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Tous les samedis et dimanches à 18h17, Pierre de Vilno reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir Frederika Amalia Finkelstein, auteure.
Retrouvez "Les invités d'Europe Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end

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Transcription
00:00 jusqu'à 19h et un petit détour par la littérature.
00:04 Si vous ne connaissez pas Frédérica Amalia Finkelstein, lisez ses livres et notamment son dernier "Aimer sans savoir, être sans comprendre"
00:12 c'est publié aux éditions de l'Arpenteur.
00:14 Bonsoir Frédérica Amalia Finkelstein, merci d'être avec nous. Je suis très heureux de vous recevoir ce soir parce que
00:21 le cinéaste
00:26 Elie Chouraki, connu de tout le monde, publie un billet ce matin dans le journal du dimanche qui s'appelle "Lettre à mes amis artistes"
00:33 où il
00:36 il fait une sorte de
00:38 de portrait un peu ironique de tous ces artistes français qu'ils soient
00:44 acteurs, cinéastes,
00:46 one-man show humoristes
00:48 qui sont parfois d'origine
00:51 juive, parfois pas du tout et qui se taisent et qui
00:56 avec le conflit qui dure depuis 21 jours,
00:58 avec la barbarie qu'on a connue dans les kibbouts en Israël avec ces enfants qui ont été décapités
01:04 parfois sous les yeux de
01:07 de leurs parents, de leurs grands-parents, c'est ce qu'il
01:09 il raconte ici en citant justement un homme qui s'appelle Avi et qui n'en dort plus évidemment, on peut le comprendre.
01:14 Est-ce que vous, quand vous regardez avec vos multiples origines, notamment vos origines
01:20 juives, quand vous regardez à la fois le conflit qu'il y a en ce moment
01:25 et le silence de la, j'allais dire, on dit souvent la classe politique mais il y a aussi la classe artistique, qu'est ce que vous en pensez ?
01:32 Je pense que ce silence
01:35 peut avoir deux causes, selon moi, à la fois un silence lié à une sidération
01:41 qui fait que c'est tellement énorme, tellement atroce ce qui est en train de se passer
01:46 en ce moment que
01:48 dire quelque chose
01:50 on ne trouve pas les mots, c'est souvent ce qui revient je trouve dans ce que je lis, dans ce que j'entends
01:55 autour de moi, c'est qu'on ne trouve pas les mots, c'est indicible et
01:59 ça nous rappelle
02:01 l'événement de la Shoah où il y avait une dimension aussi
02:04 de l'impossibilité de dire le mal absolu et je trouve qu'on est dans cette dimension aujourd'hui.
02:11 D'un autre côté, je pense que
02:14 dans le milieu artistique français
02:16 peut-être aussi dans d'autres pays mais bon moi je vis en France donc c'est ce milieu artistique français qui me concerne
02:24 je pense qu'il y a un vrai malaise parce qu'il y a une partie de ce milieu qui
02:27 a des convictions politiques
02:31 plutôt à gauche
02:34 parfois, souvent à l'extrême gauche et que dans cette extrême gauche
02:38 il y a parfois un problème
02:41 je ne veux pas faire de généralité mais je pense qu'il y a parfois un problème à prendre position
02:48 pour
02:51 les juifs et pour l'état qui incarne
02:55 profondément ce judaïsme à savoir Israël qui lui est aujourd'hui un gouvernement on peut le dire d'extrême droite
03:03 D'ailleurs contre lequel je...
03:06 Politiquement je me sens pas proche du tout de ce
03:11 gouvernement. - Vous n'êtes pas la seule, Jacques Attali quelques jours à votre place disait que Netanyahou devrait être en prison.
03:17 - Voilà mais je suis plutôt d'accord avec lui.
03:21 Et pourtant bon on peut
03:23 être israélien et anti gouvernement évidemment comme dans chaque pays. - Bien sûr on peut avoir une opinion.
03:28 Et du coup ce silence de cette communauté artistique
03:33 on prend pas la parole et c'est assez amusant ce que vous dites
03:37 amusant est peut-être pas forcément le terme c'est peut-être plutôt d'ailleurs sidérant puisque
03:41 Elie Chouraki ce matin dans le JDD dit exactement la même chose
03:45 il dit bah voilà vous signerez cette pétition dans l'Humanité publiée le 22 octobre, l'Humanité qui n'en a que le nom puisque
03:52 souvenez-vous que c'est un journal qui a déifié Staline et les génocidaires communistes
03:57 un journal que vous connaissez pas vous signerez cette pétition qui je cite "condamne avec la même ampleur"
04:02 avec la même ampleur les crimes de guerre du Hamas et du gouvernement israélien la même ampleur et puis allez hop vous allez ensuite
04:12 se dire bah voilà il faut que je chante il faut que je joue la comédie il faut que je fasse mon rôle d'acteur
04:17 un peu comme une lettre à la poste c'est à dire qu'il y a des signataires
04:20 qui ne savent pas ce qu'ils font en fait d'une certaine manière. - Exactement j'ai entendu parler de cette
04:27 de cette pétition de l'Humanité j'ai même eu accès à la première version qui n'a pas été publiée
04:32 - On vous l'a soumise ? On vous a dit tiens est-ce que tu ne le signerais pas ?
