'.
14:19 On arrive chez Mireille à l'auberge de Buchwald.
14:26 On est accueillis comme des rois, je veux dire on arrive, petit déj, café minster.
14:30 Le combo il est là, je suis requinqué et on est parti pour la journée.
14:35 (Musique)
14:41 Quand on est arrivé on s'est dit merde, il y a déjà des camping-cars de hollandais partout.
14:45 En vrai il y avait une petite guerre d'égo, on était là ok, on va leur montrer qui on est.
14:50 (Musique)
14:57 Au final le danse c'était cool, on les a même entraîné dans les chalalas avec nous.
15:01 On commence à s'installer, à faire des pochoirs sur la route.
15:04 On s'occupe de la route parce qu'on a vite conscience qu'elle sera vite occupée par des oiseaux.
15:08 Une fois qu'on a peint on commence à donner le mégaphone au collectif Ultra Pino.
15:14 Il doit être 10 heures et ça s'est allé jusqu'à 18 heures, il n'a pas lâché le truc.
15:19 (Musique)
15:35 Je le reprends 3 fois calmement et au 4ème tout le monde se lève et tout le monde gueule.
15:39 D'accord, donc on le fait 3 fois calmement de plus en plus fort.
15:42 (Musique)
15:56 On voit que tout se passe bien, que les gens sont au bon délire.
15:58 On a Liam et ses potes, les tueurs bullants, qui font des animations tout au bord de la route en faisant manger du foie gras et du saucisson à des gens.
16:06 Enfin c'est assez lunaire.
16:07 Le toutou gagné ou le toutou perdu ? Tu as une roue là, tu vas tirer et il y a une flèche, ça va tomber sur quelque chose.
16:13 On encourage Gilbert s'il vous plaît.
16:15 (Cris)
16:20 Il y a tous les cyclistes du dimanche qui passent, qui se font encourager pour qu'ils en chantent.
16:24 (Cris)
16:42 La police passe, ça chante à l'aile bleue, les pompiers passent, ça chante à l'aile rouge.
16:46 Enfin on comprend que c'est bon délire.
16:48 Il y a du monde mais pas encore trop.
16:50 Je me dis, là l'ambiance c'est exactement ce que je voulais.
16:53 Vraiment, à ce moment là pour moi c'est limite le meilleur moment parce qu'il n'y a pas de stress, il n'y a que de l'amusement.
16:59 Je parle un peu aux gens, il y a plein de gens qui me disent "c'est la première fois que je viens sur le Tour, c'est génial".
17:03 Alors j'ai envie de te dire, c'est pas comme ça tous les jours non plus, mais tant mieux mec, tu as la meilleure première ambiance possible.
17:08 Il faut se faire un cortège là.
17:10 On va sur le col.
17:12 (Cris)
17:16 On monte tranquillement en suivant les chants.
17:19 (Musique)
17:34 Et derrière on s'est fait une montée jusqu'au sommet.
17:37 Et là j'ai compris qu'on assistait à quelque chose de quand même costaud.
17:40 Parce qu'il n'était pas midi et déjà dans cette espèce de cortège on était déjà au moins deux cents.
17:46 Je me suis dit "attends, je vois encore mon collègue, cofondateur Rémi, qui sur Eurosport nous dit "on sera 100-150" parce qu'il a peur".
17:53 Ben lui il n'est pas marseillais pour le coup.
17:55 (Rire)
17:56 Parce qu'il a peur de machin.
17:58 Et là on est dans le cortège, il est 11h30, on est déjà plus que ce qu'il prévoit la veille à la télé.
18:03 Ceux qui ont des fubigènes venez devant.
18:05 On les fait maintenant parce qu'après, une fois qu'il y a la caravane, une fois qu'il y a les coureurs, pas de fubigènes.
18:10 Pas de fubigènes.
18:11 (Chant)
18:15 Le matin, Thibaut il est très détendu.
18:28 Il répond aux interviews alors qu'il y a des matins où il ne veut absolument pas s'arrêter pour faire des interviews.
18:32 Ce matin il est là, il est content.
18:34 Il est chez lui, il s'attend à une grande journée, il espère à une grande journée.
18:38 C'est un vrai objectif, c'est peut-être l'objectif de ce tour pour vous ?
18:41 Oui c'est sûr c'est l'objectif.
18:42 Après malheureusement, j'ai beau connaître par cœur, j'ai beau avoir les meilleurs encouragements du monde,
18:47 ce qui comptera ce sera les jambes.
18:49 Mais en tout cas on va tout donner aujourd'hui, c'est ma dernière étape donc on va tout donner.
18:53 Dans le petit ballon ça va être comment ?
