Coureur professionnel de 1992 à 2002, Stéphane Heulot avait fondé sa propre équipe en 2009 avec Besson Chaussures - devenu Saur-Sojasun puis Sojasun - avant de devenir le manager "européen" de la formation Rally Cycling entre 2019 et 2021. Revenu en 2023 dans le grand bain du cyclisme professionnel au poste de manager général de l'équipe Lotto Dstny - à la suite du départ de John Lelangue - le Rennais de 52 ans a accordé une interview à Cyclism'Actu afin de faire le bilan de sa première saison à la tête de la ProTeam belge, avec 21 victoires au compteur et une 9e place finale au classement UCI. L'impressionnant Arnaud De Lie, la gestion du cas Caleb Ewan, le mercato, la chasse aux points UCI, les objectifs pour 2024... Le manager français est revenu sur de nombreux sujets.
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00:00 Très bien, l'actualité.
00:02 Ça va ?
00:03 Nous sommes à Paris.
00:04 On est à ?
00:05 Le croissant.
00:06 C'est la exposition.
00:07 Ça prouve que tout le monde a fait sa part.
00:10 Et on avait un objectif d'être entre 10 et 12 au début de saison.
00:16 C'était un petit peu ce qu'on s'était fixé.
00:17 On est neuvième, donc c'est bien au-delà de nos espérances.
00:20 Bon, on va le faire.
00:23 Merci Al.
00:25 Est-ce que vous avez le pilote le plus agressif de toute la Tour de France,
00:29 représentant la Belgique pour l'Autodestiny, Victor Campenaerts ?
00:33 Bonjour Stéphane.
00:37 Premièrement, j'aimerais savoir comment ça va et quelle est l'actualité chez l'Autodestiny.
00:42 Ça va très bien.
00:45 L'actualité, les team days sont passés déjà depuis quelques semaines.
00:49 Les calendriers sont établis.
00:54 Je dirais que tout suit son cours pour le moment.
00:57 Il n'y a pas de regroupement prévu d'ici le mois de janvier.
01:00 C'est un choix du stade sportif afin de préserver au mieux la fraîcheur mentale.
01:07 Parce que c'est vrai que les saisons sont super longues.
01:09 N'ayant pas l'Australie au programme en début de saison,
01:13 on a souhaité ne pas participer.
01:18 Donc du coup, c'est vrai qu'on se regroupe au mois de janvier.
01:22 Ça suffira.
01:24 On l'a fait l'année passée et ça a très bien marché.
01:26 Avant de revenir sur 2024, un petit tour sur 2023.
01:33 Vous avez fini 9ème du classement WorldTour, dont 1ère équipe pro-team.
01:41 Avec 21 victoires, dont 2 en WorldTour, comment vous jugez le bilan de votre saison ?
01:49 C'est une saison qu'on peut qualifier de pleine.
01:52 Qui est conforme à 100% de ce qu'on peut donner avec la jeunesse du groupe.
02:00 On a bien scoré.
02:04 Il y a eu 10 vainqueurs différents dans la structure.
02:06 Pour moi, c'est toujours important d'avoir cette balance entre le nombre de coureurs qui gagnent
02:11 et par rapport à un leader qui pourrait prendre une grande partie.
02:15 Ça prouve que tout le monde a fait sa part.
02:19 On avait un objectif d'être entre 10 et 12 au début de saison.
02:23 C'était ce qu'on s'était fixé.
02:25 On est 9ème, donc c'est bien au-delà de nos espérances.
02:28 J'espère que l'on va continuer sur cette même lancée sur 2024.
02:32 L'équipe, avant votre arrivée en 2020-2021, a vécu quelques années un peu compliquées.
02:40 Ce qui a notamment coûté la relégation en pro-team.
02:45 Depuis que vous êtes revenu aux commandes, on a l'impression que vous avez retrouvé cette régularité dans les victoires, dans les performances.
02:52 Comment vous expliquez ce changement ?
02:55 Je crois qu'il faut, d'abord, comme je dis souvent, je ne commande pas les moments où je n'étais pas là.
03:03 C'est difficile de qualifier le passé quand on n'était pas présent.
03:07 C'est ce qui définit cette situation.
03:12 Mais il faut quand même reconnaître que 2020-2021 ont été des saisons compliquées, certes pour tout le monde.
