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00:00 Bonjour Vincent Cassel. Bonjour Julia. Merci d'avoir accepté cet entretien avec les incontournables d'Europe 1.
00:05 Alors le mercredi 13 décembre sort au cinéma le deuxième volet des Trois Mousquetaires réalisé par Martin Bourboulon.
00:12 Vous y incarnez l'un des trois mousquetaires à Tos, aux côtés de François Civil, Pio Marmaille et Romain Duris.
00:17 La question qu'on doit vous poser souvent, mais malgré tout je vous la repose,
00:21 quels sont vos souvenirs associés à l'oeuvre d'Alexandre Dumas ? Les vôtres ?
00:25 Alors je vais essayer de vous donner une réponse un peu différente de celle que j'ai donnée depuis un an.
00:30 Il y avait une barre chocolatée dans les années 80 qui s'appelait les mousquetaires. Le saviez-vous ?
00:39 Pas du tout. C'était du caramel recouvert. Ma grand-mère m'en rapportait ça.
00:43 Ma grand-mère paternelle. Et donc mon premier souvenir vraiment de mousquetaires c'était ce truc-là.
00:48 Ensuite je me rappelle que mon autre grand-mère maternelle m'avait fabriqué un costume de mousquetaires.
00:54 Donc je devais déjà aimer ça un petit peu. Le chapeau, le truc avec la croix devant, l'épée en plastoc et tout.
00:59 Et puis ensuite plus tard je me suis retrouvé sur le tournage de Richard Lester dans lequel mon père jouait le rôle du roi à l'époque.
01:07 Donc j'ai aussi ces souvenirs très précis de décors, de costumes.
01:11 Vous étiez petit, vous aviez 7 ans, c'était en 73 c'est ça ?
01:14 C'est ça.
01:14 Et justement quels sont les souvenirs que vous gardez de ce tournage quand votre papa joue un roi
01:19 et vous avez des mousquetaires autour ? Est-ce que vous pensez que la vocation est partie de là ?
01:24 Ah non, je pense que ça a participé.
01:26 Vous savez quand on voit son père déguisé en roi, en truc, en machin, en fait ça devient presque normal.
01:32 Du coup on s'habitue à une certaine fantaisie familiale
01:36 et ce qui fait que je pense qu'en grandissant on a moins de problèmes pour se projeter là-dedans.
01:38 Ça m'a toujours paru d'une certaine manière assez normal que je fasse ce métier.
01:44 Sûrement dû au fait que j'ai grandi sur des plateaux et tout ça.
01:46 Et en même temps quand même je réalise chaque jour la chance que j'ai de pouvoir continuer à le faire après 35 ans de faire ça.
01:53 Alors on va parler de ce deuxième volet intitulé "Milady".
01:57 Pour rappel, Constance Bonacieux est enlevée sous les yeux de D'Artagnan.
02:00 Le jeune mousquetaire pour la sauver est alors contraint de s'allier à la mystérieuse Milady de Winter incarnée par Eva Green.
02:07 Et ce second volet est centré sur le personnage de Milady, une femme complexe, ambiguë voire maléfique.
02:14 Et on comprend durant le film les liens particuliers qui vous ont lié avec elle par le passé.
02:19 Vous qui aimez les personnages complexes me semble-t-il, est-ce que vous avez ?
02:23 Aimez jouer avec cette Milady ?
02:25 Alors d'abord il faut que je revienne un petit peu sur ce que vous venez de dire.
02:28 Maléfique ? Je ne sais pas.
02:30 Vous savez le personnage de Milady est un personnage extrêmement moderne.
02:33 Surtout quand on sait à quelle époque il a été écrit.
02:36 Voilà une femme qui s'élève de son rang social, s'extirpe de sa condition, côtoie les puissants, au milieu d'un monde très très masculin pour le coup à l'époque.
02:49 Pour moi elle est plutôt extrêmement puissante.
02:51 Elle fait des erreurs de chemin, il y a des moments où elle est obligée de penser à elle plus qu'aux autres parce que c'est sa manière de survivre.
02:56 Et peut-être que c'est pour ça que Atos est si sensible à ses charmes.
03:02 C'était ma question suivante.
03:04 Une femme forte comme Milady...
03:06 Non non c'est bien, on est raccord.
03:08 Cette femme puissante, une femme extrêmement forte, on peut la détester parfois quand on voit ce deuxième volet.
03:15 Parce que je continue à dire qu'elle fait peur parfois.
03:19 Parce que sa force et son courage font peur.
03:21 Mais est-ce que vous pensez que ce genre de qualité féminine peut exercer une fascination,
03:28 sur votre personnage, mais aussi sur l'homme que vous êtes ?
03:31 Mais bien sûr.
03:33 On peut aimer et détester une femme plusieurs fois dans la même journée.
03:37 Surtout si on l'aime.
03:40 Donc oui bien sûr, de toute façon, que ce soit une femme ou un homme d'ailleurs,
03:45 je pense que quand quelqu'un est indépendant, fort, ça peut faire peur.
03:49 Et dans une relation, ça peut amener à plein de déboires et d'émotions et de passions.
03:57 On va parler de votre rôle.
03:58 Qu'est-ce qui vous a plu chez Atos ?
