Marche contre l'antisémitisme : pourquoi divise-t-elle les partis politiques ?

  • l’année dernière

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la marche de dimanche contre l'antisémitisme.
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Transcript
00:00 François Hollande, Nicolas Sarkozy et Elisabeth Borne seront dans le cortège de la marche organisée contre l'antisémitisme.
00:07 Mais pas aux côtés du Rassemblement National.
00:10 Depuis que Marine Le Pen a annoncé que son parti et ses adhérents défileront,
00:14 c'est une marche en désunion qui se profile.
00:16 Yannick Jadot s'est interrogé sur la place du RN dans le cortège.
00:20 Le RN, c'est pas nous qui devons nous interroger sur notre présence à cette manifestation.
00:27 C'est évidemment l'extrême droite qui doit s'interroger et qui ne devrait pas être là.
00:32 Les partis socialistes, communistes et les écologistes ont annoncé la mise en place d'un cordon républicain
00:37 pour se distinguer du Rassemblement National dans le cortège.
00:40 Le parti de la majorité n'entend pas non plus défiler aux côtés du RN.
00:45 C'est ce que souhaite Sylvain Maillard de Renaissance.
00:48 Et donc non, je ne défilerai pas aux côtés du Rassemblement National, c'est un défi...
00:52 Et comment vous allez faire très concrètement ? Vous allez leur donner un autre parcours ?
00:57 Comment ça va se passer ?
00:58 Moi je ne regarderai pas en queue de cortège si l'indécent s'y est. Je ne regarderai pas.
01:02 Ce que vous voulez dire c'est qu'ils seront en queue de cortège vraisemblablement ?
01:05 Je ne regarderai pas où ils sont, je ne regarderai pas en queue de cortège.
01:08 Je veux que les citoyens se mobilisent.
01:09 Les insoumis ont tranché, ils ne participeront pas à cette grande marche civique.
01:14 Ils ont appelé à un autre rassemblement, samedi, à une marche contre la guerre.
01:18 C'est accablant Éric Nolot.
01:20 Dans une carrière politique, généralement, on gère le tout venant.
01:23 Ça ne veut pas dire que ce sont des questions sans importance, mais ce n'est pas crucial, ce n'est pas existentiel.
01:27 Et puis, deux, trois fois, il y a des circonstances historiques, et il faut essayer d'être à la hauteur.
01:31 Là, le rendez-vous est manqué, ces gens ne sont pas à la hauteur.
01:34 Tout ce qu'on vient d'entendre n'est absolument pas à la hauteur de l'enjeu.
01:37 C'est un enjeu existentiel, c'est un enjeu civilisationnel,
01:40 c'est un enjeu, il en va de la protection et de la sécurité de milliers et de milliers de nos compatriotes.
01:46 Ces gens-là sont hors sol, sont complètement décalés et, pour moi, sont complètement disqualifiés.
01:51 Louis Dragnel, le jugement des Français sera sévère, évidemment, sur cette disordre.
01:55 Bien sûr, et puis je pense, de toute façon, cette stratégie a toujours été contre-productive,
02:01 mais totalement, moi je mets ma main à couper qu'on fait un sondage la semaine prochaine,
02:05 Marine Le Pen prend des points dans les sondages, parce que qu'est-ce qu'ils font ?
02:08 Ils la font passer pour une victime et forcément, elle monte.
02:11 En fait, ce sont tous des tartuffes, parce qu'en fait, dans le fond,
02:14 si vous discutez avec les uns et les autres, en privé, ils n'y croient pas à ce qu'ils disent.
02:19 D'ailleurs, ils travaillent avec le Rassemblement national.
02:21 Je prends un exemple, Yael Brown-Pivet, qui pourtant n'est absolument pas sectaire comme personne.
02:26 Elle, elle dit à peu près ce que disent les autres, c'est-à-dire, ils font un cordon sanitaire,
02:30 je ne veux pas défiler à côté d'eux.
02:31 Mais qui sont ces deux vice-présidents de l'Assemblée nationale ?
02:33 Sébastien Chenu et une autre dame, qui est vice-présidente RN de l'Assemblée nationale.
