• l’année dernière
François-Régis Gaudry, le chef-pâtissier Sébastien Gaudard et la cheffe-bistrotière Alcidia Vulbeau sont les invités de Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-21-decembre-2023-2036194

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Transcription
00:00 Exceptionnellement Léa, pas d'invité de 9h20 en tête à tête pour vous aujourd'hui.
00:04 On avait envie d'y fêter avec tous les deux et tous les cinq.
00:07 Pour la dernière émission de l'année à trois jours de Noël, on avait tout simplement
00:11 envie de se mettre à table pour parler de bonne bouffe !
00:14 Et qui de mieux sur le sujet que notre star maison, the one and only François-Régis
00:18 Godry, bonjour ! Bonjour Léa, bonjour Nicolas.
00:21 On vous écoute tous les dimanches de 11h à midi en Cuisinant sur Inter, vous avez
00:24 vendu, alors ça nous a hallucinés ça, plus de 800 000 exemplaires de toute la série
00:29 dont on va déguster.
00:30 Ils sont traduits désormais en une dizaine de langues, le dernier en date, on va déguster
00:34 Paris, c'est aux éditions Marabout, Radio France…
00:37 Et c'est une merveille ! Merci.
00:39 Refaites-le vous.
00:40 Et c'est une merveille ce livre !
00:41 Vous avez cette voix ! Alcidia Vulbo, vous êtes chef du bistro Bonaventure à Saint-Ouen
00:45 où vous proposez de la cuisine bistronomique à petit prix.
00:48 Vous êtes aussi chef du Café Jaune où vous servez de la street food de qualité.
00:52 Bonjour à vous, merci d'être là.
00:54 Et enfin Sébastien Godard, chef pâtissier à la tête de plusieurs pâtisseries spécialisées
00:58 dans la bûche traditionnelle, notamment Rue des Martyrs.
01:00 Je dis ça, je dis rien.
01:01 D'abord on a envie de vous demander, c'est quoi Noël pour vous ? L'année 2023 a été
01:06 dure, avec la guerre au Proche-Orient, l'Ukraine, la guerre en Ukraine, l'inflation.
01:10 C'est quoi Noël ? C'est un moment de retrouvailles, un moment pour sourire dans
01:14 un contexte morose, un moment de petits excès aussi François-Régis Godery ?
01:18 Oui, c'est une formidable occasion de se mettre un peu de baume au cœur et à l'estomac,
01:22 de se mettre autour d'une table, de faire bonbance, effectivement de pratiquer…
01:26 Vous savez, il y a un critique gastronomique du XXe siècle qu'on a un peu oublié qui
01:29 s'appelle Kurnonski et qui disait "je pratique l'excès avec modération".
01:33 C'est un peu l'idée.
01:34 C'est-à-dire qu'on a ces 15 derniers jours de l'année où effectivement on peut
01:37 faire le petit pas de côté, la petite entorse nutritionnelle, le petit coup de trop à
01:42 boire, même si attention on ne prend pas sa voiture évidemment, je n'encourage pas
01:44 nos auditeurs et nos auditrices à boire.
01:46 C'est vrai que c'est un moment où il y a une espèce de jubilation et de lâcher
01:49 prise.
01:50 On a peut-être un petit peu moins de culpabilité à manger trop, toutefois, évidemment on
01:55 est dans un contexte écologique tout à fait compliqué, on est aussi obligé de se dire
01:59 qu'on nourrit nos liens sociaux, nos liens familiaux, nos liens amicaux, qu'on nourrit
02:03 notre corps mais qu'on nourrit aussi nos poubelles parce que le gaspillage alimentaire
02:07 des Français se concentre quand même à ce moment-là.
02:10 Donc c'est effectivement un moment où on peut quand même ne pas bouder son plaisir.
02:15 Et vous allez nous donner des astuces anti-gaspi notamment vous Alcidia, c'est quoi Noël
02:19 pour vous Alcidia Hulbeau ?
02:20 Noël, justement, en ces temps troublés, ce serait vraiment l'idée de se rassembler,
02:26 de faire union, d'être ensemble, de respecter toutes les sensibilités surtout.
02:30 On va voir ça.
02:32 D'ailleurs vous fermez vos restaurants précisément actuellement parce que vous estimez que vos
02:35 équipes ont besoin.
