Françis Eustache : «Il y a une grande diversité dans les réactions face aux traumatismes»
Le neuropsychologue, Françis Eustache, est revenu sur les réactions que les personnes peuvent avoir face à un traumatisme : «Il y a une grande diversité dans les réactions face aux traumatismes».
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00:00 Non, je comprends ce qu'elle dit avec ses mots
00:03 et avec aussi la grande diversité dans les réponses.
00:08 Je pense que c'est vraiment ça aussi.
00:10 C'est pas toujours facile à transmettre,
00:12 mais il y a une très, très grande diversité
00:14 dans les réactions à ces traumatismes et aux conséquences,
00:18 avec évidemment une acuité tout particulière
00:21 chez les parents endeuillés,
00:22 parce qu'on sait pas seulement l'événement,
00:24 c'est une conséquence de l'événement qui ne s'effacera jamais.
00:29 Quand il y a des actes terroristes qui sont commis,
00:32 qui sont perpétrés ou des conflits qui sont très durs,
00:35 pour les images de Barbarie, qui charrie notamment,
00:40 quelle est la conduite à tenir ?
00:43 Est-ce qu'il vaut mieux se mettre dans une bulle,
00:44 voire même se couper un peu de l'actualité
00:46 quand on est directement concerné ?
00:48 Je ferais pas une telle recommandation,
00:53 par contre, de ce que l'on sait aujourd'hui,
00:55 parce que bon, il faut vivre dans le monde.
00:57 Il faut que les personnes, elles continuent de vivre dans le monde,
01:00 il faut qu'elles soient au courant du monde,
01:02 il faut pas qu'elles évitent absolument tout,
01:04 parce que c'est une tendance forte au début,
01:07 c'est que les personnes, vous savez,
01:09 qui ont ce qu'on appelle un trouble de stress post-traumatique,
01:13 elles ont des images qui leur reviennent,
01:16 des images très sensorielles, très émotionnelles.
01:19 Quand je dis des images, c'est au sens large,
01:21 ça peut être des bruits, ça peut être des odeurs,
01:23 et donc elles vont essayer de se protéger de ces images,
01:26 elles vont éviter le monde, en quelque sorte.
01:29 Et certainement qu'à un moment donné, c'est la conduite à tenir,
01:33 mais au bout d'un moment, il faut aussi que le monde...
01:36 qu'elles interagissent avec le monde,
01:39 parce que c'est le monde aussi qui peut les aider.
01:41 Par contre, il y a des situations qu'il faut quand même éviter.
01:45 Alors, je le dis devant CNews,
01:47 c'est être devant des images, vous voyez, récurrentes,
01:51 des images en boucle.
01:52 Ça, il faut quand même éviter, parce que...
01:55 En tout cas, pour les personnes qui ont vécu un traumatisme très important,
01:59 parce que ça mime en quelque sorte les intrusions,
02:01 vous voyez, ces images qui reviennent.
02:03 Donc il faut quand même éviter ces situations-là,
02:06 qui peuvent réactiver ces images traumatiques.
02:12 Et puis, alors, votre autre question,
02:14 c'était la situation qu'on a vécue.
02:17 Les situations qu'on a vécues avec ces actes terroristes,
02:21 ils nous touchent de très près, par exemple dans les écoles,
02:24 à plusieurs reprises.
02:25 Alors, ça, c'est quelque chose de très fort,
02:27 parce que ça touche tout le monde.
02:30 On est tous concernés par l'école,
02:32 on a tous des enfants, des petits-enfants.
02:34 Et donc, on est concernés.
02:36 Et là, effectivement, c'est une réactivation.
02:39 Et ce qui est caractéristique du trouble de stress post-traumatique,
02:42 c'est qu'on n'en est jamais totalement, totalement guéri.
02:46 Même si on va mieux,
02:47 eh bien, les personnes vont être sensibles à, effectivement,
02:51 un acte terroriste qui ressemble, quelque part,
02:55 à l'acte terroriste qu'elles ont vécu.
02:57 Alors, pour le 13 novembre, on pense souvent,
03:00 c'est les attentats de Nice,
03:02 et puis d'autres qui sont survenus par la suite.
03:05 Et puis, il y a aussi un climat ambiant, tout de suite,
03:07 que l'on vit depuis plusieurs mois,
03:11 et encore plus depuis un mois.
03:15 Et, effectivement, ça crée une ligne
03:19 qui augmente les possibilités pour ces personnes
03:22 de réactiver des symptômes de stress post-traumatique
03:27 ou d'autres symptômes.
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