Poursuite internationale

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À Langley en Virginie, un homme abat des individus en pleine heure de pointe. Le meurtre d’employés de la CIA met la population des États-Unis en état de choc. Bien que les victimes aient été choisies au hasard, le mobile de ces meurtres semble être politique. On fait appel au FBI pour mener des recherches aux États-Unis. L’enquête mène les agents dans une chasse à l’homme à l’échelle internationale. Ils devront suivre plus de deux-cents pistes et traverser l’Atlantique pour résoudre cette enquête.

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Transcription
00:00 C'est à Langley, en Virginie, en banlieue de Washington, que se trouvent les quartiers
00:11 généraux de la CIA.
00:14 Lundi, 25 janvier 1993.
00:19 Une autre semaine de travail commençait pour les quelques milliers d'employés de la CIA
00:26 qui se rendaient à leur lieu de travail.
00:31 Quelques-uns d'entre eux attendaient au feu de circulation pour tourner à gauche en
00:37 direction des installations de l'agence gouvernementale.
00:39 Ils étaient pour la plupart seuls dans leur voiture, à l'exception d'un véhicule où
00:47 se trouvait un couple de nouveaux mariés qui s'étaient rencontrés à la sirienne.
00:50 Ils croyaient avoir la vie devant eux.
00:54 Le jeune homme fut d'abord atteint par le projectile d'un tireur.
01:01 Deux employés qui se trouvaient derrière l'assaillant descendirent de leur voiture
01:05 en le voyant avancer.
01:06 Un troisième employé accéléra avant qu'il n'ait eu le temps de faire feu.
01:12 Deux autres automobilistes brûlèrent alors le feu rouge pendant que leur voiture était
01:15 criblée de balles.
01:16 Le tireur fit ensuite feu sur un homme de 61 ans à deux reprises à bout portant.
01:22 En regardant derrière, il s'aperçut que le premier homme sur qui il avait fait feu
01:28 était encore en vie.
01:29 Il le visa à nouveau.
01:32 Cette fois, il le tua, mais il épargna sa femme.
01:35 Il ne restait plus qu'un employé de la sirienne.
01:38 Cet homme de 66 ans, paralysé par la peur, fut tué instantanément de deux balles coup
01:42 sur coup.
01:43 Au service d'urgence de Fairfax County ont reçu des dizaines d'appels.
01:51 Toutes les unités furent envoyées sur les lieux.
01:56 Du personnel d'urgence de plusieurs villes a couru pour venir en aide aux victimes qui
02:02 reposaient entre la vie et la mort.
02:03 Le détective Fred Fyfe de Fairfax County se vit confier la responsabilité de cette
02:09 empiète.
02:10 La première chose qu'on a faite, c'est de s'assurer que la scène du crime n'était
02:15 plus dangereuse.
02:16 On ignorait à quel type d'individus on avait affaire.
02:19 On a donc posté des gardiens armés tout autour de la scène du crime pour se protéger contre
02:23 une autre attaque.
02:24 Les autorités surveillèrent ensuite tout le secteur.
02:28 Dans un rayon de cinq kilomètres, ils coupèrent l'accès de la route 123 aux automobilistes.
02:32 Sur la scène du crime, la police trouva deux cadavres et trois personnes grièvement blessées.
02:38 Quatre autres personnes, dont trois femmes, s'en étaient tirées saines et sauves.
02:44 L'agent spécial Brad Garrett arriva sur place quelques instants après la fusillade.
02:51 La première chose à faire en arrivant sur la scène du crime, c'est de voir globalement
02:56 à quoi rime toute l'affaire.
02:57 Dans ce cas-ci, on s'en était évidemment pris à la CIA.
03:00 On pouvait en avoir voulu aux victimes, mais il était plus vraisemblable que le tireur
03:04 avait voulu faire un geste public, surtout qu'il avait agi en pleine heure de pointe.
03:08 On conduisit rapidement les victimes aux hôpitaux les plus près.
03:12 Pendant ce temps, les enquêteurs interrogeraient les survivants.
03:15 Il fallait rapidement transmettre la description du fugitif et de son véhicule aux autorités
03:21 locales.
03:22 Malheureusement, les témoins n'avaient guéru le temps de remarquer quoi que ce soit,
03:26 et de plus, leurs dépositions différaient les unes des autres.
03:29 Les témoins nous ont dit que le suspect était un homme au teint basané et qu'il était
03:35 armé d'une carabine.
03:36 C'était à peu près tout ce qu'on a pu utiliser pour faire dresser son portrait.
03:41 Les descriptions de sa taille variaient.
03:46 Quant à son véhicule, c'était, selon les témoignages, une fourgonnette brune ou encore
03:53 une camionnette bleue.
03:54 Je crois que beaucoup de témoins étaient dans un tel état de panique qu'ils ont surtout
03:58 cherché à se protéger.
04:00 Une femme avait vu le suspect mieux que les autres.
04:05 Selon elle, le tireur était un homme aux cheveux foncés, dans la trentaine, et portant
04:13 une veste brun clair et des pantalons foncés.
04:15 Bien qu'elle ait été dans son champ de vision, il avait choisi de ne pas tirer sur
04:20 elle.
04:21 On a analysé le profil des victimes pour voir s'il pouvait y avoir un lien entre
04:28 elles.
04:29 Avaient-elles fait quelque chose dans le passé qui eut provoqué cette intention de se venger,
04:34 autant au plan personnel que professionnel ?
04:36 La scène du crime mesurait 50 mètres carrés.
04:42 Des éclats de verre et des douilles jonchaient la route.
04:48 Les techniciens judiciaires devaient prendre note de tous ces détails avant de sortir
04:55 les corps des deux victimes de leur voiture, comme en témoigne le détective Jeff Miller
04:59 de Fairfax-County.
