Emmanuel Macron en déplacement dans le Moyen-Orient : «Il avait rendez-vous avec des morts-vivants»

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Transcript

00:00 mais d'abord l'édito international sur Europe 1. Bonjour Vincent Herouet.

00:03 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.

00:04 - Alors Emmanuel Macron poursuit aujourd'hui son rêve diplomatique au Proche-Orient,

00:07 il sera en Jordanie, il va voir à Leroy Abdallah II tout à l'heure.

00:10 Quel bilan tirez-vous de sa première journée en Terre Sainte ?

00:13 - Les dirigeants français qui vont en Israël font escale aussi à Ramallah,

00:17 capitale du pays qui n'existe pas.

00:19 Une politique d'équilibre impose deux visites officielles dans un seul voyage

00:23 et deux fois plus de risques de dérapage.

00:26 Pas besoin de rappeler Jacques Chirac en colère dans la via de l'Orossa

00:30 et l'accueil triomphal qu'avait réservé le lendemain Yasser Arafat au docteur Chirac.

00:36 On se souvient à l'inverse du Premier ministre Jospin,

00:39 fuyant sous les coups et les cailloux l'université de Birzeit en Cisjordanie

00:44 après avoir traité le Hezbollah de terroriste la veille en Israël.

00:48 Conséquence, les français marchent sur des œufs

00:51 et leur voyage à Jérusalem ressemble à des pèlerinages

00:54 avec des phrases toutes faites qu'ils récitent comme on fait tourner un moulin à prière.

00:58 Emmanuel Macron hier a fait à peu près le contraire.

01:02 Il voulait se rendre utile, si possible ramener des otages comme Joe Biden.

01:06 Il voulait aussi et surtout se distinguer de la cohorte des européens qui l'ont précédé.

01:12 Mais il n'y avait pas d'interlocuteur pour l'applaudir

01:15 et pour cause à Tel Aviv comme à Ramallah,

01:18 Emmanuel Macron avait rendez-vous avec des morts vivants.

01:21 - Alors en effet, ça avait très mal commencé puisque dès son arrivée à l'aéroport Ben Gurion.

01:25 - Oui parce qu'au pied de la passerelle l'attendait un fonctionnaire du protocole,

01:28 même pas un petit ministre.

01:30 Plus tard, Benjamin Netanyahou l'a reçu en chemise et en vitesse, l'air exténué.

01:36 Avec Biden, il avait au moins enfilé une veste.

01:38 Le chef du gouvernement israélien a perdu 25 points dans les sondages.

01:42 S'il a hosté son costume de politicien dimanché,

01:46 c'est qu'il a déjà quitté la fonction tout en noir.

01:50 Il semble assister à son propre enterrement.

01:53 Il a gardé quand même assez d'énergie pour faire passer à Emmanuel Macron

01:56 l'envie d'en appeler à l'arrêt de la colonisation ou à une trêve humanitaire à Gaza.

02:03 Le président a renié illico ces éléments de langage

02:06 et il s'est converti à la guerre au terrorisme.

02:09 Il a même renchéri, puisque le Hamas se conduit comme Daesh,

02:13 eh bien faisons de la coalition anti-Daesh une coalition anti-Hamas.

02:20 Il devait empêcher l'escalade régionale

02:23 et on l'a vu tout d'un coup plaidant pour l'internationalisation du conflit.

02:28 Ses conseillers sont tombés des nues à eux de rétro-pédaler,

02:32 d'expliquer qu'il n'est pas question que les Occidentaux bombardent Gaza

02:36 et encore moins les Arabes, juste d'échanger du renseignement.

02:40 À l'occasion il faudra qu'ils en parlent au Qatar, peut-être qu'il faudrait mieux

02:44 attendre que l'émirat ait racheté à ses amis du Hamas les franco-israéliens qu'ils détiennent.

02:50 En tout cas d'ici là le projet de coalition se sera dissipé comme tous les mirages.

02:53 - Alors autre ambition, la relance du processus de paix et de sécurité.

02:58 - Oui, Emmanuel Macron a passé deux heures à s'expliquer avec Mahmoud Abbas en vain.

03:02 Quand est arrivée la conférence de presse, le Palestinien a lu

03:07 le discours qu'on lui avait préparé comme tous ceux qu'il prononce depuis 18 ans.

03:11 Emmanuel Macron bouillait de rage, ça se voyait.

03:13 Le président de l'autorité palestinienne n'a plus aucune autorité depuis longtemps.

03:18 Il vient d'essuyer 15 jours d'émeute, il vit la plupart du temps loin,

03:21 des Palestiniens qui le méprisent, il est resté placide.

03:25 Même quand Emmanuel Macron a répété qu'il ne fallait pas confondre

03:30 la cause palestinienne et le terrorisme, quand il se faisait appeler Abou Mazen,

03:36 Mahmoud Abbas organisait le financement de septembre noir.

03:40 Et il considère aujourd'hui encore le massacre des athlètes israéliens

03:45 au JO de Munich comme une action héroïque.

03:48 À Ramallah comme à Jérusalem, aucun progrès n'est possible

03:51 sans changement de gouvernement.

03:53 Parfois en Terre Sainte, il y a des miracles.

03:56 Hier, il n'y en a pas eu.

03:57 - Une signature européen, Vincent Herouette. Merci beaucoup Vincent.

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