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A l'occasion de la sortie du livre "Le GIGN, par ceux qui l'ont commandé", chez Mareuil éditions, les commandants Denis Favier (1992-1997 et 2007-2011), et Ghislain Réty (en poste depuis 2020) répondent aux questions de Yves Calvi.
Regardez Le débat du 13 décembre 2023 avec Yves Calvi.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h
00:05 RTL matin. Il est 8h19, le GIGN à 50 ans. Bonjour Gislain Retty.
00:11 Bonjour. Vous êtes le commandant du groupe d'intervention de la Gendarmerie Nationale depuis 2020. Je salue également Denis Favier qui a dirigé le GIGN
00:17 à deux reprises de 1992 à 1997 et de 2007 à 2011. Bienvenue à tous les deux.
00:22 Votre unité d'élite à 50 ans et vous racontez son quotidien
00:25 mais aussi ses grandes heures dans un livre qui vient de paraître aux éditions Mareuille, le GIGN, par ceux qui l'ont commandé.
00:30 C'est une fierté d'être membre du GIGN et si oui pourquoi ?
00:33 Oui c'est une fierté parce que c'est une unité qui est mondialement reconnue et j'ai le privilège de commander des militaires qui servent
00:41 fidèlement, loyalement, avec des vraies valeurs et un vrai engagement.
00:44 Je vous cite Gislain Retty dans le livre "dès l'âge de 15 ans je voulais entrer au GIGN
00:48 comment naît une telle passion à l'âge des scooters et des bières avec les copains ?"
00:52 C'est un peu un chemin de vie. Moi j'ai eu la chance de faire de belles rencontres.
00:57 Après il y a eu des événements qui ont ponctué en 1988.
01:00 Au moment où je passais le bac il y a eu OVA. En 1994 quand j'arrive à l'école des officiers de la gendarmerie
01:06 il y a l'opération de Marignane donc ça ne fait que conforter mes choix.
01:10 Donc l'actualité a joué un rôle en fait ?
01:12 Oui bien sûr.
01:13 Denis Favier en avril 2013 à ce micro sur RTL vous évoquiez l'une des grandes opérations de votre carrière, l'assaut de l'Airbus donc
01:19 à l'aéroport de Marignane, cette prise d'otage par des terroristes islamistes qui, je vous cite, "avaient à l'époque bouleversé les choses en matière de
01:26 contre-terrorisme". Dix ans plus tard il y a eu Charlie Hebdo, l'Hypercacher, le Bataclan,
01:30 Nice, Samuel Paty ou encore très récemment l'attentat du pont Bir Hakeim. Les islamistes sont nos premiers ennemis ?
01:36 Il faut prendre en compte toutes les menaces, celles dont vous parlez bien sûr parmi d'autres et puis il faut que l'unité s'adapte à cette
01:42 nouvelle menace, celle que nous avons rencontrée dans le 94 est tout à fait différente de celle d'aujourd'hui
01:47 et la force de GIGN c'est de s'adapter. Mais comment justement le GIGN s'adapte-t-il à l'évolution
01:51 des constantes terroristes ? Vous avez le droit de Chechen par exemple aujourd'hui. Bon avant on ne les avait pas vu arriver, en tout cas
01:56 peut-être moins. Voilà, comment on fait ?
01:59 On regarde ce qui se passe bien sûr à l'étranger, on fait ce qu'on appelle du benchmark, on a des études comparatives avec des groupes étrangers,
02:06 on analyse aussi en profondeur l'évolution des mouvements terroristes et on adapte l'unité. C'est ce qui s'est passé dans le courant des années
02:13 2010 quand on a fait face à un nouveau
02:17 nouvelle forme de terrorisme, il a fallu adapter l'unité, donner des capacités beaucoup plus souples pour qu'elle puisse intervenir en tout point les territoires nationaux.
02:24 Comment se fait le recrutement au GIGN ? Depuis 1974 les entraînements ont-ils évolué ? Est-ce que vous les avez durci ?
02:30 Les tests n'ont
02:33 pas foncièrement évolué. On est toujours sur trois mois de test et l'avantage c'est qu'on a toujours autant de candidats.
