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Transcription
00:00Ravie de vous retrouver monsieur Wayne.
00:03La CIA avait un programme dans les années 60 pour évaluer ses employés des points chauds, Skyhawk.
00:09Je peux jeter un coup d'oeil ?
00:12D'accord, venez.
00:17Être l'apprenti du père Noël n'est pas qu'une partie de plaisir,
00:20pour t'en rendre compte tu vas passer le reste de ta journée derrière ça.
00:25Oh, un bon travail mon fils, tu as gagné, tu es un vrai héros.
00:32Monsieur, ils vont me faire la peau si jamais je gagne.
00:34Oh, je suis vraiment désolé. Que le meilleur perde.
00:39Les coques sont loyaux, les coques n'abandonnent jamais, les coques, moi je dis, les coques se battent jusqu'au bout et toi,
00:47fiston, tu n'as rien d'un coque.
00:50On ne t'a jamais dit que les barres étaient dangereux pour les petits nounours ?
00:54Et vous êtes un pilote.
00:55Ça se voit tant que ça.
00:57Vous êtes un bon pilote.
00:59Le meilleur, numéro 1.
01:04Comment suis-je tombé dans le doublage ? D'abord je me suis fait mal en tombant parce que comme je manquais complètement d'expérience,
01:11j'étais très mauvais. C'était dans les années 65, vous n'étiez pas né, peut-être vos parents à peine.
01:16J'étais allé dans un studio et j'avais vu là nos aînés, les grands comédiens de l'époque, cigarette à la bouche, main dans la poche,
01:23qui regardaient la bande rythmo, passer deux fois, ils enregistraient, hop, c'était dans la boîte.
01:27Je me suis dit, ça a l'air d'être simple. Non, pas du tout, c'est très compliqué.
01:30J'étais très mauvais dans le petit personnage qu'on m'a donné et je suis sorti du studio en me disant, plus jamais je ne mettrai les pieds dans un studio de doublage.
01:37Il a fallu que 10 ans se passent, 10 ans pendant lesquels, bien sûr, on prend du métier et à l'époque, on tournait beaucoup pour la télévision.
01:45Et on tournait en extérieur. Et vous savez qu'en tournant à l'extérieur, il y a toujours un avion qui passe, un chien qui aboie, une locomotive au loin, bon bref.
01:52Donc on se post-synchronisait en studio. Et dans les années 70, disons, M. Barclay, qui était un grand directeur artistique dans le doublage,
02:00s'occupait de ses post-productions pour la télé et il m'a dit, mais enfin, M. Allemagne, pourquoi vous ne faites pas de doublage ?
02:06Je dis, je ne peux pas, je suis mauvais. Il dit, mais non, regardez, vous vous doublez très bien.
02:09Et en fait, j'ai compris que oui, c'était très simple, c'était une mécanique à avoir.
02:13Et c'est comme ça que je suis tombé, heureusement d'ailleurs, dans le doublage.
02:19C'était Morgan Freeman, bien sûr. C'était Les Evadés, qui était un film remarquable et qui repasse assez régulièrement à la télévision.
02:27Alors, mon garçon, mettez tous vos tampons sur vos formulaires et ne me faites pas perdre mon temps, parce que je vais vous dire la vérité, j'en ai rien à foutre.
02:37Un personnage qui était formidable à faire parce qu'il était en même temps narrateur, racontait l'histoire de cette prison, de son vécu dans la prison.
02:45Et on le voyait en même temps vivre son expérience douloureuse, d'ailleurs, et cette belle amitié avec son copain de cellule.
02:52C'était un travail superbe à faire. J'avais passé audition, comme beaucoup d'autres camarades, d'ailleurs, on avait été convoqués.
02:58Et moi, je me suis dit, mais non, jamais, on va me prendre pour Morgan Freeman.
03:02Et puis, j'ai été choisi par les Américains et c'est comme ça que j'ai mis, que je suis devenu, disons, sa doublure.
03:08Et pour finir, ça fait maintenant près de 35 ans que je suis sa voix et avec plus de 50 films ou documentaires.
03:19C'est Morgan Freeman. Alors, ça devait être aussi Babar avant, parce que j'avais fait des Babars.
03:22Il faut que je finisse ma cabane, voyons.
03:28Et puis, j'avais fait, j'avais commencé à faire Balou dans la série Les Ingalos. Très drôle à faire.
03:34Tiens, tiens, quelle bonne surprise.
03:38Et dans une série américaine où je faisais le colonel Spengler, un colonel avec un capuchon noir sur l'œil, complètement, complètement fou.
03:48Mais qu'est-ce que vous faites ?
03:50Je crois que je perds. Et avec élégance, je vous ferai remarquer.
03:53Mais vous auriez pu le réussir, ce coup.
03:55Je pourrais dire la même chose de vous. Il y a une douzaine de coups que vous avez cru bon de perdre volontairement.
04:00Mais puisque la défaite semble vous motiver davantage, je vais jouer sur votre terrain.
04:04Je vais perdre, mon cher, perdre et encore et encore.
04:08J'ai été reconnu assez rapidement par ces rôles-là.
04:14Toutes.