02:39 Ça se passe très bien, leur relation, c'est elle-même qui le dit.
02:43 Et donc, ça se passe très bien quand ils travaillent tous les jours ensemble.
02:45 En revanche, ils ne peuvent pas manifester côte à côte.
02:47 Ensuite, il y a un silence qui en dit long et qui est presque insupportable,
02:51 c'est celui d'Emmanuel Macron.
02:52 Ça fait un mois qu'a eu lieu le massacre des Israéliens.
02:58 Ça fait un mois qu'il ne s'est quasiment rien passé.
03:00 - Hormis les actes antisémites. - Il y a eu une marche au Trocadéro.
03:03 - Hormis l'explosion des actes antisémites. - Hormis l'explosion de l'antisémitisme.
03:06 Et tous, donc, sont des tartuffes.
03:09 Et vous avez, j'ai écouté M. Jadot, d'Europe Écologie-Les Verts,
03:13 c'est quand même Europe Écologie-Les Verts qui a invité Medin,
03:16 qui a fait des blagues sur les camps de concentration il y a un mois et demi.
03:18 - Sur le nom de Rachel Kahn.
03:20 - Mais si vous voulez, je trouve que les écologistes,
03:22 sauf ceux qui ont quitté, mais il n'y en a pas, qui ont quitté le parti,
03:25 ils se sont tous disqualifiés pour donner des brevets d'antisémitisme aux autres.
03:29 Et je ne parle même pas d'Olivier Faure.
03:31 Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste,
03:33 il n'a même pas été capable de quitter la NUPES
03:36 après les propos de Manabu O'Bono,
03:38 qui a expliqué que le Hamas était un mouvement de résistance.
03:42 Donc tout ça est absolument pathétique et lamentable,
03:45 parce qu'en fait, on ne parle que de ça, ça n'a aucun intérêt.
03:48 Ça devait être la marche de la Concorde, c'est la marche de la Discorde,
03:52 pour des raisons absolument minables.
03:54 - Et on entendra tout à l'heure Manuel Vallès, il sera notre invité,
03:56 il a des jugements très sévères sur l'attitude de la gauche en ce moment,
03:59 Yael Meloul, sur cette marche de l'Antisémitisme.
04:01 - Alors moi, je vais parler en tant que française et juive.
04:06 Ce que je vois là est absolument désespérant.
04:11 On n'a pas besoin de ça.
04:14 Je vais vous dire, moi je me fous de qui vient.
04:17 J'en ai absolument rien à faire.
04:20 Je parle des politiques,
04:21 moi ce n'est pas les politiques qui m'intéressent,
04:23 on ne fait pas de la politique.
04:25 Moi ce qui m'intéresse, c'est que ce soit le peuple qui vienne nous soutenir.
04:28 C'est d'eux dont on a besoin.
04:30 Justement, eux, là, ils ne servent à rien.
04:32 Parce que ce que je vois, moi, ça me rassure, mais pas du tout.
04:35 Parce que moi, j'ai besoin d'avoir de la bienveillance,
04:38 j'ai besoin qu'on se comporte un peu comme un bon père de famille.
04:43 J'ai envie de sentir de la sécurité, on est en danger.
04:48 Vous l'avez dit, les actes antisémites en France explosent.
04:53 Il y a une partie de mes amis, il y a beaucoup de Juifs aujourd'hui,
04:57 il faut le savoir, qui ont peur.
05:00 On a peur.
05:03 Donc, qu'est-ce qu'on nous offre, là ?
05:06 Mais qu'ils se taisent.
05:09 Qu'ils se taisent, pitié.
05:11 Naïma M. Fadel.
05:12 Justement, c'est ça qui est le plus important.
05:15 C'est de nous mobiliser tous dans cette unité, dans cette France unie et indivisible
05:19 pour venir soutenir nos compatriotes de confession juive.
05:22 Je suis très sensible à ce que vous...
05:24 La douleur, je la ressens, vous voyez ? Vraiment, je...
05:29 C'est pour ça que je dis que la classe politique aujourd'hui n'est pas à la hauteur.
