Avec Daniel Duigou, prêtre catholique et ancien journaliste & Gérard Squarcioni, prêtre du diocèse de Nouméa en Nouvelle-Calédonie et à Olmi Capella en Corse
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00:00C'est la toute première visite pontificale de toute l'histoire de la Corse.
00:10C'est dire si cet événement est absolument historique.
00:12On en parle avec nos deux invités en studio avec moi, Daniel Duégout.
00:16Bonjour et bienvenue sur Sud Radio.
00:18Vous êtes prêtre, ancien journaliste.
00:20Vous êtes aussi psychologue, notamment.
00:22Nous sommes également en duplex de la Corse avec Gérard Squarsioni.
00:26Bonjour, c'est la Corse.
00:32Évidemment, c'est historique.
00:34Vous êtes en direct d'Ajaccio.
00:35Vous êtes prêtre. Tenez-vous bien, vous qui nous écoutez sur Sud Radio.
00:39Gérard Squarsioni est prêtre du diocèse de Nouméa en Nouvelle-Calédonie.
00:43Et aussi prêtre diocésain, vous avez raison de le dire.
00:47Et aussi à Olmicapelle en Corse.
00:49Vous êtes revenu de Nouméa.
00:51Vous êtes revenu de Nouméa par vos propres moyens
00:54pour participer à la messe pontificale.
00:56Quel périple pour un événement aussi historique.
00:59Évidemment, c'était important.
01:01C'était important pour vous.
01:03Le prêtre vient d'atterrir.
01:04Quel est votre programme ?
01:05Qu'est-ce que vous allez faire dans les prochaines minutes ?
01:07Le pape vient d'atterrir, pardonnez-moi l'absus.
01:10Eh bien, je suis au soleil devant la cathédrale.
01:13On attend pour rentrer.
01:14Alors, il y a quelques évêques qui se reviennent.
01:16Oui, c'est exactement.
01:19C'est une veillée très importante.
01:20Daniel Duégout.
01:22Oui, on parle beaucoup de l'étonnement du fait que le pape aille à Corse
01:29et ne soit pas présent à la cathédrale.
01:33Donc, il y a une sorte de malentendu, je dirais.
01:37On va l'élever d'ailleurs ces malentendus,
01:39parce qu'il y a un événement historique.
01:40Le pape a choisi la Corse pour plusieurs raisons,
01:43notamment parce que la ferveur catholique dans l'île de beauté
01:47ne laisse pas le pape François insensible.
01:49D'abord, peut-être, je vais poser la question à Gérard Squarcheny
01:52et Daniel Duégout, vous répondrez juste après.
01:55Qu'est-ce que la ferveur catholique a de particulier en Corse
01:58quand on la compare au reste du pays ?
02:02Sans être chauvin, on n'est plus chrétien sur une île,
02:05en général, que sur un continent,
02:07surtout en France où il y a une perte d'importance quand même.
02:10En Corse, on a gardé des traditions très anciennes, des processions.
02:13Les Corses sont très croyants, en général.
02:15C'est une foi populaire et qui est festive en même temps.
02:20Plus festive, plus démonstratif aussi ?
02:23Je pense, je pense.
02:24On processonne toujours.
02:26Et la loi de séparation de l'Église et de l'État,
02:29on l'applique, mais à notre manière.
02:31Quelle est la manière corse d'appliquer la loi de séparation de l'Église et de l'État ?
02:34Eh bien, on l'applique largement.
02:36On applique la loi en tenant compte de la loi,
02:40mais en faisant des, comment dirais-je, des infidélités, comme on pourrait dire.
02:44On est dans le droit romain, finalement.
02:47On peut s'interpréter une loi de manière très ouverte ou très fermée.
02:52– Daniel Lugour ?
02:53– On est ouvert.
02:54– Moi, je crois d'abord que le pape est mal à l'aise avec la notion de laïcité.
03:02Et dans le cadre de l'Évangile, qu'est-ce qui est sacré ?
03:06Ce ne sont pas les rites, c'est l'homme.
