• l’année dernière
Transcription
00:00 Je m'appelle Bond.
00:02 James Bond.
00:04 La première règle du Fight Club est
00:08 "il est interdit de parler du Fight Club".
00:10 Vous avez tué ces hommes.
00:12 Nous avons tué ces hommes.
00:14 Nous ?
00:15 Tu ne te souviens pas
00:17 de ce petit accident dans le laboratoire ?
00:20 La stimulation de performance ?
00:23 Bingo !
00:24 Nous sommes des Spartiates !
00:28 C'est pour ça qu'on est enchaînés
00:30 et qu'on ne peut pas casser cette glace.
00:32 Tout a été admirablement pensé
00:34 dans les moindres détails.
00:35 Putain, qu'est-ce que vous avez fait ?
00:37 Notre aventure a commencé il y a bien longtemps
00:40 quand votre père a fait la même chose pour nous.
00:43 Entrée de Benoît Blanc.
00:45 Il est totalement indéniable que j'ai tué Harlan.
00:49 Oui, vous l'avez dit.
00:50 Oui, il l'a dit.
00:51 Et oui, vous le redites.
00:52 Mais dans la voiture.
00:54 Je vous ai parlé du trou qui est au centre de ce donut.
00:57 Michel Derain.
00:59 Je suis heureux de pouvoir citer son nom
01:01 parce que c'est quelqu'un que j'aime énormément.
01:03 Qui est un directeur artistique de grand renom
01:07 avec qui j'ai fait toute la série des James Bond
01:10 et d'autres choses aussi.
01:11 Il avait été en chargé de trouver un acteur français
01:14 pour doubler Daniel Craig,
01:16 qui était le nouveau James Bond.
01:17 Plusieurs séries d'essais avaient été faites
01:20 et rien n'avait été "trouvé".
01:23 Et c'est Michel Derain qui, au dernier moment, a dit
01:27 "mais attendez, il y a quelqu'un d'autre que je connais
01:29 qui pourrait éventuellement, il faudrait l'essayer".
01:31 Donc il m'a convoqué, j'ai passé des essais.
01:34 Ça s'est passé d'une façon tout à fait classique.
01:37 Quelques temps après, il m'a rappelé pour me dire
01:40 que c'était bon, que j'avais été choisi,
01:42 que j'allais être la voix française de James Bond
01:46 pour cinq films, puisque c'était déjà prévu
01:48 qu'il en ferait cinq.
01:49 Alors que vous dire "oui, ça fait plaisir,
01:52 ça fait bizarre", oui, à ce moment-là, on se dit
01:56 "je vais incarner, entre guillemets, enfin porter au moins
02:00 la voix d'un des personnages les plus populaires
02:05 du cinéma grand public".
02:08 C'est pas rien, c'est un personnage qui a déjà
02:11 toute une histoire, toute une légende, tout ça,
02:13 c'est pas rien.
02:15 Ce qui m'a sauvé, c'est que j'avais une culture
02:18 très rudimentaire dans ce domaine,
02:20 j'avais des versions françaises, etc.
02:22 J'étais pas pollué, je me disais pas "il faut que je fasse
02:25 comme machin" ou "que je rentre dans tel moule".
02:29 Et ça tombait plutôt bien avec Daniel Craig,
02:31 puisque justement la volonté des producteurs,
02:34 je pense, en choisissant Daniel Craig,
02:36 c'était d'opérer une sorte de rupture avec
02:38 le modèle ancien de James Bond.
02:40 Donc en fait, ça tombait bien pour moi.
02:44 Vous voulez dire que ce n'est qu'affaire
02:46 de probabilité et de risque ?
02:48 Je pensais qu'il y avait une part de hasard.
02:50 Seulement si on suppose que la meilleure m'a l'emporte.
02:53 C'est ce que vous devez appeler bluffer.
02:55 C'est quand j'ai doublé Robert Carlyle
03:01 dans "The Fool Monty".
03:03 Et il y a une chose, les mecs ils rigolent moins de toi
03:06 quand ils voient que t'as touché plein de pognon.
