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Actuellement directeur sportif de la formation Elite Fondation Cycling Team, le Suisse Laurent Dufaux aura eu un palmarès fourni lorsqu'il évoluait chez les professionnels. En effet, le natif de Montreux a remporté pas moins de 31 succès en tant que coureur (de 1990 à 2004). Parmi ses victoires les plus marquantes, on peut citer ses sacres au classement général du Critérium du Dauphiné en 1993 et 1994, une victoire d'étape sur le Tour d'Espagne en 1996 ou encore son succès au général du Tour de Romandie 1998 - agrémentés de deux 4e place sur le Tour de France. Au micro de Cyclism'Actu, l'ancien fidèle lieutenant de Richard Virenque est revenu sur sa carrière et son projet avec Elite Fondation, avant d'aborder en détail l'évolution du cyclisme actuel, la passation de pouvoir de Patrick Lefevere (pour qui il a couru en 2004), l'état du cyclisme suisse et bien d'autres sujets.

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00:00Bonjour Laurent, merci d'accorder cette interview à Cyclisme Actu, ça fait exactement 20 ans que
00:12vous avez pris votre retraite sportive. Est-ce que pour ceux qui vous connaissent pas, les plus
00:16jeunes notamment, est-ce que vous pouvez vous présenter ? Alors c'est Laurent Dufault,
00:21donc effectivement ça fait 20 ans que j'ai terminé ma carrière cycliste professionnelle. Moi j'ai
00:27débuté ma carrière en 1991 dans l'équipe suisse Helvetia, donc j'ai fait 14 ans au niveau
00:36professionnel pour terminer en 2004 dans l'équipe de Quick-Step, qui était bien sûr dirigée par
00:42Patrick Lefebvre, aux côtés de Richard Virenque, et puis notamment j'ai gagné deux fois le Dauphiné
00:48libéré, terminé deux fois quatrième du Tour de France, deux fois sur le podium du Tour d'Espagne,
00:53une manche Coupe du Monde, le Grand Prix de Zurich, donc quand même un palmarès assez
00:58sympathique, et puis aujourd'hui je suis toujours resté très proche du milieu cyclisme en m'impliquant
01:07bien sûr par la passion qui m'anime et puis surtout pour transmettre un petit peu aux jeunes
01:13ma passion et puis surtout redonner à ce sport ce qu'il m'a apporté durant toutes ces dernières
01:19années. Justement sur ce projet là, vous êtes actuellement directeur sportif chez Elite
01:26Fondation, une équipe suisse, quel est votre rôle et quel est le projet de cette équipe ? Alors en
01:33fait moi je suis le directeur sportif de cette formation, c'est vrai qu'on a créé cette équipe
01:39en 2021 sur des bases déjà solides, en fait il y a un centre de formation, le premier centre de
01:44formation suisse qui a été créé à Genève, qui est dirigé par Loïc Huguen Tobler, et puis c'est
01:50vrai qu'au fil des années il a créé d'abord une équipe féminine, il y a eu deux équipes féminines
01:55avec une équipe UCI qui collaboraient ensemble, ils ont créé une équipe amateur en 2020 et en
02:002021 on a décidé de créer une structure de niveau élite nationale parce qu'en fait en Suisse il
02:04manque ce genre d'infrastructures pour accueillir les jeunes, donc avec un comité directeur on a
02:11monté ce projet, c'est vrai qu'aujourd'hui c'est un peu notre chemin, avec bien sûr un programme qui
02:17est très orienté sur les courses en France, donc nous on a pour but bien sûr de former les
02:22jeunes, d'encadrer les jeunes coureurs à partir de 18 ans, donc à la sortie des juniors, à partir
02:27de leur premier année 23, leur offrir bien sûr une infrastructure au niveau matériel, au niveau
02:33suivi d'entraînement, et puis surtout leur offrir un programme de course, c'est ce qui nous manque
02:37énormément en Suisse aujourd'hui, pour leur permettre de progresser et de faire face un petit
02:42peu à la concurrence étrangère, et puis bien sûr avec le but ultime c'est d'essayer d'avoir un de
02:47nos coureurs qui puissent passer chez les professionnels, on sait qu'aujourd'hui c'est
02:51devenu assez compliqué, le cyclisme a beaucoup évolué, a beaucoup changé, c'est vrai qu'on va
