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Le député européen François-Xavier Bellamy était l'invité du Grand Entretien de France Inter mercredi 19 mars.

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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin un député européen, chef de file du parti
00:05Les Républicains au Parlement Européen, vos questions au 01 45 24 7000 sur l'application
00:13de Radio France.
00:14François-Xavier Bellamy, bonjour !
00:16Bonjour !
00:17Et bienvenue sur Inter, vous êtes chargé de rédiger en ce moment au Parlement Européen
00:22l'ébauche de ce que sera le programme de défense européenne dont on parle énormément
00:28depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir.
00:31Vous devez rendre votre rapport ce vendredi sur le réarmement du continent et on a évidemment
00:37beaucoup de questions à vous poser sur le sujet.
00:40Mais d'abord, à l'issue du coup de fil Trump-Poutine d'hier où les deux dirigeants
00:45se sont entendus sur une trêve très partielle ne concernant que l'arrêt des frappes sur
00:52les installations énergétiques, diriez-vous ce matin que c'est tout de même un petit
00:58pas vers une trêve plus large que Donald Trump peut réussir, son pari d'imposer
01:04un cessez-le-feu ou qu'on en est loin ?
01:06On semble en être loin pour l'instant et je dirais que ce coup de téléphone et son
01:10résultat révèlent deux enseignements qui me paraissent essentiels.
01:14Le premier enseignement, c'est qu'entre tous ceux qui nous expliquaient, y compris
01:19dans l'entourage de la nouvelle administration américaine, que l'Ukraine était belliqueuse
01:23et qu'elle refusait de négocier la paix, on voit bien aujourd'hui, et pour ma part
01:28je n'en ai jamais douté, d'où vient la guerre et qui veut la guerre.
01:31L'Ukraine était prête à ce cessez-le-feu, c'est Poutine qui le refuse.
01:36Et ce refus est parfaitement explicite, aujourd'hui nous voyons bien qu'il y a une puissance
01:42qui aujourd'hui organise la guerre sur le continent européen, c'est la Russie et
01:46la Russie a ses seuls intérêts.
01:48Et vous pensez que Donald Trump et l'entourage de la Maison-Blanche comprennent cela aujourd'hui ?
01:54J'espère en tous les cas que ça fera taire ceux qui racontaient, on se souvient de cet
01:59entretien très tendu entre le Président Trump et le Président Zelensky, ceux qui
02:02racontaient après cet entretien que le Président Zelensky était d'une certaine manière un
02:07va-t'en-guerre.
02:08Et c'est la même chose pour l'Europe, on va parler de la défense européenne, il
02:11faut que l'Europe se réarme, il faut que l'Europe se défende, pas parce que l'Europe
02:15voudrait la guerre, mais parce qu'au contraire, nous voulons la paix et que si nous voulons
02:18la paix, nous avons le devoir d'être forts.
02:20Et puis le deuxième enseignement, c'est que pour l'instant, nous ne le sommes pas,
02:23parce que cette discussion qui engage directement la sécurité du continent européen, elle
02:29se fait au-dessus de la tête des Européens.
02:30C'est ce qu'on allait vous dire, coup de fil Trump-Poutine, une fois encore, pas
02:33zone européenne, au bout du fil.
02:35Bien sûr, mais c'est la vérité brutale à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui
02:40et c'est de cette impuissance-là qu'il faut sortir.
02:42Moi, ma conviction profonde, c'est qu'on parle beaucoup de guerre, mais l'Europe
02:46n'est pas d'abord menacée, nos pays ne sont pas d'abord menacés dans leur sécurité
02:50aujourd'hui, ils sont d'abord menacés dans leur souveraineté, dans la capacité
02:55que nous avons de maîtriser notre destin.
02:58Et notre devoir, c'est de recréer les conditions pour que nous puissions décider
03:02de notre avenir.