03:08 C'est pas le premier grand rôle que j'ai doublé,
03:11 mais c'est celui qui a eu vraiment un gros succès populaire,
03:15 pas comme Amélie Poulain, mais pas loin quand même.
03:17 Pour moi franchement, peut-être qu'on fait
03:19 la plus grande connerie du siècle avec notre combine, non ?
03:21 C'est principalement James Bond, évidemment.
03:27 Il y a des gens que je ne connais pas,
03:30 qui à la sortie d'un spectacle,
03:32 viennent me voir uniquement pour me demander
03:34 si c'est bien moi qui fais James Bond,
03:36 parce qu'ils ont reconnu ma voix au théâtre.
03:40 Et puis des gens qui m'ont demandé
03:42 d'enregistrer le message de "Répondeur",
03:45 des choses comme ça.
03:46 Je ne suis pas fan de ce genre d'exercice,
03:48 mais je m'y prête,
03:50 soit par amitié pour les personnes,
03:53 soit parce que je suis un brave gars.
03:57 007, je suis votre nouveau quartier-maître.
04:02 Vous plaisantez, j'espère.
04:05 Parce que je ne porte pas de blouse.
04:08 Parce que vous êtes encore boutonneux.
04:10 La question de mon épiderme n'est guère pertinente.
04:13 Celle de vos compétences l'est.
04:15 L'âge n'est en rien gage d'efficacité.
04:18 Mais la jeunesse n'est en rien gage d'innovation.
04:23 La réplique de Bond,
04:26 je crois que c'est dans "Casino Royale",
04:28 que j'aime beaucoup,
04:30 qui est un moment où Bond commande un cocktail,
04:33 un fameux cocktail,
04:34 et le barman lui demande
04:36 "Au shaker ou à la cuillère ?"
04:37 James Bond, à ce moment-là,
04:39 qui est vraiment saoulé, lui répond
04:40 "Qu'est-ce que j'en ai à foutre ?"
04:42 Et ça, c'est peut-être ma réplique préférée
04:45 de James Bond.
04:46 Vodka Martini.
04:47 Au shaker ou à la cuillère ?
04:48 Qu'est-ce que j'en ai à foutre ?
04:50 Un acteur que tu as doublé ?
04:53 Il y a un acteur,
04:54 mais en fait, il se trouve que je l'ai doublé.
04:56 Mais je l'ai doublé vraiment très peu,
04:59 et sur des petites choses,
05:00 et il y a longtemps.
05:01 Mais que j'aurais rêvé de doubler
05:03 sur des films plus importants.
05:05 Pour moi, c'est un peu l'un des plus grands acteurs du moment,
05:08 c'est Mads Mikkelsen,
05:09 que j'ai effectivement,
05:11 brièvement, doublé,
05:12 sur des petites choses,
05:13 il y a très longtemps.
05:14 Mais jamais depuis.
05:16 Et j'aimerais bien.
05:19 Mais dans Casino Royale,
05:20 je ne pouvais pas faire les deux.
05:22 Parce que si vous me tuez,
05:24 vous ne pourrez pas vous cacher.
05:26 Eh bien, vous avez tort !
05:28 TORT !
05:29 Il se trouve que c'est les deux acteurs
05:34 que je double le plus souvent,
05:35 William Dafoe et Daniel Craig,
05:37 pour des raisons complètement différentes d'ailleurs.
05:39 Daniel Craig, je suis vraiment très sensible
05:41 à sa puissance,
05:43 à sa présence à l'écran,
05:45 à son charme.
05:48 William Dafoe, je suis extrêmement
05:50 sensible à la façon qu'il a
05:53 de prendre des risques,
05:55 de sortir de lui-même,
05:56 de s'aventurer.
05:58 Un seul être au monde
06:00 est de taille à nous vaincre.
06:03 Mais imagine qu'il se joigne à nous.
06:07 Ça n'a pas été très facile, effectivement.
