Laure Adler signe un livre hommage à son amie Agnès Varda, édité aux éditions Gallimard. Elle est l'invitée de Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mardi-05-decembre-2023-5016753
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00:00 Et Léa, ce matin, vous recevez une voix bien connue de nos auditeurs.
00:03 Bonjour Laure Adler !
00:04 Bonjour Léa !
00:05 Merci d'être avec nous ce matin.
00:06 D'ailleurs, comment se passe votre cure de désintoxication radiophonique depuis juin
00:10 dernier ?
00:11 Pas trop mal, mais la période est difficile parce que je suis en plein examen.
00:14 Vous savez, c'est les examens dans les universités.
00:17 Ah oui, c'est vrai que vous avez repris vos études.
00:18 Le premier semestre, ça change.
00:19 Ah oui, j'ai eu un petit moment de flottement.
00:23 Vous avez repris vos études de théologie ?
00:25 Oui, et de philosophie.
00:26 Et alors ? Vous lisez la Bible tous les jours ?
00:29 Oui, j'attends la sanction de mes professeurs.
00:31 Et vous allez passer les examens là ?
00:32 Oui.
00:33 Vous nous direz si vous avez réussi ou pas.
00:36 Laure Adler, si vous étiez un film et si vous étiez une drogue, vous seriez quoi ?
00:40 "Wanda" de Barbara Loden, un film en noir et blanc de 1970, réalisé par Barbara Loden
00:48 qui était une actrice qui aurait dû avoir une carrière à la Marilyn Monroe, qui a
00:53 été la compagne et l'épouse d'Elia Kazan et qui a réalisé le rêve de sa vie en faisant
00:58 ce film absolument bouleversant qui raconte l'histoire d'une femme dans une ville très
01:04 paupérisée des Etats-Unis qui quitte son domicile familial, ses deux enfants, pour
01:11 aller tenter de conquérir sa propre liberté au péril de sa propre santé mentale et psychique.
01:19 La liberté, on va y revenir dans un instant.
01:21 Et une drogue ?
01:22 La mienne, c'est l'insomnie.
01:25 Malheureusement ou heureusement ?
01:28 Ça dépend des nuits.
01:30 Je sais bien.
01:31 Agnès Varda disait "si on ouvrait les gens, on trouverait des paysages".
01:35 Moi, disait-elle, si on ouvrait, on trouverait des plages.
01:38 Et vous, Laure Adler, si on vous ouvrait, on trouverait quoi ?
01:41 Des plages aussi.
01:43 Les plages de mon enfance en Afrique.
01:45 Cinéaste, photographe, pleinement artiste, immense artiste, Agnès Varda est au cœur
01:50 du livre que vous venez de publier chez Gallimard, décédée il y a 4 ans, elle continue d'inspirer
01:54 des générations, on l'imite, on la copie, vous racontez des jeunes coréennes qui se
01:58 coiffent comme elle, avec le bout des cheveux en violet, qui s'habillent comme elle.
02:02 Il y a un culte Varda de San Francisco à Tokyo, partout dans les universités.
02:06 Et pourtant, on est stupéfait de voir que votre livre, cette biographie d'Agnès Varda,
02:12 est la première.
02:13 Il n'y en avait pas eu avant.
02:14 Il n'y en a pas eu avant pour une raison, je crois, très simple, c'est qu'Agnès
02:18 Varda voulait créer sa propre légende et elle avait écrit sa propre autobiographie.
02:23 Elle ne souhaitait peut-être pas qu'on puisse écrire sur elle.
02:28 Et puis le temps est peut-être venu et surtout la fille d'Agnès Varda, Rosalie Varda,
02:34 qui s'occupe du patrimoine qu'a laissé sa mère, m'a permis d'accéder à des
02:40 archives totalement inédites et qui permettent de reconstituer la force de caractère, la
02:47 force artistique de cette personne hors norme, qui à mon avis est une personnalité incontournable
02:53 du XXe et du XXIe siècle.
02:55 Oui, c'est ce que vous dites.
02:56 D'ailleurs au début des plages d'Agnès, elle se présente comme une vieille dame rondouillarde
03:00 et bavarde, ce qui la rend sympa, mais elle était bien plus que ça.
03:03 C'était, comme vous dites, une force de caractère.
03:05 Elle savait où elle allait, elle savait ce qu'elle voulait et elle a été marginalisée.
03:10 Vous dites dès le début qu'on a relégué Agnès Varda, son rôle dans la nouvelle vague,
03:13 à la seconde place alors que selon vous, elle est la fondatrice de ce mouvement.