05:34 Parce que, justement, ils sont dans leur petite chicanerie entre eux,
05:38 alors qu'on n'en a rien à faire, qu'ils aiment pas ceci ou cela.
05:41 Et même, je dirais, au-delà de ça, c'est-à-dire les opinions politiques aujourd'hui
05:45 n'ont pas leur place. Les partis politiques n'ont pas leur place.
05:48 Aujourd'hui, c'est l'unité nationale pour soutenir nos compatriotes de confession juive,
05:52 parce que ce qui leur arrive, c'est insupportable, c'est inadmissible.
05:57 Et je vous assure que ça me fend le cœur.
06:00 Et vous dites ça avec beaucoup d'émotion, Naïma. Ça vous touche ?
06:03 Ça me touche parce que, moi, c'est mes frères en humanité.
06:07 Moi, j'ai toujours vécu... Moi, ça me rappelle ma petite maman, vous voyez,
06:10 qui est décédée, excusez-moi, qui avait sa meilleure amie qui était juive.
06:16 Et la Mesousa, on l'embrassait quand on rentrait chez elle.
06:20 Et donc, je ne peux pas supporter qu'on fracture comme ça notre pays
06:24 et que ces hommes et femmes politiques, qui doivent être vraiment dans le souci
06:27 de l'unité nationale, de ne pas en rajouter à la fracture, déjà, qu'on connaît,
06:32 doivent être en responsabilité.
06:34 Et ce que je vois, ce que j'entends et ce qu'ils nous montrent,
06:37 et je reprends votre mot, désespérant.
06:40 C'est le bon adjectif, en fait.
06:42 Vous voyez, il y a ces partis politiques, ces leaders politiques
06:46 qui font cuire sur leur petit feu, dans leur petite casserole,
06:49 leur petite embouille politique, puis à côté, pour continuer à filer la métaphore,
06:52 vous avez une cocotte minute, qui s'appelle l'Association française,
06:55 fracturée, bien sûr, autour de l'antisémitisme, mais pas que,
06:59 il y a plein de sujets, et vous avez ces petits politiciens
07:02 qui continuent à se dire "Est-ce que je serai au premier rang ou au deuxième rang ?
07:05 Est-ce que celui-ci est fréquentable ou pas fréquentable ?"
07:07 Moi, je vais vous dire, dans la situation dans laquelle se trouve
07:10 cette grande manifestation qui devait générer une union nationale,
07:15 je pense que le seul, et je le dis comme je le pense,
07:18 c'est pas Emmanuel Macron en tant que tel, c'est le chef de l'État,
07:21 et je pense que s'il ne vient pas, s'il ne vient pas,
07:25 parce que quand vous regardez depuis le début la façon dont il a géré
07:29 le conflit, les actes barbares du Hamas, puis ensuite,
07:34 il a fait une tournée, Emmanuel Macron, où lui, ce qui n'était pas le cas de Joe Biden,
07:38 a rencontré tous les leaders. - Ce qui était très bien.
07:41 - Il a rencontré le roi de Jordanie, il a rencontré Mahmoud Abbas,
07:44 il a rencontré le... - Le président égyptien.
07:46 - Et il avait même dit, je vais avoir la cruauté de le rappeler,
07:48 il avait dit "non mais je n'y vais pas tout de suite parce que je serai utile quand j'irai".
07:52 - Des résultats. - Pardon, mais qu'a-t-il ramené de ce voyage ?
07:56 Rien. Là, il organise une grande réunion à l'Élysée autour de l'aide humanitaire.
08:02 Pardon, c'est un fiasco. Donc, je me dis que si on veut sauver
08:06 encore cette manifestation, le statut du chef de l'État
08:10 peut donner de l'épaisseur et de la cohésion.
08:12 Alors peut-être que tout le monde ne sera pas d'accord,
08:14 mais je pense qu'il doit le faire. - Je suis d'accord.
08:18 - Moi, je suis d'accord. - Il doit le faire.
08:19 - Ansois Hollande et Nicolas Sarkozy participant à cette marche.