05:00 Mon devoir, c'est de devenir la voix de ces victimes.
05:07 Ces gens ne parleraient plus jamais et quelqu'un devait le faire pour eux.
05:12 C'est comme ça que je perçois mon travail.
05:17 Je deviens la voix de ces victimes.
05:20 Et c'est mon travail de tout faire pour identifier et trouver la personne responsable de ces
05:25 crimes.
05:26 Les techniciens recueillirent dix douilles de projectiles.
05:31 Elles provenaient vraisemblablement d'un fusil AK-47.
05:39 Un peu à l'arrière des autos, là où le tireur avait commencé à faire feu, les
05:44 experts recueillirent également un projectile.
05:46 Cela indiquait aux enquêteurs que l'arme utilisée était semi-automatique et qu'elle
05:52 s'était enrayée avant que le tireur ne parvienne à tirer le premier projectile.
05:55 Par l'analyse de l'emplacement des douilles par rapport à celui des éclats de verre,
06:05 l'équipe put dresser les trajectoires des projectiles et savoir dans quel ordre ils
06:08 avaient été tirés.
06:09 Les enquêteurs recueillirent également des échantillons de glace de tous les véhicules.
06:17 Peut-être que la combinaison de plusieurs types de verres au même endroit pourrait
06:23 devenir un indice significatif.
06:25 Il y avait là plusieurs voitures de manufacturiers différents.
06:31 Allemands, Américains et Suédois.
06:34 La composition du verre de ces voitures n'était pas la même.
06:37 Quelques fragments, même microscopiques, de ces vitres, en éclatant, pouvaient avoir
06:41 atteint le tireur.
06:42 Il pourrait donc être très compromettant pour un suspect que l'on trouve ces trois
06:45 différentes sortes de verres sur ses vêtements.
06:47 Pendant que les techniciens poursuivaient la cueillette d'indices sur la scène du
06:52 crime, des agents et des détectives se rendirent dans les hôpitaux du secteur pour parler
06:56 aux survivants de l'attaque.
06:57 La jeune femme qui avait perdu son mari n'avait guéru le temps de voir quelque chose puisqu'elle
07:04 était restée cachée sous le tableau de bord presque tout le temps.
07:06 Elle déclara que l'homme aurait pu faire feu sur elle à tout moment, mais qu'il
07:12 s'était détourné et qu'il était parti, comme il l'avait fait à l'égard de l'autre
07:15 femme qui avait survécu.
07:16 Au poste de commandement de Fairfax-County, la femme qui avait le mieux vu le tireur
07:22 travailla avec un dessinateur judiciaire.
07:24 En se basant sur sa description, les enquêteurs étaient d'avis que le tireur était d'origine
07:32 hispanique ou du Moyen-Orient.
07:33 La femme n'avait pas eu le temps d'examiner la voiture du meurtrier, mais elle se rappelait
07:40 qu'il s'agissait d'une familiale.
07:42 Les enquêteurs transmirent le portrait robot au public.
07:47 Une des premières choses que nous avons dû faire a été de fournir un numéro de téléphone.
07:55 Si quelqu'un avait assisté à la scène ce matin-là, on voulait qu'il nous appelle.
08:03 Et pour ce faire, on devait établir une ligne téléphonique et en donner le numéro dans
08:07 les médias le plus vite possible.
08:09 Les appels ne tardèrent pas à entrer.
08:13 Pendant ce temps, les agents et les policiers étaient toujours à la recherche du mobile
08:17 de cette tuerie.
08:18 S'ils découvraient ce qui avait poussé le meurtrier à un tel acte, ils réduiraient
08:24 ainsi la liste des suspects potentiels.
08:26 Les agents examinèrent le passé des victimes en cherchant à savoir pourquoi on les avait
08:30 ciblées.
08:31 En scrutant les antécédents des victimes, les circonstances du drame par exemple, pourquoi
08:42 se trouvait-elle à cette intersection, etc., il est devenu évident, du moins pour moi,
08:49 qu'il n'y avait aucun lien entre les victimes.
08:51 Pas plus qu'entre elles et l'homme qui avait tiré.
08:55 À peine huit heures après la fusillade, le détective Jeff Miller de Fairfax examina
09:03 les douilles trouvées sur la chaussée de la scène du crime.
09:05 Il put confirmer qu'il s'agissait bien de douilles d'un fusil d'assaut AK-47, une arme
09:12 utilisée principalement par les armées russes et chinoises.
09:14 À la suite d'un examen plus attentif, il découvrit une empreinte digitale sur l'une
09:21 d'elles.
09:22 Ce qui complique les choses dans ces cas-là, c'est la forme cylindrique de la douille.
09:30 L'empreinte recouvrait environ 80% de la circonférence.
09:33 Elle en faisait presque tout le tour.
09:34 Je devais donc la photographier en plusieurs étapes.
09:39 Je prenais une photo et puis je la tournais de quelques millimètres.
09:44 J'ajustais l'éclairage pour qu'il soit identique à celui de la photo précédente
09:48 et je prenais une autre photo.
09:50 J'ai répété ce procédé jusqu'à ce que la douille soit photographiée sur toute
09:53 sa circonférence.
09:54 Ce fastidieux procédé permit d'obtenir une empreinte digitale complète.
10:00 C'était là la première piste solide des enquêteurs.
10:04 On introduisit l'empreinte dans un système informatisé relié à 185 autres bases de
10:10 données partout en Amérique du Nord.
10:13 On a pris cette empreinte et on l'a envoyée à toutes les bases de données en Amérique
10:20 du Nord.
10:21 On leur a ensuite demandé de vérifier si cette empreinte digitale était fichée dans
10:28 un de leurs systèmes.
10:29 Malgré d'importantes recherches, on ne trouva rien.