02:56chercher les jeunes, toujours plus jeunes, presque à partir des cadets, des juniors, donc nous on veut
03:01aussi donner une chance peut-être à des coureurs un tout petit peu plus âgés, qui doivent aussi
03:07faire leur apprentissage dans la vie de tous les jours, des études, et puis mener à bien un peu les
03:13deux choses. Et pourquoi justement ce calendrier centré sur les courses françaises, il manque
03:20un peu de courses de ce haut niveau là en Suisse ? Effectivement, alors en plus de manquer de
03:27structures d'équipe comme la nôtre, il manque surtout un programme de compétition qui permet
03:33justement aux coureurs de progresser, si on prend un peu sur l'ensemble du calendrier national
03:39suisse du mois de mars au mois de septembre, au niveau de course élite nationale, si on compare à
03:47une Annemas Belgare de retour, on a peut-être à peine une dizaine de courses, donc nous c'est
03:53clair, notre programme prioritaire, 80% de nos courses sont faites sur le territoire français,
04:00aussi au niveau logistique, on a aussi un gros programme au niveau calendrier belge, également
04:07italien, et l'idée c'est de pouvoir vraiment offrir à nos coureurs la possibilité d'aller affronter
04:14une belle concurrence sur des courses quand même bien relevées, parce que c'est vrai qu'en France
04:18on a le Tour du Beaujolais, on a le Tour de Saône-et-Loire, le Tour d'Univerny, etc. Donc
04:24énormément de belles courses qui nous ont aussi souri ces dernières saisons, et puis c'est vrai
04:29qu'aujourd'hui on s'est fait un petit peu un nom aussi dans le cyclisme français, parce qu'on est
04:32un petit peu l'équivalent d'une belle DNU de division nationale française au niveau structure,
04:38et puis le but c'est d'aller pouvoir concurrencer ces équipes là, et puis jouer des victoires
04:45également. Est-ce qu'à court ou long terme il y a un projet de montée de division et d'aller pourquoi
04:52pas toucher la continentale UCI, ou c'est pas un projet ? Alors c'était en discussion, c'est vrai
05:00qu'on a démarré aussi avec des budgets, je dirais aux alentours de 150 000 francs la première année
05:06en 2021, ensuite on est monté à peu plus de 200 000, 250 000 euros, et au fil des années on a
05:13progressé avec ce budget là, et on arrive maintenant dans des budgets qui pourraient nous
05:17permettre clairement de monter au niveau continental, parce qu'on peut dire qu'on est
05:20structuré comme une continentale, on n'est pas rattaché à une World Tour, à une Pro Team au niveau
05:25développement, et puis c'est vrai que c'était toujours la question de savoir est-ce que ça vaut
05:30la peine de monter sur la troisième division UCI, et puis finalement on reste convaincu qu'on a
05:37mieux retour de augmenter la structure, se professionnaliser, mais en restant à ce statut
05:41amateur qui nous donne justement l'accessibilité à un bon nombre de courses, de très très bons
05:46niveaux, qui correspond aussi au niveau de nos coureurs, pour s'affirmer à ce niveau là, pour
05:52essayer de progresser, que si on monte dans le statut continental, après bien sûr on doit
05:56solliciter bien sûr des candidatures de courses UCI, et puis aujourd'hui c'est devenu très compliqué
06:01d'être invité sur des courses, il y a beaucoup de concurrence, on le fait déjà, on a envoyé plusieurs
06:05dossiers dans des courses UCI, que ce soit en France ou en Belgique, et on voit que souvent on est
06:10confronté à cette concurrence, la priorité vend aux équipes de continental développement qui sont
06:16rattachées à des whole tours, et nous des fois on passe un petit peu à la trappe, mais on a déjà un
06:21cadre qui est très très riche, donc on va continuer sur cette optique là, et peut-être plutôt viser
06:27dans les années à venir, pourquoi pas clairement monter plutôt en deuxième division, donc de créer
06:32une vraie pro team dans les années à venir, mais c'est encore de la musique d'avenir on peut dire.
