Cyril Meunier, maire de Lattes, et vice président chargé des finances au conseil départemental de l'Hérault

  • l’année dernière
Le conseil départemental de l'Hérault a adopté son budget 2024 hier.
Son montant: 1 milliard 800 millions d'euros.
Un budget qui doit faire face à une baisse des recettes et une augmentation des dépenses, notamment dit son président, Kléber Mesquida, en raison du contexte international et de l'inflation.
Des dépenses qui augmentent aussi en raison du réchauffement climatique et de l'augmentation du nombre de personnes à qui venir en aide sur le plan social.
On en parle ce matin avec Cyril Meunier, maire de Lattes et président de la commission finances au département.

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Transcript
00:00 Le Conseil départemental de l'ERO a adopté son budget 2024 hier.
00:04 Quoi, on va parler argent quand même !
00:05 Vous frottez les mains, mais il n'y a pas que de bonnes nouvelles !
00:08 On aurait envie de savoir un peu comment ça s'est passé, ça a donné quoi Cyril Meunier,
00:11 maire de Latte et président de la Commission Finance au Conseil départemental de l'ERO,
00:14 était avec nous dans le studio.
00:15 Bonjour Cyril Meunier, merci d'être venu nous rejoindre.
00:18 Le Conseil départemental dont vous présidez la Commission Finance a effectivement voté
00:21 son budget 2024 hier après deux jours et demi de débats et de discussions.
00:25 Bon, il n'y a pas eu de polémique, le budget a été adopté.
00:29 Majorité confortable au Conseil départemental.
00:32 Son montant, on va éviter de donner trop de chiffres, mais c'est important quand même,
00:35 1,8 milliard d'euros, mais un budget qui doit faire face, je dirais un peu comme tous les ans,
00:40 à une baisse des recettes, une augmentation des dépenses.
00:43 Est-ce que c'est un peu plus grave que d'habitude là ?
00:45 Grave, je ne sais pas si c'est le mot, mais plus net en tout cas.
00:49 On va dire c'est tendu.
00:50 On va dire c'est tendu.
00:52 Déjà, si vous voulez que j'éclaire un peu, mais je ne vais pas donner de chiffres.
00:54 Je vais juste expliquer ce que fait le Conseil départemental,
00:57 parce que les gens ne comprennent pas forcément, ils ne le savent pas forcément.
01:00 Le Conseil départemental, 60% de ses dépenses, c'est des dépenses sociales.
01:04 C'est-à-dire toute l'aide qu'on apporte aux personnes au senior,
01:07 toute l'aide qu'on apporte aux personnes handicapées,
01:09 et toute l'aide qu'on apporte aux personnes qui sont en recherche d'emploi avec le RSA par exemple.
01:13 C'est nous qui gérons ces fonds.
01:14 Ces fonds, on les gère pour le compte de l'État principalement.
01:17 Et aujourd'hui, 60% de ce budget, il est lié à des obligations que l'État nous donne
01:24 de nous occuper des personnes qui, sur notre territoire départemental, ont besoin de ces aides.
01:28 Alors, on le fait évidemment de bon cœur, parce que quand on est conseiller départemental,
01:32 c'est avant tout pour aménager le territoire et pour aider les personnes qui en ont besoin.
01:37 Le problème qui se pose à nous, c'est que quand on regarde depuis 2018,
01:40 quand on nous avait dit, on vous transfère, quand l'État avait dit au département,
01:44 on vous transfère ces responsabilités sociales, et on vous remboursera à l'euro près
01:50 ce que vous allez dépenser pour aider nos concitoyens français qui habitent sur votre territoire,
01:53 eh bien, on se rend compte que depuis 2018, il nous manque à peu près les 1,8 millions dont vous venez de parler.
02:00 C'est-à-dire l'équivalent d'un an de budget.
02:03 C'est-à-dire qu'en 5 ans, on aura fait la même chose, voire même mieux,
02:07 parce qu'on a une politique très agressive en matière d'aide aux personnes,
02:12 on aura fait la même chose avec un budget de moins.
02:16 Donc, quand je vous dis que ce n'est pas grave, ce n'est pas grave, parce qu'on gère bien.
02:21 Avec le président Clément Miskila et l'ensemble de la majorité, avec un soutien, vous l'avez dit, il n'y a pas de débat,
02:27 on discute avec les élus de Béziers, un peu sur l'aide à deux ou trois associations
02:34 qui aident les personnes qui traversent malheureusement la Méditerranée,
02:37 on discute des MNA, on discute de deux ou trois trucs,
02:40 mais sur le reste, il y a une unité de tous les conseillers départementaux pour aider les personnes en difficulté.