02:36 Doivent pouvoir faire relâche.
02:37 Surtout doivent se retrouver leur famille.
02:40 Et puis l'idée c'est que les deux cafés Bonaventure et Café Jaune seront fermés
02:45 pour aussi laisser du temps aux équipes, se reposer, se retrouver en famille, prendre
02:50 le temps et puis d'être dans la joie aussi d'être avec les amis etc.
02:54 Donc voilà Noël c'est ça pour moi.
02:56 Sébastien Godard, c'est le moment de l'année pour vous ?
02:59 Il est sur le relâche !
03:03 Non justement, Noël commence pour nous en fait avant à la Saint-Nicolas puisque je suis
03:09 Lorrain donc on l'a fêté la semaine dernière rue des Martyrs avec le défilé du Saint-Nicolas
03:12 de Laboureux qui est du père Fouettard.
03:14 Et ensuite Noël c'est évidemment les bûches.
03:16 Je suis dans la maison du petit-fils qui a inventé la bûche, Pierre Lacan.
03:21 Donc on essaie d'être digne de cette responsabilité et de faire des bûches traditionnelles.
03:28 Vous nous avez ramené quatre bûches.
03:31 Elles nous font de l'œil.
03:33 Différentes bûches.
03:34 Deux très classiques, la bûche chocolat roulée avec un biscuit chocolat cacao, une
03:39 crème, une ganache chocolat et puis une mousse au chocolat.
03:42 Une bûche marron avec des éclairs de marrons glacés et puis une crème marron, une biscuit
03:47 amande.
03:48 Et la création de cette année, puisqu'on a ouvert le Grand Café rue du Faux-Bourg-Poissonnier
03:52 dans le lieu des marrondissements, pourrait donner envie aux gens à nouveau de manger
03:56 des gâteaux au café.
03:57 Parce qu'il y a quelque chose qui a tendance à disparaître.
03:59 Ça avait disparu ?
04:00 Les éclairs au café ça ne marche plus ?
04:03 Oui mais moins que le reste en fait.
04:06 Et tous les gâteaux au café ont tendance à disparaître.
04:08 Et donc l'idée c'était de faire redécouvrir, parce que j'ai moi-même redécouvert le café
04:12 avec le Grand Café, puisque j'ai réappris à faire du café comme on le fait aujourd'hui,
04:16 avec des cafés de spécialité.
04:18 J'ai redécouvert l'infusion, l'extraction, une bûche café avec du praliné, praline
04:24 et noisette, c'est celle-ci.
04:26 Avec un biscuit noisette macaron praliné, un praline et noisette, des éclairs de café
04:32 et un peu de crème café sur le dessus.
04:34 On a envie de les prendre tout de suite.
04:35 François Régis, vous regardez avec appétit ces trois bûches qui sont posées devant
04:38 vous dans ce studio.
04:39 Mais c'est vrai qu'il y a une guerre en ce moment, une vraie bataille.
04:44 Pour ou contre la bûche ?
04:46 Ah bah clairement pour ! Surtout que la bûche c'est un joli symbole.
04:49 Comme l'a dit Sébastien, elle a été inventée rue des Martyrs, c'est une invention parisienne
04:53 et de surcroît c'est l'espèce de totem comestible, la matérialisation comestible
04:57 d'une tradition qui consistait à jeter une bûche dans la cheminée, dans l'âtre.
05:01 Ses centres étaient censés supposer être magiques, ça portait bonheur.
05:04 Ça rappelait d'ailleurs les feux que l'on allumait au moment du solstice d'hiver.
05:08 C'est une tradition qui vient du nord de l'Europe.
05:10 Et aujourd'hui c'est le jour le plus court.
05:13 Absolument.
05:14 Et ensuite avec l'urbanisation, quand les cheminées ont disparu peu à peu, notamment
05:18 à Paris, des pâtissiers ont eu l'idée de matérialiser cette bûche avec un totem comestible.
05:23 C'est une très belle initiative.
05:24 Les bûches c'est quand même un truc, c'est aussi la bûche des vanités si vous me permettez
05:28 le jeu de mots.
05:29 C'est-à-dire qu'aujourd'hui il y a une espèce de concours de beauté des pâtissiers.
05:32 J'en avais goûté 32 avec mes équipes pour voir un peu ce qui se passait.
