"C'est le propre de l'extrême-droite que de muter pour gagner par la ruse", estime Olivier Véran

  • l’année dernière
Le porte-parole du gouvernement a été l’un des rares au gouvernement à critiquer la présence du Rassemblement national lors de la manifestation dimanche. Pour Olivier Véran, la question de la présence du RN à la marche contre l'antisémitisme ne se serait "même pas posée" il y a dix ans. "C'est le propre de l'extrême-droite que de muter pour gagner par la ruse", affirme le ministre.

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00:00 - Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin dans le Grand Entretien le porte-parole du gouvernement.
00:04 Vos questions, vos réactions au 01-45-24-7000 et sur l'application France Inter.
00:10 Olivier Véran, bonjour.
00:12 - Bonjour.
00:13 - Et bienvenue à ce micro, projet de loi immigration, future loi sur la fin de vie,
00:18 inondation dans le nord de la France, on va revenir sur tous ces sujets d'actualité.
00:22 Mais d'abord, alors que la guerre se poursuit à Gaza, quelle est la position de la France ce matin ?
00:29 Emmanuel Macron a déclaré à la BBC « Nous exhortons à arrêter les bombardements sur les civils,
00:34 des bébés, des femmes, des personnes âgées sont tuées.
00:37 Il n'y a aucune raison ni légitimité à ça. »
00:41 Tout en disant au président israélien, deux jours après,
00:44 « Je soutiens sans équivoque le droit d'Israël à se défendre ».
00:49 Alors dites-nous donc, quelle est la position de la France ?
00:52 Israël peut continuer ses bombardements ou Israël doit les arrêter ?
00:57 La France appelle à une trêve humanitaire, solide, immédiate, durable,
01:01 qui doit pouvoir conduire à terme à un cessez-le-feu.
01:04 La France est une grande puissance diplomatique et humanitaire.
01:07 Quel est notre rôle ?
01:07 Nous ne sommes pas co-belligérants, on est d'accord, dans le conflit israélo-palestinien.
01:11 Par contre, notre voix porte.
01:13 Elle porte auprès des pays occidentaux, elle porte au sein des Nations Unies,
01:17 elle porte auprès des pays de la région Moyen-Orient, Proche-Orient.
01:21 Et nous tenons notre rôle en disant d'abord oui, Israël a été victime d'attentats terroristes le 7 octobre,
01:27 Israël est en droit de se défendre.
01:28 A l'heure à laquelle nous nous parlons, il y a encore des centaines d'otages,
01:31 y compris d'ailleurs peut-être encore des otages français.
01:33 Il y a quand même 8 personnes de nationalité française qui sont portées disparues
01:37 et je veux avoir une pensée pour eux, comme je le fais à chaque fois que j'interviens sur le sujet.
01:41 Et la France dit aussi, nous devons activer les couloirs humanitaires, nous prenons notre part.
01:46 A l'initiative du président de la République, une conférence sur la paix à Paris, jeudi dernier,
01:50 a permis d'identifier un milliard d'euros, dont 100 millions d'euros français,
01:55 pour pouvoir amener du matériel humanitaire. Nous envoyons des avions, des A400M,
01:58 plus de 50 tonnes de fret humanitaire.
02:00 Et puis la France, par la voix du président de la République,
02:03 tient la position qui est la sienne depuis des années et des années, qui n'a jamais varié, à savoir,
02:07 il faut une solution politique à deux États.
02:10 Il faut que les Palestiniens puissent vivre dans un pays dont ils peuvent sortir, dans lequel ils peuvent travailler.
02:15 Et les Israéliens doivent avoir le droit de vivre en paix sans avoir peur de recevoir des requêtes du Hamas tous les matins.
02:20 - Olivier Véran, on a lu dans le Figaro, et c'est inédit, une dizaine d'ambassadeurs français au Proche-Orient
02:26 ont collectivement signé une note pour dénoncer la position de la France,
02:29 le fait que la France soit de moins en moins entendue dans les pays où ils sont ambassadeurs de France,
02:34 et le virage pro-israélien de la France. Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
02:37 - Je vous redis ce que je vous ai dit. La France est influente.
02:41 Elle a une influence dont elle se sert à bon escient, pour cet objectif humanitaire,
02:45 cet objectif politique qui est le sien.
