L'Invité du 13h (13h - 31 Octobre 2023 - Pf François DESGRANDCHAMPS et Muriel SALLE)
Le Professeur François Desgrandchamps, chef de service d'urologie et de transplantation rénale et pancréatique de l'hôpital Saint Louis à Paris, et Muriel Salle, Historienne, maîtresse de conférence à l’Université Lyon 1 sont les invités du 13h00 le mardi 31 octobre 2023.
Le Professeur François Desgrandchamps, chef de service d'urologie et de transplantation rénale et pancréatique de l'hôpital Saint Louis à Paris, et Muriel Salle, Historienne, maîtresse de conférence à l’Université Lyon 1 sont les invités du 13h00 le mardi 31 octobre 2023.
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00:00 Messieurs, laissez-vous pousser la moustache ! Vous connaissez peut-être cette injonction
00:04 qui revient tous les ans au mois de novembre.
00:06 C'est le moyen de rendre visible l'opération anglo-saxonne baptisée Movember.
00:11 C'est la contraction des deux mots.
00:13 Une opération de sensibilisation des hommes à leur santé, à la prévention des cancers
00:18 mais aussi à la prévention du suicide.
00:20 Movember est aux hommes à peu près ce qu'Octobre Rose est aux femmes.
00:24 Mais si on le connaît moins ou mal, c'est parce que les hommes vont moins souvent chez
00:28 le médecin et encore moins chez un spécialiste parler de leur santé, surtout quand elle
00:33 est liée à leur sexualité.
00:34 Ça reste parfois un cap à franchir.
00:36 Raison de plus pour le faire, ici et maintenant, dans le 13/14.
00:40 Vos questions sont les bienvenues au standard 01 45 24 7000.
00:45 Et nous sommes en ligne avec Muriel Salle.
00:47 Bonjour.
00:48 Bonjour.
00:49 Vous êtes historienne, maîtresse de conférences à l'université Claude Bernard de Lyon,
00:55 spécialiste du genre et de la santé.
00:56 Et en studio près de moi, le professeur François Dégranchon.
01:00 Bonjour.
01:01 Bonjour.
01:02 Chef du service du urologie à l'hôpital Saint-Louis à Paris.
01:05 D'après l'INSEE, 53% des femmes vont chez un spécialiste contre 42% des hommes.
01:12 Pourquoi un tel écart, Muriel Salle ?
01:14 Alors, pourquoi un tel écart ? Effectivement, parce que les hommes n'ont pas pris l'habitude
01:21 de consulter autant que les femmes.
01:24 D'abord, la première chose, c'est que les femmes sont amenées à consulter hors contexte
01:27 pathologique quand elles ne sont pas malades.
01:29 Par exemple, pour un suivi de grossesse, pour une prescription de contraception.
01:32 Et ces habitudes-là, elles sont prises précocement et les hommes ne les prennent pas.
01:37 Et puis, les femmes, elles sont aussi beaucoup habituées à fréquenter des professionnels
01:40 de santé pour elles-mêmes, parce qu'il y a une pression sociale à prendre soin de
01:44 soi, mais aussi pour les autres, parce que là aussi, ça fait partie de leur rôle social
01:48 traditionnel de s'occuper de prendre soin de ses ascendants, âgés ou de ses descendants
01:53 quand on a des enfants.
01:54 En fait, elles portent un petit peu toute la famille au niveau santé, les femmes, contrairement
01:57 aux hommes.
01:58 Elles ont effectivement ce rôle-là, ce rôle privilégié, on pourrait dire, qui fait qu'elles
02:04 prennent effectivement soin d'elles et des autres.
02:06 Je vois que vous acquiescez, François Dégranchon.
02:08 Oui, on avait fait une étude en chirurgie ambulatoire pour savoir qui avait besoin d'aide
02:13 après la chirurgie ambulatoire.
02:15 Vous voyez, en fait, c'est 20% des patients et c'est typiquement des femmes entre 25
02:19 et 45 ans.
