Avec Alain Finkielkraut, philosophe, écrivain, professeur, essayiste et polémiste
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##EN_TOUTE_VERITE-2023-11-26##
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00:00 En toute vérité, chaque dimanche, entre 11h et midi, sur Sud Radio Sécurité, Économie Numérique, Immigration, Ecologie.
00:10 Pendant une heure chaque semaine, nous débattons sans tabou des grands enjeux pour la France d'aujourd'hui et de demain.
00:15 Et ce dimanche, nous avons le plaisir et l'honneur de recevoir le philosophe et écrivain Alain Finkielkraut.
00:21 Après un mois de conflit en Israël, nous ferons avec lui un premier bilan des affrontements et de ses répercussions en France et en Europe.
00:29 Mais nous reviendrons aussi sur l'attaque au couteau de Crépole et sur les émeutes de Dublin, suite là aussi à une attaque au couteau.
00:36 Tous ces événements sont-ils les différentes facettes d'un même choc des civilisations ?
00:41 Le multiculturalisme est-il générateur d'un climat de violence et de chaos ?
00:45 Les Juifs et plus largement les Occidentaux sont-ils les bouc-émissaires ?
00:49 Face à cela, nos dirigeants politiques persistent-ils dans le déni ?
00:52 Comment en sortir ? Tout de suite, les réponses d'Alain Finkielkraut, En Toute Vérité.
00:57 En Toute Vérité sur Sud Radio, Alexandre de Vécu.
01:01 Alain Finkielkraut, bonjour.
01:03 Bonjour.
01:04 Ravi de vous recevoir.
01:06 Nous allons parler durant 45 minutes des événements tragiques qui se succèdent, en particulier du conflit entre Israël et le Hamas.
01:15 Mais je voulais d'abord vous faire réagir à l'attaque au couteau, à l'expédition punitive de Crépole.
01:25 Là aussi, attaque au couteau et peut-être une forme de déni sur ce qu'est cette attaque,
01:34 qui est traitée par certains, par politiques, notamment de la majorité, comme un simple fait divers.
01:41 Et des politiques qui accusent aussi ceux qui y voient le symptôme peut-être d'une violence systémique.
01:48 Ils sont accusés de récupération.
01:52 Donc comment vous voyez les choses ?
01:55 Est-ce que cette attaque au couteau de Crépole est symptomatique de quelque chose de profond ?
01:59 Ou est-ce que c'est un simple fait divers et qu'il ne faut pas réagir ?
02:04 Bien sûr qu'il faut réagir.
02:07 Génie Bastier disait très bien vendredi dans le Figaro, pour la gauche tout est politique,
02:15 sauf ce qu'elle persiste à appeler les faits divers.
02:20 Ces faits divers sont au moins des faits de société et les attaques au couteau,
02:27 en France et visiblement aussi dans d'autres pays européens, se multiplient.
02:35 À Crépole, d'après ce que je sais, les assaillants étaient là pour tuer des Blancs.
02:45 Pour planter des Blancs, oui.
02:46 Planter des Blancs, c'est leur formulation.
02:49 Un ministre a constaté que certes ils étaient français,
02:54 mais qu'ils ne portaient pas des noms à consonance française.
02:59 Moi non plus, mais ce n'est pas tout à fait la même chose.
03:04 Nous avons bénéficié, vous et moi, de l'assimilation.
03:09 Et nous l'avons voulu, mes parents l'ont voulu.
03:13 Assimilation, moi j'emploie ce mot, comment dire, j'en fais un verbe transitif.
03:19 J'ai eu la chance de pouvoir assimiler la culture française,
03:28 et un peu aussi la culture européenne.
03:32 Car j'ai étudié dans une école encore digne de ce nom.
03:40 La situation a changé, l'intégration elle-même,
03:45 puisqu'on trouvait que le mot d'assimilation était trop brutal, trop violent, etc.
03:53 On s'est rabattu sur l'intégration, celle-ci échoue.
03:58 On parle d'inclusion, en réalité, une partie de la population immigrée
04:09 vit selon ses propres normes,
04:13 et en plus elle manifeste une hostilité grandissante au reste de la société française.
04:24 Mes parents, c'était une immigration, si vous voulez, comment dire,
04:32 une immigration, je dirais pas heureuse.
04:37 Mes grands-parents ont été portés de France, mon père aussi,
04:41 donc il y avait une certaine méfiance.
04:43 Mes parents étaient sur le qui-vive.
04:45 Mais c'était, ils croyaient quand même dans les vertus du pays d'accueil.
04:53 Aujourd'hui, c'est une immigration revancharde.
04:58 Et le ressentiment peut être poussé jusqu'à la haine, jusqu'à la violence.
05:09 Or, effectivement, une partie de la classe politique et de la classe médiatique
05:17 persiste dans le déni et les responsables politiques qui réagissent,
05:27 vous l'avez dit, sont accusés de récupération.
05:31 Marine Le Pen a eu raison, me semble-t-il, en l'occurrence, de parler de Radzia.
05:37 Le mot était bien choisi.
05:40 Mais, voilà, quelle conclusion va-t-on tirer de cette multiplication d'attaques ?
05:48 Je n'en sais rien.
05:49 On ne peut pas continuer à vivre ainsi, à prendre arc de ces réalités,
05:55 à nous partager entre le déni d'un côté et la lucidité de l'autre.
06:02 Il est temps d'agir.
06:04 Cela dit, vous êtes là, vous, pour observer, pour faire des constats.
06:10 Et vous l'avez dit, les agresseurs sont venus à cette fête pour planter des Blancs.
06:17 Donc ça révèle quelque chose qui s'apparente, ou qui est, tout simplement, du racisme anti-Blanc.
06:23 Il y a quelques semaines, on a eu une marche contre l'antisémitisme en France.
06:28 À cette occasion, j'ai envie de dire qu'un tabou est en partie tombé, celui de l'antisémitisme.
06:34 Et d'un antisémitisme qui n'a plus rien à voir avec l'extrême droite.
