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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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00:00 Il y a quelqu'un que je voulais vous présenter pour parler d'un sujet qui nous tient vraiment à cœur,
00:04 c'est le cancer du sein, puisqu'en France, on estime qu'une femme sur huit sera atteinte d'un cancer du sein au cours de sa vie.
00:10 Et à l'occasion d'Octobre Rose, pour sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein,
00:14 l'artiste Carla Bruni a révélé avoir eu un cancer du sein elle aussi il y a quatre ans.
00:18 Elle a publié cette vidéo qu'on voit là sur les réseaux sociaux.
00:21 Elle explique qu'elle a eu de la chance, que son cancer n'était pas encore agressif.
00:24 Et elle appelle les femmes à faire des mammographies.
00:26 Et lundi, c'est au tour de Caroline Roseauver, elle était atteinte elle aussi d'un cancer du sein,
00:30 et elle a annoncé avoir enfin fini sa chéniothérapie.
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01:13 Bonsoir Émilie Daudin.
01:14 Bonsoir Pauline.
01:15 Merci beaucoup d'être avec nous, c'est un plaisir de vous recevoir sur le plateau de Clic.
01:18 Je vous présente Sofiane Pammart.
01:19 Je suis très heureuse de vous faire vous rencontrer tous les deux.
01:22 Vous êtes chef d'entreprise, Émilie, vous êtes autrice, podcasteuse et créatrice de contenu aussi.
01:26 On vous connaît sous les réseaux sous le nom d'Émilie Brunette.
01:29 Et vous avez publié un livre bouleversant, Dans mon sein, aux éditions Plomb.
01:33 Il y a trois ans, lorsque vous avez 33 ans, on vous annonce que vous avez un cancer du sein,
01:38 virulent, dit triple négatif.
01:40 C'est quoi triple négatif ?
01:42 Triple négatif, c'est un cancer qui ne répond pas aux hormones,
01:45 donc il est négatif à toutes les hormones, d'où son nom.
01:48 C'est un cancer très vicieux, qui touche généralement les femmes de moins de 40 ans.
01:54 Il touche 15% des cas de cancer du sein, parce qu'en fait il n'y a pas un cancer du sein,
01:58 mais des cancers du sein.
01:59 Et c'est celui que j'ai eu du coup il y a trois ans.
02:01 Comment vous l'avez appris ?
02:03 Moi je n'ai pas appris lors d'une autopalpation, je l'ai appris,
02:06 en fait un jour j'ai eu une douleur dans le sein,
02:08 qui arrivait comme ça, je suis allée consulter ma sage-femme,
02:12 qui m'a dit que c'était une déchirure musculaire,
02:14 que le cancer du sein ne faisait pas mal.
02:16 Là ça a continué, je suis retournée voir une autre sage-femme,
02:19 qui m'a dit la même chose, et les douleurs ont continué.
02:23 Ma boule est arrivée, a commencé à grossir,
02:26 j'ai fini par aller consulter en urgence,
02:28 parce que je ne pouvais plus respirer à chaque fois que j'avais des douleurs.
02:31 Et là, le 1er octobre 2020, je vois que je passe une échographie de ma mère,
02:35 et j'apprends que j'ai un cancer du sein,
02:38 enfin je comprends que j'ai un cancer du sein,
02:40 et après tout s'enchaîne, une semaine plus tard j'ai le diagnostic,
02:42 et là c'est terrible.
02:44 Vous en parlez souvent, vous dites, c'est vrai qu'on entend les médecins dire
02:46 "un cancer du sein ça ne fait pas mal",
02:48 c'est un préjugé qui coûte beaucoup ça.
02:50 C'est dangereux parce que moi, clairement j'avais 6 tumeurs dans le sein,
02:53 j'aurais pu y passer si aujourd'hui le cancer du sein
02:56 était métastatique en triple négatif,
02:58 malheureusement ils ne savent pas trop le soigner aujourd'hui.
03:01 C'est dangereux de dire à une femme que le cancer du sein ne fait pas mal,
03:06 j'aurais aimé qu'on me dise "on va vérifier ça tout de suite,
03:08 par acquis de conscience",
03:10 et c'est ce que je dis aux lectrices qui m'écrivent tous les jours en me disant
03:12 "on m'a dit que le cancer du sein ne faisait pas mal, que dire ?"
03:14 Je dis "ben j'ai déjà changé de médecin, et en tout cas,
03:16 dites-lui que c'est faux, et que ça peut faire mal,
03:18 comme ça peut ne pas faire mal, mais ça peut faire mal".
03:20 -Quand on vous l'annonce, vous, vous avez l'impression que ça y est ?
03:23 Vous allez mourir, évidemment, on comprend.
03:25 Et comment vous reprenez le dessus ? Quel a été le déclic ?
03:29 -Moi, c'est arrivé le lendemain de l'anniversaire de ma fille qui avait un an,
03:32 mon deuxième enfant, donc c'est terrible.
03:34 Déjà, on se dit "on va mourir, nos enfants seront orphelins".
03:37 Au début, je me dis "j'ai pas la force de me battre".
03:39 Et après, la force, elle est dans les enfants, elle est dans la vie.
03:42 On a l'espoir.
03:44 On a dit "on n'a pas le choix". Moi, j'avais pas le choix.
03:46 Je me dis "oui, bien sûr que c'est terrible,
03:49 il y a une part de déni, mais après, il y a aussi une part de force,
03:52 et il faut foncer et y aller, et on n'a pas le choix".
03:55 -Votre force, elle est assez impressionnante,
03:57 parce que vous continuez de faire la guerre aux expressions.