04:00 C'est le côté mousquetaire expérimenté et tourmenté ?
04:04 C'est pas le plus simple des quatre ?
04:06 Non mais c'est aussi le plus âgé.
04:08 Il a des remords, il a un passé, il est douloureux.
04:11 Il a la sensation d'être passé peut-être à côté de quelque chose.
04:14 Vous savez, il est difficile de vieillir, pour chacun d'entre nous.
04:19 Donc il y a cette notion, chez Atos, d'avoir peut-être raté un pan de sa vie,
04:24 d'avoir fait des choses pour lesquelles il n'y a pas de rédemption possible.
04:29 Et du coup il vit un peu dans ce truc presque suicidaire de vivre au service du roi,
04:33 dans l'espoir de se faire transpercer un jour au fond d'un bois.
04:37 Il paraît que vous avez participé à l'élaboration de votre personnage en termes physiques.
04:43 Vous avez participé à l'idée que vous vous faisiez de sa coiffure, de ses vêtements ?
04:49 C'est comme ça pour tous les acteurs tout le temps, vous savez.
04:51 C'est très très rare, il n'y a que des acteurs un peu...
04:53 un peu...
04:55 pathos, à qui on dit "tu te mets cette perruque, tu te mets ce costume, tu dis ça".
04:58 Nous les acteurs on est là pour donner corps à ce qui est écrit.
05:02 La plupart des grands metteurs en scène avec qui j'ai tourné
05:05 laissent aux acteurs une partie de la créativité et de la création de leur personnage.
05:11 Parce qu'en fait il y a des choses qu'on ne voit pas de l'extérieur et qu'on ne voit que de l'intérieur.
05:14 Et un acteur voit le personnage de l'intérieur.
05:16 Donc effectivement on l'amène, on lui amène sa texture,
05:19 on lui amène sa manière de bouger, de se battre, de monter à cheval,
05:22 de sortir ce texte qui a été écrit.
05:25 Donc effectivement, vous voyez par exemple là,
05:28 moi je suis plus vieux que le reste du casting, des mousquetaires,
05:32 et je suis plus vieux que le personnage tel qu'il a été écrit.
05:35 Donc j'ai plutôt préféré utiliser ça plutôt que d'essayer de faire quelqu'un de plus jeune.
05:40 Et donc du coup j'ai fait de ce Athos une espèce de loup gris,
05:43 peut-être un peu chef de meute, un côté plus paternel face aux autres.
05:48 Et ça a induit plein de choses en fait dans le rapport, dans ma manière de...
05:51 Il y a un truc, par exemple je suis le seul à avoir les cheveux longs dans le premier,
05:54 parce que pour moi c'était un truc un peu...
05:56 c'est quelque chose que je me suis inventé,
05:58 mais c'était quelque chose de l'époque, d'avant,
06:00 les autres sont plus cheveux courts, plus cow-boys finalement.
06:02 Plein de petites choses comme ça.
06:05 Donc oui, un acteur participe à l'élaboration de son personnage,
06:07 j'ai envie de vous dire, c'est la moindre des choses.
06:09 - Forcément, pendant la préparation du tournage,
06:11 il y a eu un entraînement physique pour ce genre de rôle,
06:13 c'est un film de cape et d'épée.
06:15 Est-ce que vous avez eu un entraînement particulier ?
06:18 Est-ce que vous vous êtes blessé ?
06:21 Est-ce que vous avez eu peur ?
06:21 Est-ce que ça a été challengeant pour vous ?
06:23 - On s'est pas blessé, parce qu'on est tous très professionnels,
06:27 mais en revanche, c'était surtout vraiment amusant.
06:33 D'ailleurs, pour vous dire, les Mousquetaires,
06:35 on s'est rencontrés, le premier truc où on s'est tous retrouvés ensemble,
06:37 c'était pour de l'escrime.
06:39 Donc on s'est tout de suite retrouvés...
06:41 - En cours d'escrime.
06:43 - Voilà, avec Yannick Borrel, qui est donc champion olympique d'escrime,
06:45 parce qu'on a commencé par une escrime moderne,
06:47 puis ensuite on a appris le maniement d'armes,
06:49 avec des armes plus anciennes, donc plus lourdes,
06:51 avec des gestes différents, etc.
06:53 Et donc très vite, on nous a mis un masque, un plastron,
06:55 on s'est branchés et on a commencé à faire des assauts.
06:57 Et donc tout de suite, ça a induit une espèce de compétitivité entre nous,
07:01 on était tout de suite essoufflés,
07:03 et on s'est beaucoup amusés.
07:05 Et j'ai l'impression que ça a été le premier ciment de notre groupe de Mousquetaires.
07:08 Et on a vu tout de suite qu'on s'entendait tous très bien,
07:10 en tout cas tous les quatre, vraiment très très bien.
07:12 - Eh bien merci beaucoup Vincent Cassel d'avoir été avec nous
07:14 pour les incontournables d'Europe 1.
07:16 Je rappelle la sortie du film "Les trois Mousquetaires"
07:18 au cinéma le 13 décembre prochain,
07:20 un très beau film de cape et d'épée, d'amour et d'aventure à voir en famille,
07:24 en cette période de fête. Merci à vous.