Entreprendre est un chemin bien souvent solitaire. Construire son business, prendre des décisions, manager, avoir la tête dans le guidon, le quotidien d’un entrepreneur est bien rempli. Un sparring-partner fait bien souvent défaut et le mentorat peut jouer un rôle considérable pour combler ce manque.
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00:00 On poursuit cette émission toujours en compagnie de Bénédicte Samson, cofondatrice et déléguée
00:09 générale du Mouv'J. Nous ont rejoint Corinne Lejbovitz. Bonjour. Vous êtes mentor à l'association
00:16 Mouv'J, justement. Xavier Laurent, bonjour. Bonjour. Directeur de programme au groupe
00:20 Manutan, partenaire de cette émission. Xavier, d'abord, vous m'avez dit en préparant cette
00:25 émission que vous ne vous considériez pas comme un mentor mais comme un coach. Quelle
00:28 différence faites-vous, Xavier ? Alors, pas mentor, ça c'est sûr, parce que comme a dit
00:32 Bénédicte, moi je ne suis pas entrepreneur, donc je ne peux pas être mentor au sens du
00:36 Mouv'J. En tout cas, je ne suis pas au même niveau que les mentorés du Mouv'J. Coach,
00:41 je fais très attention à coach parce que c'est une définition en général un peu
00:43 précise donc on ne peut pas non plus dire qu'on est coach. Nous ce qu'on fournit avec
00:46 Manutan, d'une part, on aide le Mouv'J depuis l'origine, je crois à peu près, 2009 ou
00:51 2010, parce qu'on croit beaucoup à ça et qu'on pense que c'est important d'aider les
00:56 jeunes entrepreneurs. Après, on s'est posé la question de qu'est-ce qu'on pouvait amener
00:59 en plus. Du coup, on ne voulait pas faire du mentorat puisque le Mouv'J le fait très
01:03 bien. Donc, on amène plutôt du conseil. Nous, on a un concours où on va héberger pendant
01:07 un an trois start-up du Mouv'J et là, on va arriver avec une démarche, une position
01:13 de conseil, d'experts et pendant un an, on va les amener de là où ils sont à là où
01:19 ils voudront être dans un an. Corinne, vous, vous avez fait carrière dans le digital, vous
01:24 avez dirigé des grandes entreprises du digital. Quand est-ce que vous avez décidé de vous
01:28 lancer dans le mentorat et pour quelle raison ? Alors, cette décision, en fait, elle vient
01:33 de Bénédicte et de l'équipe du Mouv'J puisque c'était au tout début, quasiment, ou un
01:38 an après, ou je ne sais plus, parmi les premières promotions. Donc, je n'avais aucune idée
01:42 de ce que c'était. Et ils m'ont convaincue en me présentant un jeune entrepreneur qui
01:49 avait très envie d'être mentorée. Voilà. Donc, ce n'était pas un « je veux être
01:56 mentor », c'était la rencontre avec le Mouv'J, Bénédicte et l'équipe et un
02:01 jeune homme qui avait très envie d'être mentoré. C'est très humain, en fait, Bénédicte.
02:04 On en revient à ce que vous disiez tout à l'heure, finalement. Oui, c'est effectivement
02:07 une histoire de rencontre et c'est là tout le savoir-faire, en fait, de notre équipe,
02:11 c'est de savoir identifier qu'est-ce qui va faire qu'un jeune entrepreneur ou une
02:17 jeune entrepreneuse va pouvoir créer un lien fort avec un mentor. Donc, il faut vraiment
02:22 s'intéresser profondément à ce qu'ils sont chacun pour pouvoir proposer la perte.