02:48 Et donc cette voix de la France, quand je vous dis qu'elle est influente et entendue, c'est pour ça qu'il y a peu de chefs d'Etat
02:55 qui sont capables, comme le président de la République Emmanuel Macron,
02:58 d'avoir au téléphone, en ligne, ou de recevoir, ou de se déplacer en contact direct avec la plupart des chefs d'Etat
03:05 qui sont les plus influents pour pouvoir agir sur ce conflit, pour faire en sorte que la trêve humanitaire se fasse.
03:10 Il n'y a pas d'autres chefs d'Etat qui réunissent autant de pays dans sa capitale,
03:13 en plein conflit, pour pouvoir identifier de l'aide humanitaire et avoir une parole claire.
03:17 La France a été le pays, un des pays moteurs dans la résolution des Nations Unies.
03:22 Regardez cela ! C'est ça encore une fois qui compte et ça n'a pas varié depuis le premier jour.
03:27 Oui, d'un autre côté, Benjamin Netanyahou a vertement répondu à Emmanuel Macron après ses déclarations à la BBC.
03:32 Il estime qu'Emmanuel Macron a fait une erreur grave sur le plan factuel et sur le plan moral,
03:36 estimant que ce n'est pas Israël qui empêche l'évacuation des civils, mais le Hamas,
03:40 et demandant à la France d'arrêter avec ses leçons de morale.
03:43 Le président de la République s'est entretenu avec les autorités israéliennes, ils ont pu discuter de cela.
03:48 Je vous redis qu'encore une fois, et le président israélien le sait, la France a toujours été très claire
03:52 sur la reconnaissance du droit d'Israël, encore une fois, de récupérer ses otages et de se défendre.
03:56 Vous savez, cette situation qui existe là-bas depuis des décennies maintenant,
04:01 elle doit obtenir une solution politique à terme. C'est indispensable.
04:05 Sinon, on reparlera de ça pendant des années encore.
04:07 Il y a eu ces attentats, il y en aura d'autres si on ne trouve pas une solution politique.
04:10 Donc à un moment donné, il faut aussi que les responsables dans la région soient capables
04:15 d'identifier des acteurs, des interlocuteurs, pour pouvoir travailler au-delà de cette trêve humanitaire,
04:21 aux conditions d'une solution politique. Chacun en a conscience.
04:24 Donc il y a les mots, et puis il y a les actes, les faits, le crédible, le concret.
04:28 - Revenons en France, Olivier Véran, beaucoup de participants à la marche
04:31 ont regretté l'absence d'Emmanuel Macron dimanche, la marche contre l'antisémitisme,
04:36 alors que François Mitterrand était présent lors du rassemblement après la profanation
04:40 du cimetière juif de Carpentras. Que répondez-vous à ceux qui n'ont pas compris son absence ?
04:46 - Il se trouve que moi j'étais à la marche grenobloise, il y avait plus de 4000 personnes,
04:50 beaucoup de monde dans les rues de Grenoble, beaucoup.
04:52 Et j'ai beaucoup discuté avec les gens qui manifestaient, j'étais au milieu de la foule.
04:56 Et je peux vous dire une chose, c'est que ceux dont les personnes qui manifestaient,
05:00 donc qui sont a priori très sensibilisés à ces questions-là, aux questions d'antisémitisme,
05:04 ce qu'ils m'ont dit c'est qu'ils ont énormément apprécié la lettre du président, qui était très claire.
05:09 Les termes employés, les mots employés, la manière dont il exprimait les choses
05:13 étaient d'un soulagement et c'était une véritable reconnaissance du drame
05:17 que peuvent vivre une partie de nos concitoyens au quotidien.
05:19 Je crois que, encore une fois, je comprends parfaitement la question sur le symbole,
05:23 le président a expliqué pourquoi sa place n'était pas dans cette manifestation ce jour-là,
05:27 néanmoins son soutien était très clair.
05:29 - En tout cas cette absence a été saluée par Jean-Luc Mélenchon,
05:31 Macron a raison de ne pas aller à cette marche qui est une manipulation.
05:34 Lui se félicite de son absence.
