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Toute l'actualité de la journée et de la semaine analysée et remise en perspective par Pierre de Vilno, les journalistes de la rédaction d'Europe 1, mais aussi les invités.
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Transcription
00:00 Le texte sur l'immigration sera mis au vote mardi au Sénat,
00:03 transmis le 11 décembre à l'Assemblée nationale.
00:06 Et finalement c'est la droite qui est en passe de se mettre d'accord
00:09 avec le gouvernement sur cette loi.
00:11 Régulariser, oui, c'est acté, mais ça dépend qui ?
00:14 Écoutez, le ministre Darmanin là-dessus s'était,
00:17 hier soir, suffrance de, dans l'événement.
00:19 - Le Sénat n'est pas favorable au gouvernement, chacun l'a compris.
00:23 Ce qui est bien, c'est qu'il y a une mesure de régularisation
00:25 des travailleurs sans papiers dans ce texte.
00:27 De gens qui n'ont pas de casier judiciaire,
00:29 qui travaillent dans le BTP, dans l'agriculture,
00:31 demain dans la restauration.
00:33 On sait tous qu'il y a ces personnes qui travaillent dans ces modèles économiques,
00:35 qui veulent vivre du fruit de leur travail,
00:37 et dont la France a besoin.
00:39 On m'a dit pendant très longtemps, il n'y en aura pas, il n'y en aura pas,
00:41 on voit bien que même le Sénat en a voté une.
00:43 Différent du gouvernement, c'est vrai, il y a le travail
00:45 à l'Assemblée nationale pour ça, pour encore modifier les choses.
00:47 Et j'espère trouver un compromis.
00:49 Ce que nous voulons, c'est pouvoir régulariser la nounou,
00:52 régulariser l'ouvrier ou le serveur qui respecte les règles de la République,
00:56 et expulser l'étranger délinquant.
00:58 On fait un peu l'inverse, on embête beaucoup la nounou,
01:00 et c'est très difficile d'expulser l'étranger délinquant.
01:03 Ce texte vise à remettre du bon sens dans la politique migratoire.
01:06 Voilà, et pendant ce temps, Bruno Retailleau,
01:08 le patron des sénateurs LR, est bien content
01:10 d'avoir imposé à la majorité sa vision du texte.
01:13 L'idée, ce sera d'imposer au préfet un examen,
01:17 non seulement de l'activité professionnelle,
01:19 mais qu'il soit apte à s'intégrer dans notre société,
01:22 qu'il respecte notre mode de vie,
01:24 qu'il n'ait pas eu de condamnation.
01:26 Une condition de régularisation beaucoup plus stricte,
01:28 je considère que c'est donc une excellente solution.
01:31 Bon, alors, avec les attermoiements, les bisbilles,
01:36 les se mettre d'accord, les serrages de main, les négociations,
01:39 on en est où de ce texte, Lou Fritelle ?
01:41 Ah bah, Retailleau est peut-être content,
01:43 n'empêche que les députés cherchent encore à ne pas voter le texte.
01:47 Pour l'instant, de ce qu'on a pu me dire,
01:49 ils attendent de voir comment sera rédigé cet article 3
01:54 sous forme de circulaire, eux-mêmes n'ont pas bien compris
01:56 comment ça se déroulera, ni même quand ce sera fait.
01:59 Mais l'objectif, ce serait plutôt de trouver toujours un moyen
02:04 de ne pas le voter pour ne pas être la béquille du gouvernement.
02:06 Ils ont encore en tête le souvenir de la réforme des retraites,
02:10 oui, ils étaient passés pour ça auprès de leurs administrés.
02:13 L'LR vit dans la peur de la dissolution.
02:15 Ils vivent en regardant leur circonscription.
02:19 Donc, voter ce texte, en même temps, ça peut,
02:22 si c'est la copie du Sénat, ça se rapproche de leur position,
02:26 mais c'est un signal mauvais envoyé aux électeurs,
02:31 qui ne regarderont pas le détail.
02:33 Arthur Delaborde ?
02:35 On s'est quand même, je pense, on a beaucoup dit avant
02:38 l'arrivée du texte au Sénat que ça allait être très compliqué
02:41 pour Gérald Darmanin. Là, pour le coup, il s'en sort plutôt bien.