04:34 - J'ai un ami qui me l'a fait lire on m'a pas proposé de la signer on a proposé à des acteurs
04:41 plutôt à des... dans la liste oui je me souviens qu'il y avait plutôt des acteurs ou des gens du
04:46 du théâtre, du showbiz de la chanson
04:49 et j'ai donc j'ai vu le changement de la première version à la deuxième déjà
04:54 qui a été un peu allégée puis on voit aussi les noms qui ont été enlevés de la première version à l'autre
04:59 et puis on se dit et oui et puis c'est vrai que c'est sidérant on se dit mais c'est
05:03 qu'est ce que vous venez de faire dans cette galère soit vous dites rien soit vous
05:07 soit vous déjà vous montrer de l'empathie c'est la première chose à faire et j'ai l'impression que
05:11 cette
05:14 non pas cette tribune mais cette pétition est complètement à côté de tout en fait
05:18 - Vous en tant qu'écrivain juif
05:21 comment est-ce que vous vous vivez ces 21 jours de guerre
05:25 et cette barbarie absolument sans nom qui a eu lieu ?
05:29 - Alors il y a plusieurs sentiments
05:31 d'abord c'était la sidération comme si j'étais KO
05:36 - Physiquement KO - Physiquement KO je me sentais fatiguée
05:41 après je me suis sentie en colère et maintenant je me sens profondément dans le chagrin et j'ai l'impression qu'il y a dans la société française
05:49 Enfin un manque de vivre ensemble des affrontements un manque d'empathie
05:58 et je suis assez d'accord avec ce qu'a dit par exemple Delphine Orvilleur là dessus
06:04 - Le rabbin Delphine Orvilleur - Oui qui a dit que la première chose qui doit nous
06:10 nous émouvoir c'est la question de l'humanité ni celle des juifs ni celle des palestiniens
06:17 évidemment les deux en même temps mais c'est d'abord un problème d'humanité et ce manque d'empathie je trouve à l'égard
06:23 de ce génocide parce que je pense qu'on peut dire le mot ce pogrom comme on l'entend
06:28 moi je suis pour qu'on dise que ce sont ces mots là qu'il faut utiliser
06:34 en parlant de ce qui est arrivé le 7 octobre je pense que c'est important de d'abord savoir que
06:40 c'est le 7 octobre que les choses ont commencé
06:43 par rapport à cette réponse d'un état qui est quand même légitimement par rapport au droit international
06:50 - En droit de se défendre - En droit de se défendre on dirait la même chose pour un autre pays
06:54 après évidemment je suis d'accord qu'il y a une réponse disproportionnée comme pour prendre les mots d'Olivier Faure
07:02 que je trouve assez juste, Raphaël Glucksmann aussi me paraît avoir une position assez juste
07:07 sur le sujet - Vous étiez deux hommes de gauche avec lesquels vous êtes d'accord donc finalement
07:13 voilà quand on disait que certains de la classe artistique sont de gauche et donc n'ont pas de mots à dire
07:20 à part un silence assourdissant sur ce qui se passe dans cette région du monde
07:26 là vous pouvez le prouver le contraire qu'on peut effectivement s'exprimer
07:29 - Exactement - Même si
07:32 on n'a pas forcément les mêmes choses à dire. Est-ce que
07:35 l'Iran
07:37 qui est une nation et on sait très bien que il fait partie des nations qui sont derrière, qui sont commanditaires
07:43 de ce qui s'est passé le 7 octobre et ce qui s'est passé dans les kibbutz du sud d'Israël
07:48 L'Iran, en Iran les gens se sont soulevés, les femmes se sont soulevées
07:55 et ça dénote complètement avec ce que je disais c'est à dire le silence totalement assourdissant
08:02 de certaines autres personnes en Europe et dans d'autres capitales - Effectivement et en Iran aussi on voit que
08:07 certaines personnes politiques refusent de dire à quel point
08:12 des femmes se soulèvent contre le voile notamment, qu'elles se font arrêter, mettre en prison parce qu'elles sont vues en train de ne pas porter le voile
08:21 parce que pour elles c'est une résistance, une résistance légitime et on voit aussi un malaise à ce niveau là
08:27 - Frédérica Amalia Kim-Filkenstein, l'émotion est tellement grande dans ce studio qu'il m'est difficile de vous interroger sur
08:35 votre livre qui ne traite pas du tout de tout ça mais c'était important de vous avoir ce soir
08:40 d'avoir votre témoignage sur la situation actuelle et si vous le voulez bien
08:45 puisque c'est comme ça qu'on fonctionne ici à Europe 1, vous reviendrez pour parler de l'Argentine
08:51 et de ce livre "Aimer sans savoir, être sans comprendre". Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce soir.

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