Psychologie : comment expliquer l'antisémitisme ? - Ca va mieux en le disant

  • l’année dernière
Avec Jean Doridot, docteur en psychologie, fondateur de l’application Zenfie et auteur du livre Le bonheur est une science exacte (Larousse).

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##CA_VA_MIEUX_EN_LE_DISANT-2023-11-11##
Transcript
00:00 Sud Radio, ça va mieux en 10 ans. Jean Dorido.
00:05 Bonjour Jean. Bonjour Jean-Marie, bonjour à tous.
00:07 Docteur en psychologie, fondateur de l'application Zenfi.
00:09 Jean, c'est le fléau du siècle dernier, c'est désormais aussi celui du nouveau siècle.
00:14 C'est celui contre lequel une bonne partie de la France va marcher demain.
00:17 On parle de l'antisémitisme. Revenons à ses fondements psychologiques.
00:21 Comment le psychologue explique ce phénomène de l'antisémitisme ?
00:24 Alors en fait, l'explication psychologique de l'antisémitisme,
00:27 ça renvoie à ce qu'on appelle en psychologie la catégorisation sociale.
00:30 Le cerveau en réalité fait des catégories, il en a besoin, il ne peut pas s'en empêcher.
00:36 Les hommes versus les femmes, les vieux versus les jeunes, les homos versus les hétéros.
00:41 Et de cette catégorisation mécanique, systématique, naissent en réalité des clichés,
00:46 qu'on appelle en psychologie des stéréotypes.
00:49 Les hommes ne pensent qu'au foot et aux voitures, les femmes ne pensent qu'au shopping par exemple.
00:52 Alors évidemment ces stéréotypes sont faux, ce sont des erreurs cognitives,
00:57 néanmoins le cerveau reptilien, qui est un cerveau réflexe,
01:00 et bien lui, il croit dans ces clichés.
01:03 Et de ces croyances erronées, toxiques, naissent des préjugés,
01:08 qui sont précisément des attitudes négatives vis-à-vis d'un groupe constitué.
01:13 Et ce sont précisément ces préjugés qui entraînent la discrimination,
01:17 avec bien sûr l'extrémité, le stade ultime, l'agression.
01:21 Et c'est ainsi que certains en arrivent à croire que les juifs peuvent dominer le monde,
01:24 ou alors aiment plus l'argent que les autres.
01:26 Jean, il y a quand même des personnalités plus aptes, si j'ose dire,
01:30 à tomber dans ce genre de délire antisémite.
01:32 Alors la réponse, là encore, de la psychologie, c'est à la fois oui et non.
01:37 Oui dans la mesure où Théodore Adorno, un philosophe allemand,
01:40 publié en 1950 déjà, un ouvrage qui vraiment a fait date dans les sciences sociales,
01:46 étude sur la personnalité autoritaire, c'est vraiment un grand classique.
01:50 Il travaille, Théodore Adorno, à ce moment-là, avec des psychologues,
01:53 Else Frankel-Brunswick, Daniel Levinson, David Stanford,
01:57 et ces psychologues vont l'aider à constituer une échelle de la personnalité autoritaire précisément.
02:03 Sur la base de questionnaires, ils vont réussir à faire en sorte que chaque personne
02:07 a une note d'autoritarisme.
02:10 Et il y apparaît de ces recherches que oui, il y a effectivement des profils
02:14 qui sont prédisposés à basculer dans les comportements autoritaires,
02:18 et donc prédisposés à l'antisémitisme, on est en 1950, au sortir de la seconde guerre mondiale.
02:23 Donc oui, c'est un fait, il y a, c'est vrai, des personnalités prédisposées, Jean-Marc.
02:28 Sauf qu'il y a des profils, mais pas que, il y a aussi monsieur et madame Tout-le-Monde.
02:31 Alors exactement, vous faites bien de le rappeler, et là, ce sont des études
02:35 qui ont été faites par un psychologue américain cette fois, monsieur Moosaffer-Sheriff,
02:39 qui démontre dans les années 50 que dès que vous créez arbitrairement
02:44 des groupes d'individus séparés les uns des autres,
02:47 et bien systématiquement, dès lors que ces groupes s'affrontent
02:51 pour des ressources qui sont limitées par définition,
02:54 alors naissent des comportements hostiles.
02:57 Ils ont fait ça avec des enfants qui étaient en colonie de vacances,
02:59 et ils ont démontré de façon imparable, je dirais, que c'est un fait.
03:03 Dès qu'il y a deux groupes, alors à ce moment-là, il y a de la violence,
03:06 de l'hostilité, de la haine qui apparaît.
03:09 Oui, ça commence par la guerre des boutons, ça peut aller beaucoup plus loin.
03:12 Si je comprends bien, on a des profils qui potentiellement peuvent basculer
03:15 plus facilement dans l'antisémitisme, mais si notre cerveau
03:18 est prédisposé, Jean, au rejet de l'autre, au sens large,
03:22 alors comment on s'en sort ?
03:23 Eh bien on s'en sort précisément par l'éducation,
03:26 par la rencontre dès le plus jeune âge de tous ces différents groupes,
03:31 précisément, on appelle ça en psychologie l'exo-groupe.
03:33 L'exo-groupe, c'est le groupe des autres.
03:35 C'est toutes ces initiatives, typiquement le projet Erasmus,
03:39 qui est apparu précisément pour que les Européens cessent de se faire la guerre.
03:42 Cette idée que si les jeunes voyagent, se rencontrent les uns les autres,
03:46 alors nous pourrons enfin obtenir la paix et sortir
03:50 de ces comportements absolument terribles.
03:55 Absolument écœurants, comme ce qu'on peut voir sur les réseaux sociaux.
03:58 Merci Jean Dorido. Je rappelle votre livre "Le bonheur est une science exacte",
04:01 c'est publié chez Larousse. A bientôt.

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