05:36 - Jean-Luc Mélenchon, pardonnez-moi, dès qu'il peut semer le désordre, la discorde,
05:42 dès qu'il peut monter les gens les uns contre les autres,
05:45 dès qu'il peut développer le sentiment que rien n'irait dans ce pays,
05:48 il se jette dans la brèche, il est dans une lutte éperdue pour le désordre.
05:52 - Marine Le Pen, elle, elle y était, vous avez déclaré, j'assume de dire,
05:56 qu'un parti politique créé par les héritiers de Vichy et qui participe à une manifestation
06:01 contre l'antisémitisme, ce n'est pas de l'unité mais de l'indécence.
06:06 Mais vous étiez seul au gouvernement à le dire,
06:08 le journal Le Monde a qualifié votre combat d'offensive solitaire
06:12 et il affirme qu'à Bercy, dans l'entourage de Bruno Le Maire,
06:15 on déplore des réflexes d'un autre dans les vôtres.
06:18 Ça aussi, vous répondez quoi à tout cela ?
06:22 - Vous savez, ça fait 15 ans que j'entends que diaboliser le RN ne marche pas.
06:27 Mais il se trouve que depuis 15 ans que le RN est dédiabolisé, il gagne des points.
06:32 Évidemment que c'est par les résultats de nos politiques qu'on fera reculer les extrêmes.
06:36 Évidemment que c'est en créant de l'emploi, en baissant les impôts.
06:38 Mais enfin, il se trouve que nous le faisons depuis des années
06:40 et que ça ne fait pas baisser le Rassemblement National.
06:42 Est-ce que le RN a changé ? Moi, c'est ça que j'entendais
06:45 dans les discussions qui ont eu lieu il y a quelques jours.
06:48 D'abord, il y a 10 ans, on ne m'aurait même pas posé la question de la présence du RN
06:51 dans une manifestation contre l'antisémitisme.
06:53 C'est un signe que les temps ont changé. Mais est-ce que le RN a changé ?
06:55 C'est le propre de l'extrême droite que d'être capable de muter pour gagner par la ruse.
07:00 L'extrême droite est capable de vous dire quand elle pense que c'est bon pour elle
07:03 qu'elle est contre l'Europe et l'euro.
07:04 Puis après vous dire finalement non, tout en baptisant une rue au nom du Brexit
07:08 dans des villes qu'elle tiennent, comme à Bocaire.
07:10 L'extrême droite est capable de vous dire qu'ils sont pour l'IVG,
07:12 qu'ils sont devenus des grands progressistes, qu'il n'y aura aucun problème,
07:14 tout en s'associant à l'extrême droite européenne au Parlement européen
07:17 pour voter des textes extrêmement régressifs sur les droits des individus.
07:21 L'extrême droite est capable de vous dire aujourd'hui que leur ennemi n'est pas le juif
07:24 et qu'ils ne sont pas antisémites.
07:26 Mais l'extrême droite s'est trouvé un autre ennemi.
07:28 L'extrême droite considère qu'il y a une partie des Français qui n'aiment pas les musulmans
07:33 et donc l'extrême droite considère qu'en se positionnant contre les musulmans
07:37 et pas contre les juifs, ça leur suffit pour avoir ses voix.
07:39 Mais dans un autre registre, pour montrer quand même qu'il y a des problèmes avec d'autres extrêmes,
07:44 Jean-Luc Mélenchon, lui, fait le choix de considérer qu'une partie de l'électorat musulman
07:48 n'aime pas les juifs et donc il appuie sur ce trait-là.
07:51 Et il y a des gens, vous savez, dimanche, et ça m'a troublé,
07:54 des gens qui m'ont dit "j'ai trop peur de Mélenchon, je vais voter Le Pen".
07:57 Mais je leur ai dit "mais attendez, c'est pas parce que vous avez peur de Mélenchon qu'il faut voter Le Pen".
08:01 Je comprends que vous puissiez avoir peur.
08:02 En tout cas, manifestement, ils n'ont pas envie de voter pour vous.
08:04 Vous avez le droit de considérer que Jean-Luc Mélenchon est plus dangereux que Mme Le Pen,
08:08 mais ne considérez pas que le RN soit moins dangereux que LFI.
08:11 Parce que qu'est-ce que c'est que le RN ?
08:12 Pour vous, le RN est plus dangereux que la France en Suisse ?