02:38 Actuellement on a plus de 300 candidats pour in fine 15 élus. Donc on peut se permettre une sélection assez drastique.
02:46 D'autant que les 300 qui arrivent sont déjà des personnels très motivés, très bien préparés physiquement et surtout mentalement.
02:51 J'ai une citation qui m'a fait beaucoup rire ce matin. A partir du moment où vous dites à des gens que le GIGN c'est une
02:56 unité où il y a plus de chances de prendre un coup de fusil que des décorations, ça fait déjà une bonne
03:00 présélection. C'est Christian Proto qui fait donc le premier commandant du GIGN. Il a raison de dire ça ?
03:04 C'est une unité où il y a un engagement fort et on ne peut pas écarter la question prise de risque. Bien sûr on ne rentre pas dans
03:11 cette unité par hasard. C'est une unité exposée
03:14 avec un sens de la mission qui est particulièrement
03:16 développée et elle est confrontée, cette unité, les gens qui y servent à des menaces qui sont fortes et à des gens qui ont des comportements
03:21 agressifs. Donc il y a une prise de risque et une exposition au risque qui est importante.
03:25 Quels sont les prérequis ? Je veux dire n'importe quel gendarme peut postuler ?
03:29 Il faut être gendarme de bien entendu. Bien sûr il faut être gendarme dès le départ et ensuite il faut avoir
03:36 un profil physique bien sûr hors normes mais c'est pas le seul point de sélection. Il faut aussi avoir un équilibre psychologique qui est
03:43 un équilibre extrêmement solide et il faut croire et intégrer
03:47 et faire sienne des valeurs qui sont celles de l'unité. L'engagement, la gratuité d'un engagement,
03:52 le positionnement au service des autres, le fait de pouvoir s'engager pour aller sauver les vies de gens qu'on ne connaît pas.
03:59 Ça c'est le sens de la mission qui
04:01 caractérise bien tous ceux qui servent dans l'unité.
04:03 Gilles Lainretis qui a des femmes au GIGN et quelle est la répartition homme-femme ?
04:06 Je vois que ça vous fait sourire. Oui parce que c'est une question qui est assez récurrente. Mais oui bien sûr.
04:11 C'est les mêmes tests pour les hommes que pour les femmes.
04:14 Donc on a trois métiers quand même au GIGN. Le métier de l'intervention, le plus connu, le métier de la protection,
04:18 mais on a aussi le métier de l'observation surveillance. Et il est vrai que pour
04:22 les métiers de l'intervention et de la protection pour l'instant il n'y a pas de femmes qui ont réussi les tests physiques.
04:27 Par contre on les adapte un tout petit peu et ensuite ce que disait Denis, les soft skills, donc c'est tout le savoir-être,
04:32 l'engagement, les déterminations, la volonté, l'intelligence émotionnelle etc.
04:37 Là ce sont les mêmes pour tout le monde et du coup on a des filles qui rentrent au GIGN pour faire de l'observation.
04:41 Et alors à ma question qui était, combien sont-elles aujourd'hui ?
04:45 En opéra ? Je veux bien un chiffre. Sur le plan en mission, proprement dit, pour partir en mission, elles sont
04:51 quatre. Par contre on a tout un dispositif de soutien, tout ce qui est administratif, où là effectivement on a beaucoup de femmes.
04:59 Combien d'interventions ? Beaucoup de femmes, vous ne me donnez pas le chiffre je vous signale. J'ai 35 femmes au GIGN.
05:04 Ah bah voilà ! Combien d'interventions effectuez-vous par an ?
05:07 On fait 2500 missions par an.
05:10 2500 missions ?
05:11 Exactement, ce qui représente 7 missions par jour, alors sur l'ensemble du territoire national.
05:15 Donc le GIGN c'est aussi 14 antennes, 7 outre-mer et 7 en métropole.
05:19 Si on additionne tous les jours toutes ces missions, on arrive à 7 missions par jour.
05:23 C'est ce que j'allais vous dire, c'est énorme, c'est une activité qu'on n'imagine même pas nous autres
05:27 grands publics.
