Mercredi 8 novembre 2023, SMART IMPACT reçoit Cédric Turini (Directeur du développement coopératif et sociétal, Fédération Nationale des Caisses d’Épargne) et Marina Cozzika (Directrice marketing adjointe, Kantar Insights)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:06 Et c'est parti pour le débat de Smart Impact.
00:08 Nous sommes ravis de recevoir aujourd'hui Marina Kozica, directrice marketing adjointe de Kantar Insight.
00:14 Bonjour.
00:15 Bonjour Pauline.
00:16 Et Cédric Turini, directeur du développement coopératif et sociétal de la Fédération Nationale des Caisses d'Épargne.
00:21 Bonjour.
00:22 Bonjour.
00:23 Alors on va pouvoir détailler ensemble les enseignements de cette étude.
00:26 Mais pour commencer Marina Kozica, est-ce que vous pourriez nous parler un peu de l'étude ? Quel était le but de cette étude ?
00:32 Alors tout à fait. Donc merci déjà pour l'invitation.
00:34 Donc c'est une étude que nous avons réalisée pour la troisième année consécutive autour des thématiques de l'ARSE qui compte pour les consommateurs.
00:42 Alors on a interrogé 33 000 consommateurs à travers le monde, dont 1 000 en France.
00:47 On est intervenu sur 33 marchés et on leur a posé la question sur 42 secteurs.
00:55 Donc c'est une étude extrêmement robuste.
00:57 Si vous avez une idée du type de questionnaire qui est posé, c'est souvent entre 15 et 20 minutes.
01:03 Là c'est vraiment 45 minutes et ça nous a permis d'avoir énormément de data pour comprendre le comportement des consommateurs concernant l'ARSE au sein des entreprises et des marques.
01:14 Donc une étude très robuste.
01:16 Et ce n'est pas la première fois que Kantar le fait.
01:19 Ça fait 5 ans que c'est vraiment au cœur de notre engagement.
01:23 En interne, puisque nous avons un comité RSE qui est très présent pour les salariés, et en externe auprès de nos clients, elle infuse toutes nos expertises, toute notre offre.
01:34 Donc c'est la Kantar Sustainability Sector Index que nous menons cette année avec beaucoup d'impact, vu que c'est un sujet qui passionne énormément nos clients, dont Cédric, dont nous avons été ravis de recueillir son témoignage.
01:48 Vous disiez que c'était une étude très robuste et tout ça, ça vous permet aussi de voir comment la France se situe par rapport aux autres pays du coup ?
01:56 Tout à fait. Alors on a recueilli 5 enseignements principaux.
02:01 Le premier étant que les Français sont encore un peu climato-sceptiques.
02:05 Donc même s'ils sont 71% à déclarer que le changement climatique est dû à l'activité humaine, cela veut dire qu'ils sont 29% à penser que ce n'est pas le cas.
02:18 Et quand on creuse un petit peu, ils sont 16% à déclarer que le changement climatique a d'autres causes.
02:27 Ils sont 6% à déclarer que le changement climatique n'existe pas et 7% qui n'ont pas d'avis.
02:33 En fait, qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'il y a encore énormément d'éducation à faire.
02:37 Il faut les éduquer, leur faire comprendre que le changement climatique est là.
02:45 Alors la moyenne en France est à 29%, la moyenne mondiale est à 26%.
02:56 Le consommateur français est très très exigeant et on ne la lui fait pas.
03:01 Parce que par exemple, concernant le greenwashing, ça concerne tous les secteurs, mais vraiment tous les secteurs sont impactés et à un très haut niveau.
03:11 Ils sont 51% à déclarer qu'ils ont pris les marques en flagrant délit de greenwashing, de fausses informations qui ont été transmises.
03:20 Et pourquoi c'est important cette problématique de greenwashing ?
03:24 C'est tout simplement que les marques fortes reposent sur de la confiance.
03:29 Et si la confiance est rompue, le consommateur n'ira pas vers la marque, il n'ira pas vers l'entreprise.
03:35 Donc c'est très important de créer du lien, comme le montre notre étude Cantar-Brandy cette année sur le top 50 des marques françaises les plus puissantes.
03:44 Le socle vraiment d'une marque forte, c'est la confiance.
03:48 On aura l'occasion de revenir après peut-être un peu plus en détail sur les enseignements de l'étude dont le greenwashing.
03:54 Mais avant ça, dans votre secteur d'activité, Cédric Turny, la banque, quelles sont les priorités ?
04:00 Est-ce que c'est des priorités plutôt environnementales ou plutôt sociétales ?
04:04 Alors je dirais les deux.
04:06 Les deux grandes priorités du secteur et des caisses d'épargne aujourd'hui, c'est d'une part d'adresser le sujet du changement climatique.