03:03Aujourd'hui, nous sommes en train de subir une histoire qui s'écrit sans nous.
03:06Encore une question sur ce coup de fil, Vladimir Poutine a exigé des Occidentaux l'arrêt
03:09des livraisons d'armes à l'Ukraine.
03:11Emmanuel Macron a répondu en substance « pas question » d'arrêter de livrer
03:15les armes.
03:16Mais bien sûr, encore une fois, je le redis, parce que nous voyons qui mène la guerre.
03:20Aujourd'hui, soutenir l'Ukraine, c'est soutenir la nécessité d'une paix, mais
03:25qu'il soit une paix juste et une paix qui puisse durer.
03:28Quel est le scénario catastrophe ? C'est celui dans lequel l'Ukraine serait désarmée,
03:33vulnérable.
03:34La guerre s'arrêterait pour un temps au profit d'un cessez-le-feu, mais ce serait
03:38pour permettre à la Russie de reprendre ses opérations plus tard.
03:41Et en réalité, derrière la Russie, il y a d'autres puissances autoritaires qui
03:46veulent faire la preuve que les démocraties sont faibles.
03:48C'est ça qui est en jeu et c'est ça qui nous menace.
03:50C'est la Russie, mais c'est aussi la Chine, c'est aussi l'Iran, c'est aussi
03:54la Turquie.
03:55Et la guerre qui nous est menée, ce n'est pas seulement une guerre où des armées s'affrontent,
03:59mais ce sont toutes les formes de conflits qui aujourd'hui touchent nos pays.
04:02Et la France les connaît bien, la France a connu le terrorisme islamiste, la France
04:06connaît la réalité d'une déstabilisation migratoire qui est devenue une arme.
04:10Donc encore une fois, c'est cette vision globale de notre renforcement qu'il est
04:15temps d'imposer.
04:16François-Xavier Bellamy, quand Marine Le Pen dit au Figaro que la première menace
04:18existentielle de l'Europe, ce n'est pas la Russie, mais le fondamentalisme islamiste,
04:23vous en pensez quoi ?
04:24En fait, je crois qu'il faut regarder la globalité des menaces auxquelles nous sommes
04:31confrontés.
04:32Hier, le nouveau chancelier allemand, le futur chancelier allemand a dit au Bundestag, nous
04:36avons vécu pendant trop longtemps dans une « illusion de sécurité ». Et je crois
04:39qu'il a raison.
04:40Cette illusion de sécurité, elle concerne les menaces qui sont directement dirigées
04:45vers nos pays.
04:46Et c'est bien sûr la question de la menace russe.
04:49Comment ne pas le voir ? J'étais il y a peu de temps à la frontière entre la Pologne
04:54et la Biélorussie.
04:55A cette frontière, la Russie organise en permanence une crise migratoire artificielle.
04:59Si Madame Le Pen se préoccupe des questions migratoires, elle doit bien voir qu'aujourd'hui,
05:04la Russie utilise l'arme migratoire pour déstabiliser des pays comme la Pologne et
05:09à travers ces pays-là, nos pays d'Europe de l'Ouest.
05:12Elle ne le voit pas Marine Le Pen ?
05:13Comme la Turquie l'a fait avec la Grèce et la Bulgarie.
05:16Et comme demain, peut-être, cela se reproduira à partir de l'Afrique.
05:19Parce que pardon, mais en Afrique, les soldats français ont été confrontés à la menace
05:25russe.
05:26Ils ont été confrontés à des mercenaires russes, à la désinformation russe.
05:29Donc oui, on ne peut pas être naïf sur la réalité de cette hostilité aujourd'hui.
05:33François-Xavier Bellamy, vous publierez donc vendredi un rapport très attendu sur
05:37l'industrie de défense européenne.
05:40Vous êtes en effet rapporteur du projet EDIP au Parlement européen, programme lancé
05:47début 2024 pour soutenir les États membres de l'Union dans l'acquisition de matériel
05:54militaire.