02:27 Et c'est son envie qui m'a convaincue, en fait. C'est sa volonté, sa motivation
02:30 à lui et à ce jeune homme qui m'a convaincue. Moi, j'ai envie qu'on soulève le couvercle,
02:34 Bénédicte. Comment vous faites le matching ? Alors, ça, c'est une très longue histoire
02:39 qui pourrait durer toute l'émission. Mais en fait, notre job, c'est vraiment de bien
02:44 connaître le mentor et quelles sont ses ambitions et qui il est lui en tant que personne, qu'est-ce
02:48 qui va l'intéresser dans la vie en général et qu'est-ce qui l'attend, quels sont les
02:53 types de personnes, pas qu'il admire, mais qui lui plaisent, avec qui il sait qu'il
02:58 peut faire un bout de chemin. Et c'est de faire la même chose du côté des mentors.
03:03 Et ensuite, c'est de dire, vous deux, on pense que ça va bien fonctionner ensemble.
03:10 Et ce n'est pas qu'une question de "tu as monté une magnifique entreprise et j'ai
03:14 envie de t'exploiter", ce n'est pas du tout ça. Si c'est basé là-dessus, ça ne marchera
03:18 pas. On en a qui nous disent "moi, je suis marathonien, si je peux avoir un mentor ou
03:22 un mentoré qui est marathonien, je sais qu'on va s'entendre parce qu'on a des valeurs
03:26 profondes communes". Et souvent d'ailleurs, la fin de la relation mentorale se traduit
03:31 par le début d'une très longue amitié. Xavier, justement, comment est-ce que vous
03:35 faites vous la sélection ? Parce que vous, il y a un concours, si je comprends bien,
03:38 sur trois entreprises que vous accompagnez ensuite. Mais cette dimension humaine, j'imagine
03:43 qu'elle rentre aussi en ligne de compte à un moment.
03:45 Oui, on a plein de critères. Il y en a déjà un, c'est que ce soit des entreprises qui
03:51 viennent du Mouv'G. Du coup, on les connaît parce qu'on participe aussi aux sélections
03:55 du Mouv'G, on participe au concours du Mouv'G. Ça, c'est un premier critère. Ensuite, il
04:00 faut que ce soit des entreprises du B2B parce que moi, au fur et à mesure où je participe
04:05 au Mouv'G, je trouvais que là où on pouvait amener quelque chose en tant que manutant,
04:08 c'était sur cette expertise B2B par rapport au B2C. Donc, elles doivent être vraiment
04:13 ancrées là-dessus. Et après, il faut qu'on ait des valeurs communes parce que ce n'est
04:17 pas du mentorat, mais on a besoin d'avoir des choses en commun. Donc, on a besoin de
04:22 ressentir les valeurs qu'on a chez Manutant dans cette entreprise-là. Et puis aussi,
04:26 on a besoin de sentir qu'on peut les aider parce qu'on ne va pas aider forcément le
04:30 meilleur de l'équipe de la classe. C'est un peu le principe du Mouv'G. L'idée, ce
04:34 n'est pas d'accompagner le meilleur, c'est d'accompagner celui sur lequel on pense qu'on
04:38 peut avoir le plus d'impact, qu'on pense qu'on peut l'aider le plus. Donc, ça fait
04:42 partie de nos critères. Et puis, il y a le plaisir d'être ensemble, d'avoir envie
04:47 de passer un an ensemble. Ils vont être chez nous, ils auront un badge, ils seront à
04:50 la cantine, au centre sportif. Donc, il faut quand même qu'on s'entende bien.
04:54 Xavier dit, je m'intéresse plutôt aux entreprises qui sont sur le B2B parce que Manutant est
04:58 positionné sur le B2B. Est-ce que vous, par exemple, qui avez fait carrière dans le digital,
05:02 Corinne, vous ne vous intéressez qu'aux entreprises du digital ? Est-ce que vous avez
05:06 une appétence plus particulière ? C'est plus facile ? Je ne sais pas, comment ça
05:08 se passe ? J'avoue que c'est un secteur qui continue
05:10 à me pétionner et que donc, j'ai eu la chance de mentorer des gens qui étaient à
05:15 chaque fois dans le digital, B2B et B2C. Et que, si vous voulez, ça crée quand même,
05:20 ça facilite le démarrage parce qu'ils nous racontent des trucs et on comprend de quoi
05:24 ils parlent. Surtout dans un secteur comme ça qui peut
05:27 être un peu technique. Un peu.
