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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'absence du président de la République à la marche contre l'antisémitisme dimanche dernier. Pour Emmanuel Macron, cette décision s'explique par la nécessité de préserver "l'unité du pays".
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcription
00:00 18h16, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europa.
00:03 On va revenir sur les propos d'Emmanuel Macron en visite officielle en Suisse.
00:06 Il a justifié son absence à la marche contre l'antisémitisme.
00:09 Écoutez ce qu'il a dit et on en débat ensuite.
00:12 Mon rôle n'est pas de faire une marche.
00:15 Mon rôle est de travailler pour aider à la libération de nos otages,
00:18 ce que j'ai fait en appelant les responsables politiques
00:20 qui m'aident à le faire en Israël et au Qatar.
00:22 Et mon rôle est de continuer à préserver dans cette période l'unité du pays
00:25 et de ne jamais renvoyer dos à dos les uns et les autres.
00:28 Et à cet égard, veillons, au moment où l'unanimisme semble se faire
00:34 dans la lutte contre l'antisémitisme, à bien distinguer ses formes,
00:37 protéger les Français de confession juive,
00:40 ça n'est pas mettre au pilori les Français de confession musulmane.
00:43 Ce que j'ai trop entendu ces derniers jours et ces dernières semaines,
00:46 c'est le faire au nom de l'universalisme.
00:48 Voilà, le président Macron qui dit que son rôle n'est pas de manifester,
00:53 d'autres que lui ont pourtant manifesté,
00:55 qu'il ne faut pas renvoyer dos à dos les uns et les autres.
00:58 Comment une marche contre l'antisémitisme peut vouloir dire ça ?
01:01 Je termine ma phrase et je vous passe la parole, Eric Revelle, si vous permettez.
01:06 - Allez-y. - Mais, pardon, Laurence.
01:08 - Allez-y. - Je peux y aller ?
01:09 - Allez-y. - Merci.
01:10 Non, là, c'est absolument hallucinant.
01:12 Ne pas renvoyer dos à dos les uns et les autres, c'est sa première formule.
01:16 Mais précisément, en n'y allant pas et en faisant la déclaration qu'il fait,
01:20 suivante, c'est-à-dire, je ne voulais pas que les musulmans le prennent mal,
01:23 en fait, il renvoie dos à dos la lutte contre l'antisémitisme et la communauté musulmane.
01:30 C'est exactement, c'est-à-dire que dans le même texte, dans la même prise de parole,
01:34 pardonnez-moi, vous avez tout et son contraire.
01:36 Et c'est à peu près à l'image de la diplomatie française au Proche-Orient
01:40 depuis des jours et des jours et des jours.
01:42 Coalition anti-Hamas, vous vous en souvenez, sous les Colibais.
01:45 Je vous passe tous les détails du cessez-le-feu,
01:48 de l'appel au président Herzog israélien où il dit,
01:51 non, en fait, passez le cessez-le-feu, continuez.
01:53 Jusque-là, y compris au Tonnerre.
01:55 Vous vous souvenez du Tonnerre, c'est ce port-hélicoptère qu'on envoie,
01:59 c'est un hôpital, normalement, quand il est en configuration hôpital.
02:03 Ce que ne sait pas le chef de l'État quand il dit le bâtiment va sur zone,
02:07 il le sait en plus, c'est qu'en fait, le bâtiment n'est pas en configuration hôpital
02:12 et qu'il ne pourra pas soigner des Gazaouis puisque le pacha du Tonnerre dit,
02:18 prend la parole sur une chaîne d'info, France Info,
02:21 et dit, en fait, on n'a que quatre places pour soigner des blessés.
02:25 Non, mais je ne sais pas si vous voyez.
02:26 Donc, toute la séquence, à mon avis, est partie rétéraitement.
02:29 Rapidement, Éric Nolot.
02:30 Le président de la République aurait dû décréter l'Union nationale
02:34 autour d'une cause indiscutable, la défense et la solidarité
02:37 avec des milliers et des milliers de nos compatriotes juifs
02:40 qui vivent dans l'angoisse et la peur.
02:42 Il n'y avait pas d'autre chose à faire.
