Gaza : vers une offensive israélienne imminente ?

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00:00 Je continue d'en parler avec Elie Barnavi, ancienne ambassadeure d'Israël en France et historien.
00:04 L'incursion terrestre israélienne dans la bande de Gaza est-elle imminente ?
00:08 Et le nombre de morts chez les civils va inévitablement encore augmenter ?
00:12 Elie Barnavi, est-ce que vous nous entendez ?
00:26 Je vous demandais si l'incursion terrestre israélienne est imminente
00:29 et est-ce que le nombre de morts chez les civils va inévitablement encore augmenter ?
00:34 Oui, on a été coupé dans un moment.
00:37 Oui, l'incursion terrestre est imminente, nous savions depuis le début qu'elle allait arriver
00:45 puisqu'on ne peut pas remplir le but de guerre uniquement avec des forces aériennes
00:51 et évidemment quand vous lancez une incursion terrestre sur un territoire exigu pour près de 2 millions de personnes
01:01 forcément il y a des morts, il y a des blessés, c'est une tragédie évidemment.
01:08 L'appel à la population gazaouie à partir dans les 24 heures n'est pas réellement applicable.
01:14 L'ONU a demandé à Israël d'annuler cet ordre, quelle est votre position ?
01:19 Si elle n'est pas applicable, il y a des dizaines de milliers de personnes qui commencent à bouger
01:24 parce qu'ils n'ont pas le choix.
01:26 L'ONU est dans son rôle, je dirais, c'est normal qu'il appelle à cela, mais ça n'a aucune chance de s'analyser.
01:36 Vous savez, vous ne pouvez pas, nous payons tous pour les erreurs de nos gouvernements
01:44 et vous ne pouvez pas imaginer une opération militaire contre une organisation terroriste
01:50 sans qu'il y ait, d'après le mot affreux, des dommages collatéraux.
01:56 C'est comme ça, c'est tragique, mais c'est comme ça.
01:59 Et moi, vous le savez, je suis un colombe excité, mais là je ne vois vraiment pas d'alternative.
02:07 Il faut absolument débarrasser le territoire du Hamas et ça, ça a pris, ça a pris en vie humaine,
02:14 ça a pris en destruction et c'est malheureusement ici.
02:20 Mais le Hamas, il est immergé au sein de la population de Gazaoui ?
02:25 Bien sûr, il est immergé au sein de la population, il a installé ses points de commandement
02:30 et ses ateliers de fabrication d'armes dans les immeubles d'habitation, dans les sous-sols d'hôpitaux et d'écoles.
02:40 Nous savons ce que nous avons à faire et c'est pour ça que l'évacuation des citoyens de Gazaoui est un pisolet,
02:49 mais on n'a pas imaginé mieux.
02:52 Il vaut mieux ça si on peut épanier quelques vies humaines plutôt que de frapper aveugles,
02:58 parce que ce qui est certain, c'est que la décision est tombée,
03:01 à mon sens parfaitement justifiée, de décapiter le mouvement de ses capacités militaires et civiles.
03:09 Et donc ça, comme je l'ai dit, est pris et c'est malheureux, mais vraiment, vraiment, on n'y peut rien.
03:18 Alors je comprends ceux qui appellent, encore une fois, ils sont dans le rôle,
03:22 mais je pense que l'Israël est dans le sien aussi, on fait la guerre.
03:28 Et on nous a fait la guerre et on riposte avec les armes dont nous disposons.
03:35 On va prendre le temps que cela prendra, mais nous serons, je pense, cette fois-ci, réellement débarrassés du Hamas.
03:42 Vous pensez qu'on sera réellement débarrassés du Hamas, qu'on n'est pas en train de créer de nouveaux terroristes pour demain ?
03:49 Tout dépend de la sortie de cette guerre.
03:56 Je pense, j'espère qu'on y réfléchit dès maintenant,
04:02 parce que si on n'imagine pas, si on ne met pas en place une politique globale de traitement de la question de Gaza d'abord,
04:11 mais aussi de la question parisienne en général, évidemment on n'aura rien fait.
04:16 C'est-à-dire qu'il y aura de nouveaux terroristes, il y aura un nouveau Hamas et nous allons à tout recommencer.
04:24 Ce qui est important de comprendre, c'est que nous avons laissé pourrir la situation à Gaza,
04:30 de manière délibérée, c'était une stratégie de Netanyahou, on va ménager le Hamas, il l'a dit explicitement,
04:40 de manière à déprimer, à opprimer, à rendre l'autorité parisienne non pertinente.
04:50 Le but est clair, c'est de permettre, c'est de repousser toute éventualité de l'État parisien.
04:58 Les palestiniens, si vous avez un peuple divisé, des leaderships divisés, vous pouvez toujours dire "mais avec qui voulez-vous que je traite l'autorité parisienne discréditée,
05:08 elle ne la représente pas tous les palestiniens, le Hamas c'est le Hamas".