06:37Justement en France on sait qu'il y a un problème avec les dnr, il y a eu toute une confrontation
06:44entre la lnc, la ffc, est-ce que justement en Suisse vous avez aussi ce problème là,
06:52ou il y a eu des problèmes politiques qui entourent tout ça, ou vous êtes un peu loin de tout ce
07:00schmilblick ? Non on peut dire on est loin de tout ça, je dirais en Suisse comme je l'ai dit tout à
07:05l'heure, on manque clairement de structure de niveau national, on a bien sûr la toute belle
07:11équipe Tudor qui est en train de monter dans la hiérarchie, qui gentiment va arriver au niveau
07:16whole tour avec une magnifique pro team, ils sont déjà structurés quasiment comme une whole tour,
07:20avec un effectif magnifique, et ils ont une équipe réserve. Seulement qu'en Suisse pour pouvoir
07:25atteindre l'objectif de rejoindre une formation comme ça, chaque année il y a un voire deux
07:32athlètes grand maximum, et la plupart se dirigent vers une structure comme la nôtre,
07:36après il y a d'autres plus petites équipes élites en Suisse, mais qui se limitent peut-être à 5-6
07:43teams, pas plus. Donc c'est là qu'on voit que les coureurs suisses doivent eux, au travers de
07:52l'équipe nationale, en participant bien sûr à des épreuves du calendrier, coupe des nations,
07:58ensuite de pouvoir rejoindre peut-être des structures à l'étranger, parce qu'ils n'ont
08:02pas trop le choix s'ils veulent se donner les moyens de progresser. Donc nous aujourd'hui on
08:06ne veut pas dire qu'on a un gros problème comme il se passe au niveau en France. On sait que vous
08:11avez énormément de jeunes coureurs notamment dans votre équipe, qui a une grande majorité suisse,
08:16si vous aviez un ou deux noms à nous donner, qui vous pensiez que dans 3-4 ans pourraient
08:23évoluer dans l'équipe A de chez Tudor ou simplement en WorldTour, ça serait lesquels ?
08:29Bon alors on a plusieurs coureurs, il faut dire qu'en 2025 on a déjà une vingtaine de coureurs
08:35en 2024, là on repart sur un effectif de 19 coureurs, ce qui est quand même pas mal,
08:39il faut les gérer. L'équipe, on est quasiment une quarantaine de personnes, avec le directeur,
08:45le comité directeur, les directeurs sportifs et tout le staff qui est autour, donc on voit
08:50qu'on commence à amener une belle structure et sur ces 19 coureurs on a un réparti entre 10
08:55coureurs de moins de 23 ans et 9 coureurs élites, parce que pour nous c'est important de trouver un
08:59bel équilibre avec d'un côté des coureurs qui ont une maturité, qui peuvent aussi amener une
09:05certaine expérience, notamment un coureur comme Antoine Ebi, qui était à Charvel-Chavagne,
09:10qui a eu l'occasion de faire le Tour du monde avec l'équipe nationale cette année, qui a fait
09:13dixième du prologue, qui peut avoir ce rôle de vrai capitaine de route pour entourer les jeunes
09:19coureurs, parce que chaque année, notre but c'est vraiment d'amener toujours entre 3 et 4 juniors
09:24qui rentrent dans leur première année de 23 ans, et là on a une colonne vertébrale avec plusieurs
09:29jeunes coureurs, on a un jeune Mathéo Constant, qui vient du centre de formation de Genève,
09:34qui a bien sûr toutes les caractéristiques, il a maté une an, ça ça peut être un coureur qui peut
09:41dans les années à venir ambitionner de rejoindre les rangs de l'équipe Tudor, on a aussi un Arthur
09:48Guillet, très jeune coureur, qui s'est déjà révélé cette année sur plusieurs courses, après d'autres
09:54noms comme Alessandre Bingeli, qui a été deux années dans le Team U19 AG2R, au niveau de la
10:03réserve à Chambéry, donc on a quand même des bons petits noms, et Melvin Schmidt aussi,
10:10qui fait partie un petit peu de ce pool de coureurs qui ont connu l'aventure depuis le début chez
10:16Elite Fondation, et qui a bénéficié aussi un petit peu de notre infrastructure pour progresser, et puis
10:22notre rôle, comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est d'essayer d'amener un ou l'autre de ces coureurs
10:26vers les professionnels, comme on l'a eu l'année dernière avec Valentin Darbelay, qui était un coureur
10:34qui évoluait sur nos couleurs, qui est passé chez Coratec-Vinifantini en 2024, donc c'est aussi
10:39une satisfaction qu'un de nos coureurs peut passer chez les pros. Pour revenir sur un sujet un peu plus
10:44général et le cyclisme actuel tout simplement, 20 ans après que vous ayez pris votre retraite,
10:51quels changements ? Alors on se doute qu'il y en a eu beaucoup, mais quels sont les changements
10:55majeurs que vous avez remarqué ? Les changements majeurs, c'est déjà l'évolution à tout point de
11:02vue, au niveau des technologies, au niveau du matériel, au niveau de la manière d'aborder les
11:07saisons, les camps d'entraînement, je crois qu'il y en a beaucoup de choses qui ont évolué, je crois
11:12qu'heureusement que le cyclisme évolue avec son temps, comme dans d'autres sports. Après c'est vrai
11:18qu'il y a beaucoup de sujets, aujourd'hui on voit qu'on va toujours chercher plus tôt les coureurs,