10:37 Cela signifiait que le suspect n'avait pas de casier judiciaire ou qu'il n'avait
10:44 jamais commis de crime sur le territoire nord-américain.
10:46 Le lendemain matin, la police se mit à la recherche de témoins parmi les automobilistes
10:53 qui utilisaient la route 123 et qui auraient pu voir quelque chose d'anormal le matin
10:57 de la fusillade.
10:58 Les agents distribuèrent le portrait robot du suspect à 3000 automobilistes.
11:03 L'imposante couverture médiatique permit d'obtenir des témoignages d'un peu partout
11:10 aux États-Unis.
11:11 Même si aucun de ces témoignages ne se démarquait des autres, on les conserva tous dans la base
11:17 de données du poste de commandement qui ne cessait de s'agrandir.
11:19 Pendant toute la soirée, les patrouilleurs sur les routes du nord de la Virginie et près
11:24 de Washington restèrent en alerte.
11:26 Ce soir-là, une voiture dont la description correspondait à celle du suspect fut arrêtée
11:34 par un patrouilleur de la Virginie.
11:35 Celui-ci demanda des renforts avant de s'approcher du véhicule.
11:42 Il ignorait s'il s'agissait du tireur et, si c'était le cas, si celui-ci était
11:50 toujours armé de son AK-47.
11:52 Le 26 janvier 1993, 36 heures s'étaient écoulées depuis qu'un tireur avait ouvert
12:01 le feu avec un fusil d'assaut AK-47 devant les bureaux de la CIA et tué deux personnes
12:06 en plus d'en avoir blessé trois autres.
12:08 Un patrouilleur des autoroutes de Virginie arrêta un véhicule dont la description correspondait
12:12 à celle de la voiture du suspect.
12:13 Les témoins avaient affirmé que le suspect avait un teint mat et des cheveux foncés
12:19 et qu'il était de stature moyenne.
12:20 Bien que l'homme arrêté par le patrouilleur correspondit à cette description, ses empreintes
12:27 digitales différaient de celles du fugitif.
12:29 Des dizaines d'agents de la CIA, de l'ATF et du FBI s'étaient maintenant joints
12:37 à l'équipe du détective Fred Pfeiffer de Fairfax-Conté pour retrouver le tireur.
12:44 Quand on a eu besoin d'aide, on nous a apporté le soutien demandé.
12:49 L'FBI a été très généreux en ce sens.
12:53 On nous a fourni non seulement une technologie de pointe, des ordinateurs et ainsi de suite,
12:59 mais on nous a également affecté des employés de bureaux capables de gérer le système
13:03 que nous avions mis sur pied pour traiter les pistes qui nous parvenaient du public.
13:08 Mais l'agent Brad Garrett était toujours très préoccupé.
13:12 Malgré le fait qu'on ait trouvé une empreinte digitale sur la douille de la scène du crime,
13:17 on n'avait pas encore identifié l'auteur de la fusillade et l'on ne connaissait pas
13:21 son mobile.
13:22 Tout ce que l'on savait, c'était que le tireur avait utilisé un fusil AK-47.
13:27 J'ai décidé que l'on fasse un retour en arrière et qu'on s'arrête sur tous
13:34 les AK-47 achetés au cours de l'année précédente.
13:37 On sait que les gens qui commettent ce genre de crimes achètent généralement leurs armes
13:44 peu de temps avant de passer à l'acte.
13:47 Au cours des jours suivants, les agents de l'ATF rendirent visite aux armuriers de
13:52 Virginie et à ceux du Maryland, à l'exclusion de Washington, compte tenu que l'achat ou
13:56 la possession d'armes à feu sont interdits dans la capitale.
13:59 Les agents découvrirent qu'on avait vendu 1000 AK-47 dans le nord de la Virginie au
14:05 cours de l'année.
14:06 On en avait vendu 600 au Maryland.
14:14 Les agents recueillirent les relevés de chacune de ces ventes.
14:18 Ils introduisirent ensuite le nom des propriétaires dans leur base de données.
14:21 Le 1er février, soit une semaine après la fusillade, les enquêteurs espéraient que
14:28 leur base de données sans cesse grandissante leur permettrait d'établir un lien entre
14:32 les milliers de noms et de rapports de police qui s'y trouvaient.
14:34 On fixa de nouveaux paramètres afin que soient comparées les caractéristiques du suspect
14:43 à celles des individus du comté qui avaient acheté un AK-47.
14:49 Le système fournit alors un nom, celui de Mir Eymal Kansi, âgé de 28 ans.
14:56 Celui-ci avait fait l'acquisition d'un AK-47 trois jours avant la fusillade.
15:01 Cet immigrant pakistanais vivait à Hurden en Virginie et son colocataire avait signalé
15:07 sa disparition trois jours après la tuerie.
15:09 Les enquêteurs mirent aussitôt une équipe d'agents à la recherche de Mir Eymal Kansi.
15:20 Celui-ci n'était pas retourné chez lui, mais son colocataire qui avait signalé sa
15:26 disparition travaillait à l'aéroport international Dulles.
15:29 Il était également d'origine pakistanaise.
15:32 Il était embauché par une société de sécurité pour faire fonctionner un magnétomètre,
15:37 cet appareil qui vérifie si les passagers portent les armes sur eux.
15:39 Il déclara au FBI qu'il n'avait pas vu Kansi depuis plusieurs jours.
15:46 Il ajouta qu'il ne pouvait pas parler plus longtemps aux agents parce qu'il était
15:52 de service, mais qu'il pouvait les rencontrer plus tard chez lui à Hurden et qu'il répondrait
15:56 alors à toutes leurs questions.
15:57 Le colocataire déclara qu'il devait retourner au Pakistan plus tard au cours de la semaine,
16:03 mais il assura les agents qu'il coopérait avec eux d'ici là.