05:12 Et donc nous avons délibérément, je le répète délibérément, ménagé le Hamas,
05:19 encouragé en sous-main des sources de financement, de batailles et autres, fermé les yeux sur sa volonté en puissance militaire,
05:28 en se disant que nous pourrons toujours gérer la situation Hamas, et c'est toute cette stratégie qui maintenant nous éclate à la figure.
05:38 Je le répète, éliminer le Hamas est un but précaire utile, mais ça ne suffit pas,
05:46 ce n'est que la première étape pour la remise en place de toute la politique proche orientale d'Israël,
05:53 de la coalition internationale, pour la mise en place d'une coalition internationale pour la réhabilitation économique de Gaza,
06:02 pour la réhabilitation politique de l'autorité palestinienne, et pour la mise en place d'une solution à long terme.
06:09 En fait, ce qui vient de se passer, la tragédie que nous venons de subir, est la preuve qu'on ne peut pas ignorer le problème palestinien.
06:16 Netanyahou était tout fier d'avoir réussi à prouver, disait-il, que l'on pouvait faire la paix avec les pays arabes,
06:24 tout en s'en saillant sur les palestiniens. Là encore, il a dit et répété, le monde arabe et le monde en général,
06:32 ce monde des palestiniens, c'est une affaire derrière nous.
06:36 Maintenant, on va pouvoir coloniser la Cisjordanie à toute tranquillité et à terme l'annexer,
06:43 et ignorer le problème palestinien, et le prix que ça a eu, il est un peu dans le temps de commencer à s'atteler au problème.
06:53 Et là, je voudrais, si vous me permettez d'ajouter encore un mot, ce ne nous n'y parviendrons pas.
06:58 Il est extrêmement important que la communauté internationale se mobilise.
07:02 Quand j'ai dit communauté internationale, je pense évidemment aux Américains, aux Européens d'abord,
07:08 mais aussi aux États arabes, aux organismes financiers internationaux.
07:13 Il faut une task force d'urgence qui commence à travailler, à réfléchir dès maintenant,
07:20 pour pouvoir être à pied d'œuvre dès après l'affaire de la déshospérité.
07:26 Vous avez déclaré que la situation est le résultat de la barbarie terroriste du Hamas,
07:30 et de l'imbécillité de la politique du gouvernement israélien.
07:35 Donc avec un pareil diagnostic, quel espoir pour une solution pacifiste reste-t-il ?
07:42 L'espoir est que les deux termes de cette question vont disparaître.
07:51 Le Hamas, je l'espère, sera un souvenir historique, et Netanyahou est la quête aussi.
08:01 On va avoir ici un passé réaliment de force politique.
08:06 Netanyahou est politiquement mort, tous les sondages montrent qu'il n'a plus aucun avenir politique.
08:16 Et donc on va changer de gouvernement par des élections, autrement lui, il va devoir payer,
08:23 il y aura une commission d'enquête, et donc on aura ici un pouvoir, un gouvernement plus réceptif
08:31 aux nécessités d'une paix avec les palestiniens, et si non d'une paix immédiate,
08:42 au moins d'un arrangement qui permet d'enclencher de nouveau un processus significatif
08:48 qui est en train de prendre en place depuis au moins 2014,
08:51 depuis la dernière tentative américaine un peu plus sérieuse d'imposer un règlement.
08:56 Et là, je m'adresse aux européens, je fais un gros travail de lobbying pour persuader la France
09:05 et d'autres acteurs de créer cette casque-force pour pouvoir commencer à faire bouger les choses.
09:14 Encore une fois, l'israélite ne le fera pas, il faudra travailler avec Israël,
09:20 et s'il le fallait, il faudra les contraindre pour avoir une politique plus raisonnable.
09:27 Très rapidement, dernière question Elie Barnavi,
09:29 est-ce qu'il n'y a pas un risque si les crimes de guerre à Gaza se multiplient
09:32 que l'opinion internationale se retourne contre Israël ?
09:35 Si, bien sûr, il y a un risque.
09:38 L'espèce d'humanité dont nous bénéficions maintenant, du moins dans les classes politiques,
09:46 c'est une capital qui se rend très vite.
09:50 La puissance publique est versatile, sensible à ce qui se passe sur le terrain.
09:58 Donc oui, bien sûr que ça va se retrouver.
10:02 Mais encore une fois, je ne vois pas que nous ayons le choix.
10:05 Il faut absolument achever ce premier chapitre de la nouvelle configuration que j'appelle le DEV.
10:13 Ça s'appelle le chapitre guerrier et militaire.
10:16 Il passe par la destruction complète du Hamas.
10:20 Vraiment, je pense qu'aujourd'hui, nous n'avons pas le choix.
10:24 Merci Elie Barnavi d'avoir été avec nous sur France 24
10:27 et merci pour votre analyse politique de la situation.

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