11:24beaucoup plus vite, on a des recruteurs, moi je suis aussi un peu en contact avec certaines
11:28personnes dans le milieu qui m'ont aussi un petit peu sollicité, si au cas où je voyais un coureur
11:34qui sortait du lot très jeune, il fallait peut-être le signaler, donc on voit qu'on va maintenant
11:41détecter les jeunes beaucoup plus tôt, parce que tout s'est aussi professionnalisé beaucoup plus
11:46vite auprès des jeunes, au niveau des techniques d'entraînement, au niveau des différentes
11:52préparations, le matériel a beaucoup évolué et tout ça fait que tout progresse plus vite en fait,
12:00donc le niveau chez les jeunes est beaucoup plus élevé qu'il y a quelques années, mais il y a
12:05aussi bien sûr un danger parce qu'il faut garder quand même toujours la notion du plaisir, c'est
12:10un petit peu notre philosophie, est-ce qu'on veut faire comprendre à nos coureurs, il y a bien sûr,
12:17on doit pas négliger la vie professionnelle, donc il faut quand même avoir une formation parallèle
12:24de notre passion qui est bien sûr la passion de ces jeunes qui est le vélo, et puis de laisser un
12:32peu le temps au temps, parce que finalement de vouloir commencer trop vite, alors peut-être
12:37on va taper sur une masse de coureurs, mais il y aura aussi beaucoup plus de déchets ou des carrières
12:42seront aussi un peu plus courtes, mais effectivement aujourd'hui c'est un petit peu cette nouvelle
12:47règle, des fois on voit chez nos coureurs dès qu'ils arrivent à 22-23 ans, ils sont presque déjà
12:55pour certains démotivés parce qu'ils voient à quelle vitesse maintenant ça se passe, que finalement
13:02les coureurs qui ont 18-19 ans, ils sont quasiment déjà professionnels pour les meilleurs, on le voit
13:09dans plein de pays, et peut-être en Suisse c'est encore pas le cas. On a un jeune coureur qui vient
13:16de signer dans l'équipe Wisma U19, Antoine Salamin, ça c'est peut-être un jeune qu'on va entendre
13:23parler dans les années à venir, c'est peut-être le nouveau Marc Hirschi, mais voilà c'est un jeune
13:29qui sort des cadets, qui a tout gagné en cadet, c'est un bel exemple, il vient de signer dans
13:32une structure qui va lui permettre d'avoir un fil rouge, et si tout va bien, il y a le whole tour
13:39qui lui tend les bras, donc aujourd'hui on voit que ça va toujours chercher les jeunes toujours
13:45plus vite. Justement pour continuer sur le cyclisme suisse, vous étiez un peu la tête
13:53d'affiche de ce cyclisme suisse dans les années 90, début des années 2000, ensuite on a eu bien
13:59sûr le grand Fabien Cancellara, maintenant on a d'autres coureurs, des Hirschi, des Kung, des Schmitt,
14:06des Bissegger, comment vous estimez justement cette nouvelle génération de cyclistes
14:12suisse ? Je pense qu'on a un cyclisme suisse très riche en qualité, c'est vrai que malgré peut-être
14:21le manque d'équipe, le manque de courses, comme je l'ai dit tout à l'heure, on a la chance aussi
14:29d'avoir une équipe nationale qui fait un programme et qui fait aussi un travail pour développer les
14:35jeunes coureurs avec toutes les courses du calendrier U23, déjà U19 avec les Coupes des Nations et autres,
14:41et puis on voit que ces dernières années, les tout bons coureurs comme Hirschi, comme Bissegger,
14:46comme Mauro Schmitt, il y a aussi Robin Froidevaux, Yannis Voisard, c'est tous des coureurs un peu
14:53plus ou moins de la même génération, c'est des coureurs qui sont très orientés aussi sur les
14:57courses d'un jour, qui performent sur les courses d'un jour, peut-être il nous manque le coureur
15:02plus de courses par étapes, on l'avait malheureusement le regretté Gino Meder qui nous a quitté il y a
15:07deux ans, malheureusement il y a un peu plus d'une année, c'était peut-être le coureur qui avait
15:13les plus grandes caractéristiques pour pouvoir aller gagner un tour de Romandie, un tour de Suisse,
15:19et même jouer les premiers rôles sur des courses de trois semaines, et là aujourd'hui c'est vrai
15:24qu'il nous manque peut-être ce coureur, souvent moi c'est des questions qu'on me pose, pourquoi on n'a
15:28pas un coureur suisse qui peut un petit peu frapper les premiers rôles, mais il ne faut pas oublier
15:31que la plupart de ces très bons coureurs suisses sont aussi dans des grosses formations, où souvent
15:37ils sont à la remercie de leurs leaders, aujourd'hui il y a la hiérarchie qui a été posée, et quand on
15:42est au départ d'un Tour de France aux côtés d'un Tadej Pogacar, c'est 100% pour son leader,
15:48et automatiquement on met ses propres chances personnelles de côté, mais je trouve qu'on a
15:54quand même un cyclisme qui doit encore évoluer, je pense que Tudor fait un excellent travail de
16:01formation, et on voit que chaque année ils montent d'un étage, et il faut espérer que dans les années
16:06à venir on ait encore des coureurs qui vont se révéler, on voit le jeune Yann Christen, aussi
16:11très très jeune, qui fait déjà des grandes choses, qui va gagner des courses au plus haut niveau.