06:39 Est-ce que, finalement, cet antisémitisme-là et ce racisme anti-Blanc sont deux facettes d'un même problème ?
06:47 Je pense.
06:48 D'ailleurs, on le sait, ou on devrait le savoir, dans les territoires perdus de la République,
06:56 qui sont, comme l'a dit Bernard Rougier, détenus, soit conquis par l'islamisme,
07:01 les deux injures les plus fréquentes sont ça, le juif, et ça, le français.
07:05 Donc il est vrai que les français, disons, d'origine, les français catholiques, etc., ou chrétiens,
07:15 et les français d'origine juive sont dans le même bateau.
07:19 C'est un nouveau franco-judaïsme.
07:21 Le franco-judaïsme originel, celui du XIe siècle, c'était de dire
07:25 "La France, la République, accomplit les grandes promesses messianiques de la Bible."
07:31 Nous n'en sommes plus là, bien entendu, mais là, il y a une sorte de communauté de destin
07:36 qui se révèle entre les juifs et les autres français.
07:42 Il n'en reste pas moins que beaucoup refusent encore de prendre conscience de cette nouvelle réalité.
07:54 Je vais vous donner un exemple, mais je le trouve très révélateur.
07:58 Une tribune est parue, il y a quelques jours, dans le journal Le Monde,
08:03 à propos de la panthéonisation de Misak Manouchian.
08:08 Je ne sais pas si vous l'avez vu.
08:10 La tribune est intitulée "Misak Manouchian doit autrer en panthéon avec tous ses camarades."
08:17 Ce qu'on peut comprendre.
08:19 Il y avait d'autres membres de la Moïe,
08:25 et d'autres victimes qui se sont trouvées sur l'affiche rouge.
08:31 Il serait normal qu'ils entrent au panthéon.
08:34 Mais l'argumentation est très intéressante, et même accablante.
08:39 Parce que que nous dit le texte ?
08:41 Il nous dit que nous vivons un temps, des temps ô combien incertains,
08:47 où de nouvelles ombres gagnent, où xénophobie, racisme, antisémitisme,
08:52 et toutes les formes de rejet de l'autre, de l'étranger et du différent menacent.
08:57 Donc l'hommage patriotique et républicain à Manouchian tombe à pic.
09:04 Il nous rappelle que la France a toujours été faite du monde, de la diversité de son peuple,
09:10 grâce à l'apport de toutes ses communautés d'origine étrangère.
09:14 Il dit simplement "il faut élargir".
09:16 Mais ce texte est incroyable.
09:19 La France est le pays de la diversité,
09:23 et il faut le rappeler quand le racisme et l'antisémitisme montent.
09:28 Sauf que l'antisémitisme d'aujourd'hui, vous l'avez dit,
09:33 vient de la diversité.
09:35 Et que si racisme il y a, il faut compter également le racisme anti-blanc.
09:41 Donc nous sommes dans un storytelling persistant.
09:46 Et dans ce storytelling, la réalité contemporaine de l'antisémitisme et du racisme n'a pas sa place.
09:56 Et cette pétition est signée, comme on peut s'attendre, par Patrick Boucheron,
10:01 par Patrick Chamoiseau, par Edouard Plenel, par Edgar Morin,
10:07 mais aussi, hélas, par Annette Vievure-K, par Delphine Horvilleur,
10:14 et par les époux de Clarsfeld.
10:16 Alors sans doute l'ont-ils mal lu.
10:19 – Sans doute pensaient-ils que la panthénisation de Manouchan et de ses camarades est une bonne chose.
10:25 – Oui, mais ils auraient dû lire le texte.
10:30 Ce texte est absolument scandaleux.
10:33 C'est un texte intégralement plénélien.
10:36 Donc le plénélisme a encore, hélas, de beaux jours devant lui.
10:41 – Merci Alain Finkielkraut.
10:43 On continue à discuter de ce contexte dramatique après la pause,
10:48 de ce multiculturalisme qui génère la violence,
10:52 et également du conflit entre Israël et le Hamas.
10:55 On se retrouve tout de suite en "Toute Vérité" après une courte pause.
10:58 – En "Toute Vérité", 11h30 sur Sud Radio, Alexandre Desvecquiaux.
11:02 – En "Toute Vérité" sur Sud Radio, avec Alain Finkielkraut qui est notre invité.
11:08 Nous avons parlé de Crépol notamment, nous allons parler de Dublin,
11:12 du conflit entre Israël et le Hamas.
11:15 Des événements très différents Alain Finkielkraut,
11:18 qui s'inscrivent bien sûr dans des contextes particuliers,
11:21 mais qui se font écho.
11:23 On parlait tout à l'heure de Crépol.
11:25 À Dublin, on a eu également des attaques au couteau,
11:29 apparemment des attaques au couteau faites par des agresseurs d'origine immigrée,
11:34 qui ont là suscité une réaction de violence, de hooligans, racistes,
11:41 des émeutes racistes d'une certaine manière.
11:46 Mais est-ce que ce n'est pas ce qu'on doit craindre justement ?
11:49 Vous avez parlé tout à l'heure de la nécessité d'agir,
11:52 s'il n'y a pas d'action, s'il n'y a pas l'autorité de l'État.
11:55 Est-ce qu'il y a un risque pour que les populations se fassent justice elles-mêmes ?
12:02 Oui bien sûr.
12:04 Je pense que la France, comme les autres pays européens,
12:09 doit impérativement retrouver la maîtrise de ses frontières.
12:15 Il faut vraiment rompre avec le laxisme migratoire
12:20 qui nous a menés là où nous sommes.
12:23 Ce qui ne veut pas dire que tous les immigrés sont dangereux
12:27 et menacent de nous attaquer au couteau.
12:30 Cela veut dire que pour que l'assimilation ait encore une chance,
12:34 il ne faut pas qu'il soit trop nombreux.
12:37 Parce que s'ils sont trop nombreux,
12:39 et bien précisément, ceux qui sont de bonne volonté
12:43 sont contraints à s'assimiler aux plus extrémistes,
12:49 aux islamistes.