18:55 J'espère que ça va être chaud et j'espère que la fête sera belle, que la fête soit belle tout simplement.
19:01 C'est quand même depuis hier soir, je sens quand même l'émotion monter.
19:04 Donc j'espère qu'elle va me pousser dans le bon sens.
19:07 Marc, il y a beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de monde autour du bus de la Groupe Ama FDJ, c'est une journée spéciale ?
19:12 Ouais c'est une journée spéciale...
19:15 C'est spécial.
19:19 Pourquoi c'est spécial pour vous personnellement ?
19:22 C'est une longue histoire.
19:24 Ça va vous manquer ?
19:28 Forcément.
19:34 Marc sait très bien que c'est une journée spéciale, que ce soit pour moi et pour l'équipe, il le sait, tout le monde le sait.
19:38 Mais les DS, au départ quand ils font leur tactique, ils ne peuvent pas parler de ça, c'est un fait de course.
19:42 Mais eux ils font leur job aussi, c'est de faire la course et faire abstraction de tout ce qui se passe autour.
19:46 La stratégie elle est simple, au départ c'est de mettre le plus de monde dans l'échappée.
19:49 Que ce soit moi, David, Valentin, et puis d'aller jouer l'étape parce que c'est impossible de gagner face à Pogacar ou Vingegaard,
19:54 on sait quand la pédale on a perdu.
19:56 Moi le seul truc que je voulais c'est au moins, même si je n'étais pas dans l'échappée,
19:59 au moins avoir des bonnes sensations et me faire plaisir sur ma dernière étape de montagne sur le Tour de France.
20:04 Le briefing c'était clairement anticipé et Thibaut avait une part importante dans le briefing,
20:09 mais ce n'était pas la seule carte, c'était fais-toi plaisir, tu es électron libre,
20:14 si tu veux être devant, tu es devant, si tu veux être derrière, tu es derrière, on ne te jugera pas et tu feras ce que tu veux.
20:18 Ensuite c'était à nous de l'accompagner s'il était devant parce qu'on avait forcément l'envie de le faire,
20:23 et s'il était derrière on faisait notre course pour essayer de faire la meilleure performance possible sur le Tour de France.
20:27 Est-ce que vous êtes prêts devant ?
20:30 Dans 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, c'est parti !
20:45 En termes de scénario, les 20e étapes c'est ultra court.
20:50 Il y a effectivement la volonté de beaucoup de coureurs d'être dans le groupe d'échappée pour peut-être remporter l'étape.
20:56 C'est évidemment le cas de Thibaut Pinault, mais il y a aussi la grande bagarre pour le maillot jaune, pour le podium.
21:02 Il y a tous ceux qui n'ont pas gagné qui veulent gagner, c'est la dernière fois.
21:06 Le lendemain c'est les Champs-Élysées, pour les sprinters c'est terminé.
21:10 Et encore des enjeux, Wingergaard a sommé le tour, Pogacar a envie de jouer, Wingergaard va suivre,
21:15 donc les deux vont accélérer, ça va rentrer derrière.
21:17 Il y a Chikodé qui veut le maillot à poids, donc il y a plein encore de gens qui veulent exister.
21:22 Et Thibaut il doit exister aujourd'hui, lui il a encore plus de raisons de l'exister parce qu'il est attendu.
21:27 Il y a le lieu effectivement, on est chez Thibaut, on est en Thiboland.
21:34 Le profilier pour lui, les routes, il n'a pas besoin de compteur, il n'a pas besoin de rien du tout, il sait.
21:39 Donc on s'attend à quelque chose, on sait qu'il y a ce fameux virage, on sait que les supporters sont là depuis la veille,
21:46 donc on sait qu'il va se passer quelque chose.
21:48 Et je pense que Thibaut quoi qu'il arrive, au-delà du virage final, le matin il veut gagner l'étape.
21:54 Attention pour les départs réels, attention !
21:56 Départ réel donné ! Départ réel donné à 13h44.
22:03 Campenarts, c'est Campenarts qui fait le départ je crois.
22:07 Juste pour le dire, il y a l'air d'avoir un barène qui est parti solo, ça relance derrière, il y a Campenarts encore.
22:14 Ça c'est Campenarts.
22:16 On va faire le départ pour Thibaut, ok ?
22:18 On est le midi, on sait avoir faim quand même, donc on va manger.
22:22 Un repas gargantuesque qui nous avait été servi à l'auberge par Mireille,
22:26 en base de fromage fondu, de lardons, de pommes de terre, alors qu'il faisait 35°C.
22:29 Heureusement on avait beaucoup d'eau pour faire glisser tout ça.