16:17Oui, pour un démographiquement un assez petit pays, il y a quand même deux équipes aussi avec
16:23Q36.5, ils sont en pro-team, il y a énormément de top coureurs, on les a cités, Christen, Hirschi,
16:31Kung et compagnie. Tout à fait, c'est vrai qu'il y a des fois on a tendance à l'oublier que Q36.5
16:38c'est une équipe suisse, même qu'ils n'ont pas beaucoup de coureurs suisses, ils viennent de faire
16:41un grand coup avec un recruteur notamment à Spingkock, donc là ça va aussi leur permettre de
16:46passer un cran au niveau de la notoriété, et puis l'ambition certainement aussi de vouloir essayer
16:52d'atteindre le World Tour, donc je pense que pour le cyclisme suisse c'est une bonne chose, mais il
16:58faut aussi peut-être donner un peu plus confiance aux coureurs suisses. Pour évoquer un sujet
17:03d'actualité justement, qui l'a fait la une un peu partout ces derniers jours, Patrick Lefebvre
17:09qui quitte le monde, enfin qui quitte entre guillemets, puisqu'il sera un peu toujours
17:13quand même dans l'équipe Soudal Fixed Team, mais qui quitte son poste de PDG. Vous qui avez couru
17:19sous ses ordres en 2004, qu'est-ce que ça vous évoque ? Je crois que Patrick c'est un très très
17:27grand personnage du cyclisme mondial, c'était mon patron en 2004, c'est quelqu'un qu'on respecte,
17:32c'est quelqu'un qui a du charisme, qui a beaucoup fait pour le vélo, qui a su mener tambour-battant
17:38toutes les équipes à laquelle il a dirigé, avec une très bonne philosophie, quelqu'un
17:46qui savait taper du point sur la table quand ça ne va pas, et on a vu un palmarès incroyable
17:54durant toutes ces années, et je crois que c'est un petit peu normal qu'à un moment donné on
17:59veut prendre un peu du recul, profiter aussi de la vie, mais je pense que c'est quelqu'un qui va garder
18:04toute cette passion qu'il a toujours animée pour être proche de son équipe, parce que ça reste
18:10quand même son bébé, et en tout cas je lui souhaite tout de bon pour la suite, et ça me ferait plaisir
18:18peut-être une fois de le revoir, parce que c'est vrai que j'étais un peu perdu de vue, même si je suis un peu
18:22en contact avec certains du team, donc voilà. Vous vous en gardez justement un bon souvenir de
18:29Patrick Bouchelet ? Oui, un excellent souvenir, je crois que c'est quelqu'un qui était toujours très proche des
18:34coureurs, et comme je l'ai dit, beaucoup de charisme, et puis quelqu'un qui savait se faire entendre
18:41quand ça n'allait pas. Pour aussi un coureur bien sûr qui fait toujours l'actualité, notamment
18:49cette année, même si ça fait des années qu'il est dominant, on va dire ça comme ça, cette année
18:54Pogacar, ça faisait très très longtemps qu'on n'avait pas vu un coureur justement dominer la
19:00saison de mars à octobre, qu'est-ce que ça vous évoque ? Puisque même vous à votre époque, bien sûr
19:05il y a eu des grands champions, bon malgré un peu des astérisques souvent sur la palmarès,
19:10mais des Armstrong, plus tard on a eu des Froome, des Contador, des Sagan, mais on n'a pas connu
19:15de coureurs aussi dominants depuis des dizaines et des dizaines d'années. C'est vrai que Thaïdège
19:22Pogacar, il est magnifique à voir, c'est vrai qu'il donne beaucoup de fraîcheur, mais c'est
19:27vrai que sur 2024, il était ultra dominateur du début de saison, dès le Tour de Haïtour,
19:34donc il était là pour se préparer, ensuite il a gagné l'Istraday Bianche, il a gagné Liege-Bastogne-Liege,
