Thomas Sotto reçoit aujourd'hui Florian Grill, président de la Fédération française de rugby, dans les 4 vérités.
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00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Florian Gryll.
00:05 La Coupe du monde de rugby touche à sa fin avec cette finale samedi soir qui n'est pas celle dont on rêvait, il faut bien le dire.
00:11 Vous, vous avez envie que les All Blacks nous vengent ou vous serez pour les Sud-Africains en vous disant que finalement, c'est assez classe d'être sorti par les futurs champions du monde ?
00:19 Non, pour le jeu, je serai plutôt pour les All Blacks.
00:21 Pour les All Blacks, pour un titre supplémentaire. Quel est le premier bilan global que vous tirez de ce mondial ?
00:26 C'est un bilan malgré tout positif parce que l'image du rugby n'a jamais été aussi bien représentée.
00:31 On est sur un trend à 15% de croissance des licenciés depuis le début de la Coupe du monde.
00:36 On espère atteindre les 20%.
00:38 On part de loin sur le rugby ?
00:40 On part de loin, oui, parce qu'on est le deuxième sport en médiatisation.
00:43 On est même un petit peu monté mais on n'est que le dixième en nombre de licenciés.
00:46 J'appelle les gens à dire "Venez dans les clubs de rugby" parce que ce que vous avez vu dans les stades, ça existe aussi dans les clubs de rugby.
00:51 Les filles aussi font du rugby ?
00:53 On a à peu près un peu moins de 40 000 filles aujourd'hui. On espère monter à 100 000 à terme.
00:57 Donc il y a un vrai enjeu et la féminisation aussi des encadrements.
01:00 Et on attire beaucoup le public féminin en même temps que le public masculin.
01:04 Si on refait le match, on a eu deux mini polémiques.
01:06 Une, parce qu'il manquait de la bière au début dans les stades.
01:09 Et l'autre, à cause des hymnes qui étaient mal calés.
01:11 Quand on a que ça à critiquer, les hymnes et la bière, c'est que la fête a été belle quand même.
01:15 La fête a été magnifique.
01:16 Mais je le dis vraiment, les valeurs du rugby se sont ressorties aux yeux du grand public comme jamais.
01:20 On est un sport qui a été inventé à l'école pour ses valeurs éducatives.
01:23 Et je pense que les gens ont vu qu'au rugby, le respect, la solidarité, la loyauté, la fraternité,
01:28 l'esprit de la fête aussi, ça existait.
01:30 Et qu'on pouvait aller au rugby, voir un match de rugby en famille.
01:32 Et ça, c'est formidable.
01:33 Ce n'est pas un peu long, deux mois de compétition quand même ?
01:35 On avait l'impression qu'on perdait un peu en tension de temps en temps.
01:37 Moi, j'aurais pu en faire quatre sans aucun problème.
01:40 Non, ce n'est pas forcément un peu long.
01:42 Ça sera raccourci puisqu'on a voté avec World Rugby le fait de ramener ça à six semaines au lieu de sept semaines.
01:47 Mais franchement, non, ça a été magique pour le pays.
01:50 Ça a quand même été des moments exceptionnels et vécus par tout le monde comme des moments exceptionnels.
01:54 Bon, là où le bilan est quand même moins bon, c'est pour nous, c'est pour les Bleus, le 15 de France.
01:57 Vous avez revu le match entre les Français, entre notre équipe et l'Afrique du Sud ou pas ?
02:01 Oui, bien sûr, on l'a regardé.
02:03 On en a parlé avec Fabien Galtier également.
02:05 C'est important.
02:06 Le staff d'ailleurs a dit qu'il n'y a pas que l'arbitrage, il faut regarder le match.
02:10 L'arbitrage, justement.
02:11 On a trop parlé de l'arbitrage.
02:12 On ne regarde pas le match avec lucidité.
02:13 Et moi, je pense qu'il est important.
02:15 Le rugby, on apprend.
02:17 La raison pour laquelle les parents envoient leurs enfants à l'école de rugby, c'est parce que justement, on apprend le respect.
02:21 Je pense qu'il faut respecter l'arbitrage.
02:22 Vous savez, nous en France, on a 2700 arbitres et il en faudrait 3300 pour couvrir toutes les rencontres.
02:26 On a besoin de respecter les arbitres.
02:28 Il faut regarder les choses en face.
02:31 Il y a des décisions qui peuvent interroger.
02:34 Vous avez forcément vu le tweet de Thomas Pesquet, qui est d'ordinaire un garçon très polissé.
02:38 Le rugby est un sport qui d'habitude se joue à 15 contre 15, sous-entendu pas à 15 contre 16, avec l'arbitre qui aurait été sud-africain.
02:44 Il nous a volé le match ou pas ?