22:41 Donc il est midi 30, 13h, il y a une partie des gens qui s'attardent à table pour regarder un peu l'étape,
22:46 parce que ce n'est pas encore le moment d'aller faire la siesta.
22:48 On fait le repas, donc on est bien, puis on retourne sur le virage et là le monde a sans déconner triplé.
22:55 Tous les gens du col, qui étaient déjà installés, se sont dit "attends il se passe un truc en bas là"
23:05 parce qu'ils sont allés faire la procession tout en haut.
23:07 Et je pense que c'est ça qui a créé le mouvement de foule, qui fait que tous les gens sont descendus pour s'aligner derrière le virage.
23:11 Et là c'est le moment où il y a une petite panique de se dire "ça va pas passer, il y a trop de gens, c'est trop le bordel".
23:17 On s'est dit "ah ok, on a peut-être un peu sous-estimé le truc là".
23:22 Là on a commencé à suer un petit peu.
23:24 "Tous ensemble on chantera, c'est l'amour qu'on a pour toi et qui ne finira jamais.
23:35 Oh la la la, la la la, la la la la la, c'est l'amour qu'on a pour toi et qui ne finira jamais.
23:55 D'un côté je suis super content et d'un côté je prends une boupée de pression.
24:01 Et je me dis "ok, c'est sérieux, il va falloir potentiellement gérer ça".
24:05 On a évidemment énormément de respect pour les coureurs et pour l'organisation de la course.
24:09 On ne vient pas pour tout casser, on vient pour encourager un coureur et pour créer un moment magique autour d'un coureur.
24:13 Mais certainement pas pour que ça se passe mal.
24:15 C'est la sécurité pour les coureurs mais c'est aussi la sécurité pour les gens au bord de la route.
24:18 Il y a je ne sais pas combien de bagnoles qui passent sur cette route avant avec la caravane, les chars et compagnie.
24:23 Un mec qui peut finir sous une bagnole, il peut se faire écraser à un pied.
24:27 On fait ultra gaffe et on martèle la sécurité.
24:30 En plus il y a eu des exemples juste avant sur le tour de coureurs un peu bousculés ou qui tombent à cause des supporters.
24:35 Oh qu'est-ce qu'il y a eu ?
24:36 Juste devant Jonas Ziegler, regardez, avec trois coureurs de la jumbo.
24:40 Nous on a envie que ça y ait un ambiance de fête, par contre nous il nous faut de la sécurité.
24:43 Nous vraiment en tant que FFL, on ne fait pas souvent des événements physiques, des trucs un peu d'envergure comme ça.
24:50 Et donc si le premier qu'on faisait se passait mal, nous on était pliés, on était finis.
24:56 Genre vraiment bye bye FFL c'est ciao.
24:59 Et il y avait cet enjeu là qui était hyper important pour nous, qui était de faire en sorte de montrer qu'on peut importer la ferveur d'autres sports
25:07 qui en ont peut-être un peu plus de manière générale, dans le vélo, sur le Tour de France, et que ça se passe bien.
25:13 Après il y avait de l'idée dite parce que c'est un contexte autre.
25:16 Une course cycliste on est dans un milieu ouvert, c'est pas un stade.
25:20 Avec potentiellement effectivement un afflux de gens incontrôlés.
25:24 On peut rétrospectivement comprendre peut-être la petite perle de sueur face à quelque chose qu'ils ont initié
25:32 et dont ils pourraient être, si les choses se passaient mal, tenus pour responsables.
25:37 Les mecs, la pancarte ! La pancarte !
25:51 Il doit être derrière le mur ta pancarte.
25:54 On plante le panneau éclairé pour quand même que les gens comprennent qu'ici ils font pas n'importe quoi.
25:59 C'est là où avec Pierre on a donné de notre personne parce que la présence policière était assez faible.
26:04 Je pense qu'ils avaient pas prévu non plus.
26:05 Pour que les gens aillent derrière le cordon, pour qu'on se dise faut pas que ça se passe mal.
26:09 Et moi je me rappelle on était avec Pierre en train d'hurler dans le mégaphone en disant
26:12 s'il vous plaît restez bien derrière, faites bien passer la caravane pour pas qu'ils viennent arrêter le truc quoi.
26:17 Je suis allé faire du one to one sur chaque personne sur 500 mètres dans ce virage.
26:22 Là il faut que tu nous aides aujourd'hui, j'ai besoin de toi.
26:24 Vraiment je le regardais dans les yeux, je dis j'ai besoin de toi, il faut que ça se passe bien.
26:28 Il y a toute la famille de Pinot, il y a tous ses fans, il y a tous ses amis.
26:31 Donc s'il te plaît, prends cette cordelette jaune et ne la lâche pas.