19:38ensuite pour aller se préparer au Tour d'Italie, donc en enchaînant le Giro et le Tour de France,
19:44et puis surtout d'aller encore sur le championnat du monde, donc c'est vraiment une saison presque
19:50plus grande que Merckx, on le dit, on le compare beaucoup à Merckx, après c'est quelqu'un qui a
19:57toujours performé depuis les jeunes catégories, alors c'est vrai que ça enlève des fois un petit
20:04peu de suspense quand on est un peu ultra dominateur, mais après je pense que c'est un
20:10gagneur, il a aussi la plus grosse formation autour de lui, il ne faut pas oublier que UAE
20:15c'est un énorme budget, ça fait partie des gros mastodontes du peloton, et surtout quand on voit
20:22un peu ses coéquipiers, c'est sûr qu'ils ont quasiment les meilleurs coureurs du monde, tout
20:28le monde peut être plus ou moins leader à titre individuel, donc ça fait aussi énormément l'équipe
20:33qui est autour du coureur, et toutes les technologies qu'il peut aussi profiter, c'est pour ça qu'on voit
20:39que l'UCI sont en train de se poser la question s'il faudrait limiter les budgets des équipes
20:43dans le futur pour une question d'équité, mais voilà, ça n'enlève pas la beauté et tout ce qu'il
20:54a pu apporter cette année au vélo, et maintenant on verra un petit peu sur 2025, si il va pouvoir
21:04être toujours à ce niveau là. On a eu Thomas Vauclair il y a quelques jours qui nous a dit ce que fait
21:10Tony Pogacar, c'est magnifique, mais c'est ennuyeux, est-ce que vous êtes un peu du coup sur la même
21:16longueur d'onde ? C'est vrai, comme je le disais, c'est qu'au bout d'un moment, quand tu vois qu'il
21:22part à 80 ou 100 km de l'arrivée, et puis que finalement il n'y a personne qui peut vraiment
21:29réagir, au bout d'un moment c'est vrai que pour le grand public ça devient un petit peu ennuyeux,
21:35moi j'ai déjà entendu des commentaires dans mon entourage dire que je suis moins parce qu'on sait
21:42qui c'est qui va gagner, donc il faut espérer qu'en 2025 il y aura un petit peu plus de concurrence
21:47sur les grands rendez-vous. Justement, cette année 2025, qu'est-ce que vous en attendez ? Que
21:54quelqu'un vienne perturber l'hégémonie Pogacar, sur le Tour de France peut-être un Vingegaard à 100% ?
22:01C'est ce qui nous a manqué un petit peu cette année, je pense que Vingegaard étonnamment
22:08était déjà sacré haut niveau par rapport à sa grave chute autour du Pays Basque,
22:14par rapport à sa convalescence, le peu de temps qu'il a eu pour se préparer, il était quand même là,
22:19on voit que c'est quand même un coureur aussi du Tour de France et je pense qu'il sera encore
22:25une fois là en 2025 pour essayer de prendre sa revanche et puis en tout cas d'essayer d'avoir
22:30un magnifique duel. Après on voit que Remco a énormément évolué aussi, Vénépoule, sur les
22:37courses de trois semaines après sa victoire au Tour d'Espagne, un magnifique Tour de France en 2024
22:41et je pense qu'il va revenir aussi avec des idées derrière la tête pour, il faut l'espérer, pour la
22:47beauté du spectacle et le suspense, d'avoir un peu plus de concurrence et un meilleur équilibre
22:52pour amener encore quelque chose, une valeur ajoutée si on pourrait dire.
22:58Merci beaucoup Laurent pour cette interview accordée à Cyclisme Actu, on vous souhaite justement tout le meilleur
23:04notamment avec votre équipe en 2025. Merci et bonne fête de fin d'année.

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