02:47 - Je vais donner deux ou trois chiffres pour que les gens se rendent compte,
02:49 464 millions pour les seniors et les personnes en situation de handicap,
02:52 280 millions pour les personnes au RSA, 219 millions pour soutenir les familles et protéger les enfants.
02:58 Vous dites que l'État n'a pas respecté ses engagements, puisqu'il aurait dû avoir un transfert de charges.
03:03 Est-ce que c'est vraiment étonnant quand on entend Emmanuel Macron dire
03:06 « de toute façon, on consacre un pognon de dingue aux prestations sociales, finalement ».
03:09 C'est assez logique, non ?
03:11 - Je ne sais pas si c'est logique. Encore une fois Emmanuel Macron, oui, mais les autres non plus avant.
03:18 Parce que ça a démarré bien avant Emmanuel Macron.
03:21 Je crois que l'État aujourd'hui fait deux choses.
03:23 La première chose, et c'est important en termes de finances,
03:26 c'est qu'il s'est défaussé sur les collectivités locales, en particulier sur les départements, pour cet aspect-là.
03:32 Et le deuxième aspect qui est important également, c'est que petit à petit,
03:36 comme on a perdu la possibilité de percevoir l'impôt,
03:39 le département ne perçoit plus l'impôt.
03:42 Il est payé aujourd'hui sur des compensations que l'État lui donne,
03:46 de l'ancienne taxe foncière sur la valeur ajoutée, c'est-à-dire la TVA,
03:50 ce que vous payez quand vous allez acheter n'importe quel bien aujourd'hui.
03:54 Alors pour l'instant ça va pas mal, parce que comme il y a de l'inflation, la TVA est élevée.
03:58 Mais on ne sait pas ce qui nous arriverait si, malheureusement,
04:01 on avait une baisse de la consommation, une décroissance.
04:03 - Donc baisse des recettes d'augmentation de dépenses, baisse des recettes,
04:06 donc vous dites qu'il y a un peu l'État qui ne tient pas ses promesses.
04:09 Mais il n'y a pas que ça aussi, je crois, parce qu'en fait vous pâtissez
04:12 de la crise du secteur immobilier en ce moment,
04:15 parce que, ce que peu de gens savent d'ailleurs,
04:17 une grande partie des transactions immobilières,
04:19 et notamment de ce qu'on appelle les frais de notaire,
04:21 vont aussi dans les caisses du département.
04:23 Mais comme en ce moment en achètement on vend moins, à cause de l'inflation notamment,
04:27 et des taux d'intérêt, du coup c'est de l'argent moins pour le département, c'est ça ?
04:30 - Bah écoutez, la prochaine fois que je présente le budget,
04:32 je vais vous le prendre, parce que vous l'expliquez très bien.
04:35 - Et puis nous, si on peut se débarrasser de Guillaume ?
04:37 - Ah bon, bah écoutez, je sais pas,
04:39 moi vous savez je suis responsable des finances,
04:41 donc vous me paierez pour vous débarrasser de Guillaume.
04:43 - C'est vraiment un problème du coup, c'est devenu un problème.
04:46 - C'est plus qu'un problème.
04:48 Aujourd'hui c'est un problème qui va nous toucher à différents niveaux,
04:51 vous, nous, les collectivités locales.
04:53 Vous l'avez très bien dit,
04:55 quand on paye, on va le dire avec des mots que les gens comprennent,
04:58 quand on paye des frais de notaire,
04:59 quand on achète quelque chose,
05:01 quand on fait une transaction immobilière sur du foncier,
05:04 ou sur un bâtiment,
05:06 il y a une partie de ces frais, la plus grosse partie,
05:08 part au département, l'autre part sur les communes,
05:10 les intercommunalités, mais on n'est pas là pour parler de ça.
05:12 Et donc ce budget, cet argent qui nous est donné
05:16 par les frais de notaire, c'est à peu près
05:18 une vingtaine de pourcents de notre budget global.
05:20 - Tout de même.
05:21 - Je vous rappelle tout à l'heure que c'est énorme.
05:23 Donc là aujourd'hui, on se rend compte que
05:26 l'immobilier se casse la figure, on voit qu'il n'y a plus rien qui se vend,
05:29 il y a une politique du logement au niveau national qui est catastrophique,
05:32 les gens ont peur d'acheter parce qu'on ne se le dit pas,
05:35 mais tout un chacun est inquiet par la situation internationale,
05:39 on revient traumatisés du Covid, etc.