03:17 Et vous dites dès le début, dans le livre, bien plus d'ailleurs que Truffaut ou Godard,
03:22 on a beaucoup pleuré à la mort et sur la mort de Godard, pas assez sans doute sur celle
03:25 de Varda.
03:26 Le premier était considéré comme le théoricien de la nouvelle vague, le penseur du cinéma
03:30 et peut-être de sa fin.
03:31 Et Agnès, juste comme une bonne cinéaste.
03:33 Et c'est faux.
03:34 Je trouve que c'est faux, mais les historiens du cinéma le diront plus tard.
03:39 Et ce mouvement Varda qui s'opère grâce à cette merveilleuse rétrospective à la
03:44 Cinémathèque et grâce à toutes ses publications et à ses DVD.
03:48 Maintenant, on peut voir Varda sur Netflix tous les soirs si on veut.
03:52 Et il y a plein de jeunes qui découvrent la force poétique et politique d'Agnès Varda.
03:58 Et pour vous, elle a été la théoricienne de la nouvelle vague avant Godard et Truffaut.
04:01 Oui, elle a été en même temps.
04:02 Et ils l'ont un peu pompée.
04:03 Ils l'ont placardisée, oui.
04:06 Mais ça, c'est le mouvement habituel que font les hommes puissants par rapport aux
04:11 femmes qui peuvent les perturber.
04:13 Ce qui est assez extraordinaire dans l'histoire d'Agnès Varda, c'est qu'elle est devenue
04:18 cinéaste sans savoir ce que voulait dire faire du cinéma.
04:22 Elle était auparavant photographe sans savoir ce que ça voulait dire faire de la photographie.
04:27 Elle a terminé le dernier tiers de sa vie en étant artiste plasticienne exposée dans
04:32 les plus grandes galeries et dans les plus grands musées du monde entier sans savoir
04:36 ce que c'était être artiste.
04:37 Donc, elle est théoricienne et en même temps matérialiste.
04:41 Elle apprend au moment où elle fait.
04:43 Mais elle est la théoricienne de la nouvelle vague.
04:45 Et d'ailleurs, celui qui a écrit les plus beaux articles sur Agnès Varda quand elle
04:51 a commencé à faire son œuvre par des courts métrages, c'est Godard.
04:53 C'est Godard lui-même qui l'avait repéré.
04:55 Elle a souffert de voir son rôle marginalisé dans la mythologie historique de la nouvelle
05:00 vague ?
05:01 Oui, oui.
05:02 Moi, je suis tellement vieille que j'ai la chance de me souvenir d'un moment béni
05:05 où Jacques Demy habitait en face de chez Agnès Varda rue Daguerre et où nous, les
05:11 journalistes, nous étions ivres d'admiration de Jacques Demy, de son œuvre poétique,
05:17 de son œuvre onirique, de cet univers qu'il nous proposait d'illusions, de comédie
05:23 musicale, etc.
05:24 On vouait un culte à Jacques Demy.
05:27 On allait le voir et il y avait Agnès qui arrivait, qui frappait à la porte et qui
05:31 disait « et alors moi ? Et moi, je n'existe pas ? Vous ne venez pas me voir ? Venez, je
05:35 vous offre un café, j'ai des choses à vous raconter ». Donc, il y a eu des moments
05:39 difficiles mais aujourd'hui, les deux se retrouvent, je trouve, à l'intérieur
05:44 du panthéon d'un certain cinéma, non pas seulement français mais vraiment international
05:49 et avec une jeunesse qui redécouvre cette œuvre.
05:52 Les mots et la voix d'Agnès Varda à votre micro, Laura Adler.
05:55 Tu te souviens dans « Les plages d'Agnès », une séquence dont je suis très fière,
05:59 comme on avait du sable devant la maison, on avait installé tous les prix sur le sable,
06:03 les Césars, les palmes, les lions d'or, les machins comme ça, comme ça, comme ça.
06:08 Et puis après, on a pris une machine, on a fait une tempête énorme, tempête artificielle
06:13 et le sable a tout recouvert.
06:14 Voilà, c'est quand même vanité des vanités.
06:18 Il faut que cet aspect-là de nos vies s'efface, c'est vain.
06:22 Ça fait plaisir quand on est vivant mais c'est vain.
06:24 C'est plus important d'essayer de faire des films que les gens retiennent ou qui s'inscrivent
06:29 dans leur petite banque de données d'imaginaire.
06:32 Au fond, je réfléchissais, je me disais, c'est peut-être ambitieux ce que je dis,
06:37 mais ce n'est pas tellement d'avoir du succès mais de faire des films inoubliables.
06:41 Voilà, des films inoubliables, elle en a fait.
