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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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00:00 Bonsoir Ovidie, bravo, on est hyper contents pour vous.
00:03 Attendez, je n'ai pas encore gagné.
00:04 Non mais nous c'est tout comme.
00:05 C'est une nomination quand même.
00:07 Non, c'est la classe Adalaz.
00:09 C'est la grande classe.
00:10 Vous êtes nommée dans la catégorie format court, les résultats sera le 20 novembre à New York.
00:14 Il paraît qu'au début vous avez cru à une blague.
00:16 J'ai cru que c'était une blague en fait.
00:17 Là en ce moment je suis en montage pour un doc et je suis rentrée hyper tard de montage
00:21 et j'étais rayon, je suis en train de m'acheter du yaourt de soja
00:24 et puis je vois Jérémie Gillet qui est donc l'acteur principal de Des gens bien ordinaires.
00:28 Je dis, je décroche, je suis en train de choisir mes yaourts
00:31 et il me dit alors, je voudrais parler à une réalisatrice nominée aux Emmy Awards.
00:36 Je dis, arrête de me flatter, tu as le rôle de toute façon,
00:39 tu l'as, ça y est parce qu'on va tourner la saison 2.
00:41 Je dis, tu as le rôle donc arrête quoi.
00:43 Il dit non mais ça ne te fait rien.
00:45 Je dis, mais de quoi tu parles ?
00:46 Et en fait il était avec Raika Hazzanavicius qui joue aussi dans la série
00:49 et ils étaient tout excités.
00:50 Il se dit, mais c'est génial, de quoi vous me parlez ?
00:52 Et j'ai cru qu'il me faisait une blague.
00:53 Et bien non, ce n'est pas une blague.
00:55 Raika disait, non mais si c'était une blague, ce serait méchant.
00:57 Je dis, bah oui ce serait méchant et après on est bon.
00:59 Votre série est nommée aux Emmy Awards.
01:01 Et le pitch il est incroyable aussi, il n'est pas ordinaire.
01:04 C'est aussi pour ça que ça a marché.
01:05 On y suit le destin de Romain.
01:06 C'est un jeune garçon de 18 ans qui se lance, qui décide de se lancer dans le porno.
01:09 Sauf que là, tous les rôles sont inversés.
01:12 En réalité, ce sont les femmes et non les hommes qui décident
01:14 et on comprend mieux que jamais la réalité de la domination masculine dans le porno.
01:19 Ces situations, vous les avez vécues vous, Ovidie ?
01:21 Alors dans le porno ou n'importe où ailleurs en fait
01:23 parce que ce sont des situations de sexisme quotidien.
01:25 Il y a le porno en toile de fond sur les premiers épisodes
01:27 mais en fait assez rapidement on se rend compte que c'est des formes de...
01:30 C'est vraiment un sexisme le plus banal qu'on peut retrouver dans la plupart de nos interactions.
01:34 Et cette permutation des genres, parce que c'est une dystopie où les rapports de pouvoir sont inversés,
01:39 cette permutation des genres, elle permet de se rendre compte justement de la banalité de ce sexisme-là.
01:45 Parce qu'il y a des petites phrases comme ça auxquelles on ne fait même pas attention
01:47 mais à partir du moment où on les représente justement avec des rapports inversés à l'image,
01:51 tout à coup ça nous saute au visage et on se rend compte que voilà, c'est une forme de banalité du mal.
01:57 Le sexisme il existe à la télévision ? Vous l'avez connu ?
02:00 Oui et non. Je l'ai connu en tant plutôt que productrice.
02:04 Quand je suis arrivée comme j'étais je pense la première productrice animatrice, c'est ce qu'on disait en tout cas.
02:11 1991.
02:12 Voilà, 1991. Parler des budgets, parler d'argent, ce n'était pas évident pour une femme.
02:17 Mais on me l'a bien fait sentir, c'était une affaire d'hommes, l'argent.
02:21 On peut raconter l'histoire ?
02:23 Oui, je meurs d'envie de la raconter.
02:26 On peut dire que les gens ne le savent pas mais évidemment Mireille Dumas a une place particulièrement importante dans votre vie.
02:31 Vous dites même que vous ne seriez pas là si vous n'aviez pas été sur son émission, c'était en 1999 et on a les images, vous aviez 19 ans.
02:38 Sérieux ?
02:39 Vous aimeriez que l'on parle de vous, de devenir une star du porno ?
02:43 J'ai envie de me faire un nom.
02:47 J'ai envie de me faire un nom dans le porno parce que j'ai envie que la personne qui écrira des bouquins sur l'obscène,
02:55 la personne qui fera de la musique, la personne qui fera d'autres performances et qui les présentera à des galeries,
03:01 j'ai envie que cette même personne se soit Ovidie Starduix.
03:06 Pourquoi il a changé votre vie ce moment-là ?
03:08 Il a changé ma vie en bien comme en mal et c'est intéressant parce que vous, vous l'aviez senti dès le départ que ça allait changer ma vie.
03:17 Et vous avez fait un truc très chic qui a été, avant la diffusion de l'émission, de me montrer les images et de me dire
03:24 "est-ce que tu es vraiment sûre que tu veux qu'on les diffuse ?"
03:27 Et ça c'était très chic, je me souviens on les avait visionnées avec des journalistes qui travaillaient avec vous à ce moment-là.
03:32 Oui parce que comme elle allait loin, c'était important qu'elle soit bien sûre qu'on parle de tout ça et que l'on montre tout ça.
03:40 Et c'est une forme de coming out on va dire avec toutes les répercussions sociales qui vont derrière.
03:45 Est-ce que ça a changé dans votre quotidien de faire ça ?
03:47 A l'époque ça a changé ma vie, alors pour le côté négatif déjà ça a changé ma vie dans le sens où je commençais à me faire insulter dans la rue,
03:54 ça a changé mes rapports à la fac avec les autres étudiants mais avec les professeurs aussi.
03:58 Qu'est-ce qu'ils vous disaient ?
04:00 Je me souviens par exemple après la diffusion de cette émission il y avait une prof de TD de grec,
04:05 donc le truc il n'y avait rien à voir, j'étais étudiante en philo à ce moment-là,
04:08 de grec ancien qui nous a fait deux heures sur la pudeur en me regardant droit dans les yeux alors que ce n'était pas le sujet de son cours, des choses comme ça.
04:15 Et suite à ça bon il y a eu... mais ça a changé ma vie en bien aussi dans le sens où en fait c'est au moment de la diffusion de cette émission
04:22 que je suis vraiment devenue "obligée" en tant que personne publique quoi, pour le meilleur et pour le pire.
04:29 Mireille, qu'est-ce que vous perceviez à ce moment-là de cette jeune fille ?
04:32 Une grande fragilité, une grande force.
04:36 Je trouve