Le 2ème titre consécutif des Boks valide-t-il l'européanisation du rugby sud africain ?

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Transcript

00:00 Voilà donc la chronique de Philippe Anghiro tous les vendredis soir.

00:02 C'est vrai qu'on reprend un petit peu notre rythme grâce à ce championnat de Pro D2

00:06 qui a repris, cette Coupe du Monde qui s'est arrêtée.

00:08 Mais on va encore un peu parler de cette Coupe du Monde, Philippe,

00:11 puisque on va parler de ces Sud-Africains.

00:14 Les Sud-Africains qui ont mis en place des choses inédites dans leur histoire.

00:18 Ils ont vraiment bouleversé leur rugby il y a maintenant quelques années.

00:22 Et une question simple, le deuxième titre des Springboks consécutifs,

00:28 celui de le troisième au total, celui-ci, le 2023 dans cette Coupe du Monde.

00:33 Est-ce qu'il valide l'européanisation du rugby sud-africain ?

00:37 C'est la question globale que je vais te poser, Philippe.

00:40 Et on va d'abord rappeler le contexte.

00:42 Depuis 2021, les franchises auparavant, qui étaient dans le super rugby,

00:46 sont en URC. On parle des Lions de Johannesbourg, des Stormers du Cap,

00:50 des Sharks de Durban ou des Bulls de Pretoria.

00:53 Ça, c'était une nouveauté.

00:55 Il y a eu un avant et il y a eu un après selon toi, Philippe ?

00:58 Avant 2021, puis après 2021 ?

01:01 C'est encore dur de le dire honnêtement,

01:04 parce qu'ils ont été champions du monde en étant dans le super rugby.

01:07 Ils enchaînent avec un deuxième titre consécutif en étant dans l'URC,

01:11 dans le championnat de l'hémisphère nord.

01:13 Ce qu'on peut affirmer, c'est qu'en tous les cas sportivement,

01:16 ça ne leur a pas fait défaut.

01:17 Ça déjà, c'est une petite victoire, parce qu'il y avait des doutes.

01:22 Bien sûr, c'est une petite victoire.

01:24 Il y avait de gros doutes.

01:25 On reparlera tout à l'heure du vrai niveau de ce championnat,

01:29 qui est l'URC, et de sa vraie valeur aujourd'hui.

01:32 Du coup, avec ces Sud-Africains qui le composent en partie.

01:35 En tous les cas, d'un point de vue économique,

01:38 ça a donné une bouffée d'oxygène importante à cette fédération

01:41 qui était en grande difficulté.

01:43 Ça a redonné une dynamique.

01:45 Ça a permis de conserver au pays des joueurs importants,

01:47 puisque on le sait, en Afrique du Sud,

01:49 comme dans la plupart des grands pays du rugby,

01:52 les fédérations interviennent largement dans la rémunération des gros joueurs.

01:56 Il fallait que la fédération ait encore des moyens conséquents

02:00 pour garder les joueurs au pays.

02:02 Donc, bien sûr qu'on peut valider ce choix sportivement

02:07 avec ce deuxième titre mondial.

02:09 - Pour le coup, il y a plein de défis avec cet URC,

02:15 l'arrivée des clubs Sud-Africains.

02:17 Il y a des défis logistiques.

02:18 Il y a des défis en termes d'attractivité.

02:20 Le super rugby, avant de parler de l'URC,

02:24 pourquoi en termes d'attractivité,

02:27 le super rugby en Afrique du Sud était en difficulté ?

02:30 Et comment on avait pu espérer à ce moment-là

02:33 que l'URC remplacerait l'attractivité du super rugby ?

02:36 Quel a été le processus, Philippe ?

02:38 - Le processus, assez simplement,

02:41 en réalité, ce n'était pas propre à l'Afrique du Sud.

02:45 Le championnat de super rugby,

02:48 on le sait, le rugby repose sur les revenus jour de match.

02:51 On voit que les pays qui abritent le super rugby

02:56 ont beaucoup de mal à remplir leur stade.

02:58 On est sur des échelles financières qui ne sont pas du tout les mêmes.

03:01 Donc, en effet, ce que je disais tout à l'heure,

03:03 c'est que concernant les gros joueurs,

03:05 c'est à la fédération d'assumer une grosse partie de leur rémunération.

03:08 Donc, ça amène dans les provinces des budgets

03:11 qui sont beaucoup plus faibles à manager.

03:14 C'est un championnat qui a du mal à se monétiser à l'échelle mondiale

03:19 par rapport à ce qu'on connaît, nous, dans l'hémisphère nord.

03:23 Et donc, les revenus de ces fédérations sont tirés principalement de la Sanzar.