02:20 C'est-à-dire que quand une femme dans un foyer ne peut pas continuer à s'occuper
02:26 de la famille, personne ne va subvenir à ses propres besoins et donc ils ont des besoins
02:30 extérieurs.
02:31 Alors qu'un patient en ambulatoire va être aidé par sa femme, par sa mère, etc.
02:34 s'ils n'ont pas besoin de soins extérieurs.
02:37 C'est tout à fait vrai ce que vous dites.
02:38 Mais est-ce que c'est aussi une question d'image, professeur ? On est dans la caricature
02:42 de l'homme qui doit apparaître fort.
02:44 C'est toujours vrai, ça ?
02:45 Oui, alors fort, surtout pudique, je dirais.
02:47 Surtout pudique.
02:48 Il ne connaît pas bien son corps, il ne sait pas bien comment ça fonctionne et comment
02:53 fonctionnent les autres.
02:54 Et donc quand c'est son tour de passer à la consultation, il a peur et souvent il minimise.
03:00 C'est-à-dire qu'il va vous dire "ben voilà, j'ai pris rendez-vous parce que pour la prostate
03:04 en particulier, j'étais très gêné, je me levais beaucoup".
03:06 Mais depuis avant-hier, ça va très bien.
03:08 Vous voyez, surtout ne touchez à rien.
03:10 Je me demande vraiment pourquoi je suis venu.
03:12 C'est un peu ça.
03:13 Je suis venu quand même, mais franchement tout va bien.
03:15 Muriel Salle, pudique les hommes ?
03:16 Alors oui, ça c'est certain.
03:20 Vous l'avez dit, à la fois pour les problèmes de santé sexuelle et puis aussi pudique pour
03:25 ce qui est de ses états d'âme.
03:27 Là aussi, ça paraît être un cliché, mais c'est encore largement court.
03:30 Un homme, ça ne s'exprime pas, ça ne parle pas, ça ne se plaint pas.
03:36 Et ça se repère très vite sur les problématiques de santé mentale.
03:43 Les taux de suicide sont effectivement très révélateurs.
03:46 Les hommes se suicident bien davantage que les femmes.
03:49 Et puis fort pudique et puis effectivement aussi incapable et notamment incapable de prendre
03:55 soin d'eux-mêmes.
03:56 C'est assez intéressant quand on regarde les campagnes de santé publique, quand on
04:01 regarde par exemple tout ce qui tourne autour de la contraception.
04:04 On a tendance à considérer que ce n'est pas vraiment le problème des hommes, comme
04:08 s'ils n'étaient pas capables d'assumer leur part en matière de contrôle de leur
04:13 fécondité.
04:14 Vous avez la même chose sur certaines campagnes de vaccination.
04:15 C'est sociétal, c'est culturel ça.
04:17 Muriel Salles, c'est vraiment sociétal.
04:19 C'est aussi technique quand même.
04:21 La contraception masculine n'est pas vraiment au point.
04:23 Mais ça existe quand même.
04:25 Au-delà de la vasectomie qui est peu réversible, il n'y a rien.
04:28 Malheureusement.
04:29 Il y a le préservatif évidemment, mais ça c'est une action commune si je puis dire.
04:33 Mais c'est aussi pour ça.
04:34 Si suffisait, ça soit ce qu'on dit.
04:37 Si on pouvait simplement prendre un comprimé régulièrement, ce serait différent.
04:40 Mais la vasectomie est un petit acte chirurgical, surtout peu réversible.
04:44 Oui, c'est ça.
04:45 C'est une parenthèse.
04:46 Oui, Muriel Salles ?
04:47 Oui, non mais on peut surtout aussi faire l'hypothèse que si c'était la responsabilité
04:53 des hommes, il y a certainement beaucoup d'hommes qui aimeraient maîtriser leur fécondité.
04:56 Eh bien, il y aurait effectivement peut-être davantage de recherches et de travaux pour
05:02 que justement, vous avez bien raison, un professeur, ses propositions contraceptives, elles se
05:06 diversifient.