08:14 Non, mais ce que je vous dis, c'est que le RN, ce n'est pas Mme Le Pen et M. Bardella,
08:18 et les discours qu'ils peuvent tenir d'une année sur l'autre,
08:19 et qui peuvent effectivement varier en fonction de l'air du temps.
08:23 Qu'est-ce qu'il y a derrière le RN, derrière ces deux personnes ?
08:25 Il y a David Rachlin, le maire de Fréjus, où j'étais vendredi.
08:28 Chacun se souvient de la vidéo qu'il faisait dans une Mercedes
08:31 en disant "c'est la voiture du fourreur", en blaguant.
08:33 C'est M. Jacob Eli, dont chacun a pu voir qu'il insultait un député de la République
08:37 parce qu'il était maghrébin en le traitant de racaille.
08:39 C'est M. Angelman, le maire de Hayange, où je suis allé,
08:42 qui a coupé l'électricité du jour au lendemain au Secours Populaire
08:45 parce qu'il voulait à la place y mettre une association qui aide les bons Français.
08:48 Mais qui peut croire une seconde que si le RN gagnait le pouvoir,
08:50 ces personnes-là ne seraient pas des membres du gouvernement ?
08:52 En tout cas, Edouard Philippe, Olivier Véran, a lui déclaré hier sur Info
08:55 "je n'ai aucun problème à ce que Mme Le Pen vienne dans une manifestation
08:58 qui dit "nous ne voulons pas d'une France antisémite".
09:00 Lorsqu'on livre un combat essentiel, on ne choisit pas ceux avec qui on livre ce combat".
09:05 Lui, ça ne lui a pas dérangé.
09:06 Le RN a adopté cette stratégie extrêmement cynique,
09:09 qui a consisté, dès qu'une manifestation contre l'antisémitisme a été annoncée,
09:13 à s'imposer dans la manifestation par un communiqué.
09:17 Qu'est-ce qu'ils attendaient ? Ils attendaient qu'on s'entre-déchire.
09:18 De ce fait, la réaction qui était nécessaire a entraîné beaucoup de débats.
09:23 Et aujourd'hui, ils veulent continuer d'orienter, d'organiser le débat politique pour ou contre eux.
09:27 Je le redis, c'est un caméléon politique, c'est le propre du populisme.
09:31 Et regardez ce que le populisme et l'extrême droite font quand elles gagnent dans le monde.
09:34 Qu'est-ce qu'elle a fait en Pologne ? Qu'est-ce qu'elle fait en Hongrie ?
09:36 Qu'est-ce qu'elle a fait au Brésil avec Bolsonaro ?
09:39 Ce n'est jamais le progrès pour les gens.
09:40 Et en réalité, une fois qu'elle a conquis le pouvoir, elle fait bien ce qu'elle veut cette extrême droite.
09:43 C'est tout le discours que je tiens.
09:44 Mais ça n'empêche que j'ai parfaitement conscience que c'est en améliorant concrètement la vie des Français dans les territoires
09:50 qu'on donnera aussi envie aux gens de voter pour l'arc républicain.
09:53 Vous dites ça, c'était le premier titre du journal de 8h de Florence Paracuélos.
09:57 Un million de personnes accueillies l'an dernier aux secours catholiques,
09:59 près des trois quarts en situation de pauvreté extrême. La pauvreté augmente à cause de l'inflation principalement.
10:04 Elle augmente en France. Vous dites "regardez nos résultats économiques".
10:07 Je vous le dis, la pauvreté augmente en France et elle touche principalement les mères célibataires et les enfants.
10:12 Il y a eu ce chiffre qui faisait froid dans le dos il y a deux mois qui est sorti,
10:15 où près de 3000 enfants dorment dans la rue.
10:18 Je me souviens d'un Emmanuel Macron qui avait promis que plus personne ne dormirait dans la rue s'il était élu.
10:23 On est sept ans après. 3000 enfants dorment dans la rue en France aujourd'hui en 2023.
10:27 Alors que nous avons atteint le record du nombre d'hébergements d'urgence disponibles dans notre pays, c'est-à-dire 200 000.
10:34 Ce qui veut dire qu'effectivement, nous courons finalement après la lutte contre la pauvreté en investissant chaque année davantage.