02:43 Moi, vous savez, comme je commence à être très âgé,
02:45 ça me rappelle cette phrase qu'on disait, si, si, Éric Reuven,
02:48 on disait dans le camp, il ne faut pas désespérer Billancourt,
02:50 c'est-à-dire qu'il ne faut pas dire la vérité.
02:52 Maintenant, il ne faut pas désespérer les banlieues.
02:53 Excusez-moi, mais un président de la République,
02:55 un homme d'État ne gouverne pas en fonction de telle ou telle minorité.
02:59 Il a donné cette impression en recevant Yacine Bellatar,
03:02 personnage extrêmement douteux, qui est censé représenter les banlieues.
03:05 C'est vraiment se faire une très piètre image.
03:07 Il était sur l'Élysée, pas par le président Macron.
03:09 Par des conseillers du président.
03:11 Tout ça, tout ça est catastrophique parce qu'on n'a pas l'impression
03:14 d'avoir affaire à un homme d'État, mais un peu l'impression
03:17 d'avoir affaire à un politicien qui louvoie, qui essaye de...
03:20 - Il avait raison. - Une voix qui n'est pas celle qu'on attend de lui.
03:22 - Allez, rapidement. - Par ailleurs, l'erreur intellectuelle
03:24 me paraît absolument fondamentale.
03:26 Imaginez-vous, pour suivre la logique, si demain, il y avait une résurgence
03:29 d'un antisémitisme d'extrême droite.
03:32 Imaginez-vous Emmanuel Macron dire "ah ben non,
03:34 je ne veux pas mettre les uns et les autres dos à dos".
03:36 Donc c'est très injuste d'accuser je ne sais qui,
03:38 X ou X catégories de Français, les Français de souche par exemple,
03:41 d'être dans un antisémitisme d'extrême droite.
03:44 Donc surtout, je n'irai pas marcher.
03:45 Cette manière de confessionnaliser la société,
03:48 de la découper en communautés, c'est la négation de l'universalisme
03:52 qui est celui de la République.
03:53 Donc la place du président de la République était évidemment
03:55 de défendre l'unité de la République et de la nation.
03:59 Et en plus, je pense qu'il méprise profondément les musulmans
04:03 comme les quartiers populaires en imaginant que mécaniquement,
04:06 à raison de leur origine, ils seraient tous violemment antisémites
04:10 parce que ce dont vous en parlez, ce n'étaient pas les préjugés,
04:13 c'étaient les actions antisémites.
04:15 Il y a combien de musulmans en France ?
04:17 Je ne crois pas que tous les musulmans qui soient dans ce pays,
04:19 évidemment, il doit y avoir combien ?
04:22 6, 7, 8 millions.
04:23 Ces gens-là ne sont pas tous en train de se jeter sur leurs voisins juifs.
04:26 Et dans la logique d'Emmanuel Macron,
04:27 si jamais j'y étais allé,
04:30 on aurait pu imaginer que je les pointais du doigt.
04:32 Et c'est au-delà de ça profondément insultant
04:34 pour tous ceux qui y sont allés et dont je pense quasiment aucun,
04:38 aucun, ni M. Larcher, ni Mme Brown-Pivet,
04:41 ni ses deux prédécesseurs présidents de la République,
04:43 aucun n'y était parce qu'ils voulaient pointer du doigt les musulmans.
04:46 Oui, bien sûr. Louis Dragnel, rapidement, inattendable.
04:48 Je trouve qu'il y a deux confusions très importantes chez Emmanuel Macron.
04:52 La première, c'est qu'en parlant de Français
04:55 qui pourraient se voir dos à dos ou alors de voir une France coupée en deux,
05:00 en fait, il sort de son rôle.
05:01 Normalement, le président de la République,
05:02 il n'y a qu'une seule communauté, c'est la communauté nationale.
05:05 Et en fait, ceux qui sortent de la communauté nationale,
05:07 son rôle, c'est de les faire revenir.
05:09 C'est le rôle du président de la République
05:10 et c'est tout son discours de lutte contre le séparatisme.
05:13 Et il y a une vraie entorse par rapport à l'Emmanuel Macron
05:15 qu'on a pu entendre dans des discours passés.
05:17 La deuxième confusion, je pense qu'il confond
05:21 la position d'équilibre du général De Gaulle et le "en même temps".