16:06 Mais lorsque les enquêteurs se rendirent chez lui, il n'était pas là.
16:19 Ils découvrirent alors qu'il avait devancé ses plans de voyage.
16:33 Plusieurs des choses qu'il avait dites à l'agent et aux détectives le dimanche se
16:38 sont révélées fausses.
16:39 Il avait avisé le propriétaire de son appartement qu'il partait le mardi et non le jeudi comme
16:45 prévu initialement.
16:46 Il avait modifié son billet pour partir pour le Pakistan ce même mardi.
16:51 De fait, il n'y avait aucune possibilité pour lui de quitter plus rapidement le pays.
16:59 Il ne restait même pas 24 heures avant le vol du colocataire.
17:06 Les agents surveillèrent l'appartement dans l'espoir de le voir arriver lui ou
17:09 Kenzie.
17:16 Leur travail porte à fruit.
17:21 Il trouvèrent le colocataire chez lui, seul.
17:25 L'appartement était pratiquement vide.
17:29 Apparemment, Kenzie et son colocataire n'avaient pas l'intention de revenir aux États-Unis.
17:37 Le colocataire déclara qu'il ignorait où se trouvait Kenzie, mais il permit aux enquêteurs
17:42 de fouiller l'appartement presque vide.
17:43 Dans la chambre, les agents trouvèrent dans une valise deux pistolets automatiques, un
17:51 Beretta et un Makarov, des munitions pour un fusil AK-47 ainsi qu'un gilet pare-balles.
17:57 Le colocataire déclara ignorer l'existence de ces armes et il ajouta que c'était la
18:11 valise de Kenzie.
18:14 Les enquêteurs poursuivirent les fouilles.
18:18 Sous un canapé, enveloppé dans du plastique, ils trouvèrent une autre arme à feu.
18:24 C'était un AK-47, soit le même type d'arme que celle qu'on avait utilisé pour abattre
18:31 deux personnes et en blesser trois autres devant le siège social de la Syrie.
18:35 À nouveau, le colocataire déclara qu'il ignorait l'existence de cette arme.
18:39 Il dit qu'il avait rencontré Kenzie quelques mois plus tôt quand celui-ci était venu
18:42 vivre avec lui.
18:43 Le colocataire nous a dit qu'il avait rencontré Kenzie par l'entremise de notre homme, d'origine
18:49 pakistanaise.
18:50 Kenzie se chercha un logement et le colocataire lui avait alors offert de venir vivre chez
18:54 lui.
18:55 Il s'était ensuite entendu sur le montant que devait lui donner Kenzie pour habiter
18:58 là.
18:59 Dans l'espoir de ne plus faire l'objet des soupçons des enquêteurs, le colocataire
19:06 signa un document selon lequel il consentait à collaborer avec eux dans le cadre de l'enquête.
19:11 Dans un placard, les agents découvrirent une veste brun clair comme celle que portait
19:14 le tireur.
19:15 Le colocataire déclara qu'elle appartenait à Kenzie.
19:25 Devant l'appartement, il leur montra où était garé le véhicule de Kenzie, un pick-up.
19:33 Les agents constatèrent qu'il était bien enregistré au nom du suspect.
19:37 A l'intérieur se trouvait une carte routière dépliée précisément pour indiquer où
19:44 se trouvaient les bureaux de la CIA à Langley.
19:47 A côté, ils remarquirent une coupure de journal avec un article à propos du directeur
19:51 de la CIA.
19:52 Les agents devraient obtenir un mandat pour fouiller le véhicule.
19:56 Si c'était bien cette camionnette qui avait servi lors de la fusillade, elle ne correspondait
20:01 en rien à la description des témoins.
20:02 Au poste de police, les enquêteurs poursuivirent leur interrogatoire du colocataire de Kenzie.
20:13 Celui-ci déclara que Kenzie travaillait pour un service de messagerie depuis août 1992.
20:20 Six mois plus tôt, en février, Kenzie avait obtenu l'asile politique ainsi qu'un permis
20:25 de travail du service d'immigration.
20:27 On a eu de la chance dans ce cas parce qu'on disposait des empreintes digitales de Kenzie.
20:36 Non pas parce qu'il avait un casier judiciaire aux États-Unis, mais parce que le service
20:41 d'immigration lui avait demandé de les donner au moment où il avait demandé l'asile politique.
20:45 On a donc pu obtenir la fiche contenant ces empreintes du service d'immigration.
20:51 On demandait à des experts en dactyloscopie d'examiner l'indice au cours de la nuit suivante
20:58 pendant que les enquêteurs poursuivaient leur interrogatoire du colocataire.
21:00 Selon lui, Kenzie était un homme plutôt taciturne.
21:05 Mais lorsqu'il écoutait le journal télévisé et voyait comment ont traité les musulmans
21:10 durant les conflits en Bosnie, en Irak et en Israël, il sortait de ses gonds.
21:14 C'était dans ces moments-là qu'il jurait de passer aux actes.
21:18 Le colocataire a fini par dire que Kenzie lui avait confié qu'il allait faire quelque
21:24 chose d'impressionnant.
21:25 Et quand on lui a demandé de nous dire ce qu'il entendait par là, il a dit qu'il
21:29 n'en était pas sûr, mais que ce pourrait être une fusillade.
21:32 Kenzie lui a dit qu'il ferait quelque chose d'important au bureau de la CIA, à la Maison
21:36 Blanche ou à l'ambassade d'Israël.
21:37 Même si les agents croyaient que le colocataire n'était pas mêlé à la fusillade, ils lui
21:45 interdirent de quitter le pays tant que l'enquête ne serait pas terminée.
21:48 Les experts du labo comparèrent l'empreinte recueillie sur la douille de projectile de
21:57 la scène du crime à celle de Kenzie sur l'affiche du service d'immigration.