10:40 Et il faut que nous le fassions encore davantage. Il est évidemment inacceptable qu'un enfant dorme dans la rue.
10:45 Vous savez, pendant la période Covid, les outils de protection qui ont été mis en place vis-à-vis des publics les plus précaires
10:51 ont permis de ne pas faire augmenter la pauvreté, alors même que ça a été l'inverse dans beaucoup de pays européens.
10:56 Nous avons toujours fait le choix de mettre en œuvre des politiques qui visent à réduire les inégalités.
11:01 Évidemment, nous n'avons pas, et malheureusement, nous n'avons pas éradiqué la pauvreté. Personne ne l'a éradiqué dans le monde.
11:06 Ce que je peux vous dire, c'est qu'on se donne tous les moyens pour le faire.
11:08 Et nous considérons que donner un emploi à chacun, c'est la meilleure manière de sortir des gens de la misérie et de la pauvreté.
11:13 Parce que donner une formation à des gens qui sont à RSA depuis des mois ou des années, c'est un moyen pour sortir de la pauvreté.
11:19 C'est cette émancipation aussi par le travail que nous portons et qui, malgré tout, porte ses fruits malgré les chiffres que vous donnez aujourd'hui
11:25 et qui reste une réalité.
11:26 Et nous avons un tissu associatif qui se mobilise partout sur le territoire et nous les soutenons financièrement avec la ministre des Solidarités.
11:32 Un secours catholique qui demande d'indexer les minima sociaux sur le SMIC, c'est ça qu'il demande ?
11:36 Nous sommes l'un des seuls pays européens à avoir indexé la totalité des minima sociaux sur l'inflation.
11:42 La totalité des minima sociaux sur l'inflation.
11:44 Parce que nous avons, cette année, augmenté le SMIC au-delà de l'inflation. C'est un engagement que nous avions pris.
11:49 Sur la fin de vie, Emmanuel Macron avait annoncé pour la fin de l'été la présentation du projet de loi.
11:55 Fin de vie, on est bientôt à la fin de l'automne et bientôt à l'arrivée de l'hiver et on n'a pas ce projet de loi.
12:01 Est-ce que vous nous dites ce matin, Olivier Véran, clairement, honnêtement, qu'il est repoussé de plusieurs mois ?
12:06 Non, non. Je vous dis que les informations que j'ai portent sur la présentation d'un texte de loi d'ici la fin de l'année 2023
12:17 avec un examen au Parlement au cours du printemps, c'est l'engagement que nous avions pris.
12:20 Il n'y a pas lieu, j'ai lu dans la presse, des indiscrets disant qu'il y aurait un recul ou des attentes.
12:25 Non. Il y a eu une réunion de cadrage autour du président de la République qui a été différée pour cause.
12:30 Parce que le président se déplace aujourd'hui là où on a besoin de lui, là où on l'attend en urgence, c'est-à-dire dans le Pas-de-Calais.
12:35 Parce qu'il y a des inondations et qu'il y a des milliers de nos concitoyens qui attendent sa présence pour faire des annonces importantes
12:40 pour les citoyens et les agriculteurs. Mais ça ne remet pas du tout en cause le projet de loi.
12:43 Donc avant la fin de l'année, avant 2023, le projet de loi fin de vie sera présenté.
12:47 Je n'ai pas d'informations contraires à celle-ci. Donc on sera dans ces eaux-là en tous les cas vraisemblablement.
12:52 Justement, les inondations, les dégâts sont considérables. 10 000 sinistrés, des foyers privés d'eau et d'électricité.
12:56 Qu'est-ce qu'il va leur dire ? Il va venir avec du sonnant et du trébuchant, le président de la République ?
13:01 Il va là-bas avec Brigitte Macron, avec des ministres.
13:05 Il y a eu hier une cellule interministériale de crise qui s'est mise en place sous l'égide de la Première Ministre à Matignon,
13:10 enfin organisée par la Première Ministre à Matignon. Et donc le président fera des annonces à l'évidence pour le soutien des populations.
13:18 Juste sur ce sujet-là, permettez-moi aussi de saluer l'action des élus locaux, des préfets, des associations de solidarité.
13:25 Parce que c'est très dur avec les inondations, avec la pluie qui dure, avec le niveau d'eau qui monte encore par certains endroits.