05:35 Vous en avez goûté 32 ?
05:36 Oui.
05:37 Il y a des choses, des images qu'on voit circuler, ça n'a plus rien à voir avec une bûche.
05:41 C'est même ahurissant.
05:42 On peut parler de mégalomanie pâtissière avec des bûches de palaces, de certains palaces
05:46 dont je t'ai réellement…
05:47 C'est trop ?
05:48 Qui montent à 300 euros, avec tous les emballages qui vont avec, l'empreinte carbone que cela
05:53 suppose.
05:54 Vive les bûches qui ressemblent à des bûches.
05:56 Oui.
05:57 Mais surtout la sémantique est importante.
05:58 Bûche.
05:59 Oui, on a quelque chose dans l'imaginaire collectif, il se passe quelque chose, on voit
06:02 une bûche.
06:03 Aujourd'hui on a quand même globalement tout sauf des bûches.
06:06 Et puis c'est beaucoup d'architecture, beaucoup de créativité, beaucoup d'associations
06:09 de saveurs.
06:10 Et vous dites non, restons dans Tradi, la bonne vieille bûche de Noël.
06:12 Parce que souvent on se rend compte que ce sont des objets consommables pour les réseaux
06:15 sociaux et pour Instagram et que le goût n'est rarement au rendez-vous.
06:19 Alcidia.
06:20 La bûche.
06:21 Vous allez prendre une bûche ce Noël ?
06:24 Je suis vraiment spécialisée, je suis vraiment très cuisine, je laisse Sébastien parler
06:29 des desserts.
06:30 Après de notre côté, enfin de mon côté, je suis pour un peu de sobriété aussi.
06:34 Et c'est vrai que là pour Noël, tout en gardant un esprit festif et sans culpabiliser,
06:41 je suis pour le foie gras.
06:44 C'est très cher, c'est de moins en moins écolo.
06:48 Moi je propose qu'on baisse un peu les quantités de viande et qu'on se tourne vers
06:53 des légumes, la réjouissance de la saison, les légumes de saison, des belles salades,
07:00 les chicorées, les amères.
07:01 Par exemple, l'idée c'est que plutôt que de faire un cadre très rigide, entrée, plat,
07:09 dessert, on peut se dire qu'on tire une grande table, on met les rallonges et on met plein
07:14 d'assiettes à se partager.
07:15 Ah oui, vous êtes pour le buffet ?
07:16 Ah moi j'adore cette idée.
07:17 Vous avez passion pour le buffet ?
07:18 En quoi ?
07:19 L'idée c'est que le buffet, on sort du cadre, on sort de la rigidité, on sort de la grosse
07:25 volaille posée au milieu et puis surtout on respecte les sensibilités.
07:28 C'est-à-dire que sans vegan, sans viande, ça permet une multiplicité.
07:35 Et puis surtout on peut se tourner vers une très belle assiette de légumes rôtis, auquel
07:39 on adjoint une petite vinaigrette, noisette, quelque chose comme ça, des fruits aussi,
07:45 un peu de kaki, un peu de kiwi, etc.
07:47 Donc là, on garde un esprit festif, mais on contourne un peu ce qui peut être plus
07:53 cher sur une table, la viande, le foie gras, etc.
07:56 C'est vrai qu'il faut gérer aujourd'hui les problèmes…
08:01 Les sensibilités comme vous l'avez dit.
08:02 Les sensibilités, j'ai failli dire problèmes, pardon, pardon.
08:04 Les sensibilités alimentaires, vegan, végétarien, les intolérants au gluten, ça devient compliqué
08:11 de recevoir tout le monde.
08:14 L'idée c'est de respecter tout le monde et de se dire qu'on peut être à l'écoute,
08:20 regarder, découvrir.
08:21 Ah bon c'est sans gluten ? Ah bah super, je vais goûter pour voir ce que ça donne.
08:24 C'est pas du moins, c'est du plus en fait, c'est de la diversité.
08:27 Et en même temps, cette montée en puissance des particularismes alimentaires, elle dit
08:30 quelque chose aussi de notre individualisme.
08:33 Il y a évidemment, pour des raisons sanitaires, de vraies intolérances et des allergies alimentaires
08:38 qui sont d'ailleurs liées à notre mode de consommation totalement transformé et
08:41 industrialisé.
