L'impossible aide humanitaire en Birmanie : écoutez l'anayse de Bénédicte Brac de La Perrière, chercheuse au CNRS, membre du centre Asie sud-est.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00RTL Matin avec Stéphane Carpentier.
00:028h47, c'est RTL Matin face à l'actualité.
00:05L'actualité c'est donc l'Asie, la Thaïlande mais surtout la Birmanie
00:08touchée vendredi par un très violent séisme.
00:11Scène de désolation, dégâts considérables,
00:14bilan humain qui s'alourdit d'heure en heure.
00:171600 morts dans un pays en pleine guerre civile
00:20et au bout de ce drame, une véritable catastrophe humanitaire.
00:23Pour évaluer et comprendre la situation,
00:26nous sommes donc connectés ce matin avec Bénédicte Braque de La Perrière,
00:29chercheuse au CNRS, membre du Centre Asie Sud-Est.
00:32Bonjour à vous.
00:35Merci d'être en direct. Cette zone touchée,
00:38vous la connaissez bien pour l'étudier.
00:41A ce stade, est-ce qu'on arrive à avoir une idée très claire de l'ampleur
00:44de la catastrophe ou est-ce que c'est encore très fragmentaire ?
00:47Ce qu'on a vu dans les images
00:50qui nous parviennent, des images qui viennent
00:53des deux villes principales de la zone,
00:56Epidaure et Mandalay, ne disent rien
00:59de la zone qu'on appelle le Sogain,
01:02qui est la zone centrale de Birmanie
01:05et qui est sans doute touchée
01:08très largement par le tremblement de terre.
01:11C'est un tremblement de force 7.7
01:14assez haut, ce qui fait que
01:17les répercussions ont été assez larges.
01:20Notamment, on sait qu'il y a
01:23plusieurs immeubles qui sont touchés
01:26à Bangkok, donc on voit que
01:29le tremblement de terre, les secousses se sont fait sentir
01:32de manière assez large.
01:35Mais étant donné que les
01:38communications sont endommagées
01:41et surtout que la zone
01:44est une zone de conflit ouvert entre
01:47le gouvernement militaire dirigé
01:50par un mire en ligne qui a pris le pouvoir
01:53par un coup d'État le 21 février 2021
01:56et de l'autre côté
01:59les forces de résistance
02:02qui sont organisées de manière très complexe
02:05mais sous la direction d'un gouvernement en exil
02:08de résistance,
02:11cette situation
02:14est difficile à évaluer.
02:17Notamment, on ne sait pas grand chose
02:20de toutes les zones rurales qui entourent les villes dont je vous ai parlé.
02:23Vous avez eu des échanges récents, vous, avec des habitants sur place ?
02:26Qu'est-ce qu'ils vous décrivent ?
02:29Sur place, non. Mais à Rangoon, oui.
02:32Rangoon, l'ancienne capitale
02:35qui est devenue la capitale administrative, la plus grande ville de Birmanie
02:38qui est beaucoup plus au sud
02:41dans le Delta.
02:44La situation était calme.
02:47Dans ce qu'on voit, les images qui circulent
02:50sont évidemment celles
02:53d'une zone complètement dévastée.
02:56Les bâtiments, le bâti est dévasté.
02:59Notamment, on sait qu'il y a
03:02plus de 80 pagodes anciennes
03:05qui sont détruites.
03:08Mais pour ce qui est des pertes humaines
03:11les 1600 paraissent bien en deçà
03:14du résultat final. Mais à ce stade-là, c'est normal.
03:17C'est à craindre que ça augmente considérablement, évidemment.
03:20L'aide, puisque les habitants et le pays
03:23ont besoin d'une aide, l'aide internationale
03:26commence à affluer, elle va s'amplifier, on l'espère.
03:29La Chine, l'Inde, l'OMS, les Etats-Unis, sans doute l'Europe aussi.
03:32Comment fait-on pour acheminer l'aide efficacement
03:35dans ce pays aussi fragmenté
03:38par exemple qu'elle soit accaparée par la junte ?
03:41C'est un problème. Effectivement, le problème de l'acheminement
03:44de l'aide, il est double.
03:47Il faut acheminer
03:50de l'aide, c'est indispensable.
03:53C'était des zones qui étaient déjà
03:56sujettes à des dévastations
03:59dues à la guerre, avec un nombre
04:02de déplacés importants.
04:05La question de la fin s'y posait déjà,
04:08mais l'aide
04:11et l'acheminement de l'aide supposent des négociations
04:14avec de nombreux acteurs,
04:17non seulement le gouvernement militaire
04:20qui par rapport aux catastrophes précédentes
04:23se démarquent par un appel
04:26à l'aide, alors que lorsqu'il y a eu
04:29le cyclone Nargis en 2008,
04:33l'aide n'était même pas autorisée
04:36à entrer en Allemagne, dans un premier temps
04:39évidemment. Là, il y a eu
04:42immédiatement un appel à l'aide et on peut supposer
04:45qu'il y a des enjeux aussi pour la junte
04:48à se rapprocher
04:51des pays qui peuvent apporter de l'aide.
04:54Il y a ça à avoir en tête, cette situation
04:57va affecter aussi la situation politique
05:00et en face, le gouvernement en exil
05:03doit faciliter
05:06effectivement l'acheminement de l'aide
05:09et c'est un test de sa gouvernance
05:12aussi. On a
05:15entendu
05:18vraiment de manière très très récente
05:21qu'il annonçait
05:24un accord de cessez-le-feu provisoire
05:28touché par le
05:31tremblement de terre
05:34et donc on peut penser
05:37que de ce point de vue-là, il va y avoir
05:40des aménagements qui vont être possibles.
05:43Reste à savoir si ce sera appliqué, qu'est-ce qui se passera sur le terrain.
05:46Dernière question, Bénédicte Braque de l'APRR, s'il vous plaît.
05:49Avant même ce séisme, l'ONU alertait déjà sur une crise alimentaire
05:52massive sur place. Est-ce que cette catastrophe risque
05:55d'accélérer les choses et l'entrée du pays
05:58dans une famine de grande ampleur ?
06:01C'est à craindre parce que les infrastructures sont
06:04vraiment détruites. On voit les routes, on voit les trains,
06:07les chemins de fer qui sont vraiment
06:10endommagés, un pont majeur sur l'Iraouadi
06:13qui est détruit.
06:16Et par ailleurs, une situation qui était
06:19déjà très fragile, comme vous le dites.
06:22Alors ça dépendra
06:25de l'ampleur de l'aide, de la manière
06:28dont elle arrive
06:31à être
06:34implémentée, distribuée.
06:37Merci beaucoup Bénédicte Braque de l'APRR chercheuse
06:40au CNRS, membre du Centre Asie Sud-Est, invité
06:43de RTL Matin. On revient sur la Birmanie, la situation bien sûr
06:46et les toutes dernières infos dans le journal de 9h.