12:51 C'est cette autre assimilation qui nous menace
12:54 en l'absence d'une vraie politique migratoire.
12:59 Et on peut s'inquiéter des manifestations de violence
13:04 qui ont succédé aux attaques au couteau à Dublin.
13:09 Bien sûr, il ne faut pas le souhaiter.
13:12 Mais on ne pourra pas vivre éternellement de marches blanches, de bougies.
13:17 La population risque de réagir.
13:21 Moi, je ne reprends pas à mon compte le concept de grand remplacement,
13:27 même s'il a une certaine force.
13:29 Mais je pense que nos sociétés sont en voie de libanisation.
13:35 C'est-à-dire des replis communautaires.
13:39 Et même la communauté nationale va devenir une communauté parmi d'autres,
13:45 avec des actes de violence entre communautés.
13:49 Non seulement l'intégration échoue, mais la désintégration menace.
13:56 Voilà où nous en sommes.
13:58 - Et ça interroge sur le concept de multiculturalisme,
14:02 parce que c'est un concept qui génère quasiment systématiquement de la violence,
14:07 surtout quand les flux migratoires ne sont pas maîtrisés.
14:13 - Oui, mais la France n'a jamais choisi la voie du multiculturalisme.
14:20 On peut s'en féliciter.
14:22 - Est-ce qu'elle ne l'a pas choisie, sans le dire ?
14:24 Est-ce que ses dirigeants politiques parlent du modèle républicain,
14:27 mais n'appliquent pas une forme de multiculturalisme, sans le dire ?
14:30 - C'est difficile, parce que la politique du président de la République est erratique, pour le moins.
14:39 - C'est le "en même temps".
14:41 - Oui, c'était plutôt des sincérités successives,
14:45 Blanquer tenant d'une laïcité stricte,
14:50 remplacé par un multiculturaliste "woke", c'est-à-dire Papendiaï,
14:56 lui-même remercié au profit de Gabriel Attal,
15:00 qui veut vraiment redresser les choses à l'école,
15:03 qui interdit la baïa,
15:05 qui même nous explique qu'il faut réhabiliter le redoublement.
15:12 Donc, simplement, ce va-et-vient n'est pas très crédible.
15:20 On ne s'est pas installé dans une politique forte,
15:25 et en plus, indispensable.
15:30 Mais toujours est-il que la France n'a jamais adopté explicitement le multiculturalisme,
15:37 mais étant donné, effectivement, le nombre de nouveaux arrivants sur notre territoire,
15:43 s'installe de fait une société multiculturelle,
15:48 qui est en fait une société multiconflictuelle.
15:52 - Là encore, il faut distinguer,
15:56 parce que dans chaque société, il y a des contextes particuliers,
15:59 mais on va parler du conflit entre Israël et le Hamas,
16:03 il me semble qu'il y a des échos, si vous voulez, entre les différents événements.
16:10 Et d'ailleurs, il y a un débat sémantique en ce moment,
16:13 est-ce qu'on vit une période d'enchaumage,
16:15 une période de décivilisation,
16:17 une période de choc décivilisation ?
16:19 Est-ce que tous ces événements, malgré leurs différences,
16:22 ne sont pas différentes facettes d'un même processus,
16:27 qui est peut-être un processus conjoint, à mon avis,
16:30 de décivilisation et de choc décivilisation ?
16:33 - Oui, décivilisation, c'est le moins qu'on puisse dire.
16:38 Là encore, il y a eu tout un débat très intéressant,
16:42 parce que quand le président de la République a empris ce terme,
16:46 nombre de gens du parti des médias, et même du parti intellectuel,
16:52 se sont récriés en disant "mais ça vient de Renaud Camus",
16:57 qui a écrit d'ailleurs, en effet, un livre intitulé "Décivilisation",
17:01 où il ne parle pas d'immigration,
17:04 il parle d'une décivilisation interne même à notre société.
17:08 - C'est pour ça que tu disais qu'il y avait peut-être deux processus qui se conjugaient.
17:11 - Oui, mais alors évidemment, tout le monde...
17:13 Et dans un deuxième temps, on a dit "mais c'est pas grave,
17:16 parce que c'est pas lui qui l'a dit le premier, c'est Norbert Elias".
17:19 On en est là en France, c'est à pleurer de bêtises.
17:23 Donc oui, je ne sais pas, décivilisation, choc décivilisation,
17:30 je vois en tout cas une division, voire une fracture en France.
17:38 Et d'ailleurs, Emmanuel Macron en est le meilleur...
17:45 Comment dire...
17:49 Emmanuel Macron l'a lui-même confessé.
17:53 - À la BBC notamment, en disant qu'il ne pouvait pas aller cette marche sur l'antisémitisme,
17:58 parce qu'il ne fallait pas donner l'impression qu'il y avait deux camps en France.
18:01 - Non, c'est ça, c'est-à-dire d'un côté, c'est très intéressant,
18:04 il se félicite d'une marche, d'une France unie contre l'antisémitisme.
18:10 Et tout de suite après, il nous dit "je ne dois pas à la manifestation
18:17 parce que je veux préserver l'unité du pays".
18:20 On n'a jamais poussé aussi loin l'ardu en même temps,
18:24 mais ce n'est plus un tour de force ébouriffant, c'est un aveu terrible.
18:30 C'est-à-dire, il n'est plus notre président,
18:33 il n'est plus le président de la République française, une et indivisible,
18:39 mais le gestionnaire affairé de la mosaïque française.
18:44 Il prend acte d'une division et il dit "il ne faut pas que ça devienne une fracture".
18:49 Et pour éviter que ça ne devienne une fracture, je n'y vais pas.
18:52 Et Yacine Bellatar l'encourage dans ce sens,
18:55 parce qu'il a peur que la présence du chef de l'État à une telle marche
18:59 soit l'étincelle qui mettrait le feu aux poudres dans les banlieues,
19:05 dans les quartiers qu'on s'obstine à appeler populaires.