05:55C'est une initiative qui a donc précédé le plan à 800 milliards annoncé récemment
06:01par la Commission européenne et qui fait l'objet d'âpres batailles internes.
06:04Que défendez-vous ? En quelques mots, quels sont les points saillants de ce rapport ?
06:10D'abord, il s'agit d'un rapport, vous l'avez très bien dit, pour renforcer nos
06:14États.
06:15Il n'y a pas de projet de construire une armée européenne.
06:18Ce sont nos États qui gardent la compétence en matière de défense.
06:22Et notre but, c'est que l'Europe réussisse à soutenir les États dans le travail qui
06:27les attend pour se réarmer.
06:28Nous voulons donner à nos forces armées les moyens de leur mission.
06:32C'est le point le plus important.
06:34Et ce que nous défendons aujourd'hui, je suis rapporteur pour ce texte dans la Commission
06:38de l'Industrie, c'est un texte sur l'industrie de défense.
06:40Je travaille avec Raphaël Glucksmann qui représente le groupe socialiste et qui est
06:44rapporteur pour la Commission Sécurité Défense.
06:46Ce que nous défendons ensemble, c'est la nécessité pour les États européens de
06:52produire eux-mêmes les matériels, les munitions, les moyens qui permettront à nos armées
06:57d'agir d'une manière autonome.
06:59Donc vous prévoyez quoi ? C'est une défense européenne qui sera au niveau de l'Europe,
07:04c'est-à-dire qu'il y aura les 27 armées des 27 pays de l'Union et il y aura au-dessus
07:11une défense européenne ? Comment ça va se triculer tout ça ?
07:14Non, j'allais dire, il y aura en dessous, par le soutien, le matériel, les moyens,
07:17les équipements, il doit y avoir un environnement industriel qui soit autonome et qui apporte
07:23à nos forces armées tout ce dont ils ont besoin pour mener leur mission.
07:26Donc il y aura des armes, il y aura des armes qui sont européennes ?
07:30Qui seront financées par l'Union Européenne et que nous devons produire sur le sol de
07:34nos pays, c'est ce que nous défendons.
07:35L'année dernière, les Européens en général ont acheté 79% de leurs armements à l'extérieur
07:43de l'Europe et une grande partie aux États-Unis.
07:46Pourquoi ? Parce que pour la plupart de nos partenaires européens, la garantie de la
07:51sécurité de leur pays, c'était essentiellement leur appartenance à l'OTAN et il y avait
07:56une situation, d'une certaine façon, de dépendance assumée, une situation qui faisait
08:01que pour pouvoir s'assurer que les Américains interviendraient pour nous protéger, on leur
08:05achetait tout ce dont on avait besoin pour fournir nos armées.
08:09Et désormais c'est fini ça ? Ce que je veux dire c'est que dans votre plan là,
08:12que vous allez présenter dans votre rapport, toutes les armes achetées pour ou produites
08:18pour ce contingent européen, cette défense européenne, seront forcément européennes ?
08:24La ligne que nous défendons c'est qu'à travers ce programme européen, qui ne représentera
08:27jamais la totalité des achats d'armements, il va falloir du temps pour que les États
08:31de l'Union Européenne sortent de cette dépendance, mais qu'au moins, à travers
08:34ce programme européen, on investisse dans la reconstruction, dans la montée en puissance
08:40de notre industrie de défense.
08:42Pourquoi ? Parce que quand vous utilisez une arme qui a été produite par un autre pays
08:46dans le monde, pour pouvoir la mettre en œuvre, même quand vous l'avez achetée, vous avez
08:49besoin de l'autorisation de ce pays.
08:51Quand François Hollande a décidé d'envoyer les soldats français au Mali, c'est très
08:54concret, il a projeté les forces armées françaises en une nuit sur le sol du Mali,
08:59et bien il a fallu demander aux États-Unis l'autorisation d'utiliser des armements
09:04que nous leur avions pourtant achetés.