06:14 Non pas tellement parce que j'étais imprégné
06:16 de la voix de Patrick Poivet sur Bruce Willis.
06:19 Parce que comme je vous le disais,
06:20 je n'ai pas cette culture-là.
06:22 Et aujourd'hui, quand je regarde des films,
06:24 je ne les regarde qu'en version originale.
06:26 Je dois avouer que je n'ai pas
06:28 une grande culture dans ce domaine.
06:30 Par contre, j'avais énormément de respect,
06:33 évidemment, pour Patrick Poivet.
06:35 La nouvelle de sa mort m'a beaucoup heurté.
06:37 Zipikaï, pauvre con !
06:39 Et d'ailleurs, il y a des gens
06:42 qui se sont assez rapidement
06:44 rués sur moi en disant
06:46 « Alors, vous êtes la nouvelle voix de Bruce Willis ? »
06:48 Et je leur ai dit à tous
06:49 « Non, non, non, je ne suis pas
06:50 la nouvelle voix de Bruce Willis. »
06:52 Là, il se trouve que j'ai dépanné.
06:54 Mais voilà.
06:55 D'autant que je ne suis pas du tout persuadé
06:57 que je colle bien sur Bruce Willis.
07:00 Je pense qu'effectivement,
07:01 pour le peu que je le connaisse,
07:02 Patrick Poivet a apporté à quelque chose
07:04 à Bruce Willis de beaucoup plus original
07:07 et beaucoup plus singulier
07:09 que ce que je peux faire moi
07:10 sur ce personnage-là.
07:12 La vie de famille,
07:14 il n'y a rien de plus radical.
07:17 Mickey Sébastien,
07:21 c'est la première personne qui m'est venue.
07:22 Pour moi, c'est une voix
07:24 qui traduit à la fois
07:25 une palette de jeux,
07:27 une sensualité, une intelligence,
07:28 surtout du texte.
07:30 Ça, c'est une chose que je trouve fondamentale
07:32 chez les acteurs en général
07:34 et particulièrement chez les acteurs de doublage,
07:35 c'est l'intelligence du texte.
07:37 Les tueurs en série gardent le plus souvent
07:39 un souvenir de leur victime.
07:41 Par moi.
07:42 Si je dois parler de quelqu'un,
07:47 alors un mort cette fois-ci,
07:48 parce qu'il y en a beaucoup, malheureusement,
07:50 qui a accompagné
07:52 l'un de mes premiers enregistrements,
07:54 justement dans un rôle un peu important
07:56 et qui est resté pour moi,
07:58 déjà humainement et artistiquement,
08:00 une figure importante,
08:02 c'est Jack Franz,
08:03 avec qui j'avais enregistré
08:06 Air Américain,
08:07 dans lequel il doublait Mel Gibson,
08:09 comme d'habitude,
08:10 et dans lequel je doublais,
08:11 pour l'unique fois de ma vie, je crois,
08:13 Robert Donnay Junior.
08:15 Là-bas à Los Angeles,
08:16 tu vas redevenir le type le plus dingue de la bande.
08:18 Alors ?
08:19 Non, je veux régler une ou deux bricoles avant.
08:22 Ah, tu t'arranges.
08:25 T'es vengé, c'est ça ?
08:27 J'étais vraiment haut comme ça,
08:30 et lui, c'était un grand monsieur,
08:32 avec sa masse corporelle,
08:35 sa gentillesse, son intelligence,
08:37 son humour, tout ça.
08:39 Je me souviens,
08:41 parce que c'est l'un des premiers enregistrements
08:43 de rôle un peu important que j'ai fait,
08:45 peu de temps après Good Morning, Babylonia,
08:48 je me souviens que j'avais été très impressionné,
08:51 et j'ai été très affecté
08:54 par la nouvelle de son départ,
08:56 l'année dernière,
08:58 parce que c'est quelqu'un
09:00 pour qui j'ai conservé toujours
09:02 non seulement une amitié,
09:04 mais une espèce de différence,
09:06 comme si ça avait été un grand aîné,
09:08 sur la voie du doublage.
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