19:08 Donc ça veut dire vraiment qu'il y a quelque chose de très grave dans ce pays.
19:12 Et d'ailleurs, Macron l'avoue aussi lorsqu'il dit
19:17 "écoutez, l'antisémitisme c'est dangereux,
19:21 parce que c'est d'autant plus dangereux que c'est la porte ouverte à l'islamophobie".
19:25 Cette phrase est absolument incroyable,
19:29 puisque précisément l'antisémitisme est majoritairement islamiste aujourd'hui.
19:35 Donc elle n'a strictement rien à voir avec l'islamophobie.
19:38 Au contraire, la dénonciation rituelle de l'islamophobie,
19:42 c'est ce qui nous a empêchés de voir l'antisémitisme.
19:46 Beaucoup de gens ont dit et continuent à dire,
19:49 notamment Edwi Plenel, signataire de la pétition que je parlais tout à l'heure,
19:52 que l'islamophobie joue aujourd'hui le même rôle que l'antisémitisme autrefois.
19:59 Les musulmans sont les nouveaux juifs.
20:02 Avec un tel grand récit, il n'y a pas de place carrément pour l'antisémitisme musulman.
20:09 Donc il ne faut pas qu'il existe.
20:11 Et voici qu'il nous éclate à la figure,
20:14 parce que c'est une chose déjà ancienne, mais qu'on ne voulait pas avoir.
20:19 Et notre président continue à dire "attention, antisémitisme, islamophobie, l'un conduit à l'autre".
20:26 Et puis aussi, on nous dit, ce qui est très intéressant,
20:30 il faut condamner toutes les formes de racisme.
20:33 C'est notamment la raison pour laquelle le grand recteur de la mosquée de Paris
20:38 a refusé de participer à cette marche.
20:41 Là encore, c'est de la confusion, c'est du mensonge.
20:46 L'antisémitisme, notamment à l'extrême gauche, n'est pas raciste dans son expression.
20:53 Pas du tout. Il est anti-raciste.
20:56 Que reproche-t-on aux Israéliens, aux sionistes et aux juifs ?
21:02 C'est d'être raciste. C'est le racisme vis-à-vis des Palestiniens.
21:08 C'est d'ailleurs tout ce que le "wokisme" nous apprend.
21:11 Les woks disent cela. Pour eux, le mal absolu, ce n'est plus le capitalisme,
21:18 c'est l'impérialisme, le colonialisme, le privilège blanc.
21:25 Et les grands représentants, les grandes incarnations de ce racisme,
21:31 de ce privilège blanc, ce sont les sionistes,
21:35 avec ce qu'on appelle le colonialisme d'Israël.
21:40 Et ça va très loin, si vous voulez, parce que Mediapart nous expliquait,
21:44 il y a quelques années, que les policiers qui ont tué George Floyd
21:50 ont été formés en Israël.
21:53 D'ailleurs, là, on le voit.
21:56 L'ambition, le pari du sionisme, c'était quoi ?
22:01 C'était de désactiver l'antisémitisme qui fantasmait un pouvoir juif
22:10 illimité et invisible avec un État, c'est-à-dire avec de la géographie.
22:17 Vous voyez, nous sommes une réalité géographique.
22:23 Et c'est extraordinaire, l'antisionisme a sorti Israël de son cadre géographique,
22:33 c'est devenu à son tour un pouvoir, une puissance, un empire absolument gigantesque.
22:41 Et on va vous expliquer que les assassins de George Floyd ont été formés en Israël.
22:46 Donc c'était quasiment peine perdue pour le sionisme.
22:51 Voilà à quoi nous a mené la pensée woke.
22:54 Justement, on se demandera, après une courte pause,
22:57 si les Occidentaux sont les boucs émissaires aujourd'hui.
23:01 On continuera à parler du conflit entre Israël et le Hamas,
23:04 voir si on peut en sortir ou pas.
23:07 On se retrouve après une courte pause, en toute vérité,
23:09 Alain Finkielkraut, sur Sud Radio.
23:11 En toute vérité, 11h30, sur Sud Radio, Alexandre Devecchio.
23:15 On est de retour sur Sud Radio avec Alain Finkielkraut,
23:18 qui est notre invité ce dimanche, dans Toute vérité.
23:22 Nous discutons du conflit entre Israël et le Hamas,
23:26 mais aussi de ses répercussions en France,
23:29 dans un contexte de violence, de multiculturalisme,
23:34 qui génère le chaos.
23:36 Nous avons parlé notamment de Crépole,
23:38 nous avons parlé aussi des événements à Dublin,
23:41 et également de la marche contre l'antisémitisme,
23:45 du rôle de l'extrême-gauche dans cet antisémitisme.
23:48 Alain Finkielkraut, on nous a beaucoup expliqué
23:51 ces dernières années que l'islamo-gauchisme n'existait pas.
23:55 Est-ce que ces dernières semaines, nous n'avons pas justement
23:58 la démonstration chimiquement pure de l'existence de l'islamo-gauchisme ?
24:02 - Bien sûr. Là, c'est la même chose.
24:04 C'est tout à fait extraordinaire.
24:07 Les raffinements du déni.
24:10 Tous les woke vous disent que le wokeisme n'existe pas,
24:13 que c'est un fantasme réactionnaire,
24:15 alors qu'il se répand sur les campus,
24:18 que c'est un lavage de cerveau terrifiant
24:22 de toute l'élite occidentale,
24:24 et qu'il bascule aujourd'hui dans l'antisémitisme pur et simple.
24:29 On voit des étudiants dans le Michigan ou d'autres universités américaines
24:33 arracher consciencieusement les photos,
24:37 les affiches des otages.
24:41 Parce que les otages, soit pour eux ils n'existent pas,
24:44 soit c'est bien fait pour Israël.
24:46 On voit ces gens défiler en Angleterre ou ailleurs
24:52 avec le slogan "De la rivière à la mer pour une Palestine libre".
