• il y a 2 ans
L'Assemblée nationale a rejeté lundi le projet de loi sur l'immigration, un coup de tonnerre politique qui sonne comme une déroute à la fois pour le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et pour le président Emmanuel Macron. Le premier est l'invité de RTL pour apporter ses réponses.
Regardez L'invité de RTL du 14 décembre 2023 avec Amandine Bégot.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine, vous recevez donc ce matin le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
00:13 Monsieur le ministre, on va bien sûr évoquer dans un instant l'avenir du projet de loi immigration,
00:17 votre avenir aussi, mais d'abord peut-être un mot sur cette collégienne de 12 ans, 12 ans seulement, qui a menacé hier à Rennes l'un de ses professeurs
00:23 avec un couteau équipé d'une lame de 17 cm en plein cours. Elle voulait, a-t-elle dit, faire comme à Arras
00:29 Une enquête est en cours, cette jeune fille a fait l'objet d'une expertise psychiatrique, elle est depuis hospitalisée,
00:34 donc on va pas commenter bien sûr le fond de l'enquête.
00:36 Mais est-ce que vous pouvez nous confirmer que cette famille n'était pas du tout connue des services de police ?
00:41 En effet, c'est une famille qui vient de Mongolie, qui est depuis de nombreuses années sur le territoire national,
00:47 qui n'a pas de croyance à ma connaissance
00:50 particulière, qui par ailleurs est administrativement,
00:54 légalement établie sur le territoire national, et dont les parents sont absolument pas connus des services de police.
00:59 Qui n'avait donc jusqu'ici jamais posé problème ? En tout cas ma connaissance, en effet.
01:03 Venons-en à ce projet de loi immigration, deux jours après le vote de la motion de rejet à l'assemblée, Elisabeth Borne a donc reçu hier
01:08 à Matignon les représentants des républicains, les centristes, mais aussi ceux de la majorité. Vous avez assisté, Monsieur le ministre, à ces réunions.
01:15 D'autres sont prévues aujourd'hui. Est-ce que vous avez bon espoir de trouver un accord sur ce projet de loi ? Il le faut.
01:21 Il faut des mesures extrêmement fortes et rapides contre les migrations irrégulières, contre les délinquants étrangers,
01:27 pour pouvoir tenir la fume migratoire. Il y a des dispositions également qui nous permettent d'organiser les Jeux Olympiques.
01:33 Je pense à un dispositif européen qui permet à tous les policiers français d'avoir
01:37 connexion avec les fichiers de toutes les polices européennes.
01:40 Enfin bref, il nous faut ces mesures de fermeté.
01:43 Je pense que chacun, en tout cas dans les oppositions que nous avons rencontrées, et notamment les LR et les centristes,
01:49 nous avons chacun compris qu'il fallait désormais arrêter le jeu politicien et avoir un texte pour les français. Moi je me félicite
01:55 de ces discussions que nous avons eues.
01:57 C'est-à-dire que quand Éric Ciotti répète depuis lundi qu'il ne faut rien d'autre que le texte voté au Sénat, il est peut-être prêt à faire quelques concessions ?
02:03 Il faudra poser la question à Éric Ciotti. Ce qui est sûr, c'est que c'est à partir du texte du Sénat que nous travaillons.
02:08 C'est la loi désormais. Je rappelle que la motion de rejet a rejeté le débat, n'a pas rejeté le texte.
02:12 Ce qui rend incompréhensible la position de la NUPES, mais je mets ça de côté.
02:15 Donc à partir du texte du Sénat, nous allons travailler. Ce ne sera pas intégralement le texte du Sénat.
02:20 Il y a sans doute à modifier la loi pour pouvoir l'améliorer, pour pas qu'elle soit censurée par le Conseil constitutionnel.
02:26 Et puis parce que la majorité ne votera pas tout, absolument tout, mais il est évident qu'on doit se rapprocher du texte du Sénat.
02:31 Ça veut dire enlever un certain nombre de mesures, l'aide médicale d'État par exemple, les prestations sociales pour les étrangers.
02:36 Est-ce que c'est aussi enlever la régularisation des métiers en tension ?
02:40 Écoutez, il y a une discussion en ce moment, je ne vais pas la préempter. La majorité est très attachée, comme vous le savez...
02:46 Oui, c'est ça ton problème en fait.
02:48 Non, ce n'est pas un problème.
02:49 Non, mais le fait de régulariser les personnes qui travaillent...
02:51 Non, je ne parlais pas du fond. C'est ce, en même temps, il faut plaire à la majorité tout en ne plaisant pas aux républicains.
02:57 Il faut faire un texte...