08:42 Pour autant, il est vrai qu'il y avait ce fameux dessin dans New Yorker, il y a quelques
08:46 années, qui racontait, qui montrait justement des américains autour de la table de Thanksgiving.
08:51 L'un qui ne mangeait pas de viande, l'autre qui ne mangeait pas de porc, l'autre qui ne
08:54 mangeait que du cru, l'autre qui mangeait gluten free, etc.
08:57 On en est arrivé là en France.
08:58 Je ne dis pas que ce n'est pas bien.
08:59 Parce que…
09:00 Si vous l'étiez un peu, vous l'étiez un peu.
09:01 Non, je dis simplement que l'on peut avoir nos préférences alimentaires, mais que
09:05 très souvent, le « chacun pour soi » prend le dessus sur le collectif.
09:10 Oui, c'est dur de faire une table.
09:11 Aujourd'hui, c'est très compliqué.
09:12 La mère de famille ou le père de famille, les hommes en cuisine, c'est bien aussi,
09:16 lorsqu'ils se mettent à préparer un repas de Noël ou la Saint-Sylvestre, effectivement,
09:19 ils doivent tenir compte de la petite nièce qui a décidé de ne plus manger de viande.
09:24 Et c'est son choix.
09:25 Pour des choix éthiques.
09:26 Ce que je dis simplement, c'est que c'est aussi une forme de convivialité et de commensalité
09:31 qui est remise en question.
09:32 Cela ne veut pas dire, et je suis d'accord avec Elcidia, qu'on ne doit pas par ailleurs
09:35 faire attention à ces différentes sensibilités.
09:38 Mais ça complique l'affaire.
09:39 Moi, je pense quand même que cette année à Noël, il faut réunir, il faut rassembler.
09:43 Il faut rassembler autour de la table et de manière très joyeuse et justement sans confronter
09:49 à la volaille, sans se confronter tous autour de la table.
09:51 Ce que je dis simplement, c'est que la table aujourd'hui, qui était un terrain de concorde
09:55 autrefois, on s'y retrouvait tous, est désormais un ring de boxe.
09:59 J'exagère un peu.
10:00 Mais aujourd'hui, même la cuisine qui faisait union et qui était un dénominateur commun
10:08 de bon nombre de Français, désormais ça devient compliqué d'adapter les individualismes
10:14 alimentaires et parfois dans les préférences alimentaires, encore une fois, il faut faire
10:18 la part des choses entre ce qui relève vraiment de problèmes sanitaires.
10:20 Moi-même, j'ai eu un problème avec le gluten il y a quelques années.
10:24 Je me suis abstenu de manger du pain pendant pas mal d'années.
10:26 Et puis effectivement, ces préférences qui sont liées à une forme d'individualisme.
10:31 Vous le voyez aussi dans la pâtisserie Sébastien Godard, les particularismes rentrent dans
10:35 votre pâtisserie rue des Martyrs ou ailleurs.
10:38 Oui, ça arrive.
10:39 En fait, justement, la bûche création café noisette est sans gluten.
10:43 Mais c'est le hasard de la recette.
10:45 Enfin, le hasard un peu pensé, un peu provoqué.
10:48 Mais justement, de donner la possibilité à certains clients.
10:50 On a trois bûches qui sont aujourd'hui sans gluten, mais sans beurre, sans crème, sans
10:54 lacto, c'est compliqué.
10:55 Et est-ce qu'on vous demande de désucré aussi ? De moins sucré ?
10:58 On ne me le demande pas, mais c'est mon goût.
11:01 Je crois que ma pâtisserie n'est pas très sucrée.
11:03 En fait, quand on fait une meringue, c'est une meringue.
11:05 Mais ça reste du blanc d'œuf et du sucre.
11:06 Mais d'une manière générale, je ne sucre pas trop ma pâtisserie.
11:11 Globalement, dans la pâtisserie, depuis Gaston Lenaud, dans les années 70, il y a des moyennes
11:14 qui ont été faites, et notamment dans les recettes d'un certain Pierre Hermé, qui
11:17 a été l'élève de Gaston Lenaud.
11:19 Il a toujours raconté qu'il met très clairement deux fois moins de sucre dans toutes les recettes.
11:23 On a divisé par deux le sucre dans la pâtisserie aujourd'hui.
11:26 Alcidia Vulbo parlait des questions de prix.