06:45 Au cœur de la vie d'Agnès Varda, il y a l'amour.
06:47 C'est ce qu'on lit, ce qu'on découvre dans votre biographie parce que sa fille,
06:50 Rosalie Varda, vous a autorisé à voir des archives inédites, des photos, des écrits
06:55 d'Agnès Varda qu'elle cachait dans cette maison de la rue Daguerre qui est mythique.
06:58 Vous dites qu'elle était une amoureuse de l'amour à la manière des surréalistes,
07:03 qu'elle était pour l'amour fou, l'amour absolu.
07:06 Et dans ces archives, vous avez découvert des choses que moi, je ne savais pas.
07:11 Sa romance avec Alain Resnais, par exemple, au début, avant Jacques Demy, dans les années
07:15 50, il y a des photos d'eux où ils ont l'air très amoureux.
07:18 Ils sont très amoureux et c'est vrai qu'Agnès Varda photographie Alain Resnais
07:23 d'une manière assez étonnante et bouleversante.
07:26 Les photos sont dans le livre.
07:29 L'amour, effectivement, je pense, occupe une place cardinale à l'intérieur d'Agnès
07:33 Varda.
07:34 Mais ce que j'ai découvert, c'est qu'avant Alain Resnais, c'est qu'elle a vécu avec
07:41 une grande artiste qui a été très importante, je crois, dans sa détermination artistique.
07:48 Elle s'appelait Valentine Schlegel.
07:50 Elle est aujourd'hui beaucoup trop méconnue aussi dans l'histoire des femmes artistes.
07:54 Une grande sculptrice, une grande décoratrice d'intérieur.
07:59 Elle rencontre enfant à 7 ans et avec qui elle va monter à Paris, avec qui elle va
08:05 avoir une vie amoureuse et une vie de découverte aussi.
08:08 Ça va durer combien de temps ? Je dirais toute la vie.
08:12 C'est-à-dire que les hommes vont s'inscrire à l'intérieur de cet amour fou qui va relier
08:17 Agnès à Valentine.
08:18 Et c'est Valentine qui va dire à Agnès « Ecoute, tu dis que tu prends des photos parce qu'on
08:23 est en vacances et que ces photos c'est une sorte de hobby, mais tes photos sont extraordinaires,
08:29 il faut que tu continues ». Et c'est elle qui petit à petit va lui donner l'amour.
08:33 Pourquoi on ne connaissait pas ? Pourquoi on n'a pas su cette histoire capitale, qui
08:37 est cruciale dans la vie d'Agnès Varda, cet amour homosexuel, alors qu'on a tant
08:41 parlé de la bisexualité de Jacques Demy ?
08:44 Elle ne s'en est pas du tout cachée, mais elle n'en a plus du tout parlé.
08:48 À partir du moment où elle a rencontré Jacques Demy, une autre histoire a commencé,
08:54 qui perdure encore aujourd'hui, là où ils sont, puisqu'ils sont côte à côte,
08:58 juste à côté de chez eux de la rue Daguerre, puisqu'ils reposent au cimetière Montparnasse.
09:02 Et là, Agnès a voulu jusqu'au bout sauvegarder cet amour en lui donnant une connotation d'éternité.
09:11 Et je pense qu'elle a eu raison d'une certaine façon.
09:14 Elle n'a pas voulu cacher, elle s'est dit « peut-être qu'il y aura des gens qui
09:19 viendront après ma mort ».
09:20 - « Peut-être qu'il y aura des gens qui viendront à me faire fouiller dans mes archives
09:23 ».
09:24 - Non, mais je trouve que pour les jeunes générations, que les jeunes générations
09:27 sachent qu'Agnès a vécu avec Valentine dans un foyer laboratoire artistique où tous
09:34 les jeunes pouvaient venir, où ils avaient la possibilité de travailler, où elle s'est
09:39 engagée à découvert, si j'ose dire, je trouve que c'est une grande leçon pour
09:43 nous de tolérance et d'inspiration.
09:46 - Les photos avec Jacques Demy sont magnifiques dans le livre.
09:48 On les voit vieillir ensemble au fil des années jusqu'à la mort de Jacques en 1990 du sida.
09:53 Les dernières années quand il court.
09:55 - Ce que Agnès n'a jamais dit, sauf à la fin.
09:58 - Ça, ça fait partie aussi des secrets.
10:00 Comment vous expliquez ça ? Parce que vous racontez combien elle a été là pour lui
10:03 les dernières années, combien elle lui était prostrée à l'annonce de sa maladie du sida
10:08 et qu'elle le poussait.