02:57 Le jeu est difficile.
02:58 Il ne faut pas faire un texte pour la majorité ou pour l'opposition, pour le ministre de l'Intérieur ou pour la première ministre,
03:03 encore moins pour les journalistes. Il faut faire un texte pour les Français.
03:05 Ce projet de loi, il a des mesures de grande fermeté.
03:08 Et en même temps, il répare des injustices. Après, il faut trouver un compromis. C'est le principe, lorsque vous avez une majorité relative,
03:13 vous travaillez avec des oppositions. La main a été tendue depuis très longtemps.
03:17 Je constate que d'ailleurs, dans le texte du Sénat, il y a une mesure de régularisation.
03:20 Les LR eux-mêmes ont voté une mesure de régularisation au cas par cas,
03:23 différente de la majorité. Mais enfin, le principe a été accepté et c'est tant mieux, parce que c'est ça la République.
03:29 On régularise la nourrice et on expulse l'étranger délinquant.
03:32 Donc je pense que sur cette base, qui rassemble je crois, de larges Français, tous les sondages sont favorables au texte immigration,
03:39 tel que nous l'avons présenté. On est prêt, évidemment, à tendre la main aux LR,
03:43 aux centristes et de trouver un compromis le plus rapidement possible, puisqu'on doit lundi avoir cette commission mixte paritaire.
03:48 Tout va se jouer effectivement. Lundi, imaginons que ces sept députés et sept sénateurs trouvent un compromis.
03:53 Vous pensez vraiment que ce texte derrière, il peut être validé, voté à l'Assemblée ?
03:57 Dès le lendemain, puisqu'il est inscrit à l'ordre du jour, mardi à l'Assemblée, au Sénat. Donc mardi soir,
04:01 nous aurons, je l'espère, un texte.
04:03 Et très rapidement, nous allons mettre en place ces mesures pour protéger les Français.
04:07 S'il ne l'était pas, vous nous le confirmez, pas de 49.3. Le texte sera enterré.
04:11 Ce n'est pas moi qui décide, c'est la première ministre, mais je crois que le Président a été assez clair.
04:15 Pas de 49.3, pas de dissolution.
04:17 Je ne suis pas favorable, parce que si on n'est pas capable, dans notre démocratie,
04:20 alors qu'on a parlé pendant des mois sur un sujet extrêmement sensible et important,
04:24 de se mettre d'accord, alors ça veut dire que l'Assemblée nationale, le Parlement, ne fonctionne pas bien.
04:28 Donc on ne va pas continuer à gouverner comme ça, sans discuter au Parlement.
04:32 Et quand l'Assemblée nationale a la possibilité de le faire, sur un sujet complexe, médiatique et compliqué,
04:37 moi je regrette que les députés auront refusé d'accomplir leur rôle.
04:41 - Sauf que vous nous dites qu'il faut absolument ces mesures. S'il les faut absolument, passons en force.
04:45 - Ça dépend de votre conception de la démocratie parlementaire.
04:48 Moi, j'ai toujours préféré le dialogue, la main tendue, le compromis, convaincre plutôt que contraindre.
04:53 Alors oui, il faut des mesures extrêmement fortes.
04:55 Si jamais les choses devaient être difficiles, le gouvernement prendra ses responsabilités, bien évidemment, pour protéger les Français.
05:00 Mais il faut quand même considérer que les députés, moi je suis député, ça fait dix ans que je suis député,
05:05 ils sont là pour débattre, quitte à dire des désaccords. Et je n'ai pas compris.
05:09 Franchement, personne n'a compris. Les députés, notamment du Rassemblement national,
05:13 qui sont élus pour parler d'immigration, j'imagine qu'ils ont fait campagne sur ce sujet.
05:16 Et dès que le moment, le sujet arrive, "ah non, non, cachez-moi cette immigration que je ne saurais voir".
05:21 Voilà, bon, c'est un jeu politicien, moi ce n'est pas ce qui m'intéresse.
05:24 Ce qui m'intéresse, c'est la protection des Français.
05:26 Donc je me battrai, pour répondre à votre question, pour avoir un texte.
05:28 Et pour avoir un texte le plus ferme possible.
05:30 Pas de 49.3, pas de dissolution non plus, a dit le président mardi soir.
05:34 Est-ce que ce ne serait pas malgré tout la solution, cette dissolution ?
05:37 Les Français d'ailleurs, ils sont plutôt favorables, à 54% selon notre sondage Béla.
05:41 C'est dans les institutions du général Legault, c'est le président qui décide.
05:44 Moi personnellement, je n'ai jamais eu peur de retourner devant les électeurs de Tourcoing.