09:05Mais c'est la règle en matière d'industrie d'armement, parce que personne n'a envie
09:08de voir des armes que vous avez vendues se retourner contre vous.
09:11Donc Washington doit donner l'autorisation aujourd'hui aux Ukrainiens, pour parler d'un
09:15sujet qui est brûlant, et aux Européens, de se servir de leurs armes.
09:20Y compris pour soutenir l'Ukraine.
09:21Et ils peuvent bloquer.
09:22S'ils le veulent, ils le peuvent.
09:23De Washington, ils peuvent bloquer l'utilisation de ces armes.
09:26S'ils le veulent, ils le peuvent.
09:27C'est pour ça.
09:28Et la France a toujours eu sans doute une position singulière dans ce débat.
09:31Nous avons fait le choix, par exemple, et nous avons la chance d'avoir en France,
09:34on parle souvent de nos faiblesses, mais il faut parler de nos forces, nous avons la
09:36chance d'avoir une industrie de l'armement qui a aujourd'hui contribué à la souveraineté
09:40française, et bien ce que nous voulons, c'est que cette logique-là, elle permette à l'Europe
09:45de gagner en autonomie et de regagner les moyens de maîtriser son destin.
09:49Faut-il mutualiser les achats d'armes européennes ? Le Conseil européen se penche demain sur
09:55la création d'une sorte de centrale d'achat commune pour pouvoir le faire ?
10:00Ma conviction profonde, c'est qu'il faut que les États membres gardent la main.
10:03On doit pouvoir acheter ensemble, à plusieurs États membres, c'est déjà le cas aujourd'hui
10:08dans des secteurs particuliers, mais je crois qu'on ne va pas demain, il ne faut pas se
10:12mentir, acheter en commun des armements pour tous les Européens.
10:15Pourquoi ? Parce que nous faisons face à des menaces qui sont différentes, nous avons
10:19des visions du monde qui ne sont pas totalement identiques, nous avons des priorités stratégiques
10:23qui ne sont pas toujours alignées, et c'est normal.
10:25Pour un Espagnol, un Italien, un Français, la réalité des menaces prioritaires n'est
10:29pas nécessairement la même que pour un Lituanien, un Estonien ou un Polonais.
10:34Mais alors que change votre rapport concrètement ? J'ai du mal à comprendre ça.
10:37On comprend bien que chacun des États membres va se réarmer, va donc acheter des armes,
10:44mais ça ? Et va les produire sur son sol.
10:46Et ça, pour le coup, c'est la nouvelle logique qu'on doit réussir à partager en Europe.
10:50C'est le fait qu'on doit faire monter en puissance notre industrie d'armement.
10:53Et je vous le répète, ce chiffre, il est fondamental, 80% d'armement l'an dernier
10:57acheté à l'extérieur de l'Europe.
10:58Il y a unanimité sur ce point ou il y a encore des doutes sur le fait qu'il va y produire
11:03?
11:04Non, il y a un vrai débat.
11:05Il y a un vrai débat parce que c'est un changement de culture absolument majeur.
11:08Et il faut comprendre qu'aujourd'hui, pour l'Europe, le vrai défi c'est, au-delà
11:12de cette question de l'armement, c'est de changer de culture.
11:15Pendant très longtemps, l'Europe a fait le pari de la dépendance.
11:18C'était la dépendance à l'énergie importée de Russie, c'était la dépendance au marché
11:23chinois, c'était la dépendance à la sécurité américaine.
11:26Aujourd'hui, l'Europe doit, les pays européens doivent se donner les moyens de
11:30maîtriser leur destin.
11:31Et pour la France, ça veut dire très concrètement que nous avons une très grande part de chemin
11:36à faire, nous aussi, parce qu'aujourd'hui, c'est notre trajectoire budgétaire qui
11:40nous rend vulnérables.
