Anne Fulda reçoit Catherine Hermary-Vieille pour son livre «Un monde au-delà des hommes» dans #HDLivres
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00:00 -Bienvenue à l'heure des livres, Catherine Ermery-Vieille.
00:02 Point besoin de vous présenter.
00:04 Tout le monde vous connaît depuis votre premier roman en 81.
00:07 Vous avez publié beaucoup de romans, de romans historiques.
00:10 Et là, vous venez de publier "Un monde au-delà des hommes".
00:14 C'est un livre qui est paru chez Albain Michel
00:16 et qui revient sur une période qui était véritablement épique,
00:20 au sens premier du terme,
00:21 celle de la conquête des pôles, enfin d'un pôle, le pôle Sud,
00:25 à travers le destin de deux hommes qui étaient de vrais aventuriers.
00:29 Qui avaient décidé de conquérir, finalement, cette terre
00:33 parce qu'elle n'avait jamais été foulée par les hommes.
00:36 -Quel défi extraordinaire.
00:37 Et c'est vrai que l'Antarctique, contrairement à l'Arctique,
00:41 n'est foulée par personne. Il n'y a aucun animal.
00:44 C'est un désert blanc. C'est la glace,
00:46 avec des montagnes de 3000 m de haut couvertes de glace,
00:49 des gorges, des glaciers, des précipices.
00:53 C'est vraiment un monde complètement hostile.
00:56 Pour s'y aventurer, il fallait vraiment avoir un grand courage.
01:00 -Oui. Alors, ils en ont...
01:02 Vous dressez en parallèle le destin de l'aventure de deux hommes.
01:06 L'un est norvégien, il s'appelle Roald Amundsen.
01:08 L'autre est anglais, Roald Scott.
01:11 Et pourquoi avez-vous choisi, finalement,
01:14 de sortir des sentiers battus et de venir nous raconter la vie
01:18 de ces deux hommes dont un est mort, d'ailleurs ?
01:21 -Toute l'équipe de l'anglais est morte.
01:23 Les cinq hommes sont morts.
01:25 Et toute l'équipe d'Amundsen, avec les chiens, les traîneaux,
01:29 ils ont tous survécu.
01:30 Il avait bien planifié son voyage,
01:32 mais un voyage horrible, épouvantable.
01:35 Mais parce que, tout d'un coup,
01:36 je lis beaucoup, bien sûr, et j'ai beaucoup écrit,
01:39 et j'ai eu envie d'autre chose, justement.
01:41 J'ai eu envie de cette immensité de cette glace,
01:44 de cette blancheur de ces hommes qui avancent,
01:47 sans savoir où ils arriveront,
01:49 mais avec une énergie, un courage extraordinaire.
01:53 Je me suis dit qu'on se plaint de tout.
01:55 Et voilà des hommes qui savaient
01:57 qu'ils risquaient leur vie à chaque minute, à chaque instant,
02:00 mais qui étaient animés par ce désir d'aller plus haut,
02:04 d'aller plus loin.
02:05 -Ce qui est intéressant, c'est qu'ils sont l'un et l'autre
02:08 portés par leur pays,
02:09 parce que comme il y a aujourd'hui une forme de course aux armements,
02:13 il y avait, à l'époque, une course au pôle,
02:16 parce que ça représente des enjeux stratégiques.
02:19 -Énorme.
02:21 -Et c'est vrai que les Anglais avaient misé sur ce capitaine,
02:25 Robert Scott, qui avait une expérience d'épaule,
02:29 qui était un homme très qualifié,
02:31 mais qui a mal su choisir son équipe.
02:33 C'est très important quand on part pour quelque chose
02:36 d'aussi difficile, d'avoir une équipe parfaite,
02:39 et puis l'amitié sur des poneys qui se sont tous cassés les pattes,
02:43 les pauvres bêtes.