05:41 Les gens épargnent mais ils n'achètent plus l'immobilier,
05:44 et puis il y a sûrement eu des excès dans les prix, etc.
05:47 Donc moins il y a de transactions, moins il y a de frais de notaire,
05:50 moins on a d'argent. Et ça pour nous, c'est quand même assez grave.
05:52 - Et ce manque à gagner, là, vous l'avez évalué,
05:54 en espèce sonnante et trébuchante, comme on dit ?
05:56 - Écoutez, sur une année normale qu'on aurait pu attendre,
05:59 on imagine qu'on va perdre entre 50 et 75 millions d'euros,
06:02 donc on l'a prévu au budget.
06:04 Mais ce que je voulais dire, il faut quand même finir par une note positive,
06:07 1) on continue à aider les gens, et en particulier,
06:10 on a une baisse des dépenses liées au RSA,
06:13 parce qu'on a une politique d'insertion exemplaire dans le département de l'Hérault,
06:16 on est un des seuls départements de France à avoir une politique d'insertion
06:19 des personnes qui sont en difficulté, très active,
06:22 qui permet d'avoir une baisse sur le versement du RSA,
06:25 ça c'est une bonne nouvelle, et surtout, surtout,
06:28 on n'a pas arrêté d'augmenter notre politique d'investissement
06:32 auprès des entreprises, d'aide à la création et d'aide aux communes,
06:36 parce que le département de l'Hérault est la seule collectivité,
06:39 la première collectivité qui aide les communes de l'Hérault
06:42 pour aménager votre quotidien.
06:44 - On a encore un petit peu de temps, donc je voudrais quand même vous poser cette question,
06:47 si cette situation dure, perdure, voire s'aggrave,
06:49 est-ce qu'il y a des choses auxquelles le département devra renoncer demain ?
06:52 Alors les prestations sociales, on sait que c'est compliqué,
06:54 on ne peut pas y renoncer, mais je ne sais pas moi,
06:56 les routes ou la défense de l'environnement,
06:59 parce que le budget ne vous le permettra plus ?
07:02 - On en est loin, parce que le département de l'Hérault est bien géré,
07:06 et puis il faut le dire, on a un apport de population,
07:09 on a une dynamique ici, vous avez parlé toute la matinée
07:12 de la capitale européenne de la culture,
07:16 mais il faut quand même se rappeler qu'on voit arriver sur Montpellier
07:19 un potentiel extraordinaire lié aux industries de l'audiovisuel,
07:26 avec PIC Studio, avec France Télévisions qui augmente ses studios,
07:30 avec les grandes écoles qu'on a qui sont au niveau national et international,
07:34 sur Béziers, sur l'Ouest, on a tout l'hydrogène qui arrive,
07:39 et on a une vraie activité touristique et autre.
07:42 Donc on est plutôt bien, mais il faut être très très prudent,
07:46 il faut faire confiance à la majorité de Clermont-Mesquida pour y faire attention.
07:50 - En 30 secondes, capitale européenne, vous êtes déçu, pas surpris j'ai l'impression,
07:54 mais déçu comme tout le monde ?
07:56 - Je vais dire pas surpris, parce que je pense que c'est un challenge
08:02 qu'on donne au territoire où on pense que la culture peut devenir un moteur.
08:09 - Qui en ont besoin en fait, c'est simple.
08:11 - Peut-être besoin, je ne sais pas.
08:12 - Moi je ne suis pas déçu, vous savez pourquoi ?
08:14 Parce qu'enfin Montpellier est revenu, grâce à Michael De La Fosse.
08:18 Enfin Montpellier est revenu au niveau national et européen,
08:21 après des années de disette.
08:23 Et aujourd'hui, on arrive dans les derniers sur un appel d'offres européen,
08:28 on est pris dans les 4 derniers, dans un temps record,
08:31 et puis la deuxième chose qui me ravit,
08:33 c'est qu'on a travaillé avec l'ensemble des collectivités et des villes autour.
08:36 Et ça, il ne faut pas qu'on l'oublie, parce qu'on a fait une très belle candidature,
08:40 bravo à tous ceux qui l'ont portée, bravo à Michael De La Fosse,
08:43 bravo à François Commen, bravo à tous les autres présidents et présidentes.
08:47 Et il faut bâtir dessus un vrai territoire de projet dans tous les domaines.
08:52 - Merci Cyril Meunier, maire de Lattes,
08:54 et président de la commission des finances au conseil départemental
08:56 d'être revenu dans le CISSOF ce matin, merci à vous.
08:58 - Et vous pouvez réécouter cette interview, comme toujours, en allant sur francebleu.fr

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