11:41C'est notre déficit commercial, c'est-à-dire le fait que nous produisons trop peu et que
11:45nous importons trop.
11:46Tout cela nous met en danger.
11:47La question de la sécurité, c'est une question globale, ce n'est pas seulement le sujet
11:51de nos forces armées, c'est le sujet de toute la société française.
11:54Sauf que nous, à la différence des autres, on a une industrie de défense.
11:56Ce que je veux dire, c'est que tout ce que vous dites et tout ce que vous annoncez ou
12:00Ursula von der Leyen annonce ces derniers temps, c'est une bonne nouvelle pour Dassault.
12:04Et de ce point de vue-là, on a évidemment...
12:07Et des emplois...
12:08Ce n'est pas seulement Dassault, c'est tout un écosystème industriel en France,
12:11je le disais tout à l'heure, qui aujourd'hui est un atout pour notre pays, c'est vrai,
12:14mais encore une fois, nous aussi nous avons besoin de monter en puissance.
12:17Si vous parlez aujourd'hui à nos forces armées, si vous parlez aux militaires qui
12:21sont sur le terrain et qui portent la sécurité de notre pays, ils vous diront que bien souvent
12:25ils sont confrontés au fait que les moyens qui leur sont confiés sont trop limités
12:30pour assumer leur mission et pour s'exercer comme il le faut.
12:32Donc nous aussi, nous avons notre part du travail à faire, y compris sur ce sujet.
12:35Mais François-Xavier Bellamy, vous imaginez que si on se projette à 5 ans, puisque toutes
12:40les questions de défense, il faut se projeter, ce n'est pas en actes qu'on en doit, vous
12:43imaginez que dans 5 ans, les Allemands n'achètent plus de F-35 aux Américains mais achètent
12:47des avions français ? Que l'industrie de défense va grandir en Allemagne par exemple
12:53ou dans d'autres pays ? Comment ça va se passer ?
12:55Notre but n'est pas d'interdire aux États membres d'acheter là où ils le veulent,
12:59encore une fois, ils resteront décisionnaires, mais qu'avec les moyens que l'Europe va
13:02investir en tant que tel, on puisse faire monter en puissance cette industrie européenne.
13:06On part de 80% d'achats hors Europe, si dans quelques années, si dans 5 ans, on a réduit
13:12ce pourcentage, c'est difficile de fixer un objectif, comme vous le disiez, c'est
13:17un objectif de très long terme, en réalité, on doit se projeter maintenant sur les décennies
13:21qui viennent.
13:22Mais le vrai sujet, c'est de réussir à faire en sorte que nous devenions plus autonomes.
13:26Et je le redis, c'est la question de l'industrie de défense, mais c'est plus largement la
13:30question de, j'allais dire, notre réarmement intérieur, de la manière dont nos sociétés
13:35doivent se préparer à garantir leur propre sécurité sur tous les plans.
13:39Tout est géopolitique.
13:41La question migratoire, elle est géopolitique, la question économique et industrielle, elle
13:44est géopolitique, l'agriculture est géopolitique et il faut regarder tout cela maintenant
13:49avec le degré de stratégie qui s'impose.
13:51C'est ce que je défends depuis des années, c'est pour ça que depuis des années, j'ai
13:54défendu l'énergie nucléaire, c'est pour ça que depuis des années, on a défendu
13:57au Parlement européen avec ma délégation, la production en matière d'agriculture.
14:00Aujourd'hui, je pense que la France, elle aussi, doit vivre cette prise de conscience.
14:04Un mot sur la situation au Proche-Orient, François-Xavier Bellamy.
14:08Qu'Israël a mené mardi les frappes les plus intenses depuis le début de la trêve,
14:12bombardements massifs qui ont fait au moins 413 morts selon le ministère de la Santé
14:19du Hamas.