05:24 En fait, le "en même temps",
05:25 Emmanuel Macron donne l'impression qu'il épouse les deux causes,
05:28 ce qui est totalement impossible,
05:30 alors que l'équilibre, ça ne veut pas dire que vous épousez les deux causes.
05:33 Et c'est la raison pour laquelle je trouve Emmanuel Macron est passé
05:36 du "en même temps", donc où il donne l'impression d'épouser les deux causes,
05:39 et in fine, il finit par perdre tout le monde.
05:42 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous avez très peu de Français juifs
05:44 qui se retrouvent dans le discours d'Emmanuel Macron,
05:46 et vous avez aussi très peu de musulmans.
05:48 Et c'est ça qui est dramatique quand vous cherchez
05:51 à segmenter les discours en fonction des communautés auxquelles vous voulez parler.
05:55 Notant de vert.
05:56 D'abord, cette marche était digne.
05:58 Et pour Emmanuel Macron, ce fut une erreur,
06:00 et même une faute politique, peut-être morale,
06:02 que de ne pas y être allé.
06:04 Cette marche a été l'objet d'accusations,
06:08 d'insinuations avant même qu'elle n'ait lieu,
06:10 comme quoi c'était une marche ambiguë
06:11 entre la lutte contre l'antisémitisme en France et la défense d'Israël.
06:15 On a vu combien il y avait de drapeaux israéliens, c'est-à-dire zéro.
06:18 Il y avait des drapeaux français.
06:18 C'était une marche de gens, de juifs français et de républicains,
06:22 qui s'inquiétaient du sort des juifs français.
06:24 C'était ça le sujet.
06:24 Ce n'était pas de parler de la situation au Proche-Orient.
06:27 Donc ça, c'était la première forme d'accusation.
06:29 Et deuxièmement, c'était de dire que c'était une marche,
06:31 éventuellement, peut-être un peu raciste,
06:33 ou en tout cas, ambiguë sur la question.
06:35 Et on a vu que ce ne fut pas le cas, malgré les fake news
06:38 qui ont pu être répandues ici ou là sur les réseaux sociaux.
06:41 Ce fut une erreur de la part d'Emmanuel Macron de ne pas y être allé.
06:43 Et faisant cela, il montre qu'il ne connaît pas la stratégie Jupiter,
06:47 dont il se réclame pourtant.
06:49 La stratégie Jupiter, inventée par Jacques Pilan pour Mitterrand,
06:52 ce n'était pas une stratégie consistant à dire
06:53 que le président ne descend pas dans la foule.
06:55 Mitterrand l'a fait au moins deux fois.
06:56 Il l'a fait au Panthéon quand il a été élu russe ou flot.
06:58 Il l'a fait pour la marche de Carpentras, qui fait allusion.
07:01 Maintenant, sur le diagnostic, quand Emmanuel Macron dit
07:04 que la défense des Juifs de France ne doit pas consister
07:09 à mettre les musulmans au pilori, je pense que son analyse,
07:12 je ne suis pas son porte-parole, mais je pense que son analyse
07:14 consiste à dire que l'antiracisme universel et universaliste,
07:18 celui qu'on a vu de "touche pas à mon pote",
07:21 de l'esprit Black Blomber, cet antiracisme-là,
07:24 aujourd'hui, est fragmenté, est menacé,
07:27 éventuellement peut-être, en tout cas, menacé de disparition.
07:29 J'espère qu'il n'a pas disparu.
07:31 Et que ça, en effet, c'est un vrai danger, l'antiracisme.
07:33 Soit il est total, soit il n'existe pas.
07:35 Alors, c'est bien.
07:36 On a un dernier mot là-dessus, Eric ?
07:38 Parce que j'ai envie qu'on avance, Eric Nolot.
07:40 On réagit quand même à des actes particuliers.
07:42 Il se trouve que ces actes sont des actes antisémites.
07:44 Donc, contre nos compatriotes, Juifs, point barre.
07:46 Voilà, contrairement à ce qu'a dit très maladroitement,
07:48 ou peut-être plus que ça, l'imam de la Grande Mosquée,
07:51 il dit "mais montrez-moi, tous les jours, on peut montrer les lieux où..."
07:55 Voilà, les stèles du cimetière de Loire.
07:58 Si il n'est pas convaincu, enfin, tout ça est documenté.

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