05:07 Donc, il y a un peu un effet du serpent qui se mord la queue.
05:10 Il y a l'idée très ancienne que ce n'est pas vraiment leur problème, c'est qu'elles
05:13 sont féconditées.
05:14 Et là, elle prévaut.
05:15 En conséquence de quoi, on ne développe pas de solution contraceptive pour eux.
05:19 Donc, ils n'assument pas la recherche contraceptive.
05:21 Et donc, ça nourrit l'idée que ce n'est pas leur problème.
05:23 Parfois, il faut aussi faire un pas de côté.
05:26 Je voudrais dire que les jeunes générations changent d'état d'esprit et que le nombre
05:30 de vasectomies, de demandes de vasectomies, explose en ce moment chez les jeunes hommes.
05:34 Sincèrement, les mentalités changent.
05:35 Vous les pratiquez à partir de quel âge d'ailleurs ?
05:37 Puisque justement, c'est un acte…
05:39 Il n'y a pas d'âge particulier.
05:41 Vous mettez du sperm-en-banque au cas où parce que la réversibilité n'est pas toujours
05:46 possible.
05:47 Et puis, vous pouvez avoir cet acte.
05:48 Et beaucoup de jeunes maintenant demandent des vasectomies.
05:50 Est-ce que vous diriez que les hommes, professeur Degranchon, ont un rapport au corps différent
05:54 des femmes ?
05:55 Ils se connaissent moins bien, je pense.
05:59 Parce qu'ils ne veulent pas savoir ?
06:01 Est-ce qu'ils ne veulent pas savoir ou est-ce qu'au fond, ça leur est un peu étranger
06:08 tout ça ?
06:09 Un homme est très isolé.
06:10 Un homme, ça ne parle pas.
06:12 Une femme parle.
06:13 Quand une femme est malade, elle va parler avec d'autres femmes.
06:16 Elles vont échanger sur leur santé, échanger sur leur traitement.
06:18 Un homme, ça reste droit dans ses bottes et puis ça s'écroule de temps en temps.
06:21 C'est très isolé un homme.
06:23 Et donc, il ne fait pas spécialement attention à son corps.
06:27 Il a souvent une vision de la musculinité qui est très abstraite et qui ne correspond
06:33 pas à la réalité.
06:34 Et il a du mal à s'identifier à cette image de l'homme que l'on donne partout.
06:39 Donc souvent, on est un peu pour ça, un peu en retrait.
06:42 Muriel Salles, tout ça, c'est encore une question de genre ?
06:45 Alors oui, tout ça, c'est effectivement une question de genre.
06:50 Et peut-être, si vous m'en laissez le temps, j'explique ça très légèrement.
06:55 Souvent, on mobilise ces deux concepts qui sont le concept de sexe et le concept de genre.
06:59 Le sexe, c'est des particularités anatomophysiologiques qui font qu'il y a des mâles et qu'il y
07:04 a des femelles dans l'espèce humaine.
07:05 Et donc, il y a des organes qui ne sont pas les mêmes et puis des fonctionnements du
07:09 corps qui ne sont pas les mêmes.
07:10 Il y a une ménopause et des règles chez les femmes, par exemple.
07:13 Il y a une andropause chez les hommes.
07:14 Tout ça, c'est du sexe, c'est de la biologie.
07:16 Et puis, il y a aussi ce qu'on appelle le genre.
07:19 Le genre, c'est une construction, une identité, le fait que, comme Monsieur l'a très bien
07:25 dit, les générations changent.
07:27 Donc, être un homme aujourd'hui, ça ne veut pas tout à fait dire la même chose
07:30 qu'être un homme il y a quelques décennies en arrière.
07:33 Même chose, évidemment, pour les femmes.