04:14 Et donc on a évidemment un axe important de notre projet stratégique, à la fois sur comment nous pouvons accompagner le financement notamment des énergies renouvelables par exemple,
04:26 mais aussi comment nous pouvons accompagner nos propres clients, que ce soit nos clients particuliers, que ce soit nos clients entreprises.
04:33 Donc ça c'est un des enjeux forts du secteur.
04:36 Le deuxième enjeu, il est plus social.
04:39 Il attrait notamment à la question de l'inclusion.
04:42 Et justement on voit que dans les résultats sur le secteur banque en France, on voit que les consommateurs sont très préoccupés par les enjeux sociaux.
04:50 Et justement il se situe où le secteur bancaire dans le baromètre Marina ?
04:55 Plutôt dans le bas de notre index.
05:00 Et pourquoi ?
05:01 Tout simplement parce que les Français sont des consommateurs très exigeants.
05:07 Ils attendent beaucoup le secteur bancaire sur toutes les problématiques d'inclusion, de diversité, de place de la femme notamment pour qu'elle puisse avoir un compte bancaire, qu'elle puisse être indépendante.
05:22 Et donc il y a un doute qui subsiste dans l'esprit des consommateurs que les banques, mais ça concerne tout le secteur, ne luttent pas assez contre l'évasion fiscale, ne prennent pas assez ces responsabilités de ce côté-là de lutter contre la pauvreté.
05:41 On est quand même dans un contexte d'inflation assez dur.
05:44 Et rappelons-nous qu'en 2016, BlackRock, qui est le premier gestionnaire d'actifs mondial, avait déjà recommandé à l'époque que tous les investissements se fassent sur l'économie verte.
05:56 Et donc le consommateur forcément il retient tout ça.
06:01 Et quand il a l'occasion de retoquer certains secteurs, il le fait mais sans hésitation.
06:08 Par ailleurs, quand il remarque qu'un secteur est vertueux ou apparaît par exemple, fait du bien à la planète, je vais prendre trois secteurs, notamment celui des substituts aux produits laitiers, tout ce qui est lait de soja, les véhicules hybrides ou le secteur laitier classique, en fait ils sont valorisés par le consommateur.
06:33 A l'inverse, donc des secteurs moins vertueux, parce que le secteur finance est en milieu de classement, tout en bas on trouve tout ce qui est vapotage, cigarettes, les boissons aromatisées, les produits pour bébés, tout ce qui est énergie, gaz, énergie avec du pétrole, enfin vous voyez ce type d'énergie.
06:58 Tout ça c'est plutôt considéré comme ayant un impact négatif.
07:04 Mais ça ne veut pas dire que les consommateurs sont dupes.
07:09 Parce que par exemple, même si certains secteurs sont bien classés du point de vue impact sur la planète, ça n'empêche pas le consommateur de remarquer qu'ils font du greenwashing.
07:19 Je vais prendre l'exemple des véhicules électriques, on sait tous que c'est compliqué pour l'extraction des matériaux permettant de faire les batteries.
07:27 Donc au contraire, les consommateurs français considèrent que ce secteur fait du greenwashing.
07:35 Le secteur du vapotage par exemple, qui est très très mal classé comme ayant un bilan positif pour la planète, au contraire, il est perçu par les consommateurs comme faisant moins de greenwashing.
07:45 Donc voilà, le consommateur, ce qu'on a interrogé, en tout cas dans cette étude, est assez fin.
07:53 Ça revient aussi à la confiance que vous évoquiez tout à l'heure.
07:57 Selon vous, Cédric Turini, sur quel levier les entreprises, en règle générale, et plus particulièrement dans votre secteur d'activité, sur quel levier ces entreprises-là doivent agir pour obtenir la confiance du consommateur ?
08:08 Alors on est bien sur la question de la confiance, on est donc sur la question de la perception par les consommateurs.
08:12 Tout à fait.
08:13 Et donc je crois que le levier principal, c'est la preuve.
08:17 Et d'ailleurs nous, en tant que banque coopérative, à la fois 100% régionale et qui appartient à nos clients sociétaires, on se doit d'apporter systématiquement des preuves à ce que l'on dit et à nos engagements.
08:29 Et donc c'est pour ça qu'on a, depuis un an, passé un contrat d'utilité avec nos clients.
08:33 Et donc on liste un certain nombre de preuves très concrètes de notre engagement sociétal.
08:38 Je vous donne deux exemples sur le sujet notamment qui semble beaucoup intéresser nos clients, sur le sujet de l'inclusion.
08:44 Je vous donne deux exemples.
08:46 Un premier exemple, c'est l'action qu'on peut développer aujourd'hui sur l'éducation financière.