14:20Vous condamnez ces frappes et cette fin du cessez-le-feu, assumée par Israël et déclenchée
14:26par le Hamas.
14:27Parce que qui aujourd'hui est en train de poursuivre cette logique de violence, cette
14:33spirale de violence qui fait effectivement des victimes civiles à Gaza dans des proportions
14:38qui sont absolument atroces.
14:40Mais aujourd'hui, ces populations civiles de Gaza, elles sont prises en otage par le
14:44Hamas.
14:45En refusant de libérer les otages, le Hamas sait très bien qu'il alimente cette spirale
14:50de violence.
14:51Et il y aurait une manière très simple d'y mettre fin immédiatement, c'est de libérer
14:55tous les otages.
14:56Mais vous pensez que ces nouvelles frappes israéliennes vont faciliter la libération
14:59des otages ?
15:00L'association de familles et de proches d'otages israéliens en Israël, les Israéliens,
15:05ont demandé mardi au Premier ministre Benjamin Netanyahou d'arrêter de tuer leurs proches.
15:09Je pose la même question que les familles des otages au gouvernement israélien.
15:14Je me sens profondément associé, lié, en union avec l'inquiétude de ces familles
15:23d'otages.
15:24Et j'imagine à quel point leur détresse doit être grande.
15:27Aujourd'hui, évidemment, je crois que la première priorité c'est de tout faire pour
15:32que les otages soient libérés et de tout faire pour sortir de cette spirale de la violence.
15:36Benjamin Netanyahou répond « Tout faire pour libérer les otages, c'est taper Gaza
15:40et 300 morts en une nuit ».
15:42Mais je le répète encore une fois parce qu'il ne faut pas l'oublier et moi ce
15:44qui me marque beaucoup c'est que, y compris dans le débat politique français où vous
15:47avez des voix discordantes sur ce sujet qui devraient pourtant tous nous réunir, aujourd'hui
15:51c'est le Hamas qui est le premier responsable de cette spirale de la violence.
15:55Et quand j'entends des élus de la France Insoumise qui nous expliquent encore aujourd'hui
15:59que l'action du Hamas est légitime de ce groupe terroriste qui a décidé de plonger,
16:04y compris Gaza, dans cette violence, en sachant très bien ce qu'il allait déclencher,
16:08je dis que ces élus-là se font les complices du pire, y compris sur notre sol.
16:11Parce que c'est sur notre sol aussi que l'antisémitisme depuis le 7 octobre connaît
16:15une recrudescence que personne ne devrait tolérer une seule seconde.
16:19Sur la crise diplomatique avec l'Algérie, Bruno Retailleau exige depuis hier des visas
16:24pour les dignitaires à passeport diplomatique qui veulent venir en France.
16:29L'Algérie a rejeté ce qu'elle nomme des ultimatums, des véléités d'intimidation.
16:35Donc plusieurs semaines de bras de fer entre Bruno Retailleau et l'Algérie.
16:42Sa méthode est-elle la bonne ? Peut-elle porter ses fruits ?
16:48Qu'a-t-elle produit à ce stade sinon de l'escalade ?
16:52Boilem Sansalle par exemple est toujours en prison et les ressortissants sous OQTF sont restés en France.
16:59Qu'est-ce que la méthode de la faiblesse, du déni de réalité et de l'auto-écrasement
17:04auraient produit à la place ?
17:05Moi je suis fier que Bruno Retailleau montre…
17:07Le résultat c'est le même.
17:08Non mais on n'est pas au bout du chemin.
17:12On n'est pas au bout du chemin parce qu'il y a maintenant une série de mesures qui vont être mises en œuvre.
17:16Et moi je suis fier que Bruno Retailleau montre que la France cesse de s'écraser.
17:20Que la France refuse de baisser pavillon.
17:22Et que quand, à cause du refus par l'Algérie de reprendre ses OQTF, vous avez un attentat
17:27à Mulhouse qui endeuille le sol français, il faut refuser de laisser passer comme si
17:33c'était normal.