22:00 Elles étaient identiques.
22:03 On peut ensuite également confirmer que le numéro de série de l'arme trouvé dans
22:09 l'appartement était le même que celui du fusil d'assaut AK-47 fabriqué en Chine
22:14 et que Kenzie avait acheté trois jours avant la fusillade de la CIA.
22:18 Kenzie avait présenté deux pièces d'identité pour que la police puisse effectuer des vérifications
22:23 sur ses antécédents.
22:24 L'achat avait été approuvé en quelques minutes à peine.
22:27 Les experts du laboratoire du FBI comparèrent ensuite des projectiles et les douilles de
22:33 l'AK-47 obtenus lors de tirs d'essai à des projectiles et des douilles recueillies
22:37 sur la scène du crime par le détective Jeff Miller de Fairfax County.
22:42 L'expert en balistique a pu affirmer que les balles de la scène du crime avaient été
22:47 tirées avec l'arme trouvée à l'appartement de Kenzie.
22:51 Il a également pu examiner les douilles obtenues lors des tirs d'essai en laboratoire
22:55 avec le AK-47.
22:58 Il les a comparées à celles que j'avais recueillies sur la scène du crime et conclut
23:03 que ces douilles provenaient de la même arme.
23:06 Les techniciens examinèrent ensuite la veste trouvée dans le placard de Kenzie.
23:13 Si c'était bien la veste décrite par les témoins de la fusillade, on trouverait sans
23:19 doute des éclats de verre incrustés dans le tissu.
23:21 On disposait de verre provenant d'une voiture allemande, d'une voiture suédoise et d'une
23:29 voiture américaine.
23:30 Si l'on retrouvait tous ces types de verre sur ses vêtements ou ses chaussures, il serait
23:35 alors évident que s'il n'était pas l'auteur de ce crime, il devait forcément être sur
23:39 les lieux pour que l'on retrouve tous ces échantillons de verre simultanément sur
23:43 lui.
23:44 Les techniciens sont parvenus à trouver des particules de verre sur ses vêtements qui
23:49 correspondaient aux verres de toutes les voitures sur la scène du crime.
23:52 Les enquêteurs disposaient maintenant d'assez d'indices pour accuser Mir Emal Kenzie d'homicide
23:59 au premier degré et d'avoir blessé d'autres personnes avec l'intention de les tuer.
24:03 Le FBI l'inculpa également de délit de fuite pour se soustraire à la justice.
24:08 On offrit la somme de 5 000 dollars à quiconque fournirait des informations menant à la capture
24:13 de Kenzie.
24:14 Les agents se dispersèrent ensuite pour aller interroger les membres de la communauté pakistanaise
24:18 de la région de Washington.
24:19 Ils étaient à la recherche d'amis de Kenzie, de connaissances ou de quiconque aurait été
24:25 en contact avec lui.
24:26 On a appris que Kenzie s'était rendu dans un marché de Herndon.
24:31 Le propriétaire de ce marché connaissait le gérant d'une agence de voyage.
24:36 Interrogé à ce sujet, le gérant nous a appris que Kenzie était venu le voir dans
24:43 l'après-midi du 25, soit le jour de la fusillade, et qu'il avait acheté un ali simple pour
24:48 le Pakistan.
24:49 Deux semaines après une fusillade devant les bureaux de la Syrie, une chasse à l'homme
25:00 à l'échelle de la planète allait s'organiser.
25:02 L'enquête serait ouverte à quelque 13 000 kilomètres de la scène du crime, au Pakistan.
25:11 Au mois de février 1993, le Pakistanais Mir Emal Kenzie, 32 ans, était recherché par
25:19 le FBI pour le meurtre de deux employés de la CIA et pour avoir blessé trois autres
25:23 personnes sur la route devant le siège social de la CIA à Langley, en Virginie.
25:29 Deux semaines après la fusillade, les agents apprirent que Kenzie était monté à bord
25:33 d'un avion en partance pour Quetta au Pakistan le 25 janvier et qu'il n'avait acheté
25:38 qu'un billet ali simple.
25:41 Quetta se trouve à moins de 130 kilomètres de la frontière afghane.
25:43 Maintenant, le fugitif pouvait se trouver n'importe où.
25:48 Se mettre à sa recherche à l'autre bout du globe présentait de gros problèmes pour
25:52 l'agent spécial Brad Garrett du FBI.
25:54 Une des difficultés pour tous ces cas outre-mer, c'est qu'on n'a aucun pouvoir.
26:00 On n'est qu'un autre citoyen américain se trouvant en pays étranger.
26:04 La clé pour trouver un fugitif, c'est donc de faire affaire avec le service de renseignement
26:10 secret, donc par le biais d'informateurs.
26:13 Le FBI se tourna vers l'agent spécial et superviseur Gregory Lee de l'agence américaine
26:21 de lutte contre la drogue, la DEA.
26:24 Comme le Pakistan était alors un important centre d'héroïne et de hachiches, la DEA
26:28 y avait de nombreux contacts et informateurs fiables depuis une dizaine d'années.
26:31 Au moment de cette enquête, l'agent Lee était en charge du bureau de la DEA à Karachi,
26:40 au Pakistan.
26:41 L'environnement de travail était complètement différent de ce à quoi un agent du FBI
26:49 est habitué aux États-Unis.
26:51 C'était comme s'il se retrouvait dans un endroit totalement étranger où tout était
26:55 nouveau.
26:56 La langue, l'infrastructure, comment fonctionner, qui rencontrer, mais on pouvait lui fournir
27:03 de la protection, des armes et tout ce dont il avait besoin pour mener son enquête.
27:08 Dans ce pays de 135 millions d'habitants, instable au niveau politique et où la corruption
27:16 avait atteint la fonction publique, le FBI aurait besoin de toute l'aide disponible.