05:28 Un petit peu. Mais c'est vrai que cette passion commune
05:31 pour ce secteur-là, elle crée aussi quelque chose de très fort. Donc, je n'ai mentoré
05:36 que des gens qui ont monté des boîtes dans le digital.
05:39 Est-ce que c'est inné d'être mentor ? Ah, pas du tout. Alors, pas du tout. Pourquoi ?
05:44 Parce que d'abord, on signe une charte. Alors, on signe une charte du mentorat. Je me souviens
05:49 la première fois que j'ai signé. Maintenant, je ne la signe plus, je crois.
05:52 Oh ! À chaque fois.
05:54 Spandale. On se dit… On ne peut pas être conseil.
05:57 On ne peut pas être advisor, comme on dit dans le monde que je fréquente. On doit être
06:04 mentor. Alors, on se crotte la tête. On doit faire quoi ? Et en fait, on doit aider l'entrepreneur
06:13 à cheminer par le questionnement. Donc, on est un peu en fac de philo là. Pas loin.
06:18 Voire très proche. Donc, aider l'autre à cheminer par le questionnement. Business,
06:23 hein. Mais quand même. Et donc, ce n'est pas inné du tout. Et les premières séances,
06:30 j'avoue, on se retient. Ne pas dire, mais appelle ton comptable. Ou monte un board.
06:38 Enfin, on se retient. Et puis, petit à petit, on se rend compte que ce questionnement, on
06:44 sait quand même où on veut les emmener, soyons clairs. Finalement, une fois qu'on
06:49 en a qu'on l'a pratiqué un an, six mois, peu importe. Après, ça prend un peu de temps.
06:55 Devient assez puissant parce qu'on le fait de mieux en mieux.
06:59 Xavier, vous avez eu les mêmes interrogations que Corinne ?
07:02 Alors oui. Déjà, je me suis aperçu que moi, je ne serais peut-être pas un bon mentor.
07:07 J'ai quand même tendance à donner des conseils assez rapidement. Donc, le rôle qu'on s'est
07:11 donné chez Manu Tan, ce n'est pas forcément un rôle de conseil parce que l'idée, ce
07:14 n'est pas d'avoir raison. C'est plutôt de nous apporter de l'expertise et ne pas
07:19 venir en concurrence de Mouji parce qu'il y a déjà un mentor. Ce ne serait pas une
07:22 bonne idée d'être un deuxième mentor. Le mentor, il va donner beaucoup de recul.
07:27 Il va lui permettre de se questionner lui-même. Nous, on va plutôt l'aider à passer des
07:32 étapes dans la vie de l'entreprise. Donc, on est un peu l'inverse du mentor. Mais c'est
07:36 un peu le positionnement qu'on s'était donné en disant qu'est-ce qu'on peut amener
07:39 de plus que le mentorat ? Nous, ils sont chez nous pendant un an et donc, on fait un
07:43 bilan au début pour les lauréats. Tu en es là. Où est-ce que tu veux être dans
07:47 un an ? On va t'aider à être là-bas dans un an. Donc, ce n'est pas du mentorat.