05:46 Le risque peut-être, c'est de se retrouver avec Marine Le Pen ou Jordan Bardella à Lyon ?
05:50 Moi, je n'ai jamais peur des électeurs. Vous savez, on dit ça à chaque fois.
05:52 Et puis, moi je me présente dans le Nord, à Tourcoing.
05:55 À chaque fois, le Front National, le sondage fait 30%.
05:57 Et puis quand je me présente, il n'est pas au second tour.
05:59 Bon, donc ça veut dire qu'il y a peut-être une différence
06:01 entre le monde électeur et des commentaires, et puis la rencontre avec les gens.
06:04 Je pense que les gens qui votent, peut-être avec raison parfois, pour le Rassemblement National,
06:09 parce qu'ils sont énervés de la politique nationale,
06:11 s'aperçoient qu'ils ont eu des députés qui ne servent à pas grand-chose.
06:13 Ils ne veulent même pas débattre du sujet principal pour lequel ils ont été élus.
06:15 Bon, voilà, c'est un petit côté tristotin.
06:17 Voilà, on ne va peut-être pas commenter ça.
06:19 Ce qu'il faut, c'est des mesures concrètes.
06:21 On a désarmé les policiers et les gendarmes en rejetant le débat.
06:23 Il y a des policiers et des gendarmes, des préfets, des magistrats, des agents de préfecture,
06:27 qui attendaient des mesures formes, fermes, qu'on proposait.
06:29 L'expulsion d'étrangers délinquants, c'est incompréhensible que le Parlement n'ait pas voulu en débattre.
06:33 Et après, on fait la une des médias, et on dit "mais pourquoi Mise à l'intérieur ne les expulse pas ?"
06:37 On ne peut pas expulser ces criminels, parce que la loi l'interdit.
06:39 Donc je demande à changer la loi, mais les députés ne veulent pas débattre.
06:41 Avouez que c'est un peu sapeur camembert, cette histoire.
06:45 - Adèle Lundi, ce soir sur le plateau du 20h TF1, vous avez reconnu un échec.
06:47 C'est un échec politique, est-ce que c'est un échec personnel, Gérald Darmanin ?
06:51 - D'abord, c'est un échec, me semble-t-il, de la politique.
06:53 C'est un échec de l'Assemblée nationale de ne pas débattre.
06:55 C'est aussi, bien sûr, un échec du gouvernement et de celui qui porte texte, c'est-à-dire moi.
06:59 Bien sûr, parce qu'il faut être humble et reconnaître quand l'Assemblée s'est prononcée.
07:03 - Vous n'avez pas été assez humble ?
07:05 - Ça, j'en sais rien.
07:07 - Parce que certains vous ont reproché d'avoir trop fait le malin ?
07:11 - Je ne sais pas ce que ça veut dire, moi je me bats pour les Français.
07:13 Si vous voulez me faire dire que j'ai des convictions, en effet, peut-être que je les annonce fortes.
07:17 Et que j'essaye de dire ce que je pense, bien sûr.
07:19 Et que je suis ministre depuis 4 ans à l'intérieur, dans une situation très difficile.
07:23 Et ce n'est pas facile d'être au ministère de l'Intérieur.
07:25 Je ne demande pas qu'on plaigne, je dis qu'on peut quand même avouer que c'est quelque chose de compliqué.
07:30 Moi, ce qui m'intéresse, c'est d'avoir des mesures pour protéger les Français.
07:33 Mais quand il y a un échec à l'Assemblée nationale, et je respecte profondément le Parlement,
07:36 il est normal qu'un ministre puisse présenter sa démission, c'est le sens de l'honneur au Président.
07:40 Après, il en dispose comme il le souhaite.
07:42 Cependant, je n'ai pas fait le choix de la facilité, je n'ai pas proposé à la Première Ministre ou au Président
07:47 de dire "on arrive, on fait un court-offre 3, on s'en va".
07:49 Ça c'est très facile à faire.
07:51 J'ai essayé de convaincre.
07:52 Donc on va revenir, sans fois le mettre sous l'ouvrage.
07:55 - Et si le texte est rejeté, là vous démissionnez ?
07:57 - C'est au Président de la République de décider du fonctionnement de son gouvernement.
08:01 - Il vous a dit quoi lundi soir ? "Reste" ?
08:03 - Le principe c'est que des discussions au vestiaire restent au vestiaire.
08:07 Mais vous avez vu qu'il a souhaité que je continue mon travail au ministère de l'Intérieur, je le remercie.
08:12 Mais je ne suis pas propriétaire de ma charge.