05:28 Et tant mieux, tant mieux, on travaille nous principalement au profit de la gendarmerie, donc on est un outil de la gendarmerie.
05:33 Donc souvent dans la presse, la PQR principalement, on voit la gendarmerie a interpellé ou la gendarmerie a fait telle
05:39 affaire, mais c'est souvent le GIGN qui est derrière.
05:42 Est-ce que la sécurité c'est l'affaire de chacun d'entre nous, Denis Fallier ?
05:44 Ah oui, à mon sens oui, dans le contexte qui est celui dans lequel nous évoluons aujourd'hui,
05:48 notre sécurité intérieure c'est l'affaire de chacun d'entre nous, chacun de nos concitoyens doit contribuer à l'exercice de la mission de sécurité.
05:54 Ce n'est pas uniquement aujourd'hui l'affaire des forces de l'ordre, bien sûr.
05:58 Alors, rappelons que le déclencheur de la création du GIGN est la fameuse prise d'otage de Munich pendant les Jeux Olympiques.
06:03 En 1972, dans 225 jours, notre pays accueille les JO justement.
06:08 Le contexte est par définition difficile, la menace terroriste elle ne faiblit pas.
06:11 Sommes-nous prêts, Gislain Réty ?
06:13 Moi je pense qu'on est prêts.
06:15 Nous, unité d'intervention spécialisée, quand je dis nous, c'est le RAID, la BRI et le GIGN.
06:20 Donc nous, nous sommes en mesure de répondre demain, sachant qu'on est un petit peu, j'ai tendance à dire, à la dernière roue du carreau.
06:26 C'est-à-dire qu'on n'interviendrait que si tous les dispositifs passifs ou actifs qui auraient été mis en place par la gendarmerie,
06:32 mais aussi le secteur privé, auraient failli.
06:35 Donc théoriquement, on ne doit pas intervenir et tout est fait pour qu'on n'intervienne pas.
06:38 Mais on s'y prépare, on se prépare à tous les scénarii.
06:41 J'ai une question peut-être plus personnelle. Vous voulez ajouter quelque chose, Denis Favier ?
06:43 Non, j'écoute.
06:44 J'ai une question peut-être plus personnelle finalement.
06:45 Qu'est-ce qui vous a le plus marqué l'un et l'autre dans votre engagement au GIGN ?
06:49 Denis Favier ?
06:50 C'est le fait de voir des hommes et des femmes particulièrement motivés par le sens de la mission.
06:55 De les voir agir en gratuité et donner ainsi du sens à leur vie par l'engagement qu'ils mettent au service de la collectivité.
07:01 Et ça, quand on est sur les missions, on le mesure très très nettement.
07:05 Et c'est vraiment quelque chose de très beau à observer.
07:08 Gisler Retty ?
07:09 On est sur le même portage, c'est-à-dire de voir l'engagement de chacun,
07:13 de voir la confiance aussi que nous portent les Français, les gendarmes en général.
07:18 Ce qui fait qu'aujourd'hui, effectivement, on est très engagés
07:21 et tous les militaires du GIGN sont vraiment heureux d'être engagés comme ça.
07:24 Vous vous sentez aimé ?
07:27 Aimé, c'est peut-être un peu fort.
07:28 Respecté ?
07:29 Respecté, oui.
07:31 Apprécié ?
07:32 Apprécié, oui.
07:33 Moi, je pense que les forces de l'ordre sont appréciées au sens large, le GIGN en particulier.
07:36 Mais l'ensemble des forces de l'ordre le sont.
07:38 Moi, j'étais directeur général de la gendarmerie au moment des attentats de 2015-2016.
07:42 J'ai vécu en tant que directeur général les grandes journées de communion entre la population et les forces de l'ordre.
07:48 Et donc oui, un pays sans sécurité, un pays qui ne connaît pas de liberté,
07:52 donc elles sont appréciées les forces de l'ordre.
07:54 Merci beaucoup Gisler Retty.
07:55 C'est Denis Favier, ce quotidien extraordinaire du GIGN et ses grandes opérations sont donc au cœur d'un livre,
07:59 le GIGN par ceux qui l'ont commandé, écrit par eux.
08:02 [SILENCE]

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