04:15Non, parce que vous savez, une voix, c'est un personnage.
04:18Alors, tout d'un coup, on a le personnage à l'écran, à l'image.
04:21Et on se dit, qu'est-ce que je vais faire ?
04:23On l'écoute, on s'inspire, bien sûr, de ce qu'il a fait, de son humeur, du sentiment qu'il exprime.
04:29Puis, en fait, c'est quoi, quand on fait un doublage ?
04:32On vous donne un costume qui n'est pas le vôtre, qui est celui de Morgan Freeman.
04:35Et vous devez le remplir, ce costume, comme si vous étiez Morgan Freeman.
04:39Donc, il faut s'inquiéter de la voix, de la respiration, de l'intériorité, du sentiment.
04:43C'est un vrai travail de comédien.
04:45C'est pourquoi j'insiste peut-être un peu lourdement, je m'en excuse.
04:48Il faut être comédien pour faire un bon travail en doublage.
04:52Ça ne veut pas dire que je sois bon toujours, c'est pas vrai.
04:55Il y a des fois, on est très mauvais, on rate, parce que, bon, ça ne marche pas.
04:58Mais, peu importe, il faut être comédien avant tout, et de théâtre.
05:05Ah ben, on me demande toujours, bien évidemment, vous ferez la voix de Morgan Freeman.
05:08Et je leur dis, oui, oui, bien sûr.
05:10Donc, comme c'est beaucoup plus cher, je change théoriquement ma voix, c'est pas vrai.
05:14Mais c'est une question un petit peu simplette de la part de ces producteurs qui sont très heureux,
05:20bien sûr, de m'avoir pour défendre leurs produits ou présenter leurs produits.
05:25Mais ma voix, c'est la même, je ne la change pas.
05:29Une voix, lorsque vous êtes devant un écran et que vous avez une situation à jouer,
05:35votre voix, elle change en fonction du rythme du personnage qui joue en face de vous.
05:40Si c'est quelqu'un qui est en train de courir, votre voix, elle va être un peu plus haute,
05:43comme ça, parce que vous aurez du mal.
05:45Alors, vous dire, mais t'as changé ta voix.
05:46Non, c'est l'effort physique que je fais qui fait que ma voix a pris cette tonalité.
05:52Et puis, une fois rentrée dans le bureau, on s'est bien repris, on a re-respiré
05:57et on se met à parler tout à fait naturellement.
05:59Et là, on me dit, mais là, vous avez la voix de Morgan Freeman.
06:01Je dis, oui, c'est aussi la voix de Morgan Freeman.
06:04Notre voix est un instrument.
06:05C'est comme si un violoniste n'avait qu'une corde à son violon.
06:07Ce n'est pas vrai.
06:08Il y a quatre ou cinq cordes au violon.
06:10Nous, c'est la même chose.
06:14Une montagne.
06:16Ah tiens, tu vas être une montagne.
06:17J'ai été souvent Dieu.
06:18À présent, mon fils, tu peux rentrer à la maison.
06:25J'étais très souvent le Père Noël.
06:27Alors ça, celui-là, c'est le plus amusant qu'il y ait.
06:30C'est le Père Noël.
06:31Voilà.
06:31Et ça, je le fais depuis tout petit.
06:33Enfin, depuis que j'étais...
06:35Depuis que j'ai 25 ans, on m'a toujours demandé pour faire des Pères Noël.
06:40Bon, je suis vraiment désolé, mais tu vas devoir t'amuser avec chacun d'entre eux.
06:44C'est le seul moyen de les connaître.
06:47À chaque fois que je fais une convention manga, etc., etc.,
06:50il y a toujours quelqu'un dans le public qui dit
06:53« Et le Grenier, etc., etc. »
06:55parce que ça remonte quand même aux années 2000.
06:59C'est fou ce que ça a marqué.
07:02Et c'est très drôle.
07:03Mais moi, je ne m'en souviens plus.
07:04J'ai juste mon vieil ami qui est là, Jean-Louis.
07:07Pas vrai, Jean-Louis ?
07:08Grenier, j'ai quelque chose à t'avouer.
07:12Je ne m'appelle pas vraiment Jean-Louis.
07:15En réalité, je suis l'esprit de Noël qui réchauffe les cœurs et les pieds.
07:19Est-ce que vous avez aussi fait Le Tigre de Frosty ?
07:22Ah bah oui, mais ça, en publicité, oui.
07:24Alors, Le Tigre de Frosty, c'était très drôle
07:26parce que le comédien que l'on voyait à l'image, comédien américain,
07:30n'était autre que le fils de Morgan Freeman.
07:32Et je me suis trouvé à prêter à son fils la voix qu'à son père, en fait.
07:38Où ça, des Frosty ?
07:39Mais Tony, Le Tigre est déjà en toi.
07:41C'est même toi, Le Tigre.
07:46Je crois que c'est le Zingalo avec toute l'équipe de Walt Disney.
07:50On avait fait 70 épisodes.
07:52À l'époque, Walt Disney laissait libre cours aux adaptateurs français.
07:56Et la jeune femme qui avait écrit les textes s'était amusée.
