Rapha : "Il n’y a jamais eu de situation pareille"

  • l’année dernière

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Bonjour Rony Broman, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:03 Vous avez été le président de 1982 à 1994.
00:06 Vous pouvez tout d'abord nous donner des détails sur ces évacuations.
00:09 Elles se sont déroulées comme prévu ?
00:11 Oui, elles ont été au départ un petit peu lentes.
00:16 On ne savait pas très bien ce qui se passait.
00:17 Et puis, d'un seul coup, elle est venue la nouvelle que le passage allait pouvoir s'effectuer.
00:23 Et donc, ça a été réalisé assez rapidement.
00:25 Mais je dois vous dire que je n'ai que très peu d'informations.
00:29 Je n'ai pas eu moi-même directement nos collègues de MSF en ligne.
00:33 Ce sont les opérationnels de MSF, et je n'en suis pas un, je n'en suis plus un,
00:37 qui s'en sont occupés.
00:39 Mais ce que je sais, c'est qu'ils vont bien.
00:42 Aucun n'a été blessé.
00:43 Certains ont beaucoup souffert psychologiquement dans cette situation.
00:48 Mais semble maintenant, une fois qu'ils sont dehors,
00:50 en bonne forme physique et psychologique.
00:55 Le problème étant maintenant pour nous de traverser dans l'autre sens.
00:59 Car l'évacuation d'une partie de l'équipe qui n'était pas une équipe de guerre,
01:04 s'est bien déroulée et nous en sommes très heureux et très soulagés.
01:08 Maintenant, il s'agit de faire entrer une équipe pour faire de la médecine
01:14 et de la chirurgie de guerre, du matériel.
01:15 Nous avons 25 tonnes de fournitures qui attendent aussi de traverser la frontière
01:20 dans l'autre sens.
01:21 Et ça, c'est une autre paire de manches.
01:22 Pour l'instant, je ne suis pas en mesure de vous dire ce qui va se passer.
01:25 Oui, j'allais vous demander dans quelle mesure.
01:27 C'est envisageable, mais vous venez un petit peu de répondre sur ces évacuations.
01:31 Quelle est habituellement la plus grande difficulté ?
01:35 Mais on est tout à fait hors norme.
01:38 On est tout à fait en dehors des situations habituelles.
01:42 C'est la première fois que Médecins sanitaires est confronté à un siège
01:45 aussi étanche, aussi dur, aussi impénétrable.
01:50 Il n'y a pas véritablement d'exemple même dans des vies assiégées,
01:53 aux armées au Liban, à Marioupol en Ukraine ou dans quelques autres,
01:57 à Wambo en Angola.
01:59 Il n'y a jamais eu une situation pareille.
02:02 Donc, je n'ai pas de référence à proposer.
02:06 Nous sommes dans l'improvisation totale.
02:09 Nous ne savons pas exactement ce qui bloque le passage de Rafah côté égyptien,
02:14 Rafah côté palestinien.
02:17 Est-ce que ce sont les Égyptiens ?
02:19 Est-ce que ce sont les Israéliens ?
02:21 Nous avons fait des demandes.
02:21 Nous n'avons pas obtenu de réponse ou du moins de réponse claire.
02:26 Donc malheureusement, je ne suis pas en mesure de vous le dire.
02:28 Tout ce que je peux vous dire, c'est que l'MSF souhaite,
02:31 fait tout pour pouvoir entrer dans Gaza et travailler,
02:36 nous rendre les tirs dans cette situation absolument épouvantable.
02:40 Les discussions, on l'imagine, sont quotidiennes.
02:43 On a appris évidemment que 81 Palestiniens blessés avaient pu quitter.
02:47 On imagine que c'est ça le principal point d'achoppement,
02:49 plus que les binationaux ou les étrangers,
02:52 dont le sort est plus facile à gérer, notamment pour les Égyptiens.
02:56 Nous faisons toute sortie de Palestine, de la bande de Gaza vers l'extérieur,
03:02 essentiellement l'Egypte, est en elle-même problématique
03:07 et pas exclusivement, comme nous pourrions le penser,
03:10 pour des raisons sécuritaires,
03:11 parce que des gens préparant un attentat terroriste traverseraient la frontière
03:15 ou quoi, parce que ça, c'est facilement contrôlable.
03:18 S'ils n'ont rien avec eux, ils ne pourront rien faire de particulier.
03:22 Ce qui est très sensible, c'est le fait, pour les Palestiniens,
03:25 d'être en quelque sorte sortis de Gaza,
03:29 avec une absence totale de garantie de pouvoir entrer.
03:35 80% de la population de Gaza, ce sont déjà des réfugiés,
03:38 et l'idée d'être un nouveau réfugié,
03:41 réfugié depuis leur refuge, est quelque chose d'insupportable.
03:44 L'obsession de tous, c'est d'arriver une seconde Nakba,
03:48 une seconde catastrophe, comparable à celle de 1948.
03:52 Et malheureusement, il semblerait que dans les cartons des États-majors,
03:56 des États-majors israéliens, ce genre de perspective commence à se dessiner.
04:01 Donc, c'est un sujet particulièrement sensible.
04:04 Rony Braubane, merci beaucoup pour votre témoignage sur France 24.
04:07 On va bien sûr suivre ces évacuations dans ces prochains jours,
04:10 dans ces prochaines semaines sur France 24.
04:11 Merci beaucoup à vous.

Recommandations