26:35 Parce que ouais on avait trop peur, enfin moi j'étais vraiment, j'avais trop peur qu'il y ait des débordements.
26:39 À ce moment là arrivent 4 policiers supplémentaires, mais c'est un peu chaotique quand même parce que les gens sont chauds quoi.
26:46 On est tous responsables, on sait qu'il ne faut pas gêner la course.
26:52 On est là aussi pour s'amuser mais que la course elle ait bien lieu et qu'elle ne soit pas fossée.
26:56 Merci d'être là, faites un maximum de bruit quand Thibaut va passer, on va marquer l'histoire aujourd'hui.
27:02 Déjà la première échappée elle est partie sur une chute dans la descente du ballon d'Alsace.
27:14 Rodriguez a chuté à droite.
27:16 Thibaut Rodriguez crash on the right hand side of the road. Touché au visage notamment.
27:20 Cette chute là, elle a coupé le peloton, il y avait peut-être 20 mecs devant.
27:24 Déjà je me dis merde la journée, ça sent pas bon.
27:28 Je sentais que la course n'était pas spécialement posée, il y avait des équipes qui n'étaient pas représentées qui roulaient aussi derrière.
27:33 Donc je me dis avec un peu de chance ça peut peut-être être ressortir dans la Croix des Manas, dans le col que je connais très bien, que je fais très souvent.
27:39 Les groupes à mains sont en train de construire le Richiquier. Kuhn, Madoise, Pinault, chaud dans le peloton.
27:46 Et au final oui ça ressort là et j'arrive à sortir tout seul.
27:49 Ça y est, attaque de Pinault, Lidl est de sortie. 76 km pour faire frémir.
27:55 Je retombe dans la descente sur Stéphane qui est entre le peloton et l'échappée.
27:59 Et moi je rentrais sur lui au sommet, donc forcément lui il a fait la descente à fond et il m'a ramené dans l'échappée.
28:05 Et Thibaut maintenant regardez, on y va à trois avec Stéphane Kuhn. Stratégie d'équipe autour de Lidl aujourd'hui. C'est parti !
28:13 Il faut batailler pendant 20, 30, 40, 50, 60 km pour être dans ce groupe, ce gros groupe de tête.
28:19 Ça passe, une ascension, deux, il faut faire quelque chose.
28:23 Et Stéphane Kuhn qui est au sprint pour rester avec Thibaut, pour rester avec Valentin Madoise.
28:27 Valentin Madoise qui va faire ce que Thibaut lui demande, prendre son relais, cette opération.
28:33 Thibaut Pilot aujourd'hui.
28:35 De toute façon dans ce genre d'étapes, il faut avoir un brin de réussite et puis avoir un peu de chance, avoir des bonnes circonstances de course.
28:40 Je me dis que ça c'est des circonstances que j'ai connues quand j'ai gagné des belles étapes, donc je me dis que ça peut le faire.
28:45 On est déjà sur le virage au moment où l'étape part et il se trouve qu'on n'a pas de réseau, donc il n'y a pas d'info.
28:53 Donc l'arrivée de l'info elle est très tardive.
28:56 Après, est-ce que quelqu'un sait ce qui se passe sur les spans ?
28:59 Alors au spans, qu'est-ce qu'il y a ?
29:02 Donc il y en a qui ramènent un peu l'info de "il y a un groupe d'échappée, Pino est dedans mais on ne sait pas trop".
29:11 À ce moment-là on est dans le flou, on ne sait pas.
29:14 Et avec Charlie, on se positionne, entrée du virage, et coup de bol à côté de nous il y a une caravane de Hollandais ou d'Allemands, qui a une parabole.
29:23 Et ils ont la télé par satellite.
29:26 Donc on regarde discrètement.
29:28 Donc en plus les updates se faisaient au mégaphone par les capos et du coup t'avais la masse de personnes derrière qui...
29:36 Il y a des infos sur la course, c'était il y a 5 minutes.
29:39 Les coureurs ils sont à la Bresse, au col de Grosse-Pierre, donc il reste le col de Grosse-Pierre et le col de la Chlourte.
29:44 Pour le moment il y a un groupe avec une minute d'avance sur le poteau.
29:48 Dans ce groupe il y a...
29:55 Mathias Kelvos, Van Giel, Valentin Matoas,
30:00 Christian Kog,
30:04 Roy, Arpoin, Fermer,
30:07 Denis Zagiré et Thibaut Piret !
30:11 10 avec 50 secondes d'avance. 50 secondes d'avance pour le groupe de 6 sur le poteau.
30:23 Tout de suite tu fais l'état des lieux des troupes, tu vois qui est là, qui est pas là, les équipes représentées, pas représentées.