07:50 Mais par contre, ça va derrière. Aurélie, si je peux me permettre de tenir
07:54 cette posture de mentor, c'est quelque chose qui est extrêmement compliqué. Aujourd'hui,
07:58 il n'y a pas un mentor, un entrepreneur qui rentre pour être mentor sans être formé
08:02 à cette posture. Oui, c'était la question que j'allais vous
08:04 poser et comment vous les accompagner parce que j'imagine bien que si on dit que ça
08:08 n'est pas inné, il faut un genre de formation. Voilà, donc ça n'est pas inné, il y a
08:12 une formation. À l'issue des formations, on a régulièrement des entrepreneurs qui
08:16 nous disent « Non, vraiment, ça n'est pas fait pour moi » parce qu'on a envie
08:20 effectivement de prendre le volant, de dire « Mais il faut que tu fasses ça, il faut
08:23 que tu fasses comme ci, il faut que tu fasses comme ça ». Et pour le mentor, il y a une
08:27 très forte prise de conscience que c'est aussi un chemin de développement personnel
08:31 pour employer un mot qui est très à la mode. Mais c'est effectivement apprendre
08:35 à faire confiance à l'autre. Quand je parlais de confiance tout à l'heure, ça
08:37 fait vraiment partie de ça. C'est « Je te dis, je vais te poser des questions et
08:44 j'ai confiance en toi pour comprendre ce qu'il y a derrière tout ce questionnement
08:48 ». Et je sais que j'ai eu des mentors, je ne vais pas citer Cohen, mais qui nous
08:52 ont appelés en nous disant « Non, non, mais là il faut que je lui dise, il faut que je
08:54 lui dise qu'il est en train d'aller dans le mur ». Non. S'il doit aller dans le
08:58 mur, il faut le laisser aller dans le mur. Il continue à questionner.
09:01 C'est vrai ? Il faut le laisser aller dans le mur ?
09:02 Il a peut-être besoin de ça pour comprendre qu'effectivement, il faut changer parfois
09:06 de direction. Mais effectivement, le rôle du mentor, c'est de questionner, de questionner,
09:10 de questionner. Et s'il a décidé d'y aller, on rentrerait dans le conseil en lui
09:16 disant « Non, tu n'y vas pas ». Mais ça doit être super dur ça, Corinne.
09:21 Oui. Mais quand on se dit « Là, il y a peut-être un mur », effectivement. Mais
09:27 ce n'est pas du questionnement pour le plaisir du questionnement. Ça n'a aucun intérêt,
09:31 on est quand même dans le monde du business. C'est un questionnement pour qu'il trouve
09:35 la solution. La solution peut être de mettre fin à une aventure entrepreneuriale.
09:40 Oui, pivoter. Parce qu'il est trop fatigué, parce qu'il n'a pas de marché, parce que
09:46 l'associé s'est barré, parce que… des tas d'histoires d'entrepreneurs. Mais
09:49 ce n'est pas le plaisir du questionnement. C'est le questionnement pour les aider à
09:54 trouver la solution qui leur convient. Ce n'est pas forcément celle qui m'aurait
09:58 convenu à moi, mais qui leur convient à eux. Donc on sait quand même où on veut
10:03 qu'ils trouvent la solution. Et qu'à la fin, ils se disent que le raisonnement les
10:07 amène à la solution qui sera la meilleure pour eux.
10:09 En fait, ça suppose une vraie neutralité. Ça suppose…
10:14 De ne pas prendre partie sur telle ou telle option qui pourrait mettre en face de vous,
10:18 finalement. Ça suppose beaucoup de recul, beaucoup d'objectivité.
10:23 Et ça, je peux vous dire qu'au bout de 3-4 heures, parce que les séances durent
10:27 3-4 heures, parce qu'on a des vrais sujets de la matière, le travail c'est l'entreprise.
10:31 J'embauche, j'embauche pas, je fais un BP, j'envoie, etc. Au bout de 3-4 heures,
10:36 on est lessivé des deux côtés. - Je viens croire.
10:39 - Des deux côtés. Donc ça demande du recul, de la lucidité et puis beaucoup d'écoute.
10:44 Parce qu'en fait, souvent, ils l'ont la solution. Mais il faut les aider à la révéler,
10:50 à l'exprimer, à la creuser. Après, on les aide à creuser. Si on dit "oui, il faut
10:54 que je lève des fonds", etc. On va creuser. Pourquoi est-ce que c'est le bon moment ? Qu'est-ce
10:59 que t'as vu ? Mais les aider à révéler, puis à approfondir pour être sûr que c'est
11:04 la solution qui leur convient.
