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Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.

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00:00 -Bonjour Bruno Follinier, vous êtes fonctionnaire en activité et auteur également.
00:05 Pour votre dernier ouvrage, vous vous êtes intéressé à ce que vous appelez le génie humain, c'est-à-dire ?
00:10 -Le génie, bien sûr c'est l'intelligence, mais c'est aussi le travail des ingénieurs et de leurs petits cousins, les inventeurs.
00:16 C'est-à-dire tous ces gens qui parfois chez eux, dans un atelier, dans un garage, bricolent, tentent, construisent des prototypes
00:23 et parfois ont des idées vraiment géniales qui changent complètement notre vie.
00:26 -Oui mais sinon il y a beaucoup plus d'inventeurs que de ceux qui arrivent à trouver.
00:30 -Il y en a qui tâtonnent, mais vous savez...
00:33 -Enfin c'est comme ça que ça commence.
00:34 -C'est comme ça que ça commence, il faut essayer et vous savez, les gens ont imaginé des appareils volants bien avant de pouvoir disposer des moteurs
00:41 qui permettaient effectivement de décoller.
00:43 -Alors le livre est très documenté, comment vous avez fait pour récupérer toutes ces archives ?
00:47 -Ça, ça a été la bonne surprise, c'est qu'il existe en France un organisme qui s'appelle l'Institut National de la Propriété Industrielle, l'INPI,
00:55 pour les intimes, c'est auprès de cet organisme que vous déposez un brevet et donc non seulement ils enregistrent,
01:01 mais ils conservent les brevets et ils conservent tous les brevets déposés en France depuis la Révolution Française,
01:07 depuis 1791 très précisément, la loi qui crée le brevet d'invention.
01:12 Non seulement ils les conservent, mais ils conservent les originaux, c'est-à-dire que suite à une première demande,
01:17 j'ai découvert ce gisement incroyable de documents historiques, pour la plupart inédits,
01:22 et donc j'ai pu déployer, grand comme la table qui est devant nous, des plans, des documents magnifiques.
01:29 -Oui c'est ça, et il y a des dessins incroyables aussi.
01:31 -Oui, c'est-à-dire que ce livre est construit comme un livre d'art, simplement au lieu de présenter des tableaux ou des œuvres de dessinateurs,
01:37 ce sont les œuvres de ces inventeurs qui sont à leur manière des artistes.
01:41 C'est-à-dire qu'au-delà de la dimension technique, surtout au 18e siècle, au 19e siècle, on mettait en scène son invention,
01:48 donc on la dessinait ou on la faisait dessiner par quelqu'un qui avait le talent de faire vraiment une œuvre,
01:53 et puis quand arrive la photo, alors là nos inventeurs posent fièrement devant leur engin,
01:58 et donc on voit des barbus avec un air très austère devant des choses un peu étranges,
02:03 donc on se demande si ça roule, si ça décolle, si ça va sous l'eau, mais c'est un gisement extraordinaire, un vrai grignot.
02:09 -Et les premières images de cinéma, on voit des choses très étonnantes parce qu'ils ratent souvent,
02:14 et là il y a des choses assez drôles.
02:16 -Il y a des choses assez drôles, il y a des inventions très bizarres, par exemple quand on commence à s'élever dans les airs,
02:22 bon avec des ballons, il y a un bonhomme qui se dit "bon, si je combine deux ballons au lieu d'un, je peux fabriquer un aérostat en forme d'aigle",
02:30 et comme on est sous le second empire, c'est l'emblème du régime, donc voilà, on peut voler suspendu à un aigle,
02:37 et pour se diriger, il a même imaginé une hélice tricolore, donc lorsqu'elle tourne, ça fait une cocarde, c'est assez génial dans sa simplicité.
02:44 On a des aérostats en forme de baleine, on a des appareils qui font de vous une sorte de papillon, alors il faut vous épuscler des bras, je suis pas sûr que ça décolle.
02:53 Il y a eu toutes sortes d'essais comme ça bizarre, et puis lorsque commence au milieu du 19ème siècle les bains de mer,
03:00 nos arrières-grands-parents avaient la terreur de l'eau de mer, se baigner dans la mer quand même, alors on leur dit "oui mais c'est bon pour la santé",
03:07 et on a imaginé des petites cabines sur roulettes qu'on amenait sur la plage, et donc on pompait de l'eau de mer pour que vous puissiez vous baigner sur la plage,
03:14 sans vous tremper dans la mer qui était à quelques mètres.
03:16 – Avec des tenues adéquates aussi.
03:18 – Avec des tenues adéquates, parce qu'évidemment vous n'allez pas vous montrer dénudés devant tout le monde,
03:21 donc en plus ces petites cabines se refermaient complètement, donc vous étiez totalement isolé dans votre petit mètre cube d'eau de mer.
03:27 – Il paraît que vous avez eu l'idée de ce livre grâce à un inventeur plutôt étonnant, c'est qui ?
03:32 – Oui, il est très connu pour autre chose, c'est Henri-Désiré Landru, le fameux tueur en série, avant de devenir le Landru que nous connaissons.
03:40 – Le vrai Landru ?
03:41 – Eh oui, c'était un vrai bricoleur, un grand mécanicien, et il avait eu l'idée, lui qui faisait du vélo, de motoriser un vélo,
03:48 et donc il a inventé l'une des toutes premières motocyclettes, et donc j'ai voulu savoir si c'était vrai cette histoire, et si le brevet existait,
03:55 et en moins de 48 heures, les archivistes de l'INPI m'ont sorti ce brevet, avec un très beau dessin, il est reproduit dans le livre, avec un joli texte,
04:04 ce qui fait de notre tueur en série finalement l'apôtre des mobilités douces.