03:09Et il aime les gens, justement.
03:11L'homme à travers les gens.
03:13Il préfère la spontanéité à ce qui peut être organisé, très organisé, à un très haut niveau.
03:23Benoît XVI était venu à Paris.
03:25– Son prédécesseur.
03:25– Son prédécesseur, mais pour fréquenter les milieux intellectuels.
03:30Il était allé au collège de Bernardins.
03:33Voilà, mais c'était un grand théologien, c'était un penseur.
03:38Alors, ça ne veut pas dire que le pape ne pense pas,
03:40mais ça veut dire qu'il est à un autre niveau.
03:43Il préfère rencontrer les gens dans une grande spontanéité.
03:47D'ailleurs, il va, si j'ai bien compris, déambuler.
03:52– Se promener, déambuler, à la rencontre des Corses, en quelque sorte.
03:56– Et que pour lui, il n'y a pas d'un côté l'Église et de l'autre le monde.
04:01C'est dans le monde que, pour lui, on vit l'homme et l'homme à la fois.
04:08Il n'y a pas de séparation et il aime sortir d'un certain système de l'Église
04:16qu'il enfermerait dans une certaine tradition, alors qu'il casse.
04:20Il veut casser ce genre de convenance.
04:23– Moins de cardinaux autour de lui, moins de bureaucrates,
04:25moins de membres de la Curie, moins de chefs d'État,
04:27comme il aurait pu en croiser à Notre-Dame il y a quelques jours.
04:30C'est ça qu'il est venu voir.
04:31Il est venu rencontrer les Corses, en fait, Gérard Squarchenay.
04:34– Oui, oui, je suis entièrement d'accord avec mon cher confrère que je salue.
04:38– Moi aussi.
04:38– Il a entièrement raison.
04:41– Qu'est-ce que les Corses attendent ?
04:43– Il n'est pas journaliste pour rien.
04:45– Je ferai une remarque, je le rencontre en 2017.
04:51La rencontre dure trois quarts d'heure, donc on a le temps d'évoquer beaucoup de sujets.
04:58Et évidemment, l'ayant en face de moi, ça faisait quatre ans qu'il était au Vatican,
05:02inévitablement, je lui pose la question, alors quand venez-vous en France ?
05:06Et tout de suite, mais sans aucune hésitation, et avec une voix ferme, il me dit non.
05:12Et donc ça me surprend.
05:14Je lui dis immédiatement, journaliste, c'était comme une conférence de presse à deux,
05:19je lui dis mais pourquoi ?
05:20Et tout de suite, toujours pareil, avec la même voix, il me dit
05:23parce que je préfère aller dans les pays pauvres, les pays de périphérie.
05:28Donc il est dans une logique, si vous voulez, et il va jusqu'au bout de cette logique.
05:36La pastorale, pour lui, c'est pas de la théorie, du dogme,
05:41c'est d'abord d'aller à la rencontre des gens.
05:43Donc la petite église plutôt que la cathédrale, le département plutôt que la capitale, par exemple,
05:48ce genre de choses.
05:50Et voyez les voyages qu'il a fait, il va préférer la Mongolie, il va en Irak, il va en Papouasie.
05:58Il était allé aussi, il y a un an, à Marseille pour parler du sort des migrants
06:04qui traversent, au péril de leur vie, souvent la Méditerranée.
06:08Gérard Squarciani, qu'est-ce que signifie cette visite pour les Corses en général ?
06:13Les Corses sont très fiers.
06:16Naturellement, on est fiers, on a beaucoup de qualités.
06:19Mais là, on est très heureux, surtout.
06:22Ce pape va marquer l'histoire.
06:24C'est la première fois qu'il y a un jésuite qui est pape,
06:27et il a de grosses qualités.
06:29Certains le critiquent, mais ils ont tort.
06:32Les Corses aiment ce pape.
06:33Qu'est-ce qu'ils attendent, ou qu'est-ce que vous attendez,
06:36même en tant que Corse, du message qui sera délivré par le pape aujourd'hui à Jacques Ciot ?