11:05 - Xavier, j'entends ce que dit Corinne avec des séances de 3-4 heures. Je ne sais pas
11:09 comment ça se passe chez Manutan. Mais quel est l'avantage pour une entreprise comme Manutan
11:15 de vous mettre, vous ou d'autres équipes, à disposition de ces start-up pendant des
11:19 temps qui peuvent être assez longs ?
11:21 - L'avantage, il est vraiment... Déjà, le premier avantage, c'est qu'on a très envie
11:26 de les aider et qu'on pense que c'est un peu notre rôle aussi.
11:30 - C'est un engagement. - Oui, c'est un engagement. C'est un peu le
11:32 rôle de Manutan. C'est un petit peu ce qu'avait demandé un peu le positionnement de Manutan
11:36 et celui de Jean-Pierre Guichard qui a fondé ça et qui a démarré avec nous aujourd'hui.
11:40 Ça, c'est un premier point. Le deuxième, c'est que c'est un super enrichissement de
11:43 l'autre côté. C'est-à-dire qu'aider des gens qui démarrent pour une vieille start-up
11:48 comme nous qui avons 60 ans, ça nous rappelle, ça leur rappelle à ceux qui étaient là
11:51 au départ, comment on faisait. Non, mais c'est super enrichissant. Chez nous, les experts
11:57 et les sponsors chez nous se battent pour être sponsor l'année d'après. Et quand
12:01 ils ne le sont plus, ils sont horriblement déçus. Donc, c'est bien qu'ils y trouvent
12:04 un intérêt. Ça nous aide aussi à nous poser des questions finalement. Parce que
12:09 plus on pose des questions, plus on s'en pose à soi-même. Mais en fait, lui, il veut
12:14 aller très vite. Et pourquoi nous, on est aussi long que ça ? Et peut-être qu'on
12:16 pourra avoir les mêmes short-cuts que lui, qu'on ne s'applique pas à nous-mêmes.
12:19 Donc, ça, c'est super enrichissant. Pour revenir sur les pourquoi, sans être forcément
12:24 mentor, c'est aussi nous ce qu'on fait à travers le processus qui s'appelle le
12:27 lead management. On explore tout le temps les problèmes en posant les 5 pourquoi. Pourquoi
12:33 ça ? Ah oui, d'accord. Et donc, pourquoi ça ? Ah oui, d'accord. Et normalement, au
12:36 bout de 5 pourquoi, on a la réponse. Donc, c'est aussi une méthode en dehors du mentorat
12:41 d'aller explorer. Je retiens. Bénédicte, pour les jeunes entrepreneurs, parce qu'on
12:47 a beaucoup parlé des mentors, mais je voudrais qu'on parle un peu des mentorés, c'est
12:50 vraiment un accélérateur de croissance dans la plupart des cas où… Ce qui est important
12:56 déjà, c'est qu'on ne cherche pas forcément pour tous à accélérer la croissance. C'est
13:01 un accélérateur de sérénité pour l'entrepreneur. Et la sérénité, ça passe par l'atteinte
13:08 de ses objectifs en diminuant le nombre de nuits blanches, tout simplement. Ce qui est
13:12 déjà pas mal. Donc, pour un grand nombre, ça peut être un accélérateur de croissance
13:18 parce qu'effectivement, quand ils viennent nous voir, ils ont ce projet, ils ont envie
13:21 d'avancer. Mais pour certains, c'est un accélérateur de prise de conscience qu'effectivement,
13:26 il faut arrêter l'entreprise ou qu'il faut faire différemment ou que l'on n'ait
13:30 pas fait justement pour être dans cette croissance. Donc, ça va être un accélérateur de prise
13:36 de conscience de ce que l'on est et de quelle est l'entreprise que l'on a envie de porter.
13:43 Donc, moi, je le qualifierais plutôt comme ça. Mais je suis sûre que Corinne a des
13:49 exemples extrêmement puissants de jeunes entrepreneurs qu'elle a pu accompagner et qui ont pris
13:57 conscience de certaines choses et qui ne sont pas forcément que de la croissance.