24:59 De la rivière à la mer, c'est toujours dans la merde,
25:01 c'est-à-dire une Palestine libre, "Judenrein",
25:04 libre des juifs, débarrassé des juifs.
25:07 On voit aussi surgir sur TikTok la nouvelle idole
25:12 d'une partie de cette jeunesse décérébrée, Ben Laden.
25:16 Carrément, Ben Laden.
25:18 Voilà où a mené la haine de l'Occident en Occident.
25:24 Le premier à avoir mis l'accent sur ce phénomène, c'est Octavio Paz.
25:30 Il y a déjà longtemps, dans un article lumineux,
25:34 écrit après la mort de Jean-Paul Sartre.
25:36 Et il dit "Nous avons une belle tradition critique en Europe,
25:40 celle qui maintient en Europe et en Occident,
25:43 nos sociétés dans un dialogue permanent avec elles-mêmes.
25:45 Mais cette tradition, nous l'avons pervertie,
25:48 nous l'avons mise au service de la haine de notre monde".
25:52 Et voilà, c'est-à-dire le grand problème aujourd'hui,
25:56 c'est aussi l'anti-occidentalisme en Occident.
26:01 Notamment dans cette élite.
26:03 Et alors, évidemment, la France insoumise est l'un des avatars
26:09 de ce mouvement de fond, d'autant plus que cela se combine,
26:16 dans le parti de Mélenchon, avec, évidemment, un clientélisme,
26:23 disons sans aucun scrupule.
26:27 Les députés de la France insoumise ont été élus en Seine-Saint-Denis
26:34 ou à Roubaix, et ils flattent leur électorat.
26:39 Certes, ils se mettent à dos, aujourd'hui, la plupart des médias,
26:44 mais Jean-Luc Mélenchon reste droit dans ses bottes,
26:48 parce qu'il communique maintenant sur les réseaux sociaux,
26:52 par Twitter et ailleurs, et ses messages les plus violents,
26:58 les plus judéophobes, ont énormément d'auditeurs, de lecteurs,
27:05 je ne sais pas comment il faut dire.
27:07 Donc il se sent conforté.
27:10 Il dit, lui, nous en revenons à ce que nous avons dit tout à l'heure,
27:14 qu'il y a deux peuples en France,
27:18 et il veut être le porte-parole du nouveau peuple,
27:23 en espérant qu'un jour ou l'autre, ce nouveau peuple deviendra majoritaire.
27:29 C'est son calcul.
27:30 – Il est pour le grand remplacement, en fait.
27:32 – D'une certaine manière, en tout cas, il y croit.
27:35 Il se dit, peut-être cela viendra-t-il trop tard pour lui,
27:42 mais un de ses successeurs en bénéficiera.
27:46 Donc peu lui importe d'être aujourd'hui ostratisé par une partie des médias,
27:53 de même que ses lieutenants, David Rigaud, Mathilde Panot,
27:59 pensent exactement la même chose.
28:03 Ils disent, nous n'allons pas à la manifestation contre l'antisémitisme
28:09 parce que c'est une marche de soutien au massacre.
28:12 Il n'y a pas eu un massacre commis par le Hamas le 7 octobre,
28:17 mais il y a eu un massacre perpétré par l'armée israélienne.
28:22 Voilà, c'est le massacre et même génocide.
28:25 Et quand on dit génocide, on est évidemment antisémite,
28:29 parce qu'on renverse, si vous voulez, l'accusation.
28:33 C'est-à-dire, les Juifs sont en train de devenir des nazis.
28:37 Nous vivons cet épisode terrible dans l'histoire de l'antisémitisme
28:42 qui est la nazification des Juifs.
28:44 Il y a ce comique, Guillaume Meurice,
28:47 cet humoriste de France Inter qui traitait Benjamin Netanyahou
28:52 de nazi sans prépuce ou de Hitler sans prépuce.
28:56 On est exactement là-dedans, ce que vous décriviez,
29:00 la nazification des Juifs.
29:02 C'est l'apogée d'un processus de renversement complètement fou.
29:07 Oui, et vous voyez qu'il a reçu,
29:11 ce guéluron du service public,
29:15 un avertissement de sa direction
29:19 qui ne pouvait pas le licencier parce qu'il a été candidat.
29:22 C'est un salarié protégé, syndiqué.
29:25 Voilà, il a été candidat à une élection,
29:28 donc il est protégé.
29:30 Et en même temps, on sait très bien que si il est licencié,
29:34 ce sera une levée de boucliers
29:38 parmi certains auditeurs,
29:40 dans une partie importante de la presse.
29:45 Donc avec cette blague immonde,
29:49 il ne risque absolument rien.
29:53 Et cette blague est malheureusement terrible
29:56 parce qu'elle est révélatrice.
29:58 Elle est révélatrice de ce grand renversement, pour le coup.
30:02 Les Juifs, on leur épinglait les toiles jaunes,
30:06 maintenant on leur épingle la croix gammée.
30:09 Et donc l'antisémitisme renaît,
30:12 et il renoue avec l'innocence.
30:14 C'est un antisémitisme innocent,
30:16 puisqu'il est antiraciste.
30:18 Donc on arrête de nous bassiner,
30:20 lutte contre le racisme et l'antisémitisme.
30:22 Il faut lutter de toutes nos forces et de toute notre âme
30:27 contre cette horreur absolue
30:29 qu'est l'antisémitisme antiraciste.
30:31 C'est-à-dire que l'antiracisme a été complètement dévoyé
30:35 ces dernières années.
30:37 Tout ça est un processus complexe
30:39 lié à un phénomène de communautarisme,
30:41 de clientélisme avec Jean-Luc Mélenchon.
30:44 Mais j'en reviens à l'expression de décivilisation
30:47 qui avait fait débat.
30:49 Vous avez parlé tout à l'heure
30:51 des universités américaines
30:53 où on en arrivait à applaudir
30:55 Oussama Ben Laden.
