Les finances du département de l'Hérault dans le rouge. Et c'est son président, Kléber Mesquida, qui le dit. Il envisage même de vendre la préfecture pour obliger l'état à assumer ses responsabilités financières.
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00:00L'invité qui fait l'actu, à 8h moins le quart, Cléber Mesquida, président du conseil départemental de l'Hérault, Guillaume.
00:06Bonjour Cléber Mesquida, merci d'être venu nous rejoindre.
00:09Alors on dit ce matin que les finances du département de l'Hérault sont dans le rouge.
00:13Vous, vous avez carrément dit la semaine dernière, on est sous l'eau.
00:17Mais ne dites pas qu'on n'est pas loin de la noyade ?
00:19Exactement, on est sous l'eau.
00:21Nous ne sommes pas les seuls.
00:22Actuellement, il y a 29 départements en France qui sont dans cette situation.
00:25Fin 2025, il est projeté...
00:27Et on fait partie des 29 donc ?
00:28On fait partie des 29. 85 départements, fin 2025, seront dans la même situation.
00:32Et ça veut dire quoi on est sous l'eau exactement ? C'est quoi ? C'est la cessation de paiement ?
00:36Oui, ça veut dire que nous n'avons pas suffisamment de moyens pour faire face à nos dépenses.
00:40Obligatoires, incompressibles.
00:41Les aides aux personnes, les interventions, les collèges, les travaux routiers, les bâtiments.
00:47Donc tout cela, c'est un budget.
00:49C'est un budget global d'un milliard neuf.
00:51Et là, nous avons 950 millions d'aides à la personne.
00:54Personne âgée, personne handicapée, insertion.
00:57Ces dépenses augmentent.
00:58Les dotations de l'Etat baissent.
01:00Alors justement, avant de parler des solutions que vous envisagez,
01:03c'est quoi l'origine de cela ?
01:05Quelles sont les explications très concrètement ?
01:08Bien, l'origine de cela, c'est que l'Etat prend des mesures dont on ne discute pas le fond.
01:12L'augmentation du point, du SMIC, du RSA.
01:15Toutes ces mesures nous impactent à hauteur de 20 millions.
01:18Et lorsqu'on a les dotations de l'Etat qui remplacent l'ancienne taxe professionnelle,
01:23l'ancienne taxe sur le foncier bâti que nous n'avons plus,
01:26c'est l'Etat qui nous verse une dotation,
01:28cette dotation a baissé de 31 millions d'euros.
01:31Et pourquoi elle baisse ? Et pourquoi vous lisez ?
01:32Parce qu'il y a une prévision par rapport à la loi de finances 2024.
01:36Donc, on a le calcul en début d'année.
01:38Et en fin d'année, on nous notifie.
01:39Ah non, mais la TVA n'est pas suffisamment rentrée dans les caisses de l'Etat.
01:43Vous avez ce tel niveau.
01:44Donc, cette baisse globale, cet impact global, c'est 51 millions que, du, aux mesures de l'Etat.
01:50Alors, la baisse de dotation par habitant diminue,
01:52alors que le nombre d'habitants dans les euros,
01:54parce que ça reste un département attractif, continue d'augmenter.
01:56Donc, on comprend qu'il y a un vrai déséquilibre, il est à ce niveau-là.
01:59Mais depuis 10 ans, la dotation globale de fonctionnement par habitant n'a pas bougé.
02:03Or, le département de l'euro s'enrichit chaque année de 15 000 habitants nouveaux.
02:07On a près de 200 000 habitants qui sont arrivés depuis.
02:10Et nous avons toujours la même dotation.
02:12En corollaire, nous avons à faire face à des dépenses obligatoires.
02:15On vient de construire, on vient de mettre en construction 3 collèges.
02:19Port Marianne, Juvignac, Marocan.
02:213 collèges, c'est la progression démographique.
02:23C'est 100 millions, et c'est le département qui finance tout.
02:26— Donc, l'État, grand fautif de cette histoire, on l'a bien compris.
02:29Du coup, vous envisagez un certain nombre de mesures, de solutions,
02:35dont certaines sont assez étonnantes.
02:37Alors, d'abord, vous dites, on va être obligé de baisser,
02:40voire de supprimer certaines aides accordées aux communes et aux associations.
02:43Lesquelles, par exemple ?
02:44— Nous ne pourrions pas emprunter pour subventionner.
02:48Déjà, on sera obligé d'emprunter pour rembourser nos annuités d'emprunts.
02:52On ne peut pas augmenter la dette.
02:54Aujourd'hui, nous avons une dette qui est trop importante.
02:57Nous étions à 4-5 ans de désentêtement.
03:00C'est une ration.
03:01On a dépassé les 20 ans.
03:03— Donc, c'est quoi les aides que vous envisagez de supprimer ?
03:05— Eh bien, les aides au skatepark,
03:08les aides aux aménagements qui ne sont pas essentiels.
03:11Donc, on apportera un complément d'aide
03:13lorsque l'État aura subventionné les communes, voire la région,
03:16pour ne pas leur faire perdre le bénéfice d'opération.
03:19Mais malgré ce, nous serons obligés d'emprunter pour cela.