03:17 Pour avoir eu connaissance de certaines choses, ce n'était pas forcément évident chez l'Auto-Destiny à ce moment-là.
03:24 Il y a eu beaucoup de cas de Covid qui ont fait qu'il y a pas mal d'objectifs qui ont été mis à la trappe.
03:31 Maintenant, je pense que cet élan qu'on a retrouvé en 2023, ce n'est pas mon effet.
03:39 C'est un effet global où tout le monde a compris le sens des responsabilités, l'engagement.
03:44 Il y a eu beaucoup d'énergie.
03:46 La mayonnaise a pris tout de suite.
03:49 C'est assez précieux.
03:51 Maintenant, il n'est pas question de s'endormir sur nos lauriers.
03:54 2024 arrive, on fait les compteurs à zéro et on est déjà sur des perspectives plus hautes, évidemment.
04:00 La performance est un mouvement perpétuel où il ne faut absolument pas s'endormir.
04:07 C'est sûrement qu'on pense que nous sommes arrivés à ce qu'on doit être.
04:10 C'est là qu'on commence à régresser.
04:12 On est toujours dans la recherche d'être meilleurs demain.
04:15 Cette relance de votre équipe a été incarnée par un coureur qui est Arnaud Delis.
04:23 Il a accumulé pas mal de victoires dans ses premières en WorldTour.
04:28 Expliquez-nous ce qu'il apporte à votre équipe, que ce soit dans le collectif, en tant que leader.
04:35 Comment il est à l'intérieur de votre groupe ?
04:37 Expliquez-nous le personnage d'Arnaud Delis.
04:39 Arnaud, c'est un garçon très simple, dans le sens où il ne se prend pas la tête.
04:46 Il est extrêmement jeune, c'est la jeunesse d'aujourd'hui.
04:49 Il s'amuse sur un vélo, il aime la gagne, évidemment.
04:53 À partir du moment où on met sur la ligne de départ, il voit que la ligne d'arrivée a passé en premier.
04:57 Ce qu'il incarne dans le groupe, c'est vraiment un esprit de leader.
05:02 Il transmet la confiance à ses équipiers, qui réhaussent leur niveau de facto.
05:09 C'est quelqu'un qui est très positif pour le groupe.
05:14 Mais encore une fois, ce n'est pas que Arnaud.
05:16 C'est une bande de copains, entre eux, qui jouent au vélo.
05:22 Même si ce n'est pas un terme qu'on exprime souvent.
05:26 Pour eux, c'est prendre du plaisir.
05:31 On joue toujours avec sérieux, avec professionnalisme.
05:33 Mais on est dans un contexte très positif au niveau énergie.
05:40 C'est important à préserver.
05:43 Le plus dur, c'est de le préserver. Une fois qu'on l'a, c'est de le préserver.
05:46 Pour rester sur Deli, il y a ce qu'on pourrait qualifier comme le moment fort de votre saison,
05:53 qui a été lors du Grand Prix de Québec.
05:56 Expliquez-nous, en tant que manager, quelles sont les sensations
06:00 quand il y a un grand moment comme ça ?
06:03 Je pense que c'était le moment le plus fort de mon année en tant que manager.
06:08 C'est quelque chose qu'on avait discuté déjà en janvier à Denia.
06:14 Il faut savoir qu'effectivement, nous sommes invités sur toutes les grandes épreuves World Tour,
06:19 en étant dans les deux premières pro-team.
06:22 Mais lorsqu'on va se déplacer, que ce soit en Australie, au Canada,
06:26 ou sur des épreuves transcontinentales,
06:29 l'équipe doit assumer tous les frais.
06:32 Ce n'est pas le cas pour une World Tour.
06:34 On a un peu la double peine, à savoir qu'on a moins de start money que les World Team.
06:41 En plus, on doit payer tout ce qui concerne les vols, les hôtels, les locations de voitures sur place.
06:47 Tout ce qui s'ensuit.
06:49 Pour le Canada, c'était à peu près 60 000 euros de coût pour l'équipe.
06:54 C'est forcément un investissement auquel on réfléchit à deux fois.
06:58 C'est vrai qu'Arnaud nous avait promis une belle réussite là-bas.