04:08 – Est-ce que vous avez repéré des, je ne sais pas moi, des visionnaires lors de vos recherches, et ça s'est réalisé, mais beaucoup plus tard ?
04:19 – Oui, beaucoup de brevets, c'est pour ça qu'ils sont inédits, des brevets qui ont été déposés, qui n'ont pas forcément été développés.
04:24 Par exemple, un certain Scott de Martinville, vraiment très peu connu du grand public, c'est quelqu'un qui a vécu il y a 150 ans, sous le second empire.
04:33 Alors lui, il poursuivait une lubie, il voulait inventer une écriture universelle, valable pour tous les peuples, dans toutes les langues.
04:40 Et donc ça ne peut être fondé que sur le son, sur la phonétique, et donc il se dit, c'est pas grave, je vais bricoler un appareil pour enregistrer le son.
04:46 Et donc il a fait une sorte de cornet acoustique, avec à l'intérieur un crin de cheval, qui donc, évidemment, oscille quand vous parlez dans le cornet,
04:54 et le crin marque les oscillations du son sur un ruban qui tourne et qui est enduit dessus.
05:00 Et bien c'est la première bande-son de l'histoire.
05:02 – Quelle année, vous dites ?
05:04 – Elle date de 1857, en 2018 elle a été numérisée, et on entend cet homme du 19ème siècle chanter une chansonnette.
05:12 Ça craque un peu, évidemment, mais ça marche.
05:15 Et donc avec ce procédé, c'est vertigineux, parce que c'est tellement simple comme procédé qu'on se dit,
05:19 mais au fond, on aurait pu avoir la voix de Jules César ou de Vercingétorix, on aurait pu inventer cet appareil bien avant.
05:25 – La voix de Napoléon, est-ce qu'il avait un accent corse ?
05:28 – Oui, oui, bien sûr.
05:30 – Elle n'a pas été utilisée à l'époque ?
05:32 – À l'époque, non, et lui-même, son objet, c'était de parvenir à cette écriture valable dans toutes les langues de la Terre.
05:38 Et c'est assez beau d'ailleurs.
05:40 C'est longtemps plus tard qu'un ingénieur américain se dit, mais il a enregistré du son,
05:44 il a enregistré du son et on va pouvoir en faire du son.
05:47 – Il n'y a pas que des engins comme ça pour voler ou pour aller sous l'eau avec le scaphandre,
05:51 il y en a certains qui ont déposé des recettes et des procédés culinaires, non ?
05:55 – Alors aujourd'hui, on n'a plus le droit de déposer une recette de cuisine, mais c'était possible dans le passé.
06:00 Et puis certains ont déposé des brevets qui ont trait à l'alimentation, par exemple un huîtrier.
06:06 Qu'est-ce que c'est qu'un huîtrier ?
06:07 C'est une sorte d'arbre artificiel dans lequel vous pouvez joliment présenter vos huîtres.
06:11 Plutôt que de les empiler sur un plat, ce n'est pas très beau, ce n'est pas très hygiénique.
06:14 – Et le gars, il a déposé ça ?
06:16 – C'est un arbre métallique avec des bras en argent, et donc vous tirez le bras vers vous
06:19 et vous avez une huître qui vous est délicatement offerte, comme cela.
06:23 Les casses-noix, tout ce qui sert à ouvrir, à triturer la nourriture, ça a donné lieu à plein de brevets.
06:29 Et par exemple, le matin, si vous êtes trop pressé pour vous faire du vrai café,
06:33 et je ne ferai pas de pub à personne, mais que vous faites du café soluble,
06:37 et bien en fait c'est une invention d'un futur écrivain, Alphonse Allais, élève en pharmacie,
06:42 qui a déposé cela en 1880.
06:44 – Il y en a plein, alors là, avec des noms connus comme ça, un inventeur,
06:49 deux, un inventeur d'une pâte alimentaire nouvelle qu'on a appelée des nouilles,
06:53 comment ils s'appelaient les deux, Rivoire et Carré ?
06:56 – Oui, tout à fait.
06:57 – Et le gars qui a inventé la biscotte, à votre avis, comment il peut s'appeler ?
07:01 – Monsieur Odebert, bien sûr, il était boulanger à Nanterre.
07:05 J'ai appris plein de choses grâce à vous.
07:07 Bruno Fulini a rédigé ce magnifique livre, ça s'appelle "Les archives des inventeurs" de 1791,
07:14 "Un au jour", c'est publié chez Grund avec l'INPI, qui vous sera beaucoup aidé si j'ai bien compris,
07:19 et ça s'appelle "Le génie humain".
07:21 Pour Noël, pas mal ça.
07:23 – C'est un très beau cadeau.
07:24 – Vous savez quoi ? Je vous le dis mais ne répétez pas,
07:27 ça vaut une émission de télévision, parce que les images existent.
07:31 – Les images existent et se prêteraient à des animations.
07:33 – C'est formidable.
07:34 – Oui, c'est très vrai.
07:35 – Si vous connaissez quelqu'un à la télé.
07:37 [Rires]
07:38 – Merci.
07:39 – Voilà, ah oui, au fait, parce qu'il reviendra, il a écrit aussi,
07:43 "L'atlas secret du renseignement", chez le même éditeur.
07:48 Vous feriez ce que c'est qu'un espion ?
07:50 À quoi ça sert ? Dans tous les pays du monde, il y a des choses qu'on ignore complètement.
07:54 Donc, à bientôt.
07:55 – Merci beaucoup.
07:56 [Musique]

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