08:01Et nous, on hurlait de rire en permanence tellement c'était drôle.
08:04C'était plein de jeux de mots et ça allait très bien avec la situation.
08:08Ça, c'était du bonheur.
08:09Oh, t'as un joli petit coffre.
08:10Pas les pattes, c'est à moi.
08:12Relax, petit bonhomme.
08:14Je voulais juste admirer.
08:15Bon, adieu, terreur, sayonara.
08:18Le Zingalo, qui ne sort jamais d'ailleurs, on ne le voit jamais à la télévision.
08:23C'est comme les gargoyes que j'ai fait aussi, qui me sont très souvent demandés.
08:29Très, très joli dessin animé.
08:31C'était un âge de ténèbres.
08:33C'était un monde de peur.
08:35C'était le temps des gargouilles.
08:40Un conseil qu'on m'a donné en doublage et qui m'a marqué,
08:44écoute, regarde et écoute.
08:46C'est en regardant les copains travailler, écouter, c'est qu'on avance.
08:49Parce que je vois des jeunes comédiens qui arrivent quelquefois,
08:52je ne sais pas ce qu'ils y sont,
08:54et tout de suite, ils se lancent sur la réplique, etc.
08:56On regarde d'abord comment les autres abordent le travail.
09:00Tranquillité, doucement, il y a une certaine maîtrise, un recul.
09:04Voilà, pas trop se précipiter tout de suite.
09:06C'est la patience aussi.
09:08Apprendre ce métier, pour l'apprendre bien, il faut être patient.
09:12Et je crois que ceux qui sont mordus,
09:14vraiment, d'ailleurs, on les retrouve de plus en plus dans les studios,
09:17ce sont ceux qui ont fait ce combat parfait avec l'humilité et la patience.
09:21Parce qu'on pourra toujours dire aux comédiens, formidables, là, je suis génial.
09:25Non, vous êtes bien avec le rôle que vous jouez.
09:27Ça ne veut pas dire que vous, en tant que comédien,
09:29vous puissiez jouer tous les rôles du répertoire.
09:32Ce n'est pas vrai, il faut rester un petit peu en retrait.
09:36Moi, je pense que c'est un honneur, bien sûr, de doubler un grand comédien
09:41ou une grande comédienne, mais on n'est pas là pour les dominer.
09:45On est là pour les servir. On est à leur disposition.
09:48On est là pour apporter aux spectateurs français
09:51tout ce que cet acteur américain et le réalisateur, bien sûr,
09:54et l'auteur américain ont mis dans le scénario.
09:57Ce n'est pas pour dire, moi, mon jugement par rapport au personnage,
10:00je ne suis pas comme ça, je l'aurais joué.
10:02Non, il l'a joué comme ça.
10:04Tu dois le jouer comme lui.
10:06Il arrive quelquefois que dans des séries télévisées
10:08qui ne sont pas toujours fameuses,
10:10on se permette d'apporter quelques petits éléments de correction.
10:17Alors, l'intelligence artificielle,
10:20dans tout ce qui concerne la recherche scientifique, la médecine,
10:24magnifique, bien évidemment,
10:26ça n'arrive pas depuis...
10:27Elle n'est pas présente depuis hier, cette intelligence.
10:29On s'en sert depuis des années et des années.
10:31Petite anecdote, dans les années 1967,
10:36l'ORTF, qui est devenu après Radio France,
10:39on nous a fait écouter une voix de robot.
10:41Et c'était une voix qui parlait comme ça.
10:45J'ai dit bon, ça ne marchera jamais.
10:48Et l'ingénieur du son qui avait collaboré à cette création nous dit
10:52attention, vous allez voir, ça arrivera un jour.
10:56Ça a mis 30 ans, 40 ans, mais maintenant, c'est là.
10:58Et effectivement, il y a des voix artificielles
11:00dans certaines maisons de production qui commencent à se servir.
11:03Mais ce sont des voix qui manquent d'émotion, qui manquent de chaleur.
11:07Tout ce qu'un comédien en chair et en os peut apporter dans son interprétation.
11:11Alors, il y a un vol, bien sûr, parce qu'on nous prend nos phonèmes,
11:14on prend nos intonations, on prend nos rythmes.
11:16C'est un vol, tout simplement, comme ils volent les peintres,
11:19comme ils volent les auteurs.
11:23Ils prennent le scénario qu'un auteur a esquissé,
11:26ils rajoutent deux, trois trucs différents,
11:28ils mettent ça dans l'ordinateur et on vous sort un roman de gare.
11:31C'est aussi du vol.
11:33Et là, il devrait y avoir et il va y avoir certainement
11:36une législation au niveau de l'Europe pour faire en sorte qu'il y ait un droit
11:41d'utilisation de toutes nos capacités, de tous les talents des uns et des autres.
11:47Merci, esprit de Noël.
11:49De rien, et joyeux Noël.
11:52Ho ho ho ho !
11:53Esprit de Noël !
11:56C'était pas une chaussette ?
11:58La plus magique des chaussettes.
12:01Joyeux Noël, motherfuckers !
12:03Hé hé hé hé hé !

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