03:22Et on ne pourra pas suivre toutes les opérations que nous faisions par le passé.
03:25— Alors, le département 6, c'est le social et la solidarité.
03:28Vous dites, par exemple, ce que vous imaginez,
03:31ce que vous envisagez de faire aussi,
03:33c'est de supprimer, par exemple, la prise en charge financière
03:35de l'hébergement des femmes qui sont victimes de violences conjugales.
03:38Parce que vous dites ça, normalement, c'est à l'État de payer.
03:41— Alors, oui, c'est à l'État de payer.
03:43Nous les gardons, nous les mettons en hôtel.
03:44Eh bien, je dis que l'État prenne en charge les frais d'hôtel.
03:47Parce que ce n'est pas normal que ce ne soit pas de notre compétence
03:50et que l'État soit en carence.
03:51— Ça, ça coûte cher, par exemple, au département ?
03:53— Ça, ça nous fait à peu près 1,5 million par an.
03:56— Oui, ce qui est une somme, vous-même.
03:57— Et ça, ça additionne à d'autres choses.
03:59— Alors, il y a d'autres mesures qui sont, je dirais, peut-être un peu plus symboliques.
04:01— Mais nous poursuivrons. Nous serons très attentifs.
04:04Le côté humain, pour nous, est important.
04:05Mais je veux pointer la responsabilité de l'État et la carence de l'État.
04:08— Alors, l'État, justement, parlons-en.
04:10Avant ça, le salon de l'agriculture, vous dites,
04:11si c'est ça, on n'ira pas l'année prochaine.
04:13— Alors que, gros, tous les ans, on y va.
04:14— Mais oui, on y va tous les ans.
04:15Mais le salon de l'agriculture...
04:17— Combien, le salon de l'agriculture ?
04:18— Le salon de l'agriculture, en gros, c'est quelque chose
04:20qui doit coûter entre 80 000 et 100 000 euros.
04:22— Oui.
04:23— Et je ne peux pas passer à côté de toute économie.
04:26Je dois... Tout ce qui n'est pas indispensable,
04:28c'est remarquable de faire des actions.
04:31Par contre, lorsque l'on n'a pas les moyens de le faire,
04:34on est obligé d'arrêter.
04:35— En fait, c'est que les agriculteurs,
04:36ils ont besoin d'être soutenus, en ce moment.
04:37— Oui, mais nous les soutenons par ailleurs.
04:39Vous savez, on est un des départements qui les soutient le plus.
04:42En 2021, lorsqu'il y a eu le gel,
04:44les 5 millions d'euros d'autofinancement net
04:46ont les a mis pour aider les véticulteurs
04:48qui se sont sinistrés.
04:49— Et puis, dernière chose, pardon, Clément Mesquida.
04:52Dernière mesure sur laquelle je voudrais revenir,
04:54qui a fait un peu...
04:55qui a surpris tout le monde.
04:56Vous envisagez de vendre la préfecture de l'Hérault ?
04:59— La préfecture de l'Hérault...
05:00— Parce qu'elle vous appartient ?
05:01— La préfecture de l'Hérault est propriété du département.
05:03Il y a un bail amphithéotique,
05:05les services l'occupent.
05:06Quand le préfet parle que mes propos étaient offensants...
05:09— Il n'a pas bien pris, le préfet.
05:11— Oui, mais je pense qu'il a été un peu indélicat à mon égard,
05:15parce que je respecte toujours les services de l'État,
05:17et surtout les fonctionnaires d'État qui travaillent en préfecture.
05:20Donc, il y a un bail amphithéotique sans loyer.
05:22Je dis, depuis plus de 40 ans,
05:24l'État l'occupe gratuitement.
05:25Je ne demande pas de l'argent de l'État.
05:27Je leur dis, devenez propriétaire, achetez le bâtiment.
05:29— Vous envisagez vraiment de le faire,
05:31ou c'est plus une provocation pour dire à l'État
05:33« Prenez vos responsabilités par rapport à ce que vous êtes censés nous verser ».
05:36— Écoutez, je suis en train de consulter sur le plan juridique.
05:40Je sais que le département de Bouches-du-Rhône l'a fait.
05:42Et il y a trois autres départements de France
05:44qui ont affiché « préfecture en vente ».
05:46Ils sont dans la même situation que nous.
05:48— Donc vous ne seriez pas les premiers ?
05:50— On n'est pas les premiers.
05:51— Et vous êtes prêts à aller jusqu'au bout ?
05:53— On n'est pas les seuls.
05:54J'irai jusqu'au bout de ce que nous permettra le côté légal.
05:57— Parce que l'État pourrait éventuellement porter l'action en justice ?
06:01— Oui.
06:02Et au moins, on mettra en exergue que l'État occupe des locaux gratuitement.
06:06Et je ne conteste pas le travail que font les agents de la préfecture.
06:09Ils travaillent gratuitement.
06:11Et c'est le département qui est pénalisé.
06:13— Merci, Clément Mesquida.
06:15— Je vous en prie. Merci à vous.
06:16— Bonne journée.
06:17— Votre rendez-vous-jeu de 8h moins 10.
06:19Vous gagnez.
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