30:28 Là tu vois pas de jumbo dû à eux. Tu vois une minute sur le peloton derrière.
30:32 Ils laissent pas partir, ils veulent jouer l'étape.
30:35 Donc là tu te dis, c'est plus entre mes mains en final, c'est le peloton qui décidera si on doit gagner ou pas.
30:40 Après j'ai compris que ça, au pied du petit ballon, j'avais une minute 15 ou une minute 30 je crois max.
30:45 Il me dit que si tu dois gagner, attention faut que tu partes maintenant.
30:49 Thibaut il est fan fou ! Depuis une semaine il nous parle que de ça, vous pouvez être fiers de vous les gars, applaudissez-vous, c'est génial !
30:56 C'est trop fort ! Encore une fois on va faire ça dans le respect mais on va foutre le feu autour de France tous ensemble !
31:03 C'est l'année plus beau moment de sa carrière là, je pense c'est l'année plus beau moment.
31:07 C'est bien la caravane arrive ! La caravane arrive ! La caravane arrive !
31:11 La caravane arrive ! La caravane arrive !
31:39 Je ne vais pas trop montrer ses sentiments mais je pense qu'il va être bien ému à la fin de cette étape.
31:42 C'est beau qu'ils aient réussi à faire tout ça.
31:44 Allez Marc, t'es grand aujourd'hui !
31:46 T'es grand ! T'es grand ! T'es grand !
31:50 On a bien bossé Marco, on a bien bossé ! On est là !
31:55 Vous êtes gros ! Merci, merci Marc !
31:58 Mario ! Mario ! Mario !
32:24 La tête de course est au pied du petit ballon, montée de 9 km, 300 à 8,1% de moyenne, classé en première catégorie.
32:31 On arrive au pied du petit ballon avec une 30 d'avance, une 15.
32:34 Tout de suite je dis à Valentin qu'il faut accélérer vite parce que derrière il ne faut pas nous faire de cadeaux,
32:38 il ne faut pas qu'on perde trop de temps dans le petit ballon parce que ça va aller très vite derrière.
32:41 C'est Valentin qui fait des gros relais.
32:43 J'entame le petit ballon en tête et j'essaie d'amener un bon tempo pour ne pas s'endormir dans le début de l'ascension.
32:49 Puis après je vois Thibaut qui était très fort et on se rend compte qu'il y a quelques coureurs de l'échappée qui lâchent dès le début.
32:55 Donc on se dit "la vache, on va peut-être tenter un truc".
32:58 Valentin est durci, on se retrouve en emperra à tous les 500 mètres.
33:03 Valentin Mouadouas, maillot tricolore sur la poitrine.
33:08 Il va se mettre, comme d'habitude, à la planche, le cœur en feu pour lui qui va partir, pour Thibaut.
33:17 Ils sont plus que 4 devant, ils ont 1 minute 20 d'avance. Et dans les 4, il y a Thibaut !
33:26 Dès qu'on a su que Pino était dans l'échappée, là on a commencé à se dire "ah putain, il est venu pour nous faire plaisir".
33:36 "Et il y a Thibaut !" Je me souviens de ce moment. "Et il y a Thibaut !"
33:41 Et t'as tout le monde qui éclate.
33:42 Et les dernières infos, on a "oui les 4". En tout cas, les dernières infos que j'ai, c'est qu'ils sont 4 dans la montée.
33:48 Et on se dit "ah il va être parmi les 4, c'est génial".
33:51 Et ça c'est la dernière info qu'on a. Et donc après, les 10-15 dernières minutes, c'est les minutes où t'as les frissons.
33:58 Parce que à chaque moto qui passe, à chaque voiture qui arrive au loin, tu te dis "ça se trouve c'est la voiture de course, ils sont juste derrière".
34:06 Donc ça c'est vraiment le meilleur moment dans le Tour de France, c'est quand tu commences à entendre l'hélico au loin,
34:11 quand tu sens l'ouragan de la course qui commence à se rapprocher. T'as ton 6ème sens qui te dit "putain, là il va se passer un truc".
34:19 Ça bat à 200 et il y a cette situation où en fait on sait pas où ils sont, tout simplement.
34:24 Donc on sait pas si c'est dans 5 minutes ou dans 3/4 d'heure. L'info elle passe pas.
34:28 Donc on est tous là à se regarder en disant "c'est maintenant, c'est un peu comme les gamins à Noël".
34:31 C'est quand est-ce qu'il passe le Père Noël ? Et on sait pas.
34:33 Tu vois la montre qui défile, tu sais que les projections ça disait vers 16h30, etc.
34:38 Tu vois qu'il est 16h, donc forcément tu sais que ça arrive, tu le sens aussi parce que les gens sont de plus en plus surex.