08:22 Jean-Sébastien Ferjour. - Je crois qu'il y a deux fautes politiques
08:24 lourdes dans ce qu'on a vu ces derniers jours.
08:26 Il y a la faute politique des Olivier Véran, des Yannick Jadot,
08:29 qui, en quelque sorte, assimile la lutte contre l'antisémitisme
08:32 à un parti, à un camp politique. Non, c'est la lutte de tous les Français,
08:37 comme, évidemment, le serait la lutte contre les racismes et les discriminations
08:40 visant d'autres citoyens français, sauf que là, depuis un mois,
08:43 ce ne sont pas les autres citoyens français qui sont en but à une hostilité,
08:47 y compris à des agressions physiques. Donc non, ça n'est pas une cause
08:50 qui appartient à un parti. Quand on entend Yannick Jadot,
08:52 on a presque l'impression qu'il voudrait que le Rassemblement national
08:55 soit antisémite. Enfin, on en est quand même quasiment là.
08:58 C'est quand même quasiment ça. Il se réjouirait presque de ça
09:01 pour pouvoir continuer à avoir un diable qui existe en face de lui.
09:04 Et la deuxième faute est celle de la France insoumise,
09:06 qui, elle, confessionnalise en quelque sorte cette lutte-là
09:09 et qui, elle, l'assimile à juste un camp contre un autre
09:13 en fonction de l'origine supposée des uns ou des autres
09:15 ou des confessions des uns ou des autres.
09:17 C'est une faute qui est encore beaucoup plus grave
09:20 que les petites chicaneries des uns et des autres.
09:23 Et dernier point, depuis 40 ans, est-ce que le Rassemblement national
09:26 est responsable de la situation d'aujourd'hui ?
09:28 Est-ce que l'antisémitisme tel qu'il existe en France aujourd'hui,
09:31 est-ce que c'est le Rassemblement national qui en est responsable
09:34 ou est-ce que ce n'est pas l'ensemble de cette classe politique
09:36 qui a quand même lourdement participé à la construction
09:39 du climat social dans lequel nous vivons ?
09:41 Éric Nolot, les Français jugent très durement ce qui se passe
09:45 et ils sont très lucides.
09:46 Ça va même au-delà parce que j'ai entendu M. Mélenchon dire
09:49 que participer à cette marche, c'était soutenir les bombardements sur Gaza.
09:52 C'est quand même une interprétation très étrange.
09:54 Et il y a un personnage qui est vraiment très inquiétant
09:56 qui devient pire que Mélenchon, c'est David Guiraud,
09:58 qui lui dit...
09:59 Un député de la France insoumise.
10:00 Un député de la France insoumise qui dit, non, participer à cette marche,
10:03 c'est soutenir le nettoyage ethnique en cours à Gaza.
10:05 Donc non seulement il n'y a pas de soutien, il n'y a pas d'union nationale,
10:09 mais il y a une stigmatisation de tous ceux qui seraient là,
10:12 qui seraient par définition, selon M. Mélenchon, selon M. Guiraud...
10:15 Et il n'y a pas non plus de nettoyage ethnique.
10:16 Non, mais non, mais supposé...
10:18 Il y a un drame pour les petits Palestiniens.
10:19 Exactement.
10:20 Qui serait, par définition, à partir du moment où vous êtes dans cette manifestation,
10:23 vous êtes un soutien du gouvernement d'Israël,
10:26 quoi que vous en pensiez par ailleurs.
10:27 Je trouve ça...
10:28 Enfin, là on n'est pas dans la faute politique, on est dans l'infamie.
10:30 Allez, on va faire une petite pause.
10:31 On se retrouve dans un instant dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1.
10:35 On verra avec vous, Yael Meloul, que les terroristes de Hamas s'en sont pris très spécifiquement aux femmes,
10:40 avec un traitement mais absolument effrayant pour les nier,
10:44 pour les brutaliser dans leur statue.
10:48 On se retrouve dans un instant.
10:50 Que vous nous expliquiez cela tout de suite.
10:52
10:53 Europain Punchline.
10:55 Laurence Ferrari.

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