06:40D'abord, je vais attendre qu'il le délivre, bien sûr.
06:45Mais j'ai confiance, et ce qu'il va dire, ça va porter au cœur directement des Corses.
06:50Je crois que son passage va permettre justement de mieux comprendre ce pape,
06:56ou de mieux vivre ce qu'il vit.
06:58Et il y a une constante biblique.
07:01C'est les pauvres qui priment toujours,
07:03Jésus a toujours un regard particulier envers les pauvres.
07:06C'est de cette permanence.
07:08C'est les pauvres, la veuve qui laisse une petite piécette,
07:12qui donne tout ce qu'elle a.
07:14Elle en laissait deux, d'ailleurs.
07:16Deux petites piécettes, on est d'accord.
07:18Très levé sur son indigence.
07:20Daniel Duigou, on a parfois dit, vous l'avez rencontré le pape François,
07:25que le pape n'aimait pas la France.
07:27C'est une idée reçue qui circule, c'est pour ça que c'est important parfois de répondre aux idées reçues.
07:30Est-ce que vous, qui l'avez rencontré,
07:32vous démentez cette rumeur ?
07:35Oui, bien sûr.
07:37Tout à l'heure, je parlais de malentendus.
07:39Nous sommes, à propos notamment de Notre-Dame,
07:42dans un registre de la convenance.
07:44Il fallait, disions-nous, pensions-nous,
07:48que le pape devait être...
07:51Mais non, il est dans un autre registre.
07:53Le registre que nous venons de dire,
07:56c'est d'aller vers les pauvres.
08:00D'ailleurs, c'est faux quand j'entends qu'il n'aime pas,
08:03j'ai entendu un chroniqueur politique en France bien connu,
08:07qui dit que le pape n'aime pas la France.
08:10Mais, attendez, il n'est pas allé en Espagne.
08:14Il n'est pas allé en Allemagne.
08:16Et il est déjà venu deux fois en France.
08:18À Marseille l'an dernier et en Corse.
08:20Et Strasbourg.
08:22Et souvent, dans ses textes,
08:25il cite des personnages comme Charles de Foucault,
08:31Thérèse de Lisieux, etc.
08:35Donc, pas du tout. Il est dans une logique.
08:37Voilà.
08:39Est-ce que ça veut dire que les Français sont un petit peu
08:41des enfants gâtés qui estiment que le souverain pontife
08:43devrait venir à peu près tous les ans en France,
08:45plutôt que dans les autres pays ?
08:47Ça veut dire surtout, Jean-Marc,
08:49qu'il est dans un autre registre.
08:51C'est-à-dire que, lorsque je le rencontre,
08:53je lui dis, parce qu'il est en face de moi,
08:55et j'ai envie de lui dire,
08:57mais quelle parole est la vôtre ?
08:59Elle passe les frontières.
09:01Vous êtes entendu par des croyants
09:03et aussi par des non-croyants.
09:05Et là, il lève les bras au ciel en me disant
09:09c'est la grâce.
09:11Oui. Alors je lui dis oui.
09:13En tant que journaliste aussi, je lui dis oui, la grâce.
09:15Mais enfin, je lui rappelle.
09:17Avant le conclave, vous avez pris la parole
09:19devant les cardinaux sous-entendus.
09:21Vous vous êtes présenté.
09:23Vous avez fait campagne.
09:25Ça ne se dit pas normalement.
09:27Mais on est sur Sud Radio, parlons vrai.
09:29Parlons vrai, absolument.
09:31Et il me dit, alors là,
09:33ce qui est très intéressant,
09:35c'est que son attitude change.
09:37Alors qu'il était légèrement penché,
09:39comme moi, vers le micro,
09:41en signe d'écoute,
09:45il se redresse.
09:47Alors qu'il avait un léger sourire,
09:49il devient ferme.
09:51Et le ton aussi,
09:53et surtout, il se met à me parler en italien.