34:44 Et derrière ça commence à bouger aussi. Fogachar qui sort en vingue garde, Félix Galles, ça bouge derrière.
34:52 Et les chants se rapprochent et on est encore plus près.
34:54 Il a les écarts, évidemment dans son orient. Je sais pas si les directeurs sportifs mentent,
35:00 s'ils lui disent la vérité ou pas pour lui donner du panache. Et il faut absolument partir.
35:05 Plus que 25 coureurs dans ce petit ballon.
35:09 Et attaque de Thibaut !
35:11 Et attaque de Thibaut.
35:12 Avec Valentin Badouaz qui peut y aller.
35:17 Le connaissant il va mettre une grosse attaque et ensuite il va se poser à son rythme.
35:20 Je vois que lui il part et quand je m'accroche je me dis "bon c'est quand qu'il ralentit ?"
35:24 Pour que je puisse l'aider mais en fait il a jamais ralenti.
35:26 Je pense que Valentin lui il voulait cette ville d'être avec moi le moment là mais moi je peux pas l'attendre.
35:31 Il lui manque pas grand chose mais je peux pas attendre parce qu'on a le peloton qui est vraiment juste derrière nous.
35:36 Je pense à devant aussi, devant il y a le virage Pinot qui m'attend.
35:39 Et je me dis "j'ai des bonnes jambes, la cerise sur le gâteau c'est d'arriver tout seul toi".
35:44 Je me suis mis un peu dans le rouge et j'ai essayé de le suivre et après je me suis dit "oulala ça sert à rien d'être entre les deux groupes,
35:49 autant que je me relève et que je reste avec le groupe derrière".
35:51 Il est à 5 kilomètres du sommet, il y aura une grande descente, le platzeur vaselle.
35:56 Il est en train de partir tout seul dit mon Pinot !
35:58 Mais est-ce qu'il a envie d'entamer le platzeur en tête ?
36:01 Je crois qu'il a envie de passer au virage tout seul.
36:04 Et ça il est parti. Il est seul. Il est seul devant, il reste 25 bornes. Et on arrive dans ce virage.
36:12 Quand il arrive, les trois quarts des gens savent pas qu'il est là. Les trois quarts des gens savent pas que c'est Pinot en tête quoi.
36:17 Tu vois la folie arrivée, t'as le bruit qui arrive, qui monte en décibels, ça me refait un peu la gorge.
36:21 Parce qu'on est pas au courant, enfin vraiment, ce qu'il faut vraiment comprendre c'est qu'on est pas au courant et il surgit comme ça.
36:26 Alors tu te dis "il y a le bruit" mais ça t'indique pas qu'il est tout seul.
36:29 Et là je le vois faire de la foule, tout seul, dans son virage.
36:33 Les fleurs sont pour les larmes aux yeux. Pour Thibaut Pinot on peut le garder sous les lunettes, mais pour un Steve Schellen c'est sûr.
36:39 Voici le virage Thibaut Pinot en tête.
36:41 2 kilomètres à aller. Regarde ça.
36:44 Combien de gens sont sur cette montagne ?
36:47 Sur la tête, sur le monde, sur le temps, sur le monde !
37:01 L'atmosphère est absolument électrique.
37:06 Ecoutez ça.
37:08 Oh les amis !
37:10 J'étais vraiment motivé, ça faisait quelques jours que j'avais que ça en tête.
37:21 J'ai pris du plaisir, surtout que je suis à la maison.
37:24 Et c'est fou d'être là.
37:27 Il ne gagnera jamais le Tour de France, mais ça il l'a gagné !
37:30 C'est fou d'être ici alors que c'est mes routes d'entraînement.
37:33 C'est fou d'être ici, c'est la meilleure chose que je puisse faire.
37:36 Mes routes d'entraînement, c'est ici que j'ai toujours...
37:39 Il y a vraiment ce côté, c'est fou ce qui vient de se passer.
37:57 C'est ce côté, tu cherches le regard et tout le monde a le même regard.
38:02 À ce moment-là, il y a une espèce d'incompréhension, de se dire "comment c'est possible ?"
38:05 Il ne l'a pas fait quand même, c'est si, il l'a fait.
38:08 Tu as une seconde dans ton cerveau pour comprendre que c'est Thibaut Pinot,
38:11 le mec en bleu, la bouche ouverte, en train d'appuyer fort sur les pédales.
38:15 Et là, à peine il est déjà parti, tu regardes la route et tu te dis "putain, mais c'était lui !"
38:20 Il est vraiment en train de le faire, il est vraiment en train de nous offrir le spectacle rêvé
38:26 qui était écrit dans l'alignement des planètes.