03:28 C'est la réunion entre les fédérations sud-africaines,

03:31 néo-zélandaises, australiennes et argentines maintenant.

03:35 Et surtout, avec le championnat du rugby championship.

03:42 Donc, voilà, finalement, le championnat du super rugby génère très peu de revenus.

03:47 Et donc, pour les sud-africains,

03:49 ils se sentaient déjà assez éloignés du bloc Australie-Nouvelle-Zélande

03:54 avec des néo-zélandais qui dictaient quand même assez fortement les règles.

03:58 Ils ont voulu s'en extraire.

04:00 Et l'URC, qui venait d'être racheté en partie par le Fonds d'investissement CVC

04:05 et qui voulait trouver une légitimité sportive,

04:07 a voulu renforcer sa crédibilité en allant chercher de nouvelles grosses équipes.

04:12 Et pendant le Covid, l'opportunité s'est présentée avec ces sud-africains

04:16 qui avaient besoin d'argent,

04:18 qui voulaient sortir de la même mise un peu néo-zélandaise

04:21 de ce championnat de l'hémisphère sud.

04:23 Et voilà comment les choses se sont faites.

04:25 Et du coup, cette attractivité en URC, elle n'était pas gagnée d'avance.

04:30 Est-ce que là, en termes d'attractivité, en termes de marketing,

04:33 est-ce que ça fonctionne ?

04:34 Est-ce qu'il y a une adhésion du public sud-africain pour l'URC

04:37 et pour la présence de leur franchise dans ce championnat ?

04:41 Alors, c'est vrai qu'autant on a du mal à les accepter d'ici

04:44 parce que ça chamboule quand même nos codes.

04:47 On était habitués à ce rugby des hémisphères.

04:49 On ne comprend pas bien ce que les sud-africains sont venus faire chez nous.

04:54 Les voir en Coupe d'Europe, ça perturbe, même si ça ne s'appelle plus la Coupe d'Europe.

04:58 Mais de leur côté, ils sont très satisfaits.

05:00 Ils avaient besoin d'un nouveau souffle et surtout, ils trouvent ça cohérent.

05:03 Je l'ai dit plusieurs fois ici, mais pour moi,

05:06 il y a eu un très gros manque de communication concernant l'arrivée des sud-africains.

05:12 Moi, je travaille avec les Chars depuis longtemps.

05:14 On a beaucoup parlé des enjeux écologiques, des déplacements, etc.

05:18 Logistiquement, compliqué.

05:20 Le bilan de carbone des sud-africains était pire quand ils jouaient dans le super rugby

05:25 que ce qu'il est aujourd'hui quand ils jouent dans l'URC.

05:28 C'est factuel.

05:29 Donc, il y a des choses à expliquer.

05:31 Je comprends que les Nations du Nord aient du mal à gérer ces déplacements aussi loin

05:38 en pleine saison pour des matchs de championnat d'Europe.

05:44 Mais en tous les cas, l'avenir, il va s'écrire comme ça.

05:49 Donc, pour moi, il y a un enjeu de l'organisation

05:52 pour essayer de trouver à certains moments de la saison des territoires neutres pour jouer les matchs.

05:56 Puisque je le répète, du côté des sud-africains,

05:59 ce n'est pas un gros problème de jouer vraiment à domicile ou dans un stade ailleurs

06:04 puisque les revenus tirés des jours de match sont vraiment très faibles.

06:08 Quand vous voyez aujourd'hui qu'une équipe comme l'Echarte,

06:10 qui a quand même une partie des joueurs champions du monde dans son effectif,

06:13 qui a 45 joueurs pros sous contrat avec un niveau moyen de joueurs

06:17 qui est quand même équivalent aux grandes équipes européennes.

06:21 On parle d'une équipe qui, cette année, a augmenté son budget assez significativement,

06:25 mais qui tourne autour de 14 millions d'euros de budget.

06:28 C'est à peu près équivalent à Provence Rugby cette année, pour vous donner une échelle.

06:34 Donc, en réalité, l'impact économique pour ces équipes est beaucoup moins fort que chez nous.

06:40 Donc, il y a plein de solutions, mais il va falloir que l'organisation européenne,

06:46 et de l'URC et du champion de l'EPCR,

06:52 proposent des solutions pour gommer, justement,

06:55 tous ces petits points d'interrogation liés notamment à la logistique et à l'enjeu écologique.

07:03 - Alors, ouvrons le débat rapidement avec toi, Julien, avec toi, Philippe.