11:31 L'inflation a et aura un impact sur les assiettes le soir du réveillon, ça c'est sûr ?
11:36 Incontestablement.
11:37 Et puis il faut tenir compte aujourd'hui des écarts de richesse dans notre pays qui
11:41 sont, pas qu'en France d'ailleurs, mais très très occupants.
11:43 Mais ça veut dire quoi concrètement ?
11:44 Ça veut dire de la truite fumée plutôt que du saumon fumé ?
11:47 Ça veut dire du prosecco plutôt que du champagne ?
11:48 Ça veut dire une bonne rillette à l'ancienne plutôt que du progrès ?
11:51 Alors, prosecco plutôt que du champagne, un très bon prosecco, enfin un très bon
11:55 champagne peut être autour de 20 euros, à peu près, ce que coûte un prosecco.
11:58 Moi je milite plutôt pour essayer de trouver des champagnes de vignerons et d'un bon rapport
12:01 qualité prix.
12:02 Mais en revanche, il est vrai qu'aujourd'hui quand on fait nos courses de Noël, il faut
12:05 tenir compte d'un certain nombre de dérives.
12:08 Les prix ont augmenté, le pouvoir d'achat baisse, il y a l'inflation.
12:10 Et puis il y a aussi cette sacrée entourloupe des industriels qu'est la "shrinkflation"
12:16 ? J'ai un peu de mal à prononcer.
12:18 Là, allez, mettons les pieds dans le plat.
12:20 L'Aberry, une marque que l'on voit beaucoup dans les rayons aujourd'hui, ils ont été
12:24 pris la main dans le sac avec une plaque de saumon dont la quantité a réduit.
12:28 Mais par contre le prix a augmenté de 19%.
12:30 Scandale total ! Indépendamment d'ailleurs du problème que pose le saumon fumé.
12:34 Vous dites que c'est un scandale le saumon fumé ?
12:37 Globalement, effectivement, soyons un peu raisonnables parce qu'il y a peu de saumon
12:40 fumé issu d'élevages qualitatifs et c'est très souvent issu d'élevages intensifs avec
12:44 des dégâts catastrophiques sur l'environnement et notamment cette salmoniculture pratiquée
12:48 dans le nord d'Europe et qui est arrivée en Islande.
12:50 Il y avait un sujet sur France Inter d'un titre qui a été écrit par Björk et Rosalia,
12:54 l'artiste espagnole, pour dénoncer justement cette salmoniculture qui fait des ravages
13:00 en fait dans les fjords d'Islande.
13:01 Terrible ! Alcidia vulgo.
13:02 Non mais je suis assez d'accord avec François Régis.
13:05 C'est vrai que… Après je pense qu'il y a des stéréotypes autour de la table.
13:08 Le foie gras, le saumon fumé qu'il faut juste déconstruire, c'est tout.
13:11 Il faut juste se dire "bah c'est pas grave si on n'a pas de saumon fumé".
13:14 Par exemple, nous au restaurant on fait un Gravelax de lieux noirs ou de lieux jaunes.
13:18 Qui doit être très très bon.
13:20 C'est délicieux.
13:21 Vous allez chez le poissonnier, vous lui demandez de mettre votre poisson en filet.
13:26 En plus c'est des poissons des côtes atlantiques, donc vraiment on ne peut pas faire mieux.
13:30 Ensuite il est salé avec sel et sucre, un petit mélange, des zestes de citron, etc.
13:36 Ça reste toute la nuit au frigo.
13:37 Le lendemain vous le nettoyez, vous le rincez et puis ensuite vous avez un poisson Gravelax
13:44 qui est archi local.
13:45 Mais vous avez raison de parler de préjugés peut-être à déconstruire.
13:49 C'est vrai qu'on a l'impression que si tu ne mets pas le foie gras et le saumon fumé,
13:53 c'est soit que t'es rat.
13:54 Mais oui !
13:55 Et puis ça c'est le résultat des Trente Glorieuses, notre société d'abondance où
13:59 effectivement on a assisté à une uniformisation du réveillon et on se rendait compte qu'on
14:04 mangeait exactement la même chose sur une table de fête à Bastia, à Strasbourg, à
14:07 Rennes, à Bordeaux.
14:08 C'est-à-dire le foie gras avec ses toasts, le saumon fumé, la volaille farcie, sortons
14:13 un petit peu des clous.