02:46 Non, écoutez, moi je ne pense pas qu'on puisse dire ça.
02:48 Je pense que vraiment, je pense que...
02:50 Ce n'est pas parce que c'est les cadets que vous êtes obligé de faire la langue de bois.
02:52 Vous pouvez dire ce que vous pensez vraiment.
02:53 Non, mais ce que je pense vraiment, c'est qu'on prend quatre essais.
02:56 Donc, il faut regarder, ces quatre essais ne sont pas le fait de l'arbitre.
02:59 Donc, voilà, il y a des choses.
03:01 Par contre, ce qu'il y a certains, c'est qu'on a besoin d'augmenter notre influence à l'international.
03:04 Ça veut dire quoi ça ?
03:05 Sur une vingtaine de commissions à World Rugby, il y avait à peine un ou deux Français.
03:09 Et je pense que dans ces commissions, dans les commissions obscures, je ne parle pas du sommet de World Rugby.
03:14 World Rugby, c'est l'équivalent de la FIFA pour le rugby.
03:16 Voilà, dans ces commissions, en fait, on traite des questions d'arbitrage.
03:19 On traite de la cohérence entre l'arbitrage de l'hémisphère nord et de l'hémisphère sud.
03:22 On traite de la manière d'appliquer les règles.
03:24 Ça, c'est des choses qui sont très importantes et qui se travaillent avant les Coupes du Monde.
03:27 Et moi, là, j'ai posé mon camp à l'hôtel de World Rugby pour aller discuter avec chacune des nations
03:33 et garantir que la France soit bien représentée dans toutes les commissions.
03:36 Ça, ça fait partie des choses importantes.
03:37 Vous parliez de l'esprit du rugby, de la fête qui était belle.
03:39 On a quand même eu des choses qu'on croyait réservées aux fouteux.
03:42 Et on se réjouissait que ce soit cantonais.
03:44 C'est des sifflets contre ce même arbitre au match suivant, le match entre l'Angleterre et l'Afrique du Sud.
03:48 Ça vous a choqué, ça ou pas ?
03:49 Oui, ça m'a gêné.
03:50 Moi, je suis président de la Fédération française du rugby.
03:52 Je pense à tous les arbitres, à nos 2700 arbitres qui vont sur les terrains tous les week-ends.
03:56 Ce n'est pas facile.
03:57 Imaginez ce que c'est que de rentrer sur un terrain, de s'occuper.
04:00 L'arbitre, il est faillible, comme c'est le cas d'un joueur.
04:02 Et moi, je ne pense pas que ce soit l'esprit du rugby de siffler un arbitre.
04:06 Donc, je le dis, quitte à être impopulaire sur ce sujet-là, j'entends.
04:09 Mais moi, c'est ma responsabilité de défendre les arbitres et de défendre les valeurs du rugby.
04:13 Le respect étant la première des valeurs cardinales.
04:15 Donc, on n'a pas perdu à cause de l'arbitre.
04:17 On a perdu à cause de qui ? Est-ce que c'est à cause du sélectionneur ?
04:20 Non, pas du tout.
04:21 Le sélectionneur, il a 80 % de victoire sur les quatre dernières années.
04:25 On est passé de la 9e à la 2e place mondiale.
04:27 C'était une évidence. Il y a des gens qui m'ont dit "mais il faut virer Fabien Galtier".
04:30 Mais pas du tout. Je pense qu'il faut savoir raison garder.
04:33 En même temps, on sort en quart, comme en 2015, comme en 2019.
04:36 L'objectif, c'était la gagne. On est honnête.
04:38 Oui, on sort en quart, mais il y avait aussi un tableau qui rassemblait les quatre meilleures nations dans la même poule.
04:44 Donc, ces quart de finale, on l'a bien vu, étaient pratiquement des demi-finales.
04:47 Ça se joue à un point. Je pense qu'il faut savoir mesurer les choses.
04:50 Il y a deux Français, simplement, qui raccrochent les crampons.
04:53 On a une équipe jeune. Elle doit se préparer pour 2027.
04:55 On a des échéances qui arrivent. On a le tournoi des six nations.
04:58 Les tournois, parce qu'également pour les féminines, d'ailleurs, on a les filles qui ont battu les Blacks.
05:02 Women's 15 avec un match incroyable qui se joue samedi contre l'Australie à 8h du matin.
05:06 On a des échéances à venir et l'avenir à préparer.
05:10 Vous avez hésité à renouer votre cons... Est-ce que vous vous êtes posé la question ou même pas sur Galtier ?
05:13 Ah, mais même pas. Mais pas une seconde.
05:14 Moi, ça fait 100 jours que je suis président de la Fédération française de rugby.