10:09 Elle lui disait "écris, écris ta vie, continue à travailler", etc.
10:12 Elle a été là jusqu'au bout.
10:13 C'est pourquoi...
10:14 - Et elle a fait "Jacques O'Denont" qui restitue toute l'histoire de l'enfance de Jacques Demy.
10:19 - Mais pourquoi, pourquoi elle a caché jusqu'au bout le sida ?
10:22 - Des amis bien informés, mais je ne l'ai pas tenu ni des archives, ni de la bouche
10:28 d'Agnès Varda, ni de celle de Rosalie.
10:31 Donc je ne l'ai pas écrit parce que quelqu'un qui écrit doit s'en tenir aux sources, me
10:36 disent que Jacques souhaitait le faire connaître, mais Agnès non.
10:40 - Et pourquoi, à votre avis, Wauquiez avait tellement bossé sur cette femme ?
10:43 - Elle a conçu de sa propre vie une sorte de statut, de légende d'une femme qui est
10:52 partie de rien, qui a cru en son destin, en sa force et sa puissance artistique, qui ne
10:59 devait rien à personne et qui a voulu préserver son amour dans sa propre intimité.
11:06 Peut-être qu'elle a eu raison finalement de garder cet amour, la réciprocité de cet
11:14 amour.
11:15 Les mains, la main de Jacques sur la plage dans l'île où ils habitaient, qui est un
11:22 des derniers plans de Jaco de Nantes, est tellement bouleversante qu'il n'y a peut-être
11:27 pas à commenter un amour.
11:31 Vous savez, Michel Foucault, quand il est mort, nous, ses étudiants, on savait, on
11:37 était nombreux à savoir qu'il était atteint du sida.
11:41 Mais son exécuteur testamentaire, son compagnon, n'a pas souhaité le dire.
11:46 Auparavant, moi j'ai eu comme professeur à l'université Jean-Paul Aron, qui a été
11:51 le premier à vouloir dire, dans l'Observateur où il écrivait, qu'il avait le sida parce
11:57 qu'il était un militant de la vérité.
11:59 Mais que les gens qui sont exposés à des morts si difficiles, dans un contexte, à
12:06 l'époque politique, si compliqué, moi je comprends qu'on veuille préserver son amour
12:11 dans l'intimité.
12:12 Entre vous, Laura Adler et Agnès Varda, il y a une autre femme.
12:14 Une autre femme que vous avez toutes les deux aimées et admirées.
12:18 * Extrait de la chanson "Signalement" de Jane Birkin *
12:39 Moi ça me fait des frissons d'entendre la voix de Jane Birkin.
12:43 * Le livre est dédicacé à Jane Birkin.
12:48 Elle vous manque ? * Beaucoup.
12:50 Beaucoup.
12:51 * Elle manque à l'époque.
12:53 * Elle manque pour son courage, pour sa sincérité, pour sa manière d'avancer dans le monde
12:59 sans compromission, pour ses engagements politiques, pour sa transparence, pour l'inspiration
13:06 qu'elle nous donnait.
13:07 Et ces deux femmes, quand elles ont travaillé ensemble, elles se sont piquées d'une vérité
13:12 réciproque et elles ont avancé aussi ensemble grâce à leur courage respectif qui leur
13:17 a donné à toutes les deux un autre courage plus collectif dont nous devrions nous inspirer
13:22 aujourd'hui.
13:23 * Le film s'appelle "Jane Bee" par Agnès Varda.
13:24 Et effectivement c'est une œuvre de vérité sur la femme, sur la vieillesse, sur le temps
13:29 qui passe, sur l'amour, sur les hommes et la manière dont Agnès Varda va chercher
13:32 la vérité chez Jane Bee et exprime sa propre vérité dans ce film.
13:36 * Oui.
13:37 Et en plus, Jane, qui a été quand même une icône de beaucoup de cinéastes et pas
13:41 des moindres, a eu le courage de faire du cinéma parce que Agnès Varda, à la suite
13:47 de ce film, l'a incitée à passer derrière la caméra.
13:50 C'est ça qui est important dans l'héritage que nous donne Varda.
13:53 Elle nous donne envie de croire en nous-mêmes.
13:55 * Laure Adler, elle aurait dit, Agnès Varda, comme vous à la Tête de Libération l'an
14:00 dernier, "je suis vieille et je vous emmerde".
14:01 * Elle aimait beaucoup vieillir.
14:03 Elle a été très courageuse face à la mort.
14:06 Elle savait qu'elle était atteinte d'un cancer qui ne pourrait plus guérir.
14:10 Elle a travaillé jusqu'au dernier souffle.
