Elisabeth Lévy : "Emmanuel Macron reste sourd à l’insécurité culturelle"

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Transcript

00:00 - Il est 8h13, Minute Lévis, sans interdit, Elisabeth Lévy, bonjour.

00:03 - Bonjour Patrick, bonjour à tous.

00:06 - La question migratoire ne cesse de s'inviter dans l'actualité européenne,

00:11 j'allais dire de la France à l'Irlande.

00:15 - À la Finlande !

00:16 - Oui, non mais à la Finlande quoi, oui.

00:18 - Oui, c'est vraiment toute l'Europe et pour paraphraser Marx,

00:22 on pourrait dire qu'un spectre hante l'Europe, celui de l'immigration massive.

00:27 C'est à la fois une obsession et un refoulé, très schématiquement je dirais,

00:31 une obsession des populaux, des peuples et un refoulé des élites,

00:35 évidemment c'est schématique.

00:36 Et elle a donné lieu depuis 40 ans, cette immigration, à un mensonge absurde,

00:41 un discours de recouvrement qui nous dit que l'immigration ne change rien,

00:45 mais que c'est une merveilleuse révolution

00:47 et que d'ailleurs ceux qui disent le contraire sont des racistes, allez comprendre.

00:50 Alors depuis 2015 et l'afflux de millions de demandeurs d'asile,

00:54 dont beaucoup ne veulent pas ou ne peuvent pas s'intégrer, s'adapter à nos mœurs,

00:58 à vrai dire les conséquences néfastes de cette immigration massive

01:02 et mal intégrée ou pas intégrée, sont devenues presque impossibles à cacher.

01:07 Alors citons la délinquance urbaine et l'insécurité,

01:10 l'islamisme et le terrorisme,

01:13 et on assiste aussi à la multiplication de faits divers comme on dit,

01:17 impliquant des étrangers illégaux ou des descendants d'immigrés,

01:21 ce qui ne veut évidemment pas dire que tous ces étrangers soient eux-mêmes des délinquants.

01:26 Je le précise.

01:28 Alors à Dublin, vous l'avez cité, un homme d'origine algérienne

01:32 a agressé cinq personnes au couteau samedi dernier,

01:34 je crois les autorités ont essayé de cacher son origine.

01:37 Ça a suscité à la fois le fait et la tentative de le cacher des expéditions punitives

01:44 et une véritable frénésie anti-migrants sur les réseaux sociaux.

01:47 On a appris que l'homme aurait dû être expulsé en 2008,

01:51 mais que finalement il a gagné après cinq années de procédure,

01:55 et il est même devenu Irlandais.

01:57 Bon, à Crépole, ça nous rappelle à nous d'autres affaires.

02:00 Alors à Crépole, vous le savez, il y a eu cette affaire de prénom

02:04 qu'on a essayé de cacher aussi.

02:06 Hier encore sur une télévision publique,

02:08 un éditorialiste expliquait que ces jeunes étaient venus à Crépole s'amuser et draguer des filles.

02:13 Oui, avec des couteaux, c'est curieux.

02:16 Alors il y a eu quelques défilés, j'ai entendu dans le journal,

02:19 dans plusieurs villes d'ultra-droite,

02:22 qui sont en réalité, au-delà des images,

02:27 des manifestations de faiblesse,

02:29 mais ça permet de faire diversion et de nous expliquer que le danger,

02:33 c'est les fachos qui représentent probablement quelques milliers de personnes aujourd'hui,

02:38 cette mouvance d'ultra-droite dans l'Hexagone.

02:40 Et là, la main des juges ne tremble pas.

02:43 Il y a eu des condamnations fermes hier.

02:45 En somme, il vaut mieux agresser un policier,

02:48 vous vous rappelez celui qui l'a traîné sur plusieurs mètres,

02:51 qui a été condamné à des travaux d'intérêt général,

02:54 donc il vaut mieux agresser un policier que défiler avec une cagoule.

02:57 Bon, le déni en tout cas alimente les amalgames et les fantasmes

03:02 et il pèse évidemment de façon injuste sur les immigrés paisibles.

03:06 Et pourtant, Patrick, malgré ce qu'on nous raconte du matin au soir

03:10 sur les fachos, l'extrême droite, l'ultra-droite,

03:12 les Français se dignent peut-être parce que beaucoup croient

03:15 encore pouvoir changer les choses par leur vote.

03:18 - Qu'est-ce que vous voulez dire ?

03:20 - Je veux dire que les mêmes causes ont des chances de produire les mêmes effets.

03:25 C'est-à-dire, rappelez-vous, il y a eu cette année la victoire de Melonia en Italie,

03:32 plus récemment celle de Gerd Wilders aux Pays-Bas

03:35 et partout en Europe de l'Est et en Europe du Nord,

03:37 on assiste à la montée en puissance de partis anti-immigration.

03:40 Certains sont d'ailleurs déjà dans les coalitions

03:43 et ils ont pesé, ils ont influencé des politiques très restrictives,

03:48 notamment au Danemark ou en Suède, alors ça joue sur plusieurs leviers,

03:52 l'examen des demandes d'asile qui se fait plutôt à l'extérieur,

03:55 les restrictions sur les aides sociales

03:57 ou tout simplement le durcissement des conditions d'entrée.

04:01 Alors il y a aussi la méthode allemande, Patrick,

04:03 et la méthode allemande, écoutez ça,

04:06 ça consiste à entendre les inquiétudes des citoyens

04:09 et à essayer d'y répondre.

04:10 Ainsi, depuis la mi-octobre, l'Allemagne a obtenu une dérogation

04:13 de l'Union Européenne pour rétablir les contrôles aux frontières

04:16 et ça aurait permis de réduire les entrées illégales de 40%,

04:20 ce qui prouve que c'est possible.

04:23 Alors Emmanuel Macron, lui, reste sourd,

04:25 semble-t-il à l'insécurité culturelle qui s'installe dans nos bêtes provinces.

04:29 Ses capteurs et ses études lui disent que l'immigration,

04:32 c'est un thème monté en sauce par des médias nauséabonds,

04:35 mais que les Français se soucient seulement de pouvoir d'achat et de retraite.

04:40 Et il est vrai d'ailleurs, cher Patrick, que sur ces fronts,

04:43 son deuxième quinquennat est une totale réussite.

04:46 - Oh là, que d'ironie !

04:48 *Musique*

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