02:45 Il s'est quand même livré à un numéro politique,
02:48 on sait qu'il a beaucoup reçu et qu'il continue de recevoir
02:51 les députés. Est-ce qu'il va arriver à transformer
02:54 l'essai à l'Assemblée ?
02:56 Ça semble compliqué, effectivement.
02:59 Les LR pourraient être divisés, surtout,
03:02 il risque aussi de se couper de l'aile gauche de la Macronie.
03:06 On a vu le président de la Commission des lois,
03:09 Sacha Houllier, qui promet de rétablir le texte initial,
03:13 et notamment l'article 3 lors des débats à l'Assemblée.
03:17 Donc, il y a encore beaucoup d'inconnus.
03:19 Est-ce que Gérald Darmanin va réussir à continuer son numéro politique,
03:24 ce numéro de funambule qui lui a plutôt réussi au Sénat ?
03:28 Il est très habile, Darmanin.
03:30 Et même pour compléter, LR compte sur une réécriture du texte
03:35 par l'aile gauche de la Macronie pour pouvoir dire "on ne vote pas".
03:39 Et pour compléter sur Gérald Darmanin,
03:42 tout le monde, je pense, a remarqué que sur le banc au Sénat
03:46 se trouvait Gérald Darmanin, mais absolument pas Olivier Dussopt,
03:49 qui au départ était porteur du texte.
03:51 Et d'ailleurs, ça rend fou la gauche au Sénat, qu'il a bien pointé.
03:56 - Il était sur repas ce matin.
03:58 - Et on l'a retrouvé, formidable !
04:00 - Il y a même certains échos qui disent que Olivier Dussopt lui-même
04:03 était pour la suppression de l'article 3,
04:05 qu'il défendait il y a encore quelques mois.
04:08 - Darmanin était le seul sur le banc.
04:10 Aurélien Rousseau n'était pas là, Dussopt n'était pas là.
04:13 - Et Germain Le Bodo.
04:14 - Il a été là, ok, c'est la seule.
04:16 Mais ça a été le petit signe que le texte n'était pas le seul de Darmanin.
04:19 - Je ne sais pas comment Darmanin va s'en sortir
04:21 et faire voter ce texte à l'Assemblée Nationale.
04:24 Beaucoup de gens, en tout cas au Sénat,
04:26 notamment les entourages de Gérald Archer, Bruno Retailleau,
04:30 sont persuadés qu'il ne s'en sortira pas 149-3.
04:33 Là, Bruno Retailleau en plus a mis une pression supplémentaire,
04:37 en effet sur les Républicains, parce que le texte là,
04:40 qui va sortir du Sénat, qui sera voté mardi,
04:42 c'est le texte le plus ferme qu'on ait jamais vu, je pense, depuis 30 ans.
04:47 Et en effet, Sacha Houli a prévenu que la Commission des lois
04:50 rétablira le texte initial.
04:52 Et je pense qu'à la fin des fins, il n'y aura pas toutes les voix DLR,
04:57 ce sera trop compliqué.
04:58 Donc Elisabeth Borne prendra jamais le risque d'aller au vote
05:01 si elle n'est pas sûre que ce texte passera.
05:03 - Vous parlez de la Commission des lois, ça tombe bien,
05:05 voilà ce que dit à ce propos-là très précisément Bruno Retailleau.
05:09 - Vous savez qu'une loi, c'est un match en trois manches.
05:13 Il y a le Sénat, il y a l'Assemblée nationale,
05:15 et il y aura une commission mixte paritaire.
05:17 Croyez-moi, si le texte est détricoté, ce sera niette.
05:20 - Si le texte est détricoté, ce sera niette.
05:23 Il va être détricoté ce texte, l'aile gauche de la Macronique
05:26 est quand même encore un peu puissante, entre guillemets,
05:28 en tout cas sur ce texte, parce que le problème original de ce texte,
05:31 en fait, il faut le dire, c'est le, en même temps,
05:34 on parlait d'Olivier Dussopt qui a disparu,
05:36 parce que moi je me souviens très bien de l'historique de ce texte,
05:39 Darmanin qui sort dans le Figaro il y a à peu près un an et demi,
05:42 qui ne défend que le volet fermeté,
05:44 puis il est ensuite flanqué d'Olivier Dussopt dans une interview dans Le Monde,
05:47 et voilà, ils font un petit peu les deux volets, plus le volet intégration.