03:59 Evidemment, ça fait pas mal, mais il y en a une autre qui vous agace beaucoup,
04:01 c'est "ça va aller".
04:03 Quand vous annoncez votre cancer, on vous dit "ça va aller".
04:05 -Parce qu'en fait, on dit toujours "le cancer du sein se guérit bien",
04:08 mais c'est la deuxième cause de mortalité en France, le cancer du sein.
04:12 Faut le rappeler. C'est 12 000 femmes par an qui en meurent.
04:15 Et c'est terrible de dire que ça va aller, ça se guérit bien,
04:18 dire "tu ne sais pas si ça va aller".
04:20 Et puis, en fait, je pars faire de la chimiothérapie,
04:23 c'est pas rien, et me dire "ça va aller",
04:25 c'est aussi une façon de se débarrasser de l'annonce qu'on fait à quelqu'un.
04:29 C'est pour rassurer, mais c'est très maladroit, en fait.
04:32 -Aujourd'hui, vous êtes en rémission. -Oui.
04:35 -Qu'est-ce que ça veut dire, concrètement ?
04:37 -En fait, on est en rémission pour un triple négatif pendant cinq ans,
04:40 si, en fait, pendant cinq ans, il n'y a pas de traces de cancer dans le corps.
04:43 Et ils parlent de guérison au bout de cinq ans pour un triple négatif.
04:47 Ça ne veut pas dire que le cancer ne peut pas revenir
04:50 sous une forme de deuxième cancer,
04:52 ou même ailleurs, métastase et autres.
04:55 En tout cas, on passe le cap, et c'est un message d'espoir.
04:59 En tout cas, c'est mon cap que j'espère arriver, en fait, au bout.
05:04 -Pendant votre cancer, vous avez partagé votre quotidien
05:07 sur les réseaux sociaux, sur Instagram, notamment,
05:09 et vous nous faites remarquer, la société,
05:11 en attendant des femmes, il y a une espèce d'injonction
05:13 à la désirabilité, même au cas de maladie.
05:16 Est-ce que vous, vous l'avez sentie, cette pression-là ?
05:18 -Complètement. Limite pour me féliciter quand je me maquillais,
05:21 en me disant "t'es bonne mine", "t'es belle", etc.
05:23 Mais en fait, il y a des jours où je ne me maquillais pas,
05:28 je n'avais pas envie, j'étais chauve,
05:30 et en fait, ce n'est pas que je me laissais aller ou autre,
05:32 mais c'est la réalité du cancer.
05:34 On est chauve, on n'a plus de cheveux, plus de cils, plus de sourcils,
05:38 on est malade, et des fois, on n'a pas envie
05:42 de correspondre à ce que la société attend de nous.
05:46 Mais moi, j'avais envie de le faire, certains jours,
05:48 et des jours où je n'avais pas envie de le faire,
05:50 et ça ne paye pas forcément, je pense.
05:53 -Autre raison aussi pour laquelle votre compte est aussi suivi,
05:55 c'est pour ça, tout ce que vous démystifiez, tout ce que vous démontez,
05:58 il y a aussi cette formule, la guérison, ça dépend du mental,
06:01 qui est ultra-culpabilisant. -C'est horrible.
06:03 On vous annonce que vous avez une maladie mortelle,
06:06 qu'est-ce que vous voulez ? Avoir un moral d'assis à tout le temps ?
06:09 C'est normal de flancher ? Moi, j'avais le moral,
06:11 parce que j'ai une suite d'une personne qui a souvent un bon moral,
06:13 et je vais bien, je me protège de l'actualité anxiogène,
06:16 mais il y a des jours où je craquais,
06:18 parce qu'on a une telle... Comment dire ?
06:22 On a une telle attente des gens sur nous, sur la maladie,
06:25 qu'on va guérir, etc., qu'on dit "il faut que tu sois en pleine forme,
06:27 il faut que tu souris, il faut que tu..."
06:29 Mais en fait, ce n'est pas évident tous les jours
06:31 de porter la peur des autres qu'on puisse mourir,
06:34 et puis le poids de tout ça, ce n'est pas évident.
06:36 Donc, je dis aux femmes... J'ai rencontré des femmes
06:39 qui étaient en dépression pendant leur cancer
06:42 et qui vont très bien aujourd'hui. Donc, voilà.
06:45 -Sofiane, quand vous entendez un témoignage comme celui d'Émilie,
06:48 vous qui êtes hyper sensible, hyper empathique, on le sait,
06:51 qu'est-ce que ça vous évoque ?
06:53 -Déjà, je ressens encore le combat tout récent.
06:56 J'ai le cœur qui bat à toute allure,
06:58 parce qu'en fait, je ressens tout ce que tu as dû surmonter.
07:01 Et en même temps, quand tu dis que ça va aller, qu'on n'aime pas,
07:05 je pense qu'il y a des moments où je me disais
07:07 "Mais à moi, quels mots je pourrais choisir ?
07:10 Quels mots pourraient conforter ? Quels mots pourraient encourager ?"
07:12 Et je me dis qu'en fait, les ressources qu'il faut aller chercher,
07:15 le mental qu'il faut aller chercher pour pouvoir surmonter tout ça,
07:18 c'est surhumain.
07:20 Et voilà, je suis très admiratif.
07:23 -Merci beaucoup, en tout cas, Émilie, d'être venue
07:26 parler de tout ça avec nous.
07:28 Votre livre "Dans mon sein", il est disponible aux éditions Plon.
07:31 Et tout de suite, on part au coiffeur.
07:33 Sous-titrage Société Radio-Canada
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