07:36 Il y a par exemple l'implication, puisqu'on parlait tout à l'heure de prendre soin des
07:43 autres, indéniablement aujourd'hui, dans certaines catégories sociales, en tout cas,
07:47 il y a des hommes qui s'attachent à être des parents, à être des pères et qui prennent
07:52 soin de la santé de leurs enfants.
07:53 Et qui s'impliquent sans doute davantage que quelques générations en amont.
07:58 Et donc, du coup, ça traduit bien le fait que ce qu'on appellera les identités masculines
08:02 et j'utilise à dessein le pluriel, elles sont diverses dans le temps, d'une époque
08:08 à une autre.
08:09 Et puis, dans notre époque aujourd'hui, en fonction de son milieu social, de son capital
08:14 culturel, de son origine, etc.
08:17 Et donc, voilà, il y a diverses façons d'être un homme.
08:20 Et en fait, ce concept de genre, il exprime cette idée-là.
08:23 - Professeur Desgranchand, les cancers que vous soignez des testicules de la prostate,
08:31 est-ce qu'ils sont encore tabous ?
08:33 - Oui, tabous et puis insuffisamment pris en charge.
08:39 Le cancer de la prostate est une grande fréquence.
08:44 - C'est la première cause de cancer chez les hommes.
08:46 - Voilà, grande fréquence.
08:47 Mais le dépistage n'est pas recommandé pour des raisons plutôt techniques, parce
08:50 qu'il n'y a pas de marqueur de dépistage facile.
08:52 Et puis aussi parce que les hommes ne souhaitent pas trop.
08:55 La prostate, c'est un organe qu'on ne voit pas, qui est un organe secret, qui ne parle
08:58 pas.
08:59 Et donc, tant que ça ne parle pas, on ne s'en occupe pas.
09:01 On ne va pas aller chercher à savoir si on est malade ou pas.
09:04 On ne veut pas devenir malade alors qu'on n'a pas de symptômes.
09:07 Pour le testicule, c'est aussi dommage de voir que les cancers du testicule se guérissent
09:13 à 98-99%, mais se guérissent d'autant mieux que la tumeur est prise tôt et quand elle
09:19 est de petite taille.
09:20 Et donc, pour ça, il faut apprendre à se palper les bourses, ce qui n'est pas souvent
09:23 fait.
09:24 Et puis, il y a souvent de retards diagnostiques.
09:25 - Alors, ça commence par ça.
09:27 Et en fait, vous avez du mal à convaincre les hommes de faire ça aujourd'hui ?
09:30 - Se palper les bourses ?
09:31 - Oui.
09:32 - Oui, je ne vois pas beaucoup d'hommes, moi, qui ne sont pas malades, puisqu'en consultation
09:37 de neurologie.
09:38 Mais pour le grand public, je ne pense pas que ce soit populaire.
09:41 Autant se palper les seins devient un courant, on en parle partout, etc.
09:45 Pour prévenir le cancer et pour dépister les cancers, autant se palper les bourses,
09:48 c'est peut-être moins glamour.
09:49 En tout cas, personne n'en parle.
09:50 Et le troisième point, c'est le cancer du pénis aussi.
09:52 - Il n'y a pas assez de campagne là-dessus, vous pensez ?
09:53 - Il n'y a aucune campagne.
09:54 Sincèrement, en dehors de Movember, personne ne parle du cancer du testicule.
09:59 En dehors de cette période.
10:01 Ou des testicules, en dehors de cette période.
10:02 - Est-ce que les patients parlent avec vous ouvertement de leur virilité ?
10:08 - Pas facilement.
10:10 Pas facilement.
10:12 Il faut arriver à briser une sorte d'écran qu'ils mettent entre vous et eux sur l'image
10:21 qu'ils veulent donner.
10:22 Et après, quand on détricote en disant « bon, vous savez, mais finalement, les rapports
10:27 sexuels, les érections, c'est comme ci, comme ça, finalement, l'éjaculation doit
10:31 être comme ci, comme ça », à ce moment-là, ils se rendent compte que ce n'est plus la
10:33 peine de surjouer.