05:51 Là, on voit bien que Darmanin a repris le lead sur la défense de ce texte,
05:56 mais à la fin, ça va quand même être très dur,
05:58 sachant que je pense que le RN ne votera pas ce texte,
06:01 que les Républicains seront divisés,
06:03 que l'aile gauche ne la votera pas, que la gauche ne la votera pas,
06:05 je ne vois pas comment Darmanin peut s'en sortir 149-3 dans ces histoires.
06:08 - Laufried Hell ?
06:09 - Alors moi je pense au contraire, en tout cas si la copie est suffisamment dure,
06:12 que le RN votera ce texte, pour deux raisons,
06:16 d'abord parce qu'il y a de fortes chances effectivement que LR,
06:20 pour garder un peu d'indépendance et ne pas rejouer le jeu des retraites,
06:25 ne vote pas le texte,
06:27 et donc faire passer le projet de loi de Darmanin grâce au RN,
06:32 c'est quand même le mettre un peu dans la panade,
06:34 et de l'autre côté c'est montrer que LR n'est que dans la parlotte,
06:39 et que de toute façon il n'a aucun poids.
06:41 - Pour les autres formations politiques en tout cas,
06:43 c'est de l'enfermement ce texte sur l'immigration.
06:46 Écoutez le vers Yannick Jadot sur France Info hier,
06:49 il va loin, très très loin même dans le temps pour argumenter,
06:53 attention accrochez-vous.
06:54 - La première université en France, c'est au XIIe siècle.
06:58 La France a rayonné,
07:00 parce que nous avons été le centre du monde pendant des siècles,
07:03 des siècles sur le savoir, sur l'intelligence, sur la recherche.
07:08 Notre prospérité de demain elle est sur notre intelligence,
07:10 elle est sur notre soft power,
07:12 sur notre capacité à avoir des personnes,
07:14 y compris qu'on aura étudié en France,
07:16 et qui seront nos meilleurs alliés dans le reste du monde.
07:19 On est sur un système où aujourd'hui finalement,
07:22 même ce rayonnement de la France,
07:26 ils veulent y mettre fin,
07:27 ils veulent un pays qui se rabougrit,
07:29 qui se rétrécit, qui s'isole,
07:32 et après on va s'étonner que les jeunes dans le reste du monde,
07:35 ils vont manifester qu'un droit pour Russe, contre la France,
07:39 mais c'est encore une fois absurde et irresponsable.
07:43 - Je vous avais prévenu, ça va très très loin, Jules Torres.
07:46 - Le rayonnement de la France,
07:48 c'est peut-être au XIIe siècle qu'il y a eu la première université,
07:52 mais en tout cas au XIIe siècle,
07:54 je ne sais même pas ce que je suis en train de dire.
07:57 - Franchement c'est sidérant, c'est sidérant ce propos,
08:00 il est obligé de revenir à ça.
08:02 - Vous vous êtes lancé dans une phrase en disant "je vais pouvoir m'en sortir",
08:04 mais en fait...
08:06 - Non j'arrête, mais à un moment donné, c'est pas possible.
08:09 - Vous êtes fou, très fou.
08:10 - Je m'attendais pas du tout à ce propos.
08:12 J'étais en train de boire un verre d'eau en plus,
08:14 je me suis dit "il va finir", et en fait il n'y arrive pas.
08:16 - Vous êtes déconcentré.
08:18 Bref, pardon.
08:20 Je ne sais pas comment on peut être si déconnecté de la réalité.
08:23 Il y a tous les chiffres sont au rouge,
08:26 toutes les enquêtes d'opinion disent
08:29 que les Français considèrent qu'il y a trop d'immigration en France.
08:31 Là, on a fait des semaines et des semaines sur l'article 3,
08:35 sur la régularisation,
08:37 il y a 5 millions de chômeurs à un moment donné,
08:39 mais ces gens-là ne sont pas dans le même monde.
