Comment jugez-vous le projet de loi sur l’immigration ?

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Transcript

00:00 - 8h24, Guillaume Bigot, Eric Revelle, dites-le franchement, sur le projet de loi immigration

00:08 qui est actuellement étudié au Sénat. Alors on sait, il y a certaines divisions, bien sûr, politiques,

00:13 mais il y a cet examen de l'article 3 sur les métiers en tension, qui est repoussé en fin de semaine,

00:19 on en parlera avec Gérald Darmanin, invité dans 5 minutes de Jean-Jacques Bordin,

00:22 et puis il y a ce débat aussi autour de l'AME pour les sans-papiers, l'aide médicale.

00:28 Alors ça pourrait être transformé en aide médicale d'urgence pour ces sans-papiers.

00:34 J'avais un médecin tout à l'heure, Marty, président d'un syndicat de médecins,

00:38 il disait "il faut quand même la maintenir, l'aide médicale, parce que sinon, il risque d'y avoir...

00:44 ces gens-là, s'ils n'ont pas accès en fait à notre système de santé,

00:48 il peut y avoir des maladies qui se développent, etc. parce qu'ils n'ont pas les moyens."

00:51 - Alors ça c'est une théorie qui a été développée il y a très très longtemps par un géographe qui s'appelait Yves Lacoste,

00:56 géographie du sous-développement, qui disait en fait, pourquoi est-ce qu'on vaccine dans les pays les plus pauvres ?

01:01 Parce que comme l'avion met Paris à 3h ou Londres à 4h de ce genre de pays,

01:07 eh bien vous risquez de ramener des maladies quand vous rentrez.

01:10 - Vous l'avez vu avec le Covid, c'est vraiment chose.

01:12 - Oui, alors je vais vous dire, le sujet quand même, c'est que cette aide médicale d'état telle qu'elle est formulée aujourd'hui,

01:20 elle sert à soigner des gens qui sont illégaux.

01:24 On est passé de 200 à 400 ou 500 000 bénéficiaires.

01:29 Le sujet c'est quand même, comment fait-on pour contrôler l'immigration illégale ?

01:34 Ça me semble être quand même le sujet de départ.

01:36 Maintenant je vais entendre avec beaucoup d'intérêt le ministre de l'Intérieur,

01:39 parce que vous avez vu la façon dont Mme Borne, la première ministre, l'a recadré sur cette idée-là,

01:45 précisément en disant "il fait partie d'un gouvernement, et c'est un ministre comme les autres."

01:50 Donc il y a aussi un débat à l'intérieur, parce que n'oublions pas que...

01:53 - Elle a lancé d'ailleurs une mission, confiée à Patrick Stefanini et Claude Hévin, l'ancien ministre de la Santé, autour de ça.

01:59 - Voilà, et qui montre d'ailleurs, parce qu'il y a des députés qui en parlent déjà de ce rapport,

02:03 qui montre qu'en fait, l'aide médicale d'état ne constituerait pas un appel d'air.

02:08 C'est pas parce que vous avez cette aide médicale d'état que les travailleurs viennent plus souvent.

02:12 Enfin, c'est l'une des conclusions de ce rapport Hévin-Patrick Stefanini.

02:18 Non mais ce qui est marrant, c'est que vous avez aussi un débat politique à l'intérieur.

02:20 Vous avez Darmanin qui est à droite, et Madame Born qui est à gauche.

02:24 - Les sociodémocrates au Danemark sont à gauche, et c'est la raison pour laquelle justement,

02:30 ils ont pris des mesures beaucoup plus féroces que la Grande-Bretagne,

02:34 ou que même Mme Meloni en Italie, contre l'immigration.

02:39 Parce que précisément, le pacte de solidarité voulu en 1945, c'est pas de bras, pas de chocolat.

02:44 C'est-à-dire que les aides sociales, c'est pas des aides sociales, c'est on paye quand on travaille,

02:49 et quand on est dans une nation, on cotise.

02:51 Et le résultat de ces cotisations, quand il y arrive un risque comme la maladie, comme le chômage, etc.,

02:55 vous récupérez cet argent. Pas de bras, pas de chocolat.