17:34C'est la moindre des choses de considérer que ce refus de coopérer doit avoir des conséquences.
17:39Et Bruno Retailleau a raison de le montrer.
17:41Et je voudrais dire d'ailleurs à tous ceux qui, je pense à des élus, par exemple au
17:46Rassemblement National, qui exigeraient que Bruno Retailleau démissionne aujourd'hui
17:51au motif que sa méthode n'a pas encore produit les résultats qu'on espère.
17:54Oui, c'est ce qu'ils demandent.
17:55Je voudrais simplement leur dire, à ces élus-là, que la démission de Bruno Retailleau c'est
17:59ce dont rêve matin, midi et soir le régime algérien.
18:02Si vraiment ils veulent participer à cet agenda, qu'ils continuent dans cette voie.
18:06Moi j'espère que Bruno Retailleau va rester à son poste et qu'il va mener ce bras de fer.
18:10Lui a menacé de démissionner, lui-même au Parisien il a dit si je ne suis pas soutenu
18:15par Emmanuel Macron et François Bayrou sur le dossier algérien, je démissionne.
18:18Et pour l'instant, il n'est pas suivi par Emmanuel Macron.
18:21Mais regardez, il est parfaitement suivi.
18:22Sur les accords de 68 ? Non.
18:23La riposte graduée dont il est question, elle a été décidée par le gouvernement,
18:27par un comité interministériel et elle va maintenant être mise en œuvre concrètement.
18:31Évidemment que nous, on aimerait aller plus loin, nous les Républicains, ça fait des
18:34mois que nos députés ont porté à l'Assemblée Nationale un projet pour dénoncer les accords
18:40de 68 avec l'Algérie.
18:41Ce projet n'est pas passé, pardon pas à cause d'Emmanuel Macron, mais parce qu'à
18:47l'Assemblée Nationale, ce jour-là, il n'y avait pas assez de députés RN pour le voter.
18:50Donc, on va mettre les choses à l'endroit, aujourd'hui, le vrai sujet ce n'est pas
18:54Emmanuel Macron, le vrai sujet c'est qu'on n'a pas de majorité à l'Assemblée Nationale.
18:57Et on reconnaît tout à fait ça, la situation actuelle, ce n'est pas une alternance.
19:01Et Bruno Retailleau fait avec ce qu'il peut dans le contexte parlementaire actuel, quand
19:05nous aurons une majorité, je n'ai aucun doute sur le fait que nous pourrons aller
19:08beaucoup plus vite, beaucoup plus fort.
19:09Mais en attendant, faire au mieux pour protéger les Français, c'est ce que fait Bruno Retailleau.
19:13Avant d'avoir une majorité, il vous faut un chef, puisqu'on est sur Bruno Retailleau.
19:17Le duel à la présidence de LR va être reparti entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau.
19:22Ce sera le 18 mai, donc dans deux mois, on sera au 17 mai.
19:26Au parisien, Laurent Wauquiez se montre très offensif, lui revendique une parole libre
19:30et indépendante, qui n'est pas sous la tutelle de François Bayrou, qui n'est pas contrainte
19:33par la solidarité gouvernementale, à des petites compromissions.
19:37Lui, il est libre et Bruno Retailleau, il est soumis et obligé de faire des compromissions.
19:43Je pense que tous les Français qui regardent le débat politique, on parlait à l'instant
19:48de la question de l'Algérie, pourront constater que Bruno Retailleau n'a pas dévié d'une
19:52seule virgule de la parole qu'il tenait depuis des années maintenant, sur ses questions
19:56migratoires, sur les questions de sécurité.
19:58Dans son action de ministre de l'Intérieur, je crois que ce qui fait aujourd'hui que
20:01les Français le reconnaissent, que les Français lui font confiance, c'est que précisément
20:06il les prend au sérieux et qu'il ne leur raconte pas d'histoire.