30:57 Est-ce qu'il n'y a pas, en plus de la haine
30:59 de l'Occident contre l'Occident,
31:01 un processus d'abêtissement général,
31:05 en cela vraiment de décivilisation ?
31:07 Vous avez écrit "La défaite de la pensée".
31:09 Est-ce que tout ça ne prospère pas
31:12 sur une incroyable ignorance ?
31:15 Oui, mais une ignorance qui plus est
31:18 entretenue par l'enseignement lui-même
31:24 et même l'enseignement supérieur.
31:27 Il ne faut pas sous-estimer
31:29 ce phénomène "woke",
31:31 ces nouvelles "studies"
31:33 qui fleurissent un peu partout
31:35 et qui ont de plus en plus
31:37 leurs équivalents français.
31:40 "Gender studies",
31:42 "African-American studies",
31:45 "Gay studies", etc.
31:49 C'est de l'abêtissement
31:51 parce que ce ne sont pas des enquêtes,
31:53 ce ne sont pas des réflexions,
31:55 ce sont des réquisitoires
31:57 contre seuls et même coupables
31:59 à travers le concept d'intersectionnalité,
32:01 le "mal blanc occidental".
32:04 Mais on n'apprend rien,
32:07 on fustige,
32:11 on dresse des actes d'accusation
32:15 et c'est ce qui se donne
32:17 comme un enseignement.
32:19 Il fut une époque, si vous voulez,
32:21 où on rêve des gens un peu fortunés
32:24 qui s'étaient envoyés leurs enfants
32:26 faire leurs études
32:28 dans les grandes universités américaines.
32:30 Alors peut-être que c'est encore valable
32:33 pour les sciences dures
32:35 ou pour tout ce qui concerne
32:37 les nouvelles technologies,
32:39 mais pour les humanités,
32:41 c'est une catastrophe.
32:43 C'est-à-dire que les jeunes
32:45 qui ont fait leurs études
32:47 à Yale, à Harvard, à Columbia
32:49 ou à Berkeley
32:51 reviennent complètement
32:53 desservelés, fanatisés.
32:55 C'est un enseignement
32:57 du fanatisme.
32:59 Et cela vient tout doucement en France
33:01 où se pratiquent de plus en plus
33:03 en effet la "cancel culture"
33:06 et où les étudiants juifs,
33:08 Nanterre, Toulouse ou Tolbiac,
33:11 en sont à raser les murs.
33:13 Parce que tout cela
33:15 débouche sur un antisémitisme
33:18 échevelé.
33:20 Mais effectivement, l'antisémitisme
33:22 n'est qu'une des facettes
33:24 de ce que,
33:26 à un autre propos,
33:28 Jean-Claude Michelat
33:30 appelait l'enseignement de l'ignorance.
33:32 Mais l'enseignement de l'ignorance
33:34 se pratique aujourd'hui au plus haut niveau
33:36 chez les thésards.
33:38 – Merci Alain Finkielkraut.
33:40 On continue la discussion
33:42 après la pause.
33:44 On va parler plus concrètement
33:46 et le Hamas de la réponse d'Israël
33:49 notamment est-elle proportionnée ou pas.
33:52 C'est tout de suite dans "En toute vérité"
33:54 avec Alain Finkielkraut.
33:56 [Générique]
34:00 – Nous sommes de retour en toute vérité sur Sud Radio.
34:02 Notre invité ce dimanche,
34:04 le philosophe et écrivain Alain Finkielkraut.
34:08 Nous avons parlé avec lui
34:10 de Crépol,
34:12 de Dublin, mais aussi des répercussions
34:14 sur le territoire français
34:16 du conflit entre Israël et le Hamas.
34:18 J'aimerais qu'on parle de ce conflit
34:22 sur le terrain si j'ose dire,
34:24 même si on n'y est pas.
34:26 Qu'est-ce que vous pensez aujourd'hui
34:30 de la réponse d'Israël ?
34:32 Une réponse qui est très critiquée,
34:34 qu'on juge disproportionnée,
34:36 beaucoup réclament une trêve humanitaire.
34:40 Est-ce que Israël réclame
34:42 de manière proportionnée ?
34:44 Est-ce qu'il est en état de légitime défense ?
34:46 Ou est-ce que ça va trop loin ?
34:48 Est-ce que cette riposte est susceptible
34:50 de nourrir encore plus de terrorisme
34:52 et de violence ?
34:54 – Denis Charbit,
34:56 qui est un historien israélien
34:58 militant de toujours du camp de la paix,
35:00 dit très justement
35:02 que les Israéliens
35:04 ne se remettent pas
35:06 d'avoir été envoyés si vite
35:08 dans leur rôle de militants
35:10 ou envoyés si vite
35:12 dans leur rôle de coupables.
35:14 Il y a eu un effet de sidération
35:16 de l'épouvantable pogrom du 7 octobre,
35:18 mais ça n'a pas duré.
35:20 Dès les premiers bombardements,
35:22 Israël a été pointé du doigt.
35:24 Je pense que c'est injuste.
35:26 Je pense que l'élimination du Ramas
35:28 est absolument nécessaire,
35:30 indispensable,
35:32 et je pense même
35:34 que c'est la meilleure chose
35:36 qui pourrait arriver aux Palestiniens.
35:38 Les Israéliens font
35:40 comme ils peuvent,
35:42 ont dit réponses disproportionnées,
35:44 bombardements indiscriminés,
35:46 c'est ce qu'a osé dire
35:48 notre président de la République
35:50 à la BBC,
35:52 après avoir appelé une coalition internationale
35:54 contre le Ramas,
35:56 parlant de bombardements
35:58 de civils, de bébés,
36:00 de femmes, de personnes âgées.
36:02 Non, les civils ne sont pas visés
36:04 par Israël.
36:06 La coalition internationale est la seule armée à monde
36:08 qui prévient les civils
36:10 avant chaque bombardement.
36:12 La seule armée à monde qui pratique
36:14 des couloirs
36:16 humanitaires. Elle continue de le faire,
36:18 elle le faisait déjà
36:20 avant la trêve éventuelle
36:22 pour les otages,
36:26 et elle continue à le faire.