02:57 Là, les étrangers qui arrivent n'ont pas payé.

02:59 Et ils bénéficient en fait de la solidarité nationale.

03:02 C'est ce que disent les sociodémocrates au Danemark, en disant "écoutez, on ne peut pas garder

03:06 un système de protection sociale généreux en s'ouvrant à toute la misère du monde.

03:10 Ça n'a aucun sens, ça va faire sauter la banque".

03:12 - Alors, sauf que dans beaucoup de secteurs, alors c'est l'autre versant du débat et du dossier,

03:18 c'est qu'on a besoin de main d'oeuvre, quoi.

03:20 Et qu'on va prendre ces gens qui sont en situation illégale.

03:24 - Alors là, je vais laisser mon camarade Eric Reuvel répondre,

03:27 mais normalement, la théorie économique néoclassique, qu'est-ce que c'est ?

03:30 C'est dire qu'il y a un arbitrage entre le loisir ou n'importe quoi d'autre et le travail,

03:34 et que ça s'arbitre par le prix, c'est-à-dire par le salaire.

03:37 Et donc, si vous ne trouvez pas assez de gens à un moment pour faire un boulot,

03:40 il suffit d'élever le salaire. Et quand vous élevez le salaire, là vous trouvez des gens.

03:43 - Pas forcément, hein. - C'est ce que dit la théorie.

03:45 - Non mais il y a ça, il y a la question du salaire,

03:48 mais il y a aussi la question de la pénibilité des métiers en tension.

03:51 Il y a quand même encore pas loin de 5 millions de chômeurs en France.

03:54 C'est quand même un vrai sujet que d'imaginer...

03:56 Bon, maintenant le patronat, il est aussi gêné aux entournures.

03:59 Parce que vous avez certains patrons, dans certains secteurs,

04:02 qui savaient que ces travailleurs étaient illégaux,

04:04 et les ont quand même embauchés à des salaires relativement bas aussi, il faut le dire.

04:08 - Eric a tout à fait raison, mais la pénibilité se paie aussi,

04:11 se boucle dans ce raisonnement. Le problème, c'est que si vous êtes en concurrence

04:14 avec des pays qui payent très mal leurs salariés,

04:16 et c'est bien ce que nous impose l'Europe, c'est pas possible.

04:18 - Mais d'ailleurs, en fait, c'est des secteurs en difficulté sur des métiers pénibles,

04:22 mais pas que, Eric Revelle. Par exemple, des médecins.

04:25 On manque de médecins généralistes, classiqués,

04:28 on essaie d'en faire venir aussi de l'étranger, quoi.

04:31 - Bah parce qu'on s'est planté sur un truc qui s'appelait le numéro sclosus,

04:34 qui d'ailleurs, plaisait aux grands pontes.

04:36 - On s'est planté sur beaucoup de choses, volontairement.

04:38 - Ça permettait de sauvegarder leur part de marché en médecine,

04:41 puis aujourd'hui, on l'a fait sauter, on s'aperçut.

04:44 Il y a une telle inertie dans la formation des médecins

04:46 que les déserts médicaux, c'est pas demain que ça va se résoudre.

04:48 - C'est vrai que l'immigration en col blanc et la mise en concurrence des cols blancs,

04:53 c'est quelque chose qui est tenté, par exemple, à Singapour.

04:56 Et effectivement, à Singapour ou aux Etats-Unis,

04:59 ce sont des gens à Bac +15 que vous faites venir comme travailleurs étrangers.

05:02 C'est pas des manœuvres.

05:04 - Allez, on va en parler dans un instant avec le ministre de l'Intérieur,

05:08 Gérald Darmanin, invité exceptionnel de Jean-Jacques Bourdin.

05:11 Et vous pouvez réagir comme chaque jour, 0826 300 300, manuez-vous standard

05:16 et Jean-Jacques recevra tous vos appels tout à l'heure

05:19 et vous prendra à l'antenne, évidemment, comme chaque jour, à 9h.

05:22 Il est 8h30, passez une bonne journée.

05:24 Bonne journée.

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