14:15 Et elle s'est endormie.
14:16 * Et elle a dit à ses enfants "faites ce que vous avez à faire".
14:19 * Et ses enfants ont préparé l'enterrement le plus rock, le plus sexy que je n'ai jamais
14:26 vu.
14:27 Donc, elle a réussi sa mort et elle a réussi son enterrement.
14:30 Chapeau Agnès !
14:31 * Question de fin, les impromptus, vous répondez sans trop réfléchir.
14:34 A 73 ans, vous êtes devenue tiktokkeuse, chère Laure.
14:37 Vous dites que vous êtes la plus vieille influenceuse du PAF.
14:39 Alors, comme influenceuse, faites-nous des recommandations, c'est Noël.
14:43 Quel livre il faut acheter ?
14:44 * "Neige, Cineau, Triste Tigre".
14:46 * Quel film il faut absolument voir au cinéma ?
14:48 * "Déménagement" d'un cinéaste japonais dont j'ai oublié le nom.
14:58 Mais quand même, Justine Trié, quand même, chef d'œuvre.
15:01 * "Anatomie d'une chute", si on ne l'a pas vue, il faudrait voir.
15:04 Il faut se rattraper vite.
15:05 * Qu'est-ce qui continue de vous révolter, Laure Adler ?
15:08 * Ce qui se passe en ce moment.
15:09 * De tous côtés ?
15:11 * Oui.
15:12 Heureusement, il y a des Républicains, j'en ai encore entendu un ce matin chez vous.
15:17 * La qualité que vous aimez le plus chez une femme ?
15:19 * Son courage.
15:22 * Chez un homme ?
15:23 * Sa timidité.
15:26 * Marcel Proust ou Oscar Wilde ?
15:29 * Marcel ! Pour toujours, à jamais !
15:31 * Et encore, plus difficile.
15:33 * Marguerite Duras ou Virginie Despentes ?
15:35 * Les deux.
15:36 Parce que l'une est l'arrière-petite-fille de l'autre.
15:39 * Isabelle Adjani ou Isabelle Huppert ?
15:40 * Je les aime toutes les deux.
15:42 * Ah non, faut choisir !
15:43 * J'ai manifesté avec Isabelle Adjani pour la paix.
15:47 J'attends de manifester avec Isabelle Huppert pour la paix.
15:51 * Aurel San ou Booba ?
15:52 * Aurel San.
15:53 * Gérard Depardieu ou Patrick Deveur ?
15:55 * Au risque d'avoir toutes les féministes qui vont vous insulter, mais je suis féministe
16:02 aussi.
16:03 Gérard Depardieu.
16:04 * Ah, c'est Varda qui a découvert Depardieu.
16:09 * C'est Varda.
16:10 Et je peux vous dire, si vous êtes gentil avec moi, je vous montrerai le court-métrage
16:15 qu'a fait Gérard Depardieu avec Agnès Varda.
16:18 Plus beau que lui, plus intense, plus romantique.
16:21 Je ne connais pas.
16:22 * Je vais être gentille avec vous.
16:23 * Avouez une mauvaise pensée, Laura Delaire.
16:26 * Tout le temps.
16:27 * Avouez-en.
16:28 * Une mauvaise pensée, une seule.
16:32 Un truc très moche que vous avez pensé ce matin.
16:35 Allez.
16:36 * Que l'extrême droite se casse la gueule le plus rapidement possible avant les élections.
16:40 * La mort, vous y pensez ?
16:41 * Tout le temps.
16:42 * La dernière chose qui vous a émue ?
16:44 * C'est de voir un tableau de Nicolas Destal à l'exposition qui a eu lieu en ce moment
16:53 au musée d'art moderne de la ville de Paris qui s'appelle « Agrigente ». Et qui est
16:57 un tableau de la Renaissance avant la chute de Nicolas Destal.
17:01 * Pour terminer la question, Jacques Chancel,
17:03 et Dieu dans tout ça ?
17:04 * Je crois qu'il n'existe pas mais il faut s'y préparer.
17:10 C'est très difficile.
17:11 C'est pour ça que je fais de la théologie.
17:12 Le doute entretient l'absence d'espoir.
17:15 Et là, ça rend un peu plus vivables les choses.
17:19 * Agnès V par Laura.
17:20 Agnès Varda par Laura Delaire.
17:22 Nouveau livre qui sort chez Gallimard.
17:24 * Merci Laura S.
17:25 * Les textes et les photos.
17:26 * Merci à vous.
17:27 Vous m'avez fait voyager hier.
17:30 Ça faisait du bien dans le contexte.
17:32 Très belle journée à vous.