14:01 Oui, alors moi, j'aimerais bien avoir des exemples Corinne.
14:04 D'accélérateurs de croissance ou de belles histoires, comme vient de le dire Bénédicte.
14:09 Alors, tous les gens que j'ai pu accompagner, ils sont quand même dans la croissance et
14:16 dans l'hyper croissance.
14:17 En même temps, secteur du digital potentiellement.
14:19 Oui, potentiellement, c'est un secteur qui s'y prête.
14:23 Qu'est-ce que je peux vous dire ? Je peux vous dire que dans la charte du Mentora, parce
14:28 que je crois que c'est important de le rappeler, on fait ça bénévolement. Et ce qui joue
14:33 énormément, c'est qu'il n'y a justement pas d'intérêt financier. Donc, un mentoré,
14:38 un jeune entrepreneur qui a un truc à dire, il ne sait pas comment le dire à son investisseur,
14:41 ça m'est arrivé une paire de fois, on va y travailler ensemble. Parce qu'effectivement,
14:47 il ne peut pas le dire comme ça, ni à son client, ni à son investisseur. Donc, il y
14:52 a des phases comme ça où il s'arrive parce qu'il ne sait qu'à son mentor qu'on peut
14:57 dire certaines choses. Parce qu'il n'y a pas de lien financier. Donc, l'intérêt, il
15:01 est complètement aligné. Donc, j'ai eu quelques séances de préparation à comment annoncer
15:07 des nouvelles à des investisseurs. Et puis, sinon, moi, ce qui me fait le plus plaisir,
15:15 c'est que pendant deux ans, il n'y a pas d'intérêt financier. Et pendant deux ans
15:19 après, on n'a pas le droit d'avoir de relations commerciales, investisseurs pendant les deux
15:25 ans qui suivent. Et dans trois cas sur quatre, moi, j'ai eu le plaisir qu'ils m'appellent
15:31 et qu'ils me demandent ensuite de faire partie de leur aventure. Dans Notvisa, en
15:37 branle même, ils me demandent deux ans après de rester, de les accompagner pour la suite
15:44 de l'aventure. Et ça, je peux vous dire, c'est à chaque fois des super belles histoires.
15:48 C'est des temps très très longs finalement. On en revient à ça. Alors, c'est un an.
15:52 Puis, c'est deux ans où ils donnent quand même des nouvelles. Parce qu'ils ont un
15:55 peu du mal à arrêter. Et puis, au bout de deux ans, les deux ans sont passés. Est-ce
16:03 que tu peux donc joindre ? Et j'ai eu le cas une fois, le plus récent, d'un des plus
16:09 récents. Au début, ils ne voulaient pas. Ils ont gagné un an de mentorat. Ça ne leur
16:13 parle pas. Et c'est moi qui dis à cette boîte-là, franchement, les deux entrepreneurs, etc.
16:19 Je mets deux mois à obtenir le rendez-vous avec eux pour la première séance de mentorat.
16:23 Et je les vois toujours. Et on est quelques années plus tard.
16:27 Super. Et vous, alors Xavier, des anecdotes à nous raconter sur les boîtes que vous
16:32 avez accompagnées ?
16:33 Ah ouais. Ce qui est très sympa aussi, c'est qu'on arrive à n'importe quel stade de
16:41 l'entreprise. Dans la première session de Move with Manutan, on avait Nora qui avait
16:46 créé sa boîte peut-être une semaine avant d'avoir intégré le Move.
16:50 Ah oui, c'est short.
16:51 Donc, ils sont arrivés chez nous. Elle était très contente d'être chez nous parce qu'elle
16:54 avait un bureau et un téléphone. Parce qu'elle n'avait pas à part chez elle, sa maison,
16:57 mais pour leur entreprise. Donc, on les a vraiment hébergés pour le coup chez nous.