27:20 L'agent Garrett se rendait également compte que Kennsey trouverait de nombreuses personnes
27:26 sympathiques à sa cause au Pakistan et en Afghanistan, le pays voisin.
27:29 Il serait respecté en Afghanistan.
27:34 De fait, il était déjà respecté au Pakistan.
27:37 La CIA en particulier, de même que le gouvernement américain en général, ne sont pas aimées
27:42 dans ces pays.
27:43 Avec pour résultat que les gens refusaient de nous divulguer des informations à propos
27:47 de Kennsey, parce qu'ils trouvaient héroïque ce qu'il avait fait, comme certaines personnes
27:51 nous l'ont dit.
27:52 En mars 1993, le ministère des affaires étrangères des États-Unis déclara que l'attaque des
27:59 employés de la CIA avait été un acte de terrorisme et offrit la récompense de 2 millions
28:04 de dollars à quiconque fournirait des informations menant à la capture de Kennsey.
28:08 Une fois la logistique établie, l'agent Garrett prit l'avion en partance pour Karachi
28:13 au Pakistan, un vol de 21 heures.
28:16 Dès son arrivée, les agents de la DEA lui avaient fixé une rencontre avec un informateur.
28:21 Ils distribuèrent des brochures et des cartons d'allumettes avec la photo de Kennsey, mentionnant
28:28 également la récompense de 2 millions de dollars en anglais, en arabe et en pengebi.
28:32 La récompense suscita des réactions d'aussi loin que la Thaïlande et l'Angleterre.
28:41 Des informateurs du Pakistan déclarèrent que Kennsey se cachait dans des tribus et
28:46 villages d'Afghanistan près de la frontière.
28:48 La famille de Kennsey était originaire de l'Afghanistan.
28:57 Il ne faut pas oublier que Kennsey venait de Quetta au Pakistan, une ville à moins
29:05 de 130 kilomètres de l'Afghanistan.
29:09 Il y avait donc un lien naturel entre Kennsey, Quetta et l'Afghanistan.
29:19 Les agents se rendirent à la maison de la famille de Kennsey à Quetta où ils interrogèrent
29:25 ses frères, tous de riches propriétaires terriens.
29:27 Ceux-ci déclarèrent que Kennsey était bienvenu en janvier, soit quelques jours après la
29:33 fusillade en Virginie.
29:34 Il était arrivé sans s'annoncer et n'avait avec lui qu'une petite valise.
29:41 C'était plutôt étrange compte tenu du fait de la longueur du voyage.
29:46 Les frères de Kennsey avaient également trouvé bizarre que celui-ci ne porta pas de manteau
29:53 car c'était durant la période la plus froide de l'année.
29:55 Kennsey n'était resté que quelques jours puis il était reparti aussi vite qu'il
30:01 était arrivé.
30:02 Il n'avait dit à personne où il allait et ses frères n'avaient eu aucune nouvelle
30:09 de lui depuis.
30:10 Quelques semaines plus tard, ceux-ci avaient appris de la chaîne d'information CNN que
30:15 Kennsey était recherché pour un acte de terrorisme.
30:17 Les agents croyaient qu'il était probable que Kennsey se cachait en Afghanistan, juste
30:23 de l'autre côté de la frontière.
30:24 Nous savions alors qu'il serait plus en sécurité en Afghanistan et particulièrement
30:32 à ce moment-là parce que ce pays était contrôlé par plusieurs tribus.
30:35 Il n'y avait alors pratiquement aucun gouvernement central dans ce pays.
30:43 On n'avait donc même pas à demander la permission pour y aller.
30:47 L'enquête se buta alors à un mur.
30:55 Les agents rentrèrent bredouille aux États-Unis.
31:00 L'affaire Kennsey ne progressera pas au cours des trois années suivantes.
31:07 C'est alors que le ministère des affaires étrangères augmente à la récompense au
31:11 montant de 3,5 millions de dollars.
31:12 L'agent Garrett espérait que cette généreuse récompense attire un informateur.
31:18 Il travailla avec les experts en dactyloscopie du FBI à Washington.
31:24 Il s'était écoulé beaucoup de temps depuis l'attentat et Garrett désirait savoir comment
31:30 reconnaître les empreintes digitales de Kennsey si jamais le suspect venait à être arrêté
31:34 dans un secteur isolé.
31:35 L'agent étudia les traits caractéristiques des empreintes des dix doigts de Kennsey
31:42 que celui-ci avait fourni aux services d'immigration quelques années plus tôt.
31:45 Les experts montrèrent également à l'agent Garrett comment prendre les empreintes d'un
31:51 suspect rebelle sur le terrain.
31:52 J'ai dû consacrer à cette affaire le plus clair de mes énergies pendant un bon bout
31:58 de temps.
31:59 Je crois que j'avais peur de ne jamais pouvoir le capturer.
32:04 Et cette peur était bien fondée.
32:08 En avril 1997, après quatre années à pourchasser Kennsey, un agent du FBI posté au consulat
32:18 américain de Karachi au Pakistan reçut un appel d'une de ses sources les plus fiables.
32:22 L'homme affirma qu'il savait où se cachait Kennsey mais il refusa d'en dire plus au
32:29 téléphone.
32:30 Il demanda à l'agent de l'attendre dans un endroit public et lui dit qu'un autre
32:37 homme l'appellerait sur son téléphone portable une heure plus tard.
32:39 Les rues bondées de Karachi fournissait une excellente couverture pour l'informateur.
32:48 Mais s'il était aperçu en train de parler à un agent américain par des gens mal intentionnés,
32:52 cela pouvait lui coûter la vie.
32:53 Comme convenu, l'agent attendu l'appel à l'endroit prévu.