08:50 On forme plus de 50 000 Français aujourd'hui au sujet du budget, de la consommation, parce qu'on sait qu'une partie de la population française, et même une grande partie aujourd'hui, maîtrise mal ces sujets.
09:02 Et puis l'autre exemple que je peux vous apporter, c'est tout le travail qu'on fait notamment sur des Français modestes, via notamment notre activité de microcrédit.
09:11 Et donc là, on va proposer un financement adapté pour des personnes qui, traditionnellement, ont des difficultés à emprunter pour financer un projet de vie.
09:19 C'est notamment l'achat d'un véhicule quand on doit trouver du travail.
09:22 Et donc ça, ce sont des preuves concrètes, ce sont des projets qu'on développe partout en France.
09:26 Et je crois qu'il faut être très factuel quand on communique notamment sur sa RSE.
09:30 Donc pour vous, la réponse de la part des marques, c'est la réponse par la preuve. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça Marina ?
09:37 Tout à fait, tout à fait. Il faut vraiment apporter des preuves.
09:41 Et c'est comme ça que les consommateurs et marques créeront un lien, parce qu'on voit en fait que plus les consommateurs s'informent, plus la méfiance envers les marques augmente.
09:53 Plus ils ont le sentiment de greenwashing et plus ils s'éduquent en fait, plus il y a un éloignement et un gap en fait.
10:00 Et donc il faut absolument éduquer le consommateur, ça passe parce que les marques ont un énorme rôle à jouer.
10:10 Il faut imaginer que lorsqu'on interroge les Français sur qui doit agir pour l'environnement, pour la planète.
10:16 Alors en premier c'est le gouvernement à 74%, mais ensuite ce sont les marques qui sont citées.
10:23 A 54%, les Français disent que ce sont les marques.
10:27 Et le consommateur français, je vous l'ai dit, est exigeant, mais il est encore plus exigeant que le reste du monde et de l'Europe.
10:34 Parce que c'est vraiment très important. Et est-ce qu'il est satisfait pour l'instant ? Non.
10:39 Donc le chemin reste encore assez long ?
10:41 Il y a 26% à déclarer qu'ils sont satisfaits de ce que font les marques, c'est très peu.
10:46 Il y a un énorme chemin encore à parcourir, ça passe par l'éducation.
10:51 On se connaît avec Cédric, c'est-à-dire qu'on a déjà discuté de l'engagement des caisses d'épargne, je sais ce qu'il fait.
10:58 Mais en fait j'ai discuté avec beaucoup de gens qui m'ont dit qu'ils n'étaient pas au courant de ce qui s'était fait.
11:04 Donc il y a beaucoup de travail de communication, de l'engagement, de la place des femmes.
11:08 J'aime beaucoup la place qu'a donnée la caisse d'épargne aux femmes au XIXe siècle,
11:14 leur permettant d'avoir un compte bancaire, un livret A, de pouvoir ouvrir ce compte bancaire sans demander l'autorisation de leur mari.
11:23 C'est très important de le faire, parce que comme l'a appris Cédric, la loi est arrivée en 1960.
11:32 C'était bien plus tard.
11:34 Et donc dans les caisses d'épargne, c'était en quelle année ?
11:38 En 1880.
11:39 Ah oui d'accord, ok. Donc bien avant la loi.
11:42 Donc c'est pour ça, c'est important de le répéter et de le marteler, ce que font les marques.
11:47 Parce que moi je vais parler d'empreintes environnementales, ce n'est absolument pas le sujet prioritaire pour le secteur banque, finance, assurance.
11:54 Mais le sujet de l'environnement est très important pour les Français.
11:59 Évidemment ça dépend des secteurs d'activité, les priorités sont différentes selon les secteurs d'activité.
12:05 Voilà, tout à fait. Mais par exemple, Cédric m'a parlé de l'initiative de la Fondation des caisses d'épargne,
12:12 qui est d'affrêter le BELM, le célèbre 3 mats, et d'aller chercher la flamme olympique à Athènes dans 6 mois.
12:19 Et donc le bilan carbone sera positif, en tout cas, parce que c'est la première fois qu'on n'ira pas chercher la flamme olympique par avion.
12:28 Moi je me souviens, enfant, je regardais ça à la télévision, on affrétait toujours un avion.
12:32 Donc là, pour le coup, il y a un véritable engagement pour l'environnement.
12:35 Oui, des bonnes initiatives pour l'environnement. Et on finira là-dessus, sur cette flamme olympique en 3 mats.
12:41 Merci beaucoup Marina Kozica, vous êtes la directrice marketing adjointe de Kantar Insights.
12:46 Et merci Cédric Turini, vous êtes le directeur du développement coopératif et sociétal à la Fédération nationale des caisses d'épargne.
12:53 Merci à tous les deux.
12:54 les deux et quant à nous on se retrouve tout de suite dans Smart Ideas.