36:28 Ce n'était pas le cas
36:30 de la coalition internationale, justement,
36:32 à Mossoul et à Raqqa.
36:34 La France ne s'en est émue.
36:36 Un nombre considérable
36:38 de civils ont été tués
36:40 par les bombardements
36:42 de la coalition à laquelle la France
36:44 participait. Je rappelle aussi
36:46 qu'en 1944,
36:48 il y a eu des bombardements en France
36:50 de soutien aux débartements.
36:52 Ils ont fait 60 000 morts
36:54 dans la population française. Voilà ce que c'est
36:56 qu'un bombardement indiscriminé.
36:58 On pourrait évoquer aussi
37:00 le bombardement de Tokyo avant Hiroshima
37:02 par les Américains.
37:04 100 000 morts en une nuit.
37:06 Ce n'est pas du tout la pratique
37:08 d'Israël, mais pas du tout.
37:10 On demande même aux civils
37:12 d'aller dans le sud
37:14 de Gaza avec le risque
37:16 que nombreux terroristes
37:18 se glissent
37:20 parmi les civils.
37:22 Donc ce grief
37:24 fait à Israël
37:26 est absolument mensonger,
37:28 témoigne aussi d'une sorte
37:30 de capacité de penser
37:32 la réalité de la guerre
37:34 dans notre pays.
37:36 Mais Israël
37:38 ne peut pas faire autrement.
37:40 Le consensus autour
37:42 de cette guerre en témoigne.
37:44 C'est-à-dire qu'il y a en Israël
37:46 de très fortes oppositions.
37:48 Une partie importante
37:50 de la société ne pardonne pas
37:52 à Netanyahou son impéritie.
37:54 Le fait d'avoir
37:56 dégarni le front sud
37:58 pour justement
38:00 protéger les habitants
38:02 des implantations en Cisjordanie.
38:04 Je crois que les jours
38:06 au pouvoir de Netanyahou
38:08 sont comptés.
38:10 Ces ministres
38:12 sionistes, religieux
38:14 ont prouvé à la fois leur fanatisme
38:16 et leur incompétence.
38:18 Et j'espère
38:20 qu'ils disparaîtront bientôt
38:22 du paysage politique.
38:24 Ils sont éloignés du centre de décision.
38:26 Le cabinet de guerre
38:28 c'est Eysenckov,
38:30 Benny Gantz,
38:32 deux anciens chefs d'état-major.
38:34 Netanyahou est l'actuel ministre de la Défense.
38:36 Les fous furieux
38:38 du gouvernement sont
38:40 aujourd'hui marginalisés.
38:42 Ils n'ont plus
38:44 le pouvoir de nuisance
38:46 qui était le leur. Et je m'en félicite.
38:48 Il y a de quoi critiquer
38:50 Israël, bien sûr.
38:52 La poursuite ininterrompue des implantations.
38:54 - Vous vous dites implantation.
38:56 - Elle était désastreuse.
38:58 - Vous vous dites implantation. Alain Finkielkraut
39:00 beaucoup parle de colonisation.
39:02 Pourquoi cette différence de vocabulaire ?
39:04 - On peut parler de colonisation
39:06 si vous voulez, mais c'est une colonisation
39:08 très particulière. C'est-à-dire
39:10 on refuse le travail arabe.
39:12 C'est des implantations.
39:14 Et aussi, je veux marquer
39:16 je suis opposé
39:18 catégoriquement
39:20 à cette politique.
39:22 Je pense que la séparation
39:24 est absolument nécessaire.
39:26 Je pense aussi qu'elle est rendue
39:28 extrêmement difficile.
39:30 Parce que les Israéliens que les Waukes
39:32 accusent d'expansionnisme
39:34 et dont ils font un empire,
39:36 ils se sont retirés
39:38 de tout. Du Sinaï,
39:40 du Sud-Lippin
39:42 et de Gaza. Drôle d'expansionnisme.
39:44 C'est un expansionnisme
39:46 rétractile. C'est nouveau ça.
39:48 Et quelle a été leur récompense ?
39:50 Le Hezbollah.
39:52 Il n'y a aucun conflit territorial avec Israël.
39:54 Je le rappelle. Aucun. Les fermes de Shabah.
39:56 Il ne faut pas se moquer du monde quand même. Rien du tout.
39:58 Gaza.
40:00 Le résultat, c'était le Hamas. On dit
40:02 prison à ciel ouvert. Mais on se moque du monde.
40:04 On a donné les clés à l'autorité palestinienne.
40:06 Le Hamas a pris le pouvoir dans les conditions
40:08 que l'on sait et a déclaré une guerre à outrance
40:10 à Israël. En disant
40:12 évidemment, il faut plus
40:14 de présence juive sur une terre musulmane.
40:16 Et en même temps,
40:18 Israël, là,
40:20 Netanyahou a pêché par naïveté.
40:22 Parce qu'il a dit, bon, ils veulent quand même
40:24 le bien-être de leur population.
40:26 On va laisser passer des vivres. On va laisser passer
40:28 des médicaments. On va laisser passer l'argent
40:30 du Qatar. On va augmenter
40:32 les permis de travail. Et donc,
40:34 ça va nous assurer la paix.
40:36 Résultat, ils ont eu
40:38 le programme du 7 octobre.
40:40 Est-ce qu'il l'a fait seulement pour des bonnes intentions
40:42 Benyamin Netanyahou ?
40:44 Beaucoup expliquent, Gilles Kieppel notamment,
40:46 que le financement par le Qatar
40:48 c'était aussi avec pour objectif
40:50 finalement de diviser
40:52 les Palestiniens.
40:54 Que Benyamin Netanyahou
40:56 préférait avoir le Hamas à Gaza.
40:58 Peut-être.
41:00 Mais que pouvaient-ils d'autre ?