32:58 Il espérait que l'informateur lui fournirait des informations valables qui permettraient
33:26 de mettre le grappin sur Kennsey.
33:32 L'informateur déclara que non seulement il savait où se trouvait Kennsey mais aussi
33:42 qu'il lui serait possible de l'attirer dans un hôtel à un moment précis pour que
33:45 l'on puisse procéder à son arrestation.
33:47 L'informateur représentait un groupe chargé de la protection de Kennsey qui n'avait
33:53 pu résister à la promesse de la généreuse récompense.
33:55 Le gouvernement américain suivait cette affaire de près.
34:00 La Maison-Blanche approuva le plan secret de l'arrestation.
34:04 Le secrétaire d'État obtint ensuite la permission du chef du Pakistan de laisser
34:10 les agents américains mener à bien cette délicate opération.
34:13 Les Pakistanais sont très sensibles quant à leur image.
34:19 Ce sont des gens très fiers.
34:21 Ils n'aimaient pas qu'un de leurs compatriotes soit identifié comme un terroriste international.
34:25 Que quelqu'un puisse se rendre de l'autre côté de la planète à Washington avec l'intention
34:31 de tuer des employés de la CIA, ça les mettait dans l'embarras.
34:34 Les agents arrivèrent au Pakistan accompagnés d'une équipe spécialisée dans les opérations
34:40 spéciales formées par les gens du FBI à Quantico en Virginie.
34:43 Ils devaient ramener Kennsey d'un hôtel situé dans une ville du désert dans la partie
34:47 nord du Pakistan où l'informateur leur avait promis de l'attirer.
34:53 Après avoir analysé le plan de l'hôtel, chacun des membres de l'équipe se vit assigner
34:58 une tâche.
34:59 Les agents s'installèrent dans une chambre devant l'hôtel.
35:07 Ils ne pouvaient d'aucune façon vérifier si Kennsey y était vraiment.
35:11 Ils devaient faire entièrement confiance à l'informateur.
35:19 Selon ce même informateur, la chambre de Kennsey se trouvait à un étage supérieur.
35:27 En se basant sur le plan de l'immeuble, les agents avaient prévu bloquer toutes les issues
35:34 du hall puis l'escalier avant de faire irruption dans la chambre de Kennsey.
35:38 L'informateur leur avait dit que la porte de l'hôtel n'était jamais verrouillée
35:42 et qu'il n'y avait pas de gardien de sécurité.
35:44 Avec ces informations, on a mis au point un plan d'arrestation.
35:50 On savait comment on entrerait dans la chambre, qui surveillerait le hall d'entrée et ce
35:56 que nous ferions une fois dans la chambre.
35:58 C'était extrêmement important.
36:00 Quand on met sur pied un scénario comme ça, chacun doit savoir exactement ce qu'il a
36:04 à faire.
36:05 Après avoir fermé les issues du hall de l'hôtel et l'escalier, un agent déguisé
36:10 attirerait le fugitif à l'extérieur de sa chambre en lui annonçant que c'est à
36:14 l'heure de la prière.
36:15 Les agents enfilèrent leurs gilets pare-balles et vérifièrent leurs armes.
36:20 Pour cacher ses armes, ils revêtirent des vêtements traditionnels du Pakistan.
36:27 Le 15 juin 1997, le plan de l'arrestation de Mir Emal Khansi se mit en branle.
36:36 L'équipe arriva à 4 heures du matin, car à cette heure, on croyait qu'il y aurait
36:42 moins de passants.
36:43 Mais lorsque les hommes tentèrent d'entrer dans l'hôtel, ils trouvèrent la porte fermée.
36:49 On ne pouvait pas entrer.
36:52 On était donc là, quatre Américains portant ces vêtements pakistanais à 4h05 du matin,
36:57 devant l'hôtel.
36:58 Notre niveau d'anxiété était à son plus haut point compte tenu de la situation.
37:04 C'était comme si tout cela n'était pas réel.
37:07 Pour rendre la situation encore pire, la rue était bondée de gens qui n'avaient pu que
37:12 remarquer ces Américains costumés.
37:13 On ignorait qu'il pouvait faire très chaud l'été dans cette ville.
37:17 Par conséquent, les gens commençaient à travailler vers 3 ou 4 heures du matin.
37:23 Il y avait donc plein de gens partout.
37:25 On n'avait pas prévu ça non plus.
37:28 L'informateur s'était trompé à propos de la porte de l'hôtel.
37:32 Après 4 ans et demi à pourchasser Kansi, le FBI se butait encore à un écueil.
37:37 Le 15 juin 1997, une équipe d'arrestation du FBI, qui portait des vêtements traditionnels
37:48 pakistanais, tentait d'entrer dans un hôtel dans la région centre-nord du Pakistan, où
37:52 le présumé terroriste Mir Emal Kansi se tairait.
37:55 Mais selon l'agent spécial Brad Garrett du FBI, leur informateur les avait induits
38:01 en erreur.
38:02 On nous avait dit que la porte de l'hôtel ne serait pas verrouillée et qu'il n'y aurait
38:07 pas de gardien de sécurité.
38:09 Or, quand nous sommes arrivés, la porte était fermée à clé et quelques minutes plus tard,
38:14 on a vu qu'il y avait bel et bien un gardien de sécurité.
38:16 Les agents firent signe au gardien de leur ouvrir la porte et ils entrèrent dans l'hôtel.
38:23 L'équipe prit position dans le hall pendant que certains agents montaient rapidement à
38:27 l'étage.
38:28 Ils espéraient que l'informateur ne s'était pas trompé en leur donnant le numéro de la
38:32 chambre de Kansi et en affirmant que le fugitif était bien là.
38:35 Lorsque tous les membres de l'équipe eurent pris position, l'agent qui servait de couverture
38:42 frappa à la porte pour annoncer le début de la prière en espérant que l'occupant
38:45 sortirait de sa chambre.