38:30 Il y a un côté où on est presque incrédule, on se dit "mais non, c'est pas possible !"
38:34 Et là, c'est pour ça qu'il y a cette espèce de coïncidence, c'est Taylor Swift à ce moment-là.
38:38 C'est le pape, quand il passe, c'est le pape. Les gens le regardent, le touchent.
38:43 Je ne sais pas si tu te souviens de Maradona et de Naples et de son église.
38:47 Elle est là, l'église de Thibaut, elle est dans ce virage.
38:50 J'ai vu un mec torse nu sur un banc en train de faire ça, en regardant le ciel.
38:55 C'est mystique !
38:56 Il y avait une telle clameur derrière.
38:58 Ça a été une folie, une folie.
39:00 Vraiment, les gens ont hurlé, mais tous en même temps.
39:03 Et là, tu as tout le truc qui fait "pfff".
39:06 Ça te fout les frissons du bruit que tu as derrière toi.
39:10 Et puis en plus devant toi, tu vois Pino qui passe comme ça.
39:13 Ce truc qui m'est passé des orteils jusqu'au cerveau, je n'ai jamais ressenti ça.
39:18 On a eu des mecs qui étaient là depuis 30 ans qui disaient "on n'a jamais vu ça sur le tour".
39:21 C'est une explosion d'émotion entre la surprise, la joie, la stupeur.
39:27 Et tu as tout ça qui se passe en 4 secondes.
39:29 Tu rentres dans le virage, puis ça explose au final.
39:33 J'ai les oreilles qui ont sifflé pendant 48 heures.
39:37 Il y a tellement de bruit et tellement de monde que tu as l'impression que c'est réel.
39:45 Cette dose-là d'adrénaline, elle est énorme dans le corps.
39:48 Et là, les poils.
39:51 Je crois que c'est un journaliste qui a fait une belle photo de Thibaut.
39:54 On voit qu'il a les poils.
39:55 En fait, tu les as tout autant.
39:56 Même dans le virage Pinot, on voit que j'ai des frissons parce que ça me transcende et ça me nourrit.
40:00 Ça me donne de la force tout simplement.
40:02 T'imagines tout ce monde-là pour toi, lui qui adore être en train de faire de la pêche dans son canoë seul au monde.
40:08 Si tu es un humain normalement constitué et que tu roules dans ce virage à ce moment-là,
40:13 tu as la chure de poule au minimum, je pense.
40:16 Le kiff que tu as sur ce moment, quand tu le vois arriver, il a les poils.
40:18 Mais nous, on l'a 10 fois plus, tu vois.
40:20 Franchement, ça me fout les frissons rien que d'en reparler.
40:23 On a fait vivre un truc à Pinot, on a fait vivre un truc à tous ses coéquipiers.
40:26 Quentin Paché, il a fait son meilleur high-five à tout le monde.
40:30 On a fait vivre un truc à des directeurs sportifs d'idée qu'ils n'ont jamais vu ça.
40:34 Si il y a un Thibaut sur la tête, c'est plus beau que tous les espoirs.
40:41 Rien que je chiale, on ne voit rien.
40:44 Pas de monde.
40:45 Tu n'as vu le monde ?
40:46 Tout le monde a créé une ambiance qui est…
40:48 J'ai envie de dire, je pense qu'elle ne reviendra jamais cette ambiance.
40:51 Il y a ce côté beau et triste à la fois de se dire…
40:54 Le moment où je m'assois, je me dis « putain, je ne revivrai plus jamais ça ».
40:57 Dans ma tête, ce que je me dis, c'est que j'ai vécu un truc.
41:00 Mais ce que j'ai ressenti là, c'est que je me suis dit « putain, je ne reviendrai plus jamais ça ».
41:05 Je me suis dit « putain, je ne reviendrai plus jamais ça ».
41:07 Je me suis dit « putain, je ne reviendrai plus jamais ça ».
41:09 Ce que je me dis, c'est que j'ai vécu un truc.
41:11 Mais ce que j'ai ressenti là…
41:13 Et le sentiment d'avoir participé à un truc qui nous a dépassé complètement.
41:16 Je n'ai pas compris ce qui m'est arrivé.
41:18 Autant de personnes qui sont heureuses au même endroit.
41:22 Même si on avait voulu écrire quelque chose, on n'aurait pas pu écrire un truc aussi beau que ça.
41:25 Tu vis un de ces moments, un de ces rares moments dans une vie sportive.
41:28 Je pense que ceux qui te disaient « France 98, j'étais là au stade »,
41:33 franchement, pour moi, ils se classent dans les trucs où je peux dire « j'étais là ».