13:31 Et je sais que c'est énormément de fatigue sur le terrain. Je ne sais pas si les Français qui nous écoutent à la radio et qui ne sont pas de la région
13:37 arrivent à s'imaginer ce que ça représente en termes d'action sur le terrain pour les agents de l'État, pour les élus,
13:42 pour les associations que d'être capables de venir en aide à des sinistrés qui ont de l'eau plein leur cave, parfois même plein leur maison.
13:47 Olivier Véran, Venosan au projet de loi immigration qui sera voté aujourd'hui au Sénat.
13:52 Il a été profondément modifié, en particulier l'article 3 qui devait permettre l'octroi d'un titre de séjour de droit plein
13:58 aux travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, qui est remplacé par un titre de séjour d'un an à titre exceptionnel.
14:02 Ou encore l'AME, l'Aide Médicale d'État, qui est supprimé au profit d'une AMU.
14:07 Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, se réjouissait dimanche en disant « c'est une vraie victoire pour nous la droite,
14:13 car nous avons considérablement durci le texte, nous l'avons musclé en le faisant passer de 27 à 96 articles.
14:19 Résultat, le texte de Gérald Darmanin n'existe plus ! »
14:23 Bon, pour ceux qui nous écoutent, rappelez brièvement qu'il y a trois étapes pour l'adoption de ce texte.
14:27 Oui, certes, ça arrive à l'Assemblée Nationale, ça peut rechanger.
14:29 L'étape 1, c'est la droite, c'est le Sénat.
14:32 Le Sénat avait dit « on ne votera pas de texte ».
14:34 Finalement, ils votent un texte, ça veut dire qu'ils ont fait un pas.
14:39 L'étape 2, c'est l'Assemblée Nationale.
14:40 C'est là où nous devons constituer une majorité, avec un ou des groupes politiques, pour faire sortir un texte.
14:45 Et l'étape 3, elle est importante, c'est qu'on réunit des députés et des sénateurs pour qu'ils se mettent d'accord sur la rédaction.
14:49 C'est la Commission Mixte Paris.
14:50 Ce que je vous dis, Eléa Salamé, c'est qu'à l'Assemblée Nationale, bien sûr que la majorité aura à cœur de revenir sur un certain nombre de dispositions introduites par les sénateurs.
14:59 Lesquelles ? L'AME ?
15:01 On ne l'a jamais cachée, on n'a pas vocation à mettre en place une AME.
15:04 Il y a un rapport qui a été demandé.
15:05 Non, vous ne l'avez pas cachée, c'est Gérald Darmanin qui est favorable.
15:09 Il a dit clairement, à titre personnel, « je suis favorable ».
15:10 Il a eu plusieurs fois l'occasion de dire, depuis, que l'AME était importante pour notre pays.
15:16 Il y a une mission qui rendra ses conclusions d'ici le 2 ou 3 décembre,
15:19 qui permettra de regarder s'il a lieu ou non d'améliorer ou de toiletter certains dispositifs en lien avec l'AME,
15:24 comme je l'avais fait moi quand j'étais ministre, il y a deux ans d'ailleurs, on le fait de façon régulière, mais on garde l'AME.
15:28 Donc pas de suppression de l'AME ?
15:30 Pas de suppression de l'AME, c'est ce que vous dites.
15:32 L'AME est importante, je peux revenir sur l'ALR sans problème.
15:35 Non, non, non, sur l'article 3.
15:37 L'article 3, il est aussi important que l'AME, où ça pourrait être le geste que...
15:42 Non, mais pareil, l'ASLM...
15:44 Non, mais ça pourrait être le geste pour que l'ALR vote votre texte à l'Assemblée nationale et que vous ne passiez pas par un 49-3.
15:50 Il y a deux semaines, Sigma vient inviter, vous m'auriez dit, Olivier Véran,
15:53 la droite a dit qu'elle ne voterait aucune disposition permettant de régulariser des travailleurs dans les métiers en tension dans les régions où on a besoin d'eux.
16:00 Deux semaines après, qu'est-ce qu'on voit ?
16:02 On voit que les sénateurs ont fait ce geste et ont proposé une rédaction différente, mais ils vont dans le sens de l'ouverture d'une régularisation.
16:08 C'est un premier pas.