08:14 C'était un grand honneur pour moi d'avoir été ministre.
08:16 Si ça s'arrête demain, je remercierai la République et les Français.
08:19 Mais jusqu'à la dernière minute, tant que j'ai la confiance du Président de la République,
08:22 je protégerai les Français.
08:23 Et je me battrai pour dire la vérité.
08:25 Et je me battrai pour avoir des mesures de fermeté pour l'immigration.
08:28 Après on ne peut aussi rien faire.
08:29 Alors quand on ne fait rien, c'est sûr qu'on a moins d'échecs.
08:32 Parfois j'essaie de faire, parfois j'ai des échecs, parfois j'ai des réussites.
08:34 Ce que je peux vous dire, c'est que nous attendons tous des mesures de fermeté.
08:38 Et que les petits jeux politiques soient mis de côté.
08:40 L'intérêt général c'est ce qui compte.
08:42 Moins de drame, plus de protection de nos frontières, meilleure intégration,
08:46 sans pouvoir entrer dans le délire de la haine des étrangers.
08:48 - Gérald Darmanin, à titre de panneau, la chef du groupe,
08:51 elle est fille à l'Assemblée, a saisi la justice sur une éventuelle corruption d'élus.
08:54 En clair, elle vous soupçonne d'avoir marchandé des votes contre une gendarmerie ou une brigade de gendarmerie.
08:58 Vous avez annoncé hier soir, je crois, avoir porté plainte, c'est ça ?
09:02 Pour diffamation ?
09:03 - Oui, pour dénonciation calomnieuse.
09:05 - Pour dénonciation calomnieuse.
09:06 Pourtant, quand on lit dans le détail, le député PS, Philippe Brun,
09:09 a expliqué avoir été contacté par votre directeur de cabinet,
09:12 qui lui a annoncé que la demande d'une brigade de gendarmerie,
09:15 qui avait formulé pour une commune, était acceptée.
09:17 Vous savez ce que le ministre attend de vous.
09:20 Alors, il se trouve que votre directeur de cabinet s'est trompé de M. Brun.
09:23 Ce n'est pas Philippe Brun qui voulait appeler, mais Fabrice Brun.
09:27 Mais cette histoire, vous savez ce qu'attend de vous le ministre ?
09:30 Ce n'est pas troublant ?
09:31 - Non mais, c'est délirant.
09:32 Vous savez combien de brigades de gendarmerie chez les NUPES ? 37.
09:36 On en annonçait 40 au Rassemblement national.
09:39 Est-ce que vous pensez qu'à un seul moment,
09:41 j'ai pensé que le Rassemblement national ou la NUPES pourraient voter le texte immigration ?
09:45 Dans les députés Renaissance ou députés LR, si vous parlez de ces questions,
09:50 73 chez Renaissance, c'est-à-dire beaucoup moins en proportion que le Rassemblement national,
09:53 et 32 chez les LR. Ils sont 62. Enfin, c'est de la blague.
09:56 - Mais ça veut dire quoi ? Vous savez ce que le ministre attend de vous ?
09:58 - Monsieur Sutil, il y a une brigade de gendarmerie, il y en a 236.
10:02 Ça a été décidé en juillet dernier.
10:05 Pendant le ministère de l'Intérieur Immigration,
10:07 il y a le ministère de l'Intérieur Gendarme, le ministère de l'Intérieur Policier,
10:09 le ministère de l'Intérieur Pompier.
10:11 Quand une députée m'interroge sur le statut des sapeurs-pompiers,
10:14 je lui réponds, ce n'est pas parce que je vais répondre de son côté,
10:16 quand elle est députée LR, que je suis pour qu'elle vote un texte.
10:19 Elle avait voté contre et je lui ai donné raison sur les sapeurs-pompiers.
10:21 - Mais vous savez ce que le ministre attend de vous ?
10:22 - C'est une dénonciation calomnieuse.
10:25 La vérité c'est que la NUPES ne sait pas comment s'en sortir
10:27 de discuter avec le Rassemblement National.
10:30 Il y a une alliance contre-nature qui est très grave,
10:32 celle des populistes entre eux, pour faire échec au gouvernement.
10:35 On peut considérer que c'est bien, c'est la politique, pour se faire plaisir,
10:39 on fait la lune des journaux en faisant ça,
10:41 mais il y a une alliance politique contre-nature qui déshonore la NUPES
10:44 et qui déshonore, je crois, les électeurs de gauche qu'on crie en elle.
10:46 - Merci monsieur le ministre.
10:48 - Merci à vous.
10:50 nous aurons un texte.

Recommandations