41:37 Les émotions même pour les gens qui n'étaient pas sur place.
41:40 Le président de la République qui a fait un tweet.
41:42 On était 3500-4000, on était de tous les âges, toutes les régions,
41:46 tous les horizons, toutes les classes sociales,
41:49 pour célébrer le départ d'un mec qui nous a fait vibrer pour ses victoires,
41:55 aussi et surtout pour ses défaites.
41:57 Moi perso, à chaque fois qu'il perdait, ça me rendait fou.
42:00 Mais le lendemain, je l'aimais encore plus que la veille.
42:02 J'aurais gagné une étape, on aurait moins parlé de ma victoire d'étape.
42:05 C'est pas une ligne de palmarès, mais avoir réuni autant de monde ce jour-là pour moi,
42:09 ça c'est une victoire.
42:10 Si tu triches pas, si t'es vrai, si tu mets tes valeurs en avant,
42:15 tu peux rendre des gens dingues de toi.
42:17 Et c'est exactement ce que Thibaut a fait.
42:19 Intérieurement, on le vit comme quelque chose que tu ne retrouveras jamais dans ta vie, si ça se trouve.
42:24 C'est une émotion qui est particulière.
42:26 Je pense que j'ai rendu des sportifs très jaloux de ce moment-là,
42:29 parce que c'est des moments qu'ils ne connaîtront jamais dans leur vie.
42:31 Oui, je suis jaloux de ce moment-là, mais c'est de la bonne jalousie.
42:35 C'est cool qu'un sportif qui nous ait fait autant vibrer,
42:37 qui nous ait donné autant de sourires et qui nous a fait vivre autant d'émotions,
42:41 vive celle-là en retour.
42:43 Ce qui va se jouer entre le sportif et son public, c'est une sorte d'échange de dons contre dons.
42:48 Le sportif, il donne, il donne du spectacle, il donne des émotions,
42:53 et en même temps, le public aussi rend.
42:56 Donc en fait, c'est une sorte de circulation permanente.
42:59 Ce n'était pas nous d'exister ce genre-là.
43:02 On voulait créer un truc pour que ça résonne dans les oreilles de Pinault.
43:06 Donc ça, on l'a réussi, je pense.
43:08 Je pense que ça n'a pas été facile à tous les supporters de me suivre durant toutes ces années,
43:13 parce que j'ai quand même eu des moments difficiles.
43:15 La seule façon que je peux les remercier, c'est d'arriver tout seul dans ce virage.
43:18 Pour moi, c'est ça le plus beau moment que je pouvais leur offrir.
43:20 La la la la la la la, vive Pinault !
43:26 La la la la la la la, vive Pinault !
43:32 Ce qui reste vraiment du virage Pinault, c'est toute une bande de gens
43:36 qui ont vécu une émotion quasi unique dans leur vie,
43:39 et en fait, au final, ça nous a un peu soudés.
43:41 C'est un truc qui va nous lier jusqu'à très très loin.
43:44 Pour moi, c'était l'essence même du sport, c'était un truc rassembleur.
43:47 Les gens viennent sur place pour vivre une expérience collective,
43:50 et donc il y avait l'idée de vouloir être là, pouvoir dire après coup, j'y étais.
43:55 Allons une dernière fois !
43:59 Chantez tous avec moi !
44:03 Pinault va la gagner !
44:07 Allez Tibo, allez !
44:14 Seul en tête, seul au monde, seul dans son monde !
44:18 Écoutez ça, tout le monde est arrivé à ce point pour Tibo Pinault,
44:25 et il a délivré.
44:29 Le destin a été souvent dur avec moi, mais au final je ne regrette rien,
44:34 parce que moi-même, malade ou blessé, j'allais jusqu'au bout.
44:37 Et puis je pense que le virage m'a permis de fermer vraiment ce chapitre de ma vie
44:41 de la meilleure des façons.
44:43 Je ne me souviens plus jamais de ce que j'avais fait.
44:46 Et je pense que j'ai fait un bon travail.
44:50 Je pense que j'ai fait un bon travail.
44:52 Je pense que j'ai fait un bon travail.
44:54 Je pense que j'ai fait un bon travail.
44:56 Je pense que j'ai fait un bon travail.
44:58 Je pense que j'ai fait un bon travail.
45:00 Je pense que j'ai fait un bon travail.
45:02 Je pense que j'ai fait un bon travail.
45:04 Je pense que j'ai fait un bon travail.
45:06 Je pense que j'ai fait un bon travail.
45:08 Je pense que j'ai fait un bon travail.
45:10 Allez, on regarde.
45:13 Tu fais ça dans le cadre.
45:15 Tu me laisses cette pause.
45:17 Mais retourne-moi.
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