17:00 Ils faisaient leur rendez-vous client chez nous. Donc, ça, c'était super. Et on a accompagné
17:05 Nora après pendant un an, pendant cette année-là. Mais on continue de la voir. Et on a le kick-off
17:10 la semaine prochaine. Et c'est elle qui vient faire l'ouverture. Donc, pareil, on a des
17:14 alumnis ou je ne sais pas comment on peut appeler ça. On s'est créé un réseau d'amis.
17:17 Ça, c'est intéressant. On a eu aussi deux entrepreneurs qui ont levé des fonds à l'issue
17:26 de leur passage chez Manutan. Donc, on les a aidés à structurer leur entreprise. Et
17:31 ensuite, cette structuration d'entreprise leur a permis de faire un deck qu'on a revu
17:35 ensemble. Et ils ont été levés des fonds. Donc, on en a deux. Merci à Anis qui est
17:38 levé. Et puis, il y a Manon qui vient également de lever. Donc, ça, on est hyper fier parce
17:42 qu'en tout cas, on les a aidés. Je ne dis pas du tout que c'est grâce à nous. Mais
17:47 en tout cas, on les a aidés à passer ça. Et ça rejoint un peu cette idée de croissance
17:51 parce que c'est des entreprises qui se sont posées la question de comment elles allaient
17:54 accélérer. Donc, ça, c'est des super bonnes nouvelles. Et puis, cette année-là, on a
17:59 trois nouveaux. Donc, on viendra les présenter bientôt.
18:01 Avec plaisir. Bénédicte, moi, j'ai l'impression que tout ça est quand même assez vertueux,
18:06 en tout cas, ce qu'on en raconte ici aujourd'hui. Est-ce qu'on ne pourrait pas dupliquer ce
18:10 modèle, par exemple, pour des jeunes qui débutent en entreprise ou pour... Voilà,
18:15 ça se fait un petit peu dans certains cas, mais ce n'est quand même pas très développé
18:18 encore ? Alors, merci Aurélie pour cette question
18:20 parce qu'effectivement, c'est notre sujet très chaud du moment puisqu'on travaille
18:27 depuis deux ans et demi maintenant pour lancer ce même type d'accompagnement pour les jeunes
18:32 dans leur prise de poste parce que le monde de l'entreprise ne correspond pas du tout
18:38 à l'idée qu'on s'en fait quand on démarre. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'échecs.
18:42 Le taux de rupture des CDI dans la première année est de 80% chez les jeunes et ils partent
18:48 avec une idée terrible, en fait, de ce qu'est le monde de l'entreprise et qui vient souvent
18:53 d'une incompréhension mutuelle, chacun étant arc-bouté sur ce qu'il croit être la vérité.
18:59 Et l'idée d'apporter justement un mentor, d'apporter ce questionnement permet à chacun
19:06 de développer l'empathie pour l'autre. Donc, les mentorés voient leur manager d'une façon
19:11 différente et les mentors voient leur collaborateur d'une façon différente. Donc, ce qui est
19:17 très important, c'est que le mentor et le mentoré ne sont pas de la même entreprise
19:20 pour que justement on garde cette idée de « je peux tout dire et je peux m'adresser
19:26 à mon mentor pour qu'il m'aide à m'adresser à mon manager », comme on le fait dans
19:29 le cadre d'une levée de fonds par exemple avec ses investisseurs. Et ça permet de reconstruire
19:34 une relation au travail beaucoup plus saine et effectivement très vertueuse. Donc ça,
19:40 c'est un programme qui devrait être lancé d'ici la fin de l'année maintenant.
19:44 Merci beaucoup à tous les trois. Bénédicte Sanson, cofondatrice et déléguée générale
19:48 du MOUVJ, Corine Lejbovitz, mentor de l'association du MOUVJ, Xavier Lohan, directeur de programme
19:55 du groupe Manutan.
19:56 On se retrouve bien sûr le mois prochain pour un nouveau numéro de Smart at Work.