07:02 Au-delà du fait que ce soit sa première victoire au World Tour,
07:08 il y a eu tout ce contexte et cette préparation qui a fait qu'il y ait la réussite au bout.
07:12 Forcément, c'est une grande fierté, c'est une joie intérieure très forte.
07:16 On sait que c'est une victoire qu'on appelle beaucoup d'autres dans ce style.
07:20 Pour faire un peu la transition vers 2024, on va parler un peu des transferts.
07:27 Il y a eu cinq départs et cinq arrivées de votre côté.
07:30 Du côté des départs, Calais B1, Frédéric Frison, Michael Schwarzman, Rudiger Selig et Harry Sweeney.
07:37 Du côté des arrivées, on a deux coureurs qu'on pourrait qualifier dans la fleur de l'âge avec Jonas Gregard et Yonet Amignot.
07:44 Et trois jeunes coureurs avec Logan Curry, Yeno Bergmos et Henri Vanden Heuvel.
07:50 Comment est-ce que vous jugez et vous expliquez ce mercato ?
07:55 C'est un mercato raisonnable, prudent j'ai envie de dire.
07:59 On a une base, une ossature qui est relativement solide.
08:04 Ma vision, mon objectif est vraiment d'arriver en 2026, de revenir dans le World Tour pour performer et non pas pour survivre.
08:12 Donc ça c'est un travail qui s'anticipe et on est déjà sur cette construction-là.
08:17 L'important était évidemment de maintenir notre noyau dur de jeunes talents.
08:23 Plus de 50% de l'équipe est composée, est issue de l'équipe de développement.
08:28 Donc ça c'est une vraie richesse, c'est ce qui fait nos résultats aujourd'hui.
08:35 L'autodestiné l'a initié depuis déjà de nombreuses années.
08:42 Donc c'est quelque chose à laquelle on se tient. Henri Vanden Heuvel par exemple est issu de la Devo.
08:49 C'est un retour après son départ chez DSM dans lequel il n'a pas réussi avec des ennuis de santé à performer.
08:55 On espère bien le relancer.
08:57 Mais voilà, on n'est pas sur des grands bouleversements.
09:01 On fait avec nos moyens aussi, c'est une évidence.
09:03 Mais l'important est de pouvoir aussi investir dans le développement, dans la recherche, dans la performance forcément.
09:11 Ce ne sont pas les grands mots qu'on dit aujourd'hui, mais il faut que ça se suive d'actes clairs et précis pour les coureurs.
09:15 En 2024, si je compte bien, vous aurez 16 coureurs sur 29 avec 25 ans ou moins.
09:24 Ce qui est justement un effectif très très jeune.
09:27 Donc votre objectif c'est de construire avec cette génération là ?
09:31 Tout à fait. On a une base solide avec Arnaud évidemment.
09:38 Il ne faut pas oublier les Mervand Edvelt, les Maxime Van Gils, Andreas Kroon et j'en passe, ils ont tous beaucoup de talents.
09:45 Donc 10 coureurs différents qui ont gagné cette année, c'est quand même important.
09:48 Puis on a aussi des captains de route, des gens qui fixent le cap aussi dans l'équipe, comme Victor Campenaert et Aspert de Beust.
09:59 Tout ça ce sont des coureurs qui sont extrêmement précieux pour la réussite du groupe.
10:03 Dans ce mercato, il y a quand même un mouvement qui a souligné, c'est la perte de Kaleb Ewan.
10:09 On sait qu'il a eu des derniers mois assez compliqués dans l'équipe.
10:13 Est-ce que vous pouvez un peu revenir sur ce qui s'est passé avec lui et ce qui a mené à son départ ?
10:18 Tout simplement, c'est vrai que Kaleb est un grand coureur, un grand talent, on le sait.
10:26 Ça ne fait pas qu'une année qu'il ne le performe pas, c'est quand même au moins deux voire trois ans qu'il n'a pas regagné d'une manière intéressante.
10:33 C'est vrai qu'à partir du moment où on a ce statut, on se doit aussi d'avoir au-delà des droits, des devoirs.
10:41 C'est ce que j'ai souligné.
10:43 Je n'avais pas le sentiment que les choses matchaient bien entre lui et le groupe.
10:48 Et encore une fois, je n'ai pas de problème direct avec Kaleb.