16:10 Je vous redis, on a un mois avant l'examen du texte à l'Assemblée nationale, et là, on va rétablir un certain nombre de choses.
16:16 Mais gardez en tête que dans le texte qui va être voté au Sénat cet après-midi,
16:20 il y a une disposition qui reconnaît la nécessité, là où on a besoin, dans les métiers dans lesquels on a besoin,
16:26 sous condition de régulariser des travailleurs étrangers.
16:29 Ça veut dire qu'il y a eu un geste qui a été fait et on n'aurait pas forcément parié, postulé là-dessus il y a 15 jours.
16:34 On passe au Standard Inter où nous attend Eric. Bonjour, bienvenue !
16:38 Oui, bonjour à tous.
16:40 Bonjour M. Véran.
16:41 Bonjour.
16:42 J'aurais savoir pourquoi vous êtes aussi dur et même agressif avec le RN et notamment Marine Le Pen.
16:49 Et si vous pouvez me trouver une seule parole antifémine de sa part,
16:53 et aussi doux avec LFI et Jean-Luc Mélenchon, où là, ce n'est pas la peine de chercher des paroles.
17:00 Merci Eric pour cette question.
17:03 Pourquoi une telle dureté avec le RN ?
17:05 Et citez une déclaration antisémite de Marine Le Pen. Olivier Véran.
17:09 D'abord, la dernière partie de votre question, Eric, je crois avoir démontré mon engagement résolu contre la LFI de M. Mélenchon.
17:16 En chaque occasion, si vous leur posez la question, je ne suis pas leur copain.
17:19 Parce que je n'aime pas l'extrême. Je n'aime pas l'extrême gauche, je n'aime pas l'extrême droite.
17:23 Je suis pour le champ, pour l'arc républicain.
17:26 Et il y a beaucoup de raisons qui font de cela.
17:28 Sur le RN, j'ai essayé de l'expliquer tout à l'heure, Eric, si je n'ai pas été suffisamment clair, pardonnez-moi.
17:33 C'est que, encore une fois, le discours de Marine Le Pen et de Jordane Bardella est un discours malléable, adaptable.
17:39 Qui est capable de dire un jour qu'ils sont contre l'euro et le lendemain qu'ils sont pour l'Europe.
17:42 Qu'ils sont progressistes tout en prenant des politiques conservatrices au niveau européen.
17:46 Et dans l'entourage de Marine Le Pen, il y a des messieurs comme Frédéric Chatillon.
17:50 Il y a un député dans le Var Rassemblement National qui tenait, avant d'être élu, une librairie qui vendait des livres antisémites.
17:57 Et qui a été condamné pour des violences volontaires.
17:59 Il y a un député du RN qui insulte un autre parlementaire de Raqqaï parce qu'il est maghrébin.
18:05 Je crois que les faits, il n'y a pas que l'histoire en réalité.
18:08 C'est vrai que j'entends ce discours. On m'a dit "Marine Le Pen était antisémite, mais Marine Le Pen ne l'est pas".
18:13 Je ne sais pas ce qu'est Marine Le Pen. Je dis que dans l'appareil de Marine Le Pen,
18:16 et si Marine Le Pen devenait présidente de la République, les gens avec lesquels elle devrait travailler,
18:20 les gens qui gouverneraient le pays, les gens qui seraient au gouvernement parmi eux,
18:23 il y a des élus qui aujourd'hui ont été condamnés ou qui n'ont pas du tout coupé avec l'antisémitisme, avec le rejet, la haine, l'intolérance.
18:32 Je crois que rappeler ça c'est nécessaire parce que, pardonnez-moi, l'extrême droite peut changer de nom, elle peut changer d'idée.
18:37 L'idée, elle reste fondamentalement ce qui caractérise l'extrême droite, un parti caméléon populiste
18:44 qui tente de prendre le pouvoir par tous les moyens et qui, une fois qu'il a le pouvoir, gouverne sur l'idée du rejet et de la haine de l'autre.
18:49 Olivier Véran, il nous reste deux minutes pour trois questions. Donc réponse courte s'il vous plaît.
18:53 La commission indépendante sur l'inceste doit disparaître dans sa forme actuelle après la publication d'un rapport le 20 novembre prochain.