07:07 Est-ce que l'URC, avec la présence des champions du monde sud-africains,

07:11 avec des Irlandais très forts,

07:14 est-ce que ce n'est pas le meilleur championnat du monde,

07:17 si ce n'est le deuxième meilleur championnat du monde ?

07:19 On le place où, le curseur, Julien Thomas ?

07:22 - L'URC, on le rappelle, pour ceux qui ne sont pas au fait,

07:26 c'est deux franchises italiennes, des franchises galloises, écossaises, irlandaises et sud-africaines.

07:34 - Oui, forcément, tu as le champion du monde, tu as la meilleure nation mondiale,

07:38 number one, donc la France qui, malheureusement, encore a perdu, mais qui est deuxième.

07:44 Non, tu as quand même le panel de toutes les nations.

07:48 - Après, comme moi, je reviens à une idée que disait Philippe dans les précédentes émissions,

07:54 c'est surtout qu'on va arriver sur un fuseau horaire et non pas, justement, sur cette agenda-là.

08:00 Donc, à un moment donné, ça va y être fortement et on va y arriver de plus en plus avec les nations du sud.

08:06 Et ça n'appellera plus l'émissaire sud et l'émissaire nord,

08:10 parce qu'il y a tellement de nations qui excellent que ça va se rencontrer sur un fuseau horaire.

08:17 - Est-ce que c'est le meilleur champion du monde, Jean-Thomas ?

08:22 - Oui, mieux que le Top 14.

08:24 - Moi, je disais oui.

08:26 - Pour toi, non, Philippe ?

08:28 - Non, pour moi, non, parce que factuellement, encore aujourd'hui,

08:33 c'est La Rochelle qui est championne d'Europe.

08:36 Donc, La Rochelle a battu les grandes équipes qui composent l'URC.

08:43 Donc, sportivement, on ne peut pas encore le dire.

08:47 Par contre, sur le niveau moyen, c'est vrai que quand on voit que les provinces irlandaises,

08:52 qui est un des meilleurs rugby du monde sur ces dernières saisons,

08:56 même s'ils n'ont pas concrétisé avec leur équipe nationale,

08:59 et aujourd'hui les provinces sud-africaines, d'un point de vue du niveau,

09:03 ça équivaut pour moi au niveau moyen du Top 14.

09:06 Mais encore aujourd'hui, sportivement, c'est le rugby français qui domine le rugby de l'hémisphère nord.

09:15 - Quentin Khabadis va départager tout le monde ?

09:18 - C'est trop compliqué pour mon pauvre jugement.

09:23 - Juste pour finir, il y a des écarts de niveau quand même.

09:27 Je vais compter pour Tom pour moi dans l'URC.

09:30 - Oui, d'accord, mais je vais trancher.

09:34 De toute façon, c'est la plus pro des deux, le plus beau champion du monde.

09:37 - Merci, Quentin.

09:39 Merci, Quentin.

09:41 - Je n'aurais pas accepté cette réponse, mais la voix du sage, effectivement.

09:47 Pour la question globale, le deuxième titre consécutif des Springboks,

09:53 valide-t-il l'européanisation du rugby sud-africain ?

09:56 Oui, mais en partie, pas totalement, si je t'ai bien suivi, Philippe.

10:00 Ce n'est pas seulement de ce fait.

10:03 - Non, on ne peut pas l'affirmer encore.

10:06 En tous les cas, ce qu'on peut affirmer, c'est déjà que ce n'était pas une erreur stratégique.

10:11 Et ça amène quand même les Sud-Africains à s'enlever ce dernier point d'interrogation

10:17 et à se tourner maintenant définitivement vers le rugby du Nord.

10:20 Après, la dernière équation, c'est les équipes qui jouent dans le championnat du Nord

10:25 et l'équipe nationale qui continue à jouer dans un championnat plutôt du Sud.

10:29 Et ça, à mon avis, s'est amené à rester, parce qu'il y avait une volonté de les intégrer au tournoi destination.

10:35 Je crois que cette idée-là est un peu passée.

10:39 Pour l'instant, du moins pour quelques années,

10:42 puisque avec la Nations Cup, on va avoir d'autres solutions alternatives pour ces équipes-là.

10:47 Donc, en tous les cas, aujourd'hui, c'est comme ça.

10:50 Et honnêtement, ça va servir le rugby du Nord et très certainement aussi le PCR et les Coupes d'Europe.

10:56 Le PCR a besoin d'un nouveau souffle.

10:58 Et c'est quand même bien d'avoir ces provinces Sud-Africaines

11:01 qui vont quand même amener quelque chose d'un point de vue du spectacle et du niveau,

11:05 parce qu'on verra sur nos terrains une partie des joueurs champions du monde tout au long de l'année.

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