10:51 Je me fais le porte-parole aussi d'un groupe de coureurs.
10:53 Vous savez, quand les sprints se déroulent à 60-70 km/h, il est important d'avoir son lead-out, ses équipiers autour de lui, ce qu'il faisait parfaitement bien.
11:03 Sauf que la confiance doit être partagée.
11:05 Un coureur qui fait ce travail d'abnégation pour apporter son sprinter dans les meilleures conditions n'a pas le ressenti de confiance que le leader doit lui donner.
11:16 Il ne va pas prendre tous les risques pour sa vie comme il le faisait.
11:20 À partir du moment où il faut se poser autour d'une table et comprendre ce qu'on est capable de faire ensemble ou pas, ce qui a été fait, moi je souhaite le meilleur à Kaleb.
11:29 Je pense qu'aujourd'hui, de toute manière, il va performer.
11:32 Il va certainement performer chez Jaipo.
11:35 Je n'ai pas le moindre doute là-dessus dans le sens où il a du caractère et de l'orgueil.
11:40 Il va vouloir prouver qu'il y a de l'orgueil.
11:42 Mais c'est clair que si nous avions continué ensemble, c'était plus ou moins une saison ratée pour nous d'un point de vue comptable.
11:49 Pour lui, c'était probablement une fin de carrière.
11:50 Il faut être assez respectueux et intelligent par rapport à cela.
11:54 Quand deux parties ne sont plus capables de fonctionner ensemble, il faut trouver la meilleure solution de séparation, ce qui a été fait.
12:01 Je lui souhaite le meilleur.
12:03 C'est quand même une page qui se tourne avec lui qui était dans l'équipe depuis de nombreuses années.
12:10 Il n'a pas non plus, sur le papier en tout cas, été remplacé par une grosse star.
12:18 Vous comptez sur quoi ? Vous comptez sur vos jeunes coureurs pour prendre sa place ?
12:24 Même si, comme vous le dites, il n'a pas eu de grands résultats, mais au niveau de la performance, vous comptez sur vos coureurs déjà présents ?
12:31 C'est toujours à la fin de la foire qu'on compte les bouses.
12:38 À partir de là, on en reparlera à la fin 2024. Je ne suis pas sur une logique de star, de grand nom.
12:48 Je pense que les grands noms sont en devenir dans l'équipe.
12:50 C'est une conviction qu'on partage en interne.
12:54 On fait notre chemin. On ne nous donnait pas beaucoup de légitimité au début de 2023.
13:00 On a prouvé le contraire, mais c'est encore à nous d'avoir la même réponse fin 2024.
13:07 Le vélo, c'est ça. C'est aussi de l'instinct, de l'intuition. Je travaille beaucoup à l'intuition et au ressenti.
13:14 Il faut beaucoup de communication. Je dirais que là, ça va être évidemment une partie à gagner.
13:23 Maintenant, Callem n'a pas non plus… C'est très difficile d'évaluer son impact sur le groupe en 2023.
13:34 Pour moi, il sera largement compensé en 2024.
13:37 Pour rester sur un niveau un peu plus terre-à-terre, en parlant du vélo, on sait qu'il y a Ridley qui risque de partir à la fin de cette saison.
13:48 Où est-ce que vous en êtes dans la recherche d'un nouvel équipementier ?
13:51 Est-ce que vous pouvez nous éclaircir un peu sur ce sujet qui est un peu flou ?
13:55 Effectivement, il y a beaucoup de commentaires qui sont faits.
14:01 Pour l'instant, on ne peut pas communiquer sur ce point par respect aussi par rapport aux engagements qu'on a.
14:06 Mais encore une fois, on est vraiment sur une logique de pouvoir produire et de donner à nos coureurs les meilleures solutions possibles sur le plan de la réussite et l'exercice de leur travail.
14:18 Le vélo est le premier outil de performance. Il est important pour nous d'être attaché à cela.
14:25 Même si on a eu, encore une fois, de très belles années avec Ridley, ces 12 ans de partenariat, ça ne s'efface pas comme ça.
14:31 Il y a des susceptibilités, il y a des sensibilités qui parfois sont touchées.
14:37 Mais encore une fois, on a une vision, on a une logique assez claire.
14:41 On sait où on veut aller et pour ça, il faut parfois faire bouger des lignes.