18:58 Plusieurs sénateurs demandent à Emmanuel Macron que cette commission qui a été mise en place,
19:02 dirigée par quelqu'un de très bien, qui s'appelle Edouard Durand, qui demande, un juge, un ancien juge qui demande,
19:07 à ce qu'elle soit maintenue, qui a recueilli plus de 30 000 témoignages de victimes de pédocriminels depuis sa création en 2021,
19:14 soit maintenue. Pourquoi vous voulez la fermer alors que ça fonctionne bien ?
19:19 D'abord, c'est lorsque j'étais ministre de la Santé et des Solidarités que nous avons créé cette commission.
19:23 Donc je la connais bien, c'est moi, avec Adrien Taquet.
19:26 Deux, cette commission travaille extrêmement bien, plus de 30 000 témoignages d'enfants.
19:30 Trois, cette commission nous a permis, et a permis à Charlotte Cobell, qui est secrétaire d'Etat chargée de l'enfance,
19:35 de mener déjà des campagnes très fortes, incisives, et de donner davantage de moyens.
19:39 Quatre, cette commission remet son rapport, c'était d'ailleurs sa raison d'être, dans trois jours maintenant.
19:45 Cinq, aucune décision n'a été prise sur ce qui va, la manière dont le travail de la civise va se poursuivre sous cette forme ou sous une autre.
19:53 Vous avez un avis à titre personnel, puisque vous l'avez mise en place ?
19:56 Oui, je l'ai mise en place, mais pardonnez-moi, ça fait plus d'un an que je ne suis plus ministre en charge,
19:59 donc je laisse la compétence à Charlotte Cobell et je lui fais confiance pour faire les choix qui lui sembleront adaptés.
20:04 Donc sous cette forme ou sous une autre, croyez-moi, la lutte contre les violences faites aux enfants,
20:07 c'est un engagement de tous, et en particulier du président.
20:10 Juin 2024, les européennes, dans sept mois, Bruno Le Maire a dit non, c'est non, il ne veut pas être tête de liste, vous le regrettez ?
20:17 Bruno Le Maire aurait été un très bon candidat, mais il se trouve qu'il y a d'autres très bons candidats potentiels dans notre camp,
20:24 donc on verra cela.
20:26 Pardon, mais ne me posez pas des questions sur les castings ou sur les partis, ça n'a jamais été l'endroit dans lequel je me suis investi.
20:31 Je m'investis vraiment dans la politique du concret et de l'action,
20:34 et je suis très heureux qu'il y ait des gens qui fassent de la politique partisane,
20:37 parce que c'est très important d'en faire dans le pays.
20:39 Ce n'est pas de la politique partisane d'incarner une liste, Olivier Véran.
20:43 Je veux dire, le fait que Jordan Bardella incarne la liste aux européennes, ça veut dire quelque chose.
20:49 Je ne me suis jamais investi dans les structures des partis, ni au PS, ni à En Marche, ni à Renaissance,
20:53 et ce n'est pas une qualité.
20:55 C'est juste que je sais que je suis plus adapté pour d'autres formes d'action publique.
20:59 On aura des bons candidats qui prôneront les valeurs européennes.
21:01 Un mot sur le procès d'Eric Dupond-Moretti qui se poursuit devant la Cour de justice de la République pour soupçons de conflits d'intérêts.
21:07 Il a eu ces mots, "ce procès est une infamie".
21:10 Que le ministre de la Justice, qui reste en fonction pendant son procès, dise que le procès est une infamie,
21:16 la situation n'est pas pour le moins baroque ?
21:18 C'est l'humain qui parle, c'est l'homme Eric Dupond-Moretti qui consacre un certain nombre de journées à répondre aux questions des magistrats
21:27 et qui veut défendre, porter sa vérité, porter la vérité.
21:30 L'homme qui parle et c'est un ministre qui est toujours en poste, qui dit "ce procès est une infamie".
21:33 D'accord, mais j'ai déjà eu l'occasion de dire que c'est quelqu'un qui est entier, Eric Dupond-Moretti.
21:37 Voilà, et c'est aussi pour ça que les Français l'aiment.
21:39 Bien.
21:41 Bon.
21:42 Merci.
21:43 Ça restera baroque comme réponse aussi.
21:45 Merci Olivier Véran, porte-parole du gouvernement d'avoir été à notre micro.

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