38:46 Si Kansi était là, il pouvait être armé.
38:50 Les agents se préparaient au pire.
38:52 Dès que la porte s'ouvrit, les agents firent irruption dans la pièce.
39:01 L'homme tenta de leur échapper et se mit à crier.
39:06 On dut le baïonner pour s'assurer qu'il ne réveillerait pas les autres occupants.
39:12 Après qu'il se fût calmé un peu, je lui ai dit "je vais vous enlever ce baillon si
39:21 vous me faites la promesse de ne pas crier".
39:23 Il a acquiescé.
39:25 Je lui ai donc enlevé le baillon et je lui ai demandé comment il s'appelait.
39:29 Il m'a répondu par des obscénités en anglais.
39:32 Il ne ressemblait en rien à la photo qu'on avait du suspect, il était plus gros.
39:36 Je lui ai alors dit que je n'étais pas sûr qu'il était l'homme qu'on cherchait.
39:40 L'agent espérait que les empreintes de l'homme qu'il venait de capturer correspondraient
39:44 à celles que Kenzie avait fournies au service d'immigration américain six ans plus tôt.
39:48 Il appliqua de l'encre sur le pouce de l'homme et compara l'empreinte obtenue à celle du
39:53 pouce de Kenzie.
39:54 Les deux empreintes étaient identiques.
40:04 Après plus de quatre ans et demi et un parcours de près de 13 000 kilomètres, le FBI avait
40:09 enfin mis la main au collet du présumé terroriste Mir Eymal Kenzie.
40:13 Mais la mission n'était pas encore terminée.
40:16 Non seulement devait-on arrêter Kenzie, mais on devait également le sortir de l'hôtel
40:23 sans encombre et finalement quitter le Pakistan.
40:25 L'agent spécial et superviseur Gregory Lee de la DEA apporta son soutien logistique au
40:33 FBI.
40:34 Cet homme était alors en détention, mais les agents étaient en terre étrangère,
40:44 dans un désert comme Death Valley par exemple.
40:46 Et l'on devait ramener ce Pakistanais aux États-Unis.
40:55 Le fait que des Américains tiennent un Pakistanais en captivité dans son propre pays était
41:01 dangereux.
41:02 Les agents conduisirent le fugitif à un hélicoptère où ils s'envolèrent jusqu'à Islamabad,
41:10 d'où ils obtinrent la permission d'extrader le suspect dès le lendemain.
41:13 Les quartiers généraux du FBI à Washington furent informés du succès de la mission
41:20 par le code suivant « Le colis a été livré ».
41:23 L'équipe d'arrestation ramena Kenzie aux États-Unis à bord d'un avion militaire.
41:28 Pour éviter d'atterrir en pays étranger, on refit le plein d'essence pendant le vol.
41:34 Ainsi, Kenzie ne pourrait demander l'asile politique avant de comparaître en justice
41:38 aux États-Unis.
41:39 Au cours du vol de 21 heures, Kenzie avoua qu'il était resté en Afghanistan pendant
41:44 presque 4 ans et demi.
41:45 Il reconnut également qu'il était responsable de la fusillade devant les bureaux de la CIA.
41:54 Il avait décidé d'abattre des employés avant qu'il n'entre sur les terrains bien
41:59 protégés de l'agence pour exprimer son mécontentement envers la CIA et les États-Unis.
42:04 Il ajouta qu'il n'avait pas tué de femmes car la loi islamique le lui interdisait.
42:09 Après la fusillade, il avait été surpris de voir qu'il était encore en vie.
42:13 Il s'était alors rendu dans un parc, puis il avait mangé avant de s'acheter un billet
42:18 d'avion pour le Pakistan.
42:19 On lui a demandé pourquoi il avait cessé de tirer alors qu'il avait encore beaucoup
42:25 de munitions avec lui, selon ses propres dires, et qu'il en avait laissé tant d'autres
42:29 dans son appartement.
42:30 Et il nous a répondu que c'était parce qu'il avait manqué de cibles.
42:33 Affirmant qu'il avait donné sa déposition en toute liberté, Kenzie signa ses aveux.
42:39 Après être arrivé aux États-Unis, un hélicoptère le transporta à un endroit surveillé.
42:46 Les agents ne négligèrent aucune mesure de sécurité pour remettre Kenzie aux mains
42:53 de la police de Fairfax où il faisait face à des accusations d'homicide et de coups
42:56 et blessures.
42:57 Le détective Jeff Miller n'a jamais oublié ce jour-là.
43:00 En le capturant et en le rapatriant aux États-Unis, on a montré au reste du monde que notre
43:09 pays, de même que le FBI et la CIA, ne peuvent laisser quelque chose d'aussi grave se produire
43:15 sans rien faire.
43:16 Peu importe le temps qu'il faudra, peu importe l'endroit où ces gens se cacheront, les
43:24 États-Unis feront toujours l'impossible pour traquer ces criminels et les traduire
43:28 en justice.
43:29 Kenzie a été trouvé coupable de meurtre, d'avoir fait feu avec intention de tuer et
43:37 d'avoir utilisé une arme à feu avec l'intention de commettre des crimes.
43:40 Il a été condamné à mort.
43:42 On l'a exécuté en 2002.
43:44 Suite à la fusillade, on a érigé un monument à la mémoire des victimes de la route 123,
43:52 à l'endroit même où elles sont tombées après avoir été abattues par le tireur.
43:55 La CIA a resserré les mesures de sécurité au siège social de Langley ainsi qu'à tous
44:01 ses bureaux à travers le monde.
44:02 Cette enquête couronnée de succès s'est ajoutée à la longue série de batailles
44:08 contre le terrorisme.
44:09 [Générique]

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