14:46 Ce n'est pas toujours très simple, mais les informations arriveront, encore une fois, dans le respect de chaque partie au moment où il faudra.
14:55 Mais il n'y a pas de souci, on est confiant par rapport à tout ça.
14:59 Maintenant, passons sur 2024. Quels seront vos grands objectifs de cette saison ?
15:11 Gagner, toujours gagner. J'aime bien ces 21 victoires. Passons un cran au-dessus.
15:19 Et encore, quand c'est 21 victoires, on ne compte pas les classes 2 qu'on a aussi obtenues.
15:25 On a cette chance aujourd'hui, dû à notre effectif relativement jeune, de pouvoir faire l'ascenseur entre la Devo et la Pro Team.
15:33 Donc, ces 21 victoires en classe 1, on vend le tour. C'est un super score.
15:38 Continuons, remplissons le quota World Tour. Ce serait top.
15:42 Il nous manque de transformer les 3 2ème places sur le Tour de France en au moins une.
15:49 Ce serait génial. Et rester dans ce même haut du panier par rapport à Stop 10 mondial pour qu'on puisse assurer au mieux notre retour au plus haut niveau.
16:02 En 2025, enfin 2026.
16:06 C'est ça. Vous l'avez évoqué, ce retour en World Tour en 2026. C'est l'objectif clair.
16:13 On a eu plusieurs équipes qui nous disent que ce passage en World Tour, ou cette non-rélégation en fonction des équipes,
16:23 ils n'y font pas forcément attention, mais ça passe plus par les résultats et ce n'est pas leur priorité.
16:33 Pour vous, c'est un objectif assumé de revenir dans l'élite et d'y rester pendant de longues années.
16:40 Je pense que c'est un peu une langue de bois de dire qu'on ne garde pas les points et qu'on préfère les victoires.
16:48 Bien sûr, mais même si tout est rassemblé, évidemment, quand on gagne, on a des points et ainsi de suite.
16:58 Mais c'est évident que tout le monde est concerné par cela. Je pense qu'il y a eu justement une mauvaise interprétation,
17:05 un manque de conscience par rapport aux enjeux en ce qui concerne l'équipe Loto sur les trois dernières années,
17:13 qui a amené à cette rélégation. Il y a eu un réveil un peu tardif. On connaît les règles aujourd'hui, elles sont claires.
17:19 On a vu que les sanctions pouvaient tomber. Peut-être qu'il y avait une illusion de penser que c'était un statut acquis.
17:26 On a vu que non. C'est pour cela qu'il faut être vraiment sensibilisé à cela.
17:30 Mais comme je le dis souvent, ce que j'ai dit en début de saison sur le premier stage, on explique les règles,
17:37 on en parle une bonne fois et après, on ne fait qu'y penser sans en rabâcher systématiquement les règles.
17:44 Les coureurs ont complètement compris la chose. Les points, on en a parlé, oui, effectivement, au mois de janvier.
17:50 Mais après, en ce qui concerne le staff, évidemment, on est obligé de tenir une comptabilité régulière.
17:55 C'est comme dans un chrono, quand on est à fond, mais quand on est en retard, c'est difficile d'en remettre.
18:02 C'est un peu pareil. Il faut rester dans le bon timing. Mais ça fait partie des règles et ça fait partie des responsabilités d'un groupe sportif
18:09 de savoir où il se situe. Mais ce n'est pas une obsession non plus.
18:14 Les choses vont bien. Et c'est vrai que quand ça gagne, de toute manière, la comptabilité va d'elle-même.
18:20 Pour l'instant, ça reste important et on se doit de le suivre régulièrement.
18:26 Et pour rester sur ces points, en 2023, vous avez préféré skipper le Giro, ne pas y participer.
18:36 Est-ce que vous serez au départ de Turin en 2024 ou c'est encore en discussion ? Où est-ce que vous en êtes ?
18:44 Si on avait décidé de skipper le Giro, c'est avant tout par rapport à la jeunesse du groupe.
18:52 Comme vous l'avez dit tout à l'heure, c'est beaucoup de coureurs qui sont moins de 25 ou moins de 23 ans.