09:55Il me dit en français,
09:57je leur ai dit, aux cardinaux,
09:59je leur ai dit, et là,
10:01il parle en italien,
10:03dans l'apocalypse,
10:05écoutez bien, il dit, dans l'apocalypse,
10:07il y a un homme qui frappe à la porte
10:09de l'église, non pas pour entrer
10:11dans l'église, mais pour en sortir.
10:13Vous avez devant vous le pape,
10:15derrière, par la fenêtre,
10:17vous voyez le dôme de Saint-Pierre,
10:19vous avez le pape qui dit,
10:21l'important, c'est que l'église sorte des murs
10:23pour aller à la rencontre des gens.
10:25Eh bien, voilà,
10:27quelle est sa stratégie,
10:29c'est-à-dire sa perspective,
10:31c'est-à-dire un renouveau.
10:33Il a parlé, d'ailleurs, à la cathédrale,
10:35dans son message, d'un renouveau.
10:37En creux, on peut se demander
10:39s'il n'y avait pas une sorte de critique,
10:41parce que le monde change, parce que la société
10:43change, et parce que l'église doit
10:45effectivement se renouveler,
10:47et il regarde l'avenir.
10:49François Langlais,
10:51le chroniqueur
10:53sur la Une,
10:55qui a dit quelque chose de
10:57très très juste. À la cathédrale,
10:59il y avait une quarantaine de représentants
11:01d'États,
11:03mais des États du Sud,
11:05du Nord, je veux dire,
11:07et pas du Sud, pas les pays émergents.
11:09Et le pape, lui, regarde
11:11l'avenir et ces pays qui vont
11:13sortir
11:15de leur péanutant.
11:17C'est-à-dire qui ne sont pas occidentaux, et qui vont aussi
11:19prendre de plus en plus de place au sein de l'église,
11:21ce qui peut paraître logique. Peut-être le mot de la fin
11:23avec vous, Gérard Squarcheni,
11:25je le rappelle, prêtre
11:27diocésien de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie,
11:29et originaire
11:31d'Almi-Capel, là encore, vous êtes à Jackson en ce moment.
11:33Vous avez dit, un peu plus tôt dans cette
11:35interview, le pape François restera dans l'Histoire,
11:37c'est votre conviction. Qu'est-ce qu'il
11:39laissera dans l'Histoire pour
11:41vous, comme souverain pontife ? La première chose
11:43qu'on retiendra du pape François.
11:47Je pense que c'est un pape qui casse un peu les lignes.
11:49C'est pas un pape
11:51habituel. Il a une manière de
11:53faire, de se comporter.
11:55Bon, s'il a pris François comme nom,
11:57c'est un sens aussi.
11:59François, c'est quand même le grand fin.
12:01François d'Assise,
12:03évidemment.
12:05Et je pense que
12:07il marquera l'Histoire, certainement.
12:09On l'ira plus tard,
12:11dans 10 ans, 15 ans, 20 ans,
12:13la trace qu'il aura laissée,
12:15on sera vraiment étonnés, j'en suis sûr.
12:17Et en tout cas, dans des années
12:19et des décennies, on gardera un souvenir
12:21de cette visite historique à Jackson
12:23qui vient de commencer, je le rappelle, le pape François
12:25a atterri à Jackson il y a près de 25
12:27minutes. La messe est prévue,
12:29la messe pontificale est prévue
12:31vers 15h30 aujourd'hui.
12:33Auparavant, discours
12:35à Jackson, déambulation,
12:37on le dit maintenant de manière si prudente,
12:39du pape au sein de la ville
12:41à la rencontre des Ajacciens
12:43et de tous les corses qui ont afflué, y compris de Nouméa
12:45comme vous, Gérard Squartioni.
12:47Merci beaucoup et belle journée à vous
12:49sur Sud Radio. Je rappelle que vous êtes prêtre
12:51diocésien de Nouméa. Merci à vous également
12:53Daniel Duguid. Prêtre également,
12:55psychologue et ancien journaliste.
12:57Ça s'entendait d'ailleurs par moment.