41:02 Il n'allait pas, lui, réinstaller l'autorité palestinienne
41:04 complètement discréditée par ailleurs
41:06 qui est présidée par
41:08 un négationniste
41:10 pur et dur. Donc,
41:12 le gouvernement israélien, on fait
41:14 avec ce qu'ils avaient.
41:16 Et l'argent du Qatar, il aurait pu être distribué
41:18 à la population et non
41:20 servir à la construction
41:22 de ce métro de Gaza
41:24 et à la fabrication d'armes.
41:26 Ça, quand même, malheureusement,
41:28 c'est pas le fait d'Israël.
41:30 Ce détournement massif,
41:32 c'est un gouvernement très riche,
41:34 le Hamas. Qu'a-t-il fait de cet argent
41:36 pour la population palestinienne ?
41:38 Donc, les Israéliens
41:40 ne peuvent pas procéder
41:42 autrement qu'ils ne le font.
41:44 Ils s'observent,
41:48 ils respectent
41:50 un certain nombre de limites qu'aucune
41:52 autre armée au monde
41:54 n'a respectée jusqu'à eux.
41:56 Alors, bien entendu, il faut
41:58 penser à l'après.
42:00 - Ce que j'allais vous dire,
42:02 deux choses. Moi, je suis d'accord sur le fait que
42:04 sans doute, l'armée fait tout ce qu'elle peut
42:06 pour qu'il y ait le moins de civils possible.
42:08 Dans toutes les guerres, de toute manière,
42:10 il y a des morts civiles, d'autant plus là,
42:12 quand le Hamas se sert de certains civils comme boucliers humains.
42:14 - De tous. - Ça, c'est une certitude.
42:16 Mais la question qu'on peut se poser,
42:18 est-ce que l'objectif
42:20 de destruction du Hamas est un objectif
42:22 réaliste ? Et auquel point,
42:24 si ça ne l'est pas,
42:26 est-ce que cette guerre va servir à quelque chose ?
42:28 Parce qu'il y a déjà eu plusieurs guerres.
42:30 - Oui. - Et on voit que ça se répète.
42:32 - Mais elles se sont arrêtées.
42:34 - Et qu'il y a une violence qui ne fait que s'amplifier.
42:36 - Non, elles se sont arrêtées.
42:38 On a démoli tout ce qu'on voulait démolir.
42:40 Et le Hamas ne s'attendait pas d'ailleurs
42:42 à une guerre aussi
42:44 radicale, si je puis dire.
42:46 Ils pensaient qu'ils avaient, avec les otages,
42:48 une monnaie d'échange suffisante
42:50 pour, en quelque sorte,
42:52 tenir la dragée haute
42:54 aux Israéliens.
42:56 Ils se sont trompés dans leurs calculs.
42:58 Là, il s'agit d'éliminer
43:00 militairement et peut-être politiquement
43:02 le Hamas. On a éliminé le nazisme,
43:04 il ne faut pas exagérer. On a dit
43:06 qu'on les élimine. Bon, ben, on les a éliminés.
43:08 Donc, la question,
43:10 évidemment, c'est de l'après.
43:12 C'est-à-dire, d'un côté,
43:14 il faudra un gouvernement israélien
43:16 digne de ce nom,
43:18 capable de faire un geste
43:20 pour les Palestiniens, mais il faudrait
43:22 aussi des Palestiniens
43:24 capables de faire un geste
43:26 pour les Palestiniens également.
43:28 Et ça, on n'en voit
43:30 toujours pas la couleur. Et mon inquiétude,
43:32 c'est que nous soyons
43:34 plongés dans la tragédie.
43:36 La séparation est nécessaire
43:38 et la séparation
43:40 paraît impossible parce que
43:42 beaucoup d'Israéliens, obsédés par la
43:44 sécurité, se disent "oui,
43:46 notre présence en Cisjordanie, c'est
43:48 pénible, mais ça éloigne
43:50 le danger alors qu'un État palestinien,
43:52 ça le rapprocherait".
43:54 Donc, je ne sais pas de quoi
43:56 demain sera fait.
43:58 Et l'Ibernavie dit "il faut que
44:00 les Américains et les Européens prennent
44:02 la situation en main et imposent
44:04 une solution
44:06 aux deux protagonistes".
44:08 Je ne sais pas dans quelle
44:10 mesure c'est possible,
44:12 mais là où il a raison, c'est que
44:14 si les Israéliens
44:16 font un geste
44:20 et démantèlent les
44:22 avant-postes, je ne parle pas des colonies
44:24 adossées à la ligne verte, cela
44:26 créera un climat de
44:28 mini-guerre civile en Israël.
44:30 On a vu la difficulté
44:32 du démantèlement des quelques
44:34 colonies, j'accepte ce terme,
44:36 à Gaza,
44:38 ça a été terrible, et c'est d'ailleurs
44:40 de ce traumatisme pour certains
44:42 qu'est né l'effrayant parti force juive
44:44 d'Itamar Ben Gvir, il est né
44:46 en 2005. Donc, voyez,
44:48 ce qui va se passer en Cisjordanie,
44:50 en Judée-Samarie, justement,
44:52 ça va être terrible.
44:54 Alors, peu de gouvernements
44:56 israéliens sont prêts
44:58 à cette confrontation intérieure.
45:00 Et certains d'entre eux
45:02 se réjouissent qu'il n'y ait pas de partenaires
45:04 parce que cela
45:06 leur évite
45:08 ce rendez-vous extrêmement dangereux.
45:10 - Oui, seulement, on a vu, hélas,
45:12 la poussière sous le tapis,
45:14 comment ça se terminait.
45:16 Donc, on est un peu dans une
45:18 guerre sans fin, on espère
45:20 effectivement qu'il y aura une issue politique à ce conflit.
45:22 On vous réinvitera peut-être pour
45:24 en parler dans quelques mois à la Finkelkraut.
45:26 C'était un plaisir de vous recevoir, c'était passionnant.
45:28 Je vous laisse avec les informations
45:30 et on se rejoint
45:32 dans une semaine pour un nouveau numéro, dans Toute Vérité.
45:34 Merci.