08:42 - Puisque vous aimez les verts, et après je vous donnerai la parole,
08:44 Lou Frittel et Arthur Delabord,
08:46 chez les verts au Sénat cette fois-ci,
08:48 c'est plus expéditif et plus radical
08:50 chez le sénateur Europe Écologie Les Verts du Rhône,
08:53 Thomas Dossu, c'était mercredi.
08:55 - Le texte qui va sortir à la fin, c'est le cabinet des horreurs,
08:59 c'est en réalité l'accord scellé entre LR et le RN.
09:04 - Lou Frittel.
09:05 - C'est surtout le piqué de grève là.
09:07 Mais moi je veux bien sauver un peu Jadot...
09:11 - Mais pas Dossu.
09:13 - Je veux bien sauver Jadot mais pas Dossu.
09:16 - Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
09:19 Mais non, ce que je voulais plutôt dire,
09:22 c'était que trop d'immigration tue l'immigration.
09:24 Il est vrai qu'avoir des étudiants étrangers,
09:27 s'ils retournent chez eux,
09:29 c'est plutôt une bonne chose pour la France.
09:31 L'ennui c'est que nous sommes l'un des seuls pays au monde
09:35 qui accepte l'immigration sans véritable contrôle et sans quota.
09:39 On n'arrête pas de vanter le modèle multiculturel canadien,
09:44 il ne faut pas oublier que c'est un des pays les plus stricts en la matière.
09:47 Donc je suis d'accord avec Yannick Jadot,
09:49 c'est formidable d'avoir des étudiants étrangers.
09:51 L'ennui c'est que quand nous sommes submergés par l'immigration,
09:56 - On ne parle plus d'étudiants étrangers.
09:58 - L'exception est tuée par...
10:01 - Le visa est pour un étudiant étranger,
10:03 mais l'étudiant étranger n'est jamais étudiant.
10:05 - Je crois que c'était Retailleau qui disait ça,
10:07 l'exception tue l'exception et c'est le problème.
10:09 - Arthur Delaborde d'Europe 1 ?
10:11 - Oui, on est dans un clivage finalement...
10:15 - Tu défends la boîte, t'es pour Europe, vas-y attends...
10:18 - Non, on est dans un clivage assez classique sur l'immigration.
10:22 On voit bien effectivement qu'il y a un changement d'état d'esprit,
10:26 toutes les enquêtes d'opinion le montrent,
10:29 que les Français sont majoritairement favorables à un durcissement.
10:33 Est-ce que la classe politique va être capable de se mettre d'accord
10:37 autour de ce texte qui, il est vrai, relève d'une certaine fermeté
10:42 qu'on n'avait pas connue depuis des décennies, c'est toute la question.
10:46 - Le truc c'est qu'il n'y a plus aucun pragmatisme,
10:50 je passe sur votre contrôle à tous les trois,
10:52 mais il n'y a plus aucun...
10:55 on ne met pas les mains dans le cambouis,
10:58 on ne soulève pas le capot de la voiture pour voir vraiment où est la panne.
11:02 Tout devient idéologie et du coup, à l'Assemblée ou au Sénat
11:06 ou dans n'importe quelle assemblée parlementaire dans le monde,
11:09 ça devient de l'idéologie en disant "moi je n'ai pas cette idée-là,
11:12 donc je vote contre, moi j'ai cette idée-là, je vote pour"
11:15 et après on compte, c'est formidable, c'est la démocratie représentative,
11:18 vous me direz, c'est comme ça ?
11:20 - Vous avez raison et aujourd'hui les partis souffrent d'un problème de définition,
11:24 la gauche et la droite souffrent d'un problème de définition,
11:26 donc ça devient une bataille idéologique,
11:29 et même sur cet article 3, c'est ce que dénonçait le sénateur Hervé Marseille,
11:33 les républicains en ont fait une position de principe, une position idéologique,
11:36 et aujourd'hui c'est compliqué de faire de la politique sans ça,
11:39 parce qu'il y a un enjeu de survie derrière.
11:44 - L'électoraliste.
11:46 - Oui, mais pas que, des gens sont à gauche et des gens sont à droite par conviction,
11:50 mais ils essaient de retrouver ce qui était l'essence de leur engagement,
11:53 après le "en même temps" de Macron et Marine Le Pen,
11:56 qui est un peu un objet politique non identifié.

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