Lenglet-Co and You du 20 octobre 2023

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Regardez Lenglet-Co du 20 octobre 2023 avec François Lenglet.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h37, Langue des Cois avec vous François.
00:08 Bonjour à tous.
00:09 Alors que le gouvernement exhorte les entreprises à augmenter les bas salaires,
00:12 vous nous rapportez ce matin des chiffres extrêmement troublants.
00:15 Oui, il témoigne de ce qu'on appelle la trappe à bas salaire, c'est-à-dire le fait que le système français de charge sociale
00:22 interdit littéralement les augmentations pour un salarié payé au SMIC.
00:28 Mais comment ça interdit ?
00:29 Il suffit d'un chiffre pour le comprendre.
00:31 Lorsqu'un employeur veut augmenter de 100 euros net,
00:34 c'est-à-dire vraiment dans la poche, un de ses salariés payé au SMIC,
00:38 il doit débourser
00:40 483 euros de plus chaque mois.
00:43 Ou, autre façon de le dire, le coût du travail payé par l'employeur pour ce salarié augmente de 28%
00:50 alors que la rémunération nette, elle, ne progresse que de 6%.
00:54 Excusez-moi mais comment tel écart est-il possible ?
00:56 Ecoutez, ces 483 euros de surcoût mensuel, ils se décomposent en plusieurs postes.
01:01 Le premier, le plus important de loin, c'est l'augmentation de charge sociale, elle est de 228 euros.
01:07 Pour une augmentation de 100 euros par mois, l'employeur doit donc payer 228 euros de charges supplémentaires.
01:12 C'est énorme !
01:13 C'est énorme et ça s'explique par le fait que les salaires au niveau du SMIC sont exonérés de charges presque totalement.
01:19 Mais l'exonération est dégressive à mesure que le salaire s'élève au-dessus du SMIC.
01:24 Autrement dit, à 100 euros au-dessus du SMIC, l'employeur paye aussi davantage de charges sur la totalité du salaire.
01:32 La facture est donc deux fois et demi supérieure à l'augmentation nette.
01:36 Dites-moi le reste du surcoût, comment il s'explique ?
01:38 53 euros d'augmentation de charges et de CSG payés par le salarié lui-même.
01:43 78 euros provenant de la diminution de la prime d'activité.
01:48 Vous savez, ce complément de salaire versé par l'État aux basses rémunérations.
01:52 Bien sûr, si le salaire augmente, le complément est moindre.
01:55 Si l'employeur veut donc augmenter de 100 euros net réel le salaire, il doit compenser.
02:00 Ajoutez à ça enfin 23 euros d'impôt sur le revenu parce que c'est justement le seuil
02:06 de revenu à partir duquel on est imposé.
02:09 Donc vous additionnez charge employeur, charge employée,
02:12 compensation de la prime d'activité plus faible et impôt sur le revenu qui apparaît,
02:17 vous obtenez le chiffre que je vous donnais tout à l'heure,
02:20 183 euros par mois.
02:22 Bon, c'est littéralement désespérant ?
02:23 Oui, il y a même presque pire.
02:26 Si l'employeur se limitait à augmenter le salaire de 100 euros sans compenser tous les à-côtés dont je viens de vous parler,
02:33 oui, sauf les charges,
02:34 le coût de son employé va augmenter alors que l'employé va recevoir moins.
02:38 Après avoir été augmenté, un comble.
02:41 Bon, c'est une nouvelle étape de votre voyage dans l'absurdistan français, non ?
02:44 Oui, mais vous savez, l'absurdistan, comme l'enfer, il est pavé de bonnes intentions.
02:49 Les allègements de charges sont très utiles, ils ont permis de créer des emplois,
02:53 et ils ne peuvent pas être consentis sur toutes les rémunérations,
02:56 parce que ça serait trop coûteux pour le budget de l'État.
02:59 On les concentre donc sur les salaires de moins de 1,6 MIG et on les rend agressifs,
03:04 ce qui crée des effets de seuil détestables.
03:08 Idem pour la prime d'activité, c'est une bonne idée au départ,
03:11 elle a pourtant pour conséquence de dissuader les augmentations.
03:14 En fait, les effets pervers se superposent.
03:18 Et tout ça finit par créer une trappe à bas salaires.
03:21 C'est tout le système qu'il faudrait revoir aujourd'hui.
03:24 Merci beaucoup François Langlis, on se retrouve lundi.
03:25 *rire*
03:26 Merci à tous !