10:34 Et puis, dans ces cas-là, on peut alors rentrer plus dans leur intimité et donc mieux les
10:39 soigner.
10:40 - On a un appel de Pascal.
10:42 Je ne sais pas s'il est en ligne avec nous, Pascal.
10:43 On peut le prendre, non ? Oui, il est en ligne.
10:45 Bonjour, soyez le bienvenu.
10:47 - Oui, bonjour.
10:48 - Nous vous écoutons, Pascal.
10:49 - Oui, alors moi, je n'ai aucun problème avec les médecins puisque je consulte, même
10:53 peut-être trop, et je leur parle beaucoup.
10:56 Donc, de ce côté-là, je n'ai aucun problème.
10:57 Mais je voulais plutôt faire bénéficier, en fait, les auditeurs de mon expérience,
11:04 de mon problème, enfin, d'un adhénome prostatique.
11:09 - Oui, c'est une proscate trop grosse pour le public.
11:12 - Merci pour l'étrofane.
11:13 - Et quand elle est trop grosse, elle gêne l'évacuation des urines.
11:16 Et donc, les hommes, voilà, je vous ai un peu interrompu, mais ils sont gênés pour
11:19 uriner.
11:20 - Vous avez raison.
11:21 Donc, c'est très handicapant.
11:22 - Vous avez une voix bien jeune, quand même, pour un adhénome.
11:26 Vous avez quel âge ?
11:27 - Non, j'ai 63 ans, mais il a été...
11:29 - C'est jeune.
11:30 - Il a été quand même...
11:31 Oui, mais je l'ai depuis très, très longtemps.
11:33 Et pendant longtemps, on m'a dit, bon, au bout d'un moment, si ça vous gêne vraiment,
11:36 il faut opérer.
11:37 Et moi, j'étais, bon, moi, maintenant, on me fait de l'opération, mieux je me sens.
11:42 Et donc, au bout d'un moment, j'ai craqué.
11:44 Je me suis fait opérer.
11:46 Mais 99%, peut-être même 99,9% des urologues en France ne proposent qu'un type d'opération,
11:54 c'est-à-dire le curtage de la plaque.
11:57 - La résection, oui.
11:58 - Voilà, qui a beaucoup d'effets secondaires.
12:00 Mais il existe un autre, une autre méthode qui marche plutôt bien, même très bien,
12:07 je s'estime, qui est l'embolisation.
12:10 Et l'embolisation...
12:11 - Oui, bien sûr.
12:12 - Mais oui, mais bien sûr.
12:13 - On le fait couramment et depuis longtemps.
12:15 - Alors, on peut savoir.
12:16 - L'embolisation, en fait, ça consiste rapidement.
12:18 Ce sont les radiologues qui le font et ce n'est pas de la chirurgie.
12:22 Les radiologues piquent l'artère radiale sur le poignet, descendent un long cathéter
12:25 jusque dans la prostate.
12:26 Donc, c'est un très long chemin.
12:28 Ils trouvent les artères de la prostate et les bouches.
12:30 Et à ce moment-là, la prostate reçoit moins de sang et donc, elle diminue un peu de taille.
12:34 Alors, peut-être pour décevoir un peu notre auditeur, mais l'embolisation marche quand
12:38 même moins bien que l'opération et surtout, est moins durable.
12:40 Mais ça peut permettre de préserver l'éjaculation puisque la conséquence du grattage de la
12:46 prostate, c'est que le sperme va rester dans la vessie et partira après avec les urines.
12:50 Au moment de l'orgasme, c'est un orgasme sec.
12:52 Donc, c'est une alternative mais qui n'est pas valable pour tout.
12:54 Il faut que la prostate soit grosse, qu'il n'y ait pas de l'homme médian.
12:56 Mais c'est une alternative qui se popularise.
12:59 Il faut par ailleurs que les radiologues soient entraînés à tout ça.