02:44 Par contre, Amundsen, qui était né avec des skis au pied,
02:47 un Norvégien, la glace, le froid, il connaissait,
02:50 et lui a misé sur les chiens de traîneau,
02:52 les chiens qui viennent de Sibérie, du Groenland,
02:56 qui sont des bêtes extraordinaires.
02:58 -C'est important, le rôle des chiens.
03:00 -Des chiens qui ont escaladé des montagnes de glace
03:04 de 2 800 m, tirant des traîneaux lourdement chargés,
03:08 des chiens d'un courage, d'une force, d'une volonté,
03:11 batailleurs comme tout,
03:13 mais ce n'est pas un chien que vous mettez sur votre canapé.
03:16 C'est vrai que ce sont des chiens...
03:18 Les chiens de traîneau m'ont complètement séduite.
03:21 -Il y aura une sorte de course,
03:23 et c'est le Norvégien, Amundsen, qui va la gagner.
03:26 Il faut dire qu'il a, vous venez de l'évoquer,
03:28 de l'expérience.
03:30 C'est un aventurier, il a été bloqué dans les glaces
03:33 pendant des mois, il a vécu avec des Inuits.
03:35 Des Inuits, pardon.
03:37 Donc, c'est...
03:38 Peut-être qu'il partait avec un avantage
03:40 par rapport à son concurrent anglais.
03:42 -C'est évident, parce qu'il savait survivre
03:45 dans les conditions extrêmes.
03:47 On lui avait appris à bâtir des iglous,
03:49 à conduire les chiens,
03:51 à vivre, justement,
03:53 avec suffisamment de vitamines,
03:56 parce que beaucoup ont été...
03:57 L'équipe anglaise était atteinte de scorbutes,
04:00 la grosse difficulté de cette époque,
04:02 le manque de vitamine C,
04:04 tandis que les Inuits ont beaucoup appris à Amundsen.
04:07 -Alors, vous décrivez la vie des deux côtés,
04:11 notamment dans l'équipe anglaise,
04:13 cette expérience qui se finit très mal
04:15 avec des personnages assez déchirants.
04:18 Ce sont tous aussi des hommes,
04:19 par exemple, Scott, celui qui mène l'expérience,
04:22 est marié, donc on parle de sa femme,
04:24 qui est un personnage.
04:26 Kathleen, il lui écrit une lettre d'adieu déchirante.
04:29 -J'essaie de parler, si vous voulez,
04:31 de la vie "ordinaire" de toutes ces personnes,
04:34 parce qu'on les voit, des héros tombant dans des crevasses,
04:37 en sortant en balaiette de cordes,
04:39 escaladant des glaciers,
04:41 mais ils ont une vie privée,
04:42 avec des femmes et certains enfants.
04:45 J'ai voulu les situer aussi dans leur vie ordinaire.
04:47 Un héros, c'est aussi un homme.
04:49 Regardez Lindbergh, qui aussi est un héros,
04:52 qui a traversé l'Atlantique à la même époque,
04:54 dans un coucou qui aurait dû s'abîmer dans les flots.
04:58 Il avait aussi une femme et un petit garçon.
05:00 Mais c'est vrai que j'ai voulu faire un livre
05:03 qui brassait le tout, le héros et puis l'homme
05:06 de la vie quotidienne.
05:07 -En tout cas, c'est réussi.
05:09 Ca s'appelle "Un monde au-delà des hommes".
05:11 C'est paru chez Albain Michel.
05:13 On voit aussi comment des hommes peuvent aller
05:16 au-delà de leurs limites, dans des conditions extrêmes,
05:19 pour aller...
05:20 Pour se frotter à des épreuves
05:22 extrêmement insurmontables. -Pratiquement insurmontables.
05:25 C'est pour ça que j'ai écrit au début du livre,
05:28 pour voir toujours plus haut, toujours plus loin.
05:31 C'est quelque chose à quoi on devrait penser.
05:34 C'est une bonne... -Ce sont de bonnes paroles.
05:36 Merci beaucoup, Catherine Ermari-Villac.
05:39 -Merci à vous. Merci.
05:40 ...
05:44 [SILENCE]