05:17 Pendant les 100 jours, c'est pas sur un match que vous décidez ou pas d'un sélectionneur.
05:21 Pendant les 100 jours, avec Jean-Marc Lhermé qui est mon bras droit sur la partie haut niveau,
05:25 on a eu le temps de découvrir Fabien Galtier et de voir la qualité de son travail, à la fois technique, mais aussi humain.
05:30 Et lui, il vous a proposé de partir ou pas ?
05:32 Non, il a forcément eu un coup sur la tête parce que c'est pas le résultat qu'il espérait.
05:36 C'est pas le résultat que nous espérions. Mais pas du tout.
05:39 Je pense qu'on est... Vous savez, c'est quelqu'un de déterminé, mais moi aussi.
05:42 Et on travaille la suite. On travaille l'avenir.
05:44 Donc il sera là à la Coupe du monde de rugby en 2027 en Australie ?
05:46 Il sera là à la Coupe du monde de rugby en 2027.
05:48 Il y a aussi le cas Antoine Dupont qui moi m'a rappelé la cuisse de Zidane dans la Coupe du monde de foot en 2002.
05:53 C'est-à-dire qu'on s'est tous focalisés là-dessus. Il y a eu une pression énorme sur lui.
05:57 On sait que vous êtes très très attaché au respect des normes de santé, de sécurité.
06:02 Il y a un protocole commotion maintenant dans le rugby.
06:04 Avec le recul, c'était pas déraisonnable de le pousser à jouer comme ça ?
06:07 On l'a absolument pas poussé à jouer.
06:09 Si, on l'a poussé à jouer. Les médias, tout le monde.
06:11 Peut-être les médias.
06:12 Le pays l'a poussé à jouer.
06:13 Oui, il y a eu 60 millions de chirurgiens, il y a eu 60 millions d'arbitres.
06:16 Donc non, mais écoutez, franchement, on a pris la seule décision qui a été raisonnable.
06:20 C'est-à-dire que la seule personne qui a décidé, c'est pas Antoine Dupont, c'est pas Fabien Galtier, c'est pas moi.
06:25 C'est le chirurgien qui l'a opéré. Et c'est comme ça qu'il fallait faire les choses.
06:27 Et oui, je suis très sensible à la santé des pratiquants.
06:29 Pardon, mais le cas Dupont, ça n'a pas déstabilisé l'ensemble du groupe en fait ?
06:33 Non, au contraire. Je pense que Antoine... Vous savez, le rugby, c'est un sport collectif.
06:37 Le simple fait que Antoine, même sans savoir s'il allait jouer ou pas, ait pu être présent au sein du groupe,
06:43 c'était important, ça a donné de la confiance à tous.
06:46 Le match, il s'est joué à un point. Franchement, il aurait pu basculer de notre côté, il a basculé du côté des Sud-Africains.
06:51 À cause de l'arbitre. Non, non, non, je plaisante.
06:53 Non, vous me ferez pas dire ça.
06:55 Non, mais vous avez bien raison de pas le dire. On l'a laissé en larmes au bord du terrain.
06:58 Antoine Dupont, on était tous un peu en larmes, parce qu'on l'aime beaucoup, cette équipe de France.
07:02 Vous lui avez reparlé depuis ? Vous l'avez revu ?
07:04 Oui, c'est normal qu'on soit tous en larmes, c'est normal qu'on soit tristes.
07:08 C'est normal qu'on ait cette déception immense, parce qu'elle est à la hauteur de l'enthousiasme que ça a suscité.
07:14 Moi, je dis aux gens, revivez l'enthousiasme dans les clubs.
07:16 Qu'est-ce qu'il vous a dit, Dupont ?
07:18 Qu'il était triste, qu'il était déçu. Il y avait un silence de plomb dans les vestiaires après le match, bien sûr.
07:23 Mais il faut savoir regarder après, on va pas ressasser le passé à l'infini.
07:26 Moi, ce qui m'intéresse, c'est l'avenir. L'avenir, c'est 2027. L'avenir, c'est le tournoi qui arrive.
07:30 L'avenir, c'est les Jeux Olympiques et Paralympiques, et peut-être avec Antoine Dupont.
07:34 C'est ça la question. Vous souhaitez qu'il puisse participer ? C'est du rugby à 7 au JO.
07:37 Vous souhaitez qu'il puisse participer au JO ou pas ? Qu'il soit dans l'équipe de France ?
07:40 S'il le souhaite, oui. On a tout fait pour que ce soit possible.
07:43 On s'est entendus avec son club, le Stade Toulousain. On a discuté avec l'équipe de France à 7.
07:48 Si Antoine a envie de faire les Jeux Olympiques et Paralympiques, il le pourra.
07:51 Et qu'est-ce qu'il vous a dit ? Il le veut ?