13:02 Donc, ce n'est pas forcément encore très disponible partout en France, mais ça n'arrête
13:05 pas de se disséminer, heureusement.
13:07 Il paraît, professeur Degranchon, qu'il y a un lien entre les cancers et le cannabis.
13:13 Vous pouvez nous expliquer ?
13:14 Oui, oui.
13:15 Alors ça, c'est un grand message qu'il faut passer.
13:16 Alors, j'allais dire aux auditeurs les plus jeunes, mais le cannabis agit sur des récepteurs
13:23 cannabinoïdes qu'on a dans le cerveau.
13:24 Et donc, c'est ce qui donne le côté récréatif à cette drogue.
13:28 Mais il y a les mêmes récepteurs dans le testicule.
13:31 Et en fait, le cannabis multiplie par deux le risque de cancer du testicule.
13:34 Alors, le cancer du testicule n'est pas un cancer très fréquent.
13:37 Il y a environ 2500 cas par an en France.
13:39 On en guérit très bien, mais parfois au prix de traitements lourds, de chimiothérapie,
13:46 d'opérations, alors que la prévention existe.
13:48 Alors, on a parlé de la prévention par le diagnostic précoce, de petits nodules par
13:51 la palpation.
13:52 Mais il faut mettre en garde les plus jeunes que la consommation de cannabis, ça démarre
13:58 à partir de un joint par semaine, multiplie par deux le risque de cancer du testicule.
14:02 Et puis, il altère la fertilité et puis il altère les érections.
14:06 Donc, il y a beaucoup d'effets secondaires.
14:07 Oui, quand on sait qu'il y a de plus en plus de jeunes qui fument, c'est assez inquiétant
14:10 pour l'avenir, en fait, ce que vous êtes en train de nous dire, professeur.
14:12 Oui, pour la population française peut-être, mais même pour eux.
14:14 Parce que, en fait, c'est donc, encore une fois, réduire la fertilité, risque d'impuissance
14:18 et puis cancer du testicule.
14:21 Bon, qu'est-ce qui doit alerter les hommes qui nous écoutent aujourd'hui et qui vous
14:25 écoutent, professeur Desgrangeon ? Quel est le principal conseil que vous avez envie de
14:29 leur donner ?
14:30 Pour les trois cancers masculins, ne pas se fier à « puisque je n'ai pas de symptômes,
14:33 tout va bien ».
14:34 C'est un peu docteur Knoch.
14:35 Et donc, il faut aller chercher un peu les maladies avant qu'elles ne soient trop évidentes.
14:39 Pour le cancer de la prostate, le seul examen qu'on aime, même s'il n'est pas parfait,
14:44 c'est un dosage sanguin qui est le PSA.
14:45 Il faut le faire grossièrement tous les ans.
14:47 Et puis, s'il ne bouge pas, on est tranquille.
14:49 S'il monte, il faut consulter.
14:50 Pour le testicule, il faut faire attention, palper les bourses pour qu'il n'y ait pas
14:54 de nodules.
14:55 Il y a le cancer du pénis qu'il ne faut pas oublier.
14:56 C'est rare, non ?
14:57 Le cancer du pénis, c'est 500 cas, mais plus de la moitié, c'est HPV.
15:01 Il faut vacciner les garçons.
15:04 Il n'y a que 4% de garçons qui sont vaccinés dans le monde contre HPV.
15:07 HPV, c'est ?
15:08 Human Papillomavirus.
15:09 C'est le virus du cancer du col chez la femme.
15:13 Donc, les petites filles sont vaccinées, heureusement.
15:15 Il faut aussi vacciner les petits garçons parce que ça prévient le risque de cancer
15:19 du pénis.
15:20 L'autre facteur de risque du cancer du pénis, c'est le phimosis, notamment chez les gens
15:24 âgés où on ne peut pas avoir une toilette optimale et donc qui fait aussi le lit du
15:28 cancer.
15:29 Le conseil qu'on peut donner, c'est de ne pas attendre qu'il y ait des symptômes,
15:32 mais plutôt prévenir.