20:09Pour vous, il va gagner ?
20:10Moi, je soutiens Bruno, c'est une élection interne, on n'a pas d'adversaire dans cette
20:14affaire.
20:15Je ne soutiens pas Bruno par quelques réserves que ce soit envers Laurent Wauquiez.
20:20Il vous a nommé, c'est quand même Laurent Wauquiez qui vous a nommé tête de liste
20:24aux européennes la première fois il y a six ans.
20:27Je n'oublie rien de ce qu'on a vécu ensemble et encore une fois, je le redis, je n'ai
20:30aucun doute sur le fait que le 18 mai, vous évoquiez cette date, le lendemain de l'élection,
20:34pour le coup, nous serons tous unis parce que ce qui compte pour nous maintenant, ce
20:38n'est pas des questions d'égo, de personnes, de partis, ce qui compte pour nous, c'est
20:41le pays.
20:42La seule chose qui compte, c'est de relever la France et la France traverse une crise
20:45très profonde.
20:46Avec quelle incarnation Bruno Retailleau pour 2027 ?
20:472027, c'est encore loin.
20:49Pour l'instant, la question, c'est l'élection à la présidence du parti, on ne va pas tout
20:52confondre.
20:53Mais je le redis, le défi pour nous, et c'est un défi qui me paraît déterminant, c'est
20:58de reconstruire en France un débat démocratique digne de ce nom et pour ça, il faut reconstruire
21:02une famille politique de droite, solide, sérieuse, crédible, qui puisse réunir la
21:05confiance d'une majorité de Français.
21:07Comme dans la plupart des pays européens aujourd'hui, la droite reprend aujourd'hui
21:11le pouvoir, il n'y a pas de raison que ce ne soit pas le cas en France.
21:12Un dernier mot rapide sur le fait que François Bayrou ait rappelé hier à ses ministres
21:19la ligne sur le port du voile lors des compétitions sportives.
21:23La ligne, en l'occurrence, c'est interdire le port des signes religieux, notamment le
21:27voile dans l'ensemble de ces compétitions.
21:30Y compris au niveau amateur, la ministre des Sports, Marie Barsac, et celle de l'Éducation,
21:37Elisabeth Borne, ont signifié récemment ne pas être d'accord avec cette ligne.
21:42Est-ce que le recadrage de François Bayrou est bienvenu d'après vous ?
21:46C'est nécessaire d'avoir une ligne commune sur ce sujet, et c'est nécessaire d'avoir
21:50une ligne ferme.
21:51Et là encore, notre famille politique en première ligne.
21:53Au Sénat, la majorité LR, autour de Michel Savin, a porté un projet de loi précisément
22:00pour retirer la pression qui pesait sur les fédérations.
22:03Aujourd'hui, dans chaque fédération, et souvent dans chaque match, tous les dimanches,
22:06tous les week-ends, vous avez une pression qui s'exerce sur les arbitres, sur les clubs.
22:11Il faut sortir de là.
22:12Un agenda aujourd'hui de fracturation de notre société est en train d'avancer, y compris
22:17dans le monde du sport.
22:18Cet agenda islamiste, il faut y mettre fin.
22:20Et moi, je conteste profondément ce que nous disent aujourd'hui, je pense à Elisabeth
22:24Borne, ou la ministre des Sports, Mme Barsac, qui nous disent « Oui, mais en fait, l'interdiction
22:29du port du voile empêche des jeunes filles de faire du sport ». Mais pardon, est-ce
22:32qu'on dit ça pour l'interdiction du port du voile à l'école ? Au contraire, et
22:35je le dis comme prof, l'interdiction du port du voile à l'école, ça recrée des
22:38lieux communs.
22:39Ça n'interdit à personne d'aller à l'école, ni de faire du sport, ça recrée du commun.

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