14:14 Vous êtes d'accord Sébastien Godard ?
14:15 On garde la bûche quand même.
14:16 Il s'en fout juste la bûche !
14:19 Tout ce qui se passe avant, c'est pas grave !
14:22 Sur la question du gaspillage alimentaire, c'est une période là où beaucoup de choses
14:31 vont être jetées à la poubelle.
14:32 Oui, où Orgie rime souvent avec Gabgi en fait.
14:36 Elle est là la réalité.
14:37 Un Français en moyenne, chaque année, gaspille entre 25 et 30 kilos de nourriture.
14:43 Ça correspond à peu près à un repas par semaine jeté.
14:46 Et on a encore moins de culpabilité les 15 derniers jours de Noël.
14:49 C'est pour ça que c'est à cette période de l'année que se concentre l'essentiel
14:52 de notre gaspillage.
14:53 Parce qu'on se dit, après tout, mieux vaut en avoir trop que pas assez.
14:56 Et tant pis si la moitié de la volaille finit à la poubelle.
14:59 C'est un moment aussi où on nourrit très abondamment la poubelle.
15:02 Qu'est-ce que vous dites ?
15:03 Eh bien moi je dis qu'il faut arrêter d'avoir les yeux plus gros que le ventre.
15:06 Et que désormais, on doit absolument faire attention au nom.
15:10 Quand vous jetez parfois les deux tiers d'une volaille, c'est un manque de respect à
15:14 l'égard de l'éleveur qui a travaillé en amont.
15:15 C'est un manque de respect à l'égard de cet animal qui a été sacrifié pour
15:19 notre plaisir et effectivement par notre bon droit.
15:25 Et puis par ailleurs, c'est aussi une catastrophe par rapport à ces écarts de richesse que
15:29 l'on concerne.
15:30 Imaginez qu'aujourd'hui, il y a 15% des Français qui ont du mal à assurer 3 repas
15:34 par jour.
15:35 Alors comment on cuisine les restes ?
15:36 L'idée c'est que, c'est vrai que nous par exemple en restaurant, on a une petite
15:41 technique, c'est qu'on gramme tout.
15:42 C'est-à-dire qu'on a toujours une petite balance et puis on vérifie tout, on gramme
15:46 tout.
15:47 50-60 grammes pour une entrée, c'est très bien.
15:49 110 grammes pour une viande ou une volaille ou un poisson, c'est largement suffisant.
15:54 Et vous ne passez pas pour des pingres.
15:55 Voilà, et on ne passe pas pour des pingres.
15:56 Et à Noël, ça peut être une bonne idée.
15:58 Après sinon, pour utiliser les restes, on a toujours une solution super.
16:00 On fait maison des petites pitas le lendemain.
16:04 Ensuite, on prend tous ces petits restes, les restes de volaille, votre chou-fleur rôti,
16:08 on fait une super mayonnaise ou un petit ketchup de courge par exemple.
16:11 Je pourrais donner la recette si vous voulez.
16:13 On met tout ça dans une pita, des oignons émincés, des herbes et on se fait une super
16:17 soirée.
16:18 Oui, et je rappelle que la volaille, le lendemain, c'est encore meilleur.
16:19 C'est vrai ?
16:20 En fait, il faut être créatif.
16:22 C'est-à-dire qu'il faut réutiliser, il faut être créatif.
16:24 Sébastien Godard, par contre, la bûche, elle se mange le soir même, non ?
16:28 Non, de la même manière.
16:29 Avec les matières premières qu'on utilise, on utilise du beurre et de la crème de très
16:33 grande qualité.
16:34 Et des matières premières, d'une manière générale, de très grande qualité.
16:36 Donc ça tient quoi ? Ça tient 48 heures ?
16:38 Oui, ça tient 48 heures.
16:39 Et parfois, typiquement, la forêt noire est meilleure le deuxième jour que le premier
16:42 jour.
16:43 Ah, c'est marrant ça.
16:44 Parce qu'il y a une espèce d'osmose qui se passe entre les produits, les matières
16:47 premières et tout ça.
16:48 Vous nous avez donné l'eau à la bûche.
16:50 Merci à tous les trois.
16:52 François-Régis Godry, Alcidia Vulbeau et Sébastien Godard.

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