18:58 Et la question est de dire qu'est-ce qu'on va chercher et dans quelle mesure ça rentre dans leur formation, dans leur développement,
19:05 de la manière la plus cohérente possible. Tout le monde ne s'appelle pas Evenepoel ou Pogacar ou Ayuso.
19:12 On n'a pas que des précoces. Donc il faut savoir suivre et s'adapter à ces talents-là.
19:17 Est-ce que c'est une erreur ou pas ? On était partagé. C'est avéré que ça n'était pas une erreur.
19:25 Parce que le Giro arrive juste après les classiques. Pour nous, les classiques, ça reste un point d'ordre extrêmement important.
19:31 Donc c'est vrai qu'une grande partie de l'équipe est full gas et qu'il faut avoir un temps de récupération derrière.
19:38 Il faut aussi un temps pour préparer l'échéance du Tour de France avec les stages en altitude,
19:43 qui mobilisent forcément à la fois du staff et forcément des coureurs par rapport à ces échéances-là.
19:48 Donc ça a été un bon choix. Pour 2024, est-ce qu'on va coller à cette stratégie-là ?
19:55 Il y a du débat. Et ça, j'aime bien, entre le staff sportif, les entraîneurs et le département de performance.
20:07 Parce que là, ce n'est pas une question de se dire qu'on n'est pas trop favorables à la politique de la chaise vide.
20:15 Mais c'est vrai que ça coïncide en 2024 à nos capacités. On a fait une saison pleine cette année.
20:24 Si on regarde bien, il n'y a pas eu de creux. Je pense que c'est principalement dû au bon choix de calendrier.
20:31 Jusqu'à Guangxi, l'équipe a été performante. Donc on souhaite avoir ce même contenant et voir si on peut rajouter un troisième Grand Tour.
20:44 Si ce n'est pas en 2024, ce sera certainement en 2025. Parce qu'on se doit à se préparer en 2026.
20:50 Mais là, c'est encore en pointillé. Même si en 2023, c'était très clair, en 2024, ce n'est plus discuté.
20:59 Mais pour l'instant, on se donne encore une bonne quinzaine de jours pour statuer ça.
21:04 Ok, très bien. On a compris que vous n'aurez pas de stage en décembre. Quels sont les prochains rendez-vous factuels pour votre équipe ?
21:15 Le stage en décembre, on l'évite évidemment pour une question de fraîcheur psychologique. C'est toujours une énergie qu'on dépense.
21:27 Sachant que tous nos coureurs sont en Espagne actuellement, en famille, à peu copains.
21:31 Mais le contexte est différent. On n'est pas dans une logique de stage d'équipe où il y a déjà beaucoup de sollicitations.
21:37 La présentation d'équipe aura lieu le 5 janvier prochain en Belgique. On partira dans la foulée à Denia pour 8-9 jours de stage.
21:49 Ce sera le seul point d'orgue collectif qu'on aura commun pour cette saison.
21:54 On dispatche l'équipe sur divers stages en altitude au Teide, puis à Sierra Nevada tout au long de l'année par des groupes avec des objectifs bien précis.
22:07 Le groupe classique, le groupe des Cantours, et les courses intermédiaires qui sont très importantes pour nous aussi.
22:16 Ce sera comme ça que se déroulera la préparation des coureurs.
22:19 Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour ces prochains mois et cette année 2024 ?
22:28 Je me souhaiterais une année un peu plus calme.
22:32 Parce que c'est vrai que ça a été une entrée en matière relativement lourde.
22:37 Je ne perdrais pas de la mémoire ce que j'ai vécu avec le décès de Tyler Decker.
22:45 Au mois d'août, qui a été le moment le plus douloureux de ma vie.
22:49 De manager en tout cas.
22:51 Je ne souhaite jamais le reconnaître, mais vivre ça en tant que manager, c'est extrêmement compliqué.
22:58 De remobiliser un groupe dans telles circonstances, ça a été vraiment éprouvant.
23:04 Autant le soutien sportif a été extrêmement riche et généreux avec nous, qu'il continue à l'être.
23:14 Mais d'une manière d'émotion, négative ou tragique, j'aimerais qu'il soit un peu plus ensoleillé pour 2024.
23:21 Merci beaucoup pour avoir accordé cette interview à la Cyclisme Actu.
23:26 Bon courage et bonne chance pour cette saison.
23:30 Merci, au revoir.