15:33 Prévenir aux diagnostics précoces, donc PSA, palper les bourses, vaccination et toilette
15:38 pour le pénis.
15:39 Bon, on parle en gros de l'opération...
15:41 C'est pas trop long !
15:42 Non, ça va, ils peuvent le faire quand même !
15:43 Ils peuvent le faire, chacun son tour.
15:44 Chacun son tour, exactement.
15:46 On parle donc depuis le début de cette opération à Movember, pour sensibiliser les hommes
15:51 à leur santé.
15:52 Muriel Salles, cette opération s'intéresse aussi au mental des hommes pour la prévention
15:57 du suicide.
15:58 On en parlait un petit peu au début avec vous.
16:00 Ça aussi, c'est un tabou ?
16:02 Oui, ça aussi c'est un tabou.
16:06 Effectivement, le diagnostic de la dépression est plus difficilement posé chez les hommes
16:11 parce qu'on a des symptomatologies qui ne sont pas exactement les mêmes que celles
16:15 qu'on observe chez les femmes et qu'on s'attend à avoir un patient triste, alors que chez
16:22 les hommes, il peut y avoir des dépressions qui se manifestent autrement par des conduits
16:25 d'addictives, on parlait de cannabis tout à l'heure, ou par des comportements violents
16:31 qui semblent être des comportements admis socialement.
16:35 Du coup, on ne repère pas ça comme un symptôme de souffrance.
16:38 Et comme on l'a dit très largement tout à l'heure, les hommes ne disent pas quand
16:41 ils souffrent, et bien effectivement, ils ne font pas l'objet des diagnostics qui pourraient
16:46 les aider pour ce qui est de leur santé mentale.
16:48 Alors, comment faire bouger les lignes selon vous pour que les hommes s'occupent plus
16:52 d'eux, Muriel Salles ?
16:53 Alors, moi je crois de manière très simple et très forte en même temps qu'il faut
16:57 effectivement casser les clichés.
16:59 Et sur les questions de santé pour ce qui est des hommes, à mon avis ça passe par
17:02 deux choses.
17:03 D'abord considérer que les hommes sont capables de prendre soin d'eux, ce qui n'est quand
17:06 même pas si souvent le cas quand on regarde les messages de santé publique, quand on
17:10 regarde, on s'adresse plutôt aux compagnes ou aux épouses, qu'aux messieurs plus particulièrement.
17:15 Ils sont responsables, voilà, et ils peuvent prendre leur part.
17:18 On évoquait la vaccination pour le HPV, c'est très caractéristique.
17:21 On vaccine les jeunes filles depuis déjà fort longtemps.
17:25 La vaccination pour le HPV, elle est devenue une précognition pour les garçons.
17:30 Le papillomavirus qui donne effectivement des cancers du col pour les filles mais qui
17:34 donne d'autres cancers chez les garçons, il a fallu attendre 2021 pour qu'on dise
17:39 que les garçons devaient aussi être vaccinés.
17:41 Les filles c'est 2007.
17:42 Donc ils peuvent prendre leur part de responsabilité.
17:44 On est d'accord.
17:45 Je voudrais juste dire, non parce que là, vraiment, ça commence à être un tout petit
17:48 peu long et je voudrais juste laisser le professeur Degranchand conclure rapidement en une phrase.
17:53 J'avais levé le doigt pour dire, attention, la dépression peut cacher une andropause,
17:56 pour compléter ce que vient de dire madame.
17:58 L'andropause, en fait, c'est les testicules qui avec l'âge travaillent moins.
18:02 Il faut faire des dosages de testostérone et ceux qui nous écoutent vont sur internet
18:05 et font le score ADAM.
18:06 Androgen deficiency in the engine male.
18:12 10 questions, si vous répond oui à 3, il faut aller faire le dosage.
18:16 Merci, merci à vous deux.
18:17 Merci infiniment d'avoir été les invités du 13-14.