07:53 Il a dit qu'il le déciderait après le Coupe du Monde.
07:55 Il a dit qu'il le voulait ou pas ?
07:57 Il avait dit qu'il le voulait, mais maintenant la décision sportive lui appartient.
08:02 Ça veut dire qu'il ferait l'impasse sur le tournoi Destination ?
08:04 Absolument. Parce que le rugby, c'est un sport collectif et qu'on n'arrive pas dans une équipe parachutée.
08:08 Il faut qu'il prenne le temps de jouer avec l'équipe de France à 7, qui a des résultats,
08:11 qui a une belle équipe, et il faut qu'il prenne le temps de gagner sa place dans cette équipe.
08:15 Tout Antoine Dupont qu'il est, il le sait, le rugby, c'est un sport collectif et on respecte les partenaires.
08:20 Donc oui au JO, et tant pis s'il n'y a pas Destination pour Antoine Dupont cette année.
08:23 Parce qu'il y a d'autres joueurs qui pourront tout à fait représenter la France dans le cas de Destination.
08:27 On va préciser qu'avec Fabien Galtier qu'on évoquait tout à l'heure,
08:30 on a regagné le tournoi Destination pour la première fois depuis 12 ans, je crois, en 2022.
08:33 Il y a quelque chose d'autre qui inquiète notre capitaine Antoine Dupont, c'est qu'on joue trop de matchs.
08:37 Et là, il paraît qu'il y a une nouvelle compétition qui arrive, c'est la Coupe des Nations,
08:40 je crois avec les 10 meilleurs pays du monde. Quand est-ce qu'on va écouter les sportifs ?
08:44 Non mais alors la Coupe des Nations, la Nations Cup comme disent les Britanniques,
08:48 on prend les trois dates de la tournée d'été, les trois dates de la tournée d'automne,
08:51 donc c'est le même nombre de matchs, et on rajoute si on va en finale, un match.
08:54 Mais en même temps, on resserre le tournoi Destination sur six semaines,
08:57 on resserre la Coupe du Monde sur six semaines aussi.
09:00 Même les organismes y prennent, y prennent, y prennent.
09:02 Donc du coup, on pilote les choses intelligemment.
09:05 Il y a des jours de repos, il y a des principes de repos qui ont été discutés.
09:08 Et Antoine Dupont qui dit "on joue trop", qu'est-ce que vous lui répondez ?
09:11 Il faut qu'on trouve le bon équilibre, ça c'est un équilibre à trouver entre les fédérations et les clubs
09:15 pour ne pas trop mettre sous pression l'ensemble des joueurs.
09:18 Et c'est clair que ça fait partie des choses qu'on prend en compte
09:21 et que les clubs et les fédérations doivent prendre en compte.
09:23 Moi je plaide aussi pour qu'on fasse évoluer les règles,
09:26 notamment l'abaissement de la ligne de plaquage,
09:28 pour moi c'est un sujet très important pour mieux protéger les joueurs.
09:30 L'abaissement de la ligne de plaquage, l'application stricte des règles par les arbitres,
09:33 l'application stricte des règles dans les commissions, ça ce sont des sujets essentiels.
09:37 Et dans les discussions avec World Rugby, c'est aussi pour ça que j'ai envie qu'on y soit présent,
09:40 parce qu'aujourd'hui la France n'y était pas, et dorénavant la France y sera.
09:43 Qu'est-ce que vous dites à des parents dont les enfants disent maintenant
09:46 "Papa, Maman, je veux faire du rugby" et qui flippent ?
09:48 J'avoue que c'est une question un peu personnelle.
09:50 C'est vrai, je leur dis "Allez-y, on apprend très progressivement le plaquage dans les écoles de rugby,
09:54 on a plein de rugby, y compris le rugby à cinq, qui est un rugby qui se joue en mixité,
09:58 sans choc, sans plaquage, basé sur la passe et l'évitement, qu'on peut jouer à 70 ans".
10:02 Donc la question personnelle, j'espère qu'elle vous touche vous aussi.
10:04 Vous pouvez jouer au rugby...
10:06 Je ne suis pas tout à fait 70 ans, mais je vous remercie.
10:08 Mais vous avez jusqu'à 70 ans pour vous décider, et vous pouvez le faire,
10:11 parce que franchement, et vivez ce que vous avez vu, les scènes de fraternité dans les stades,
10:15 elles existent dans les clubs du quotidien.
10:17 Localement, il y a 1950 clubs qui vous accueillent.
10:19 Merci beaucoup Florian Grille, président de la Fédération française du rugby.
10:22 Merci les Bleus, merci beaucoup les Bleus, parce qu'ils nous ont donné beaucoup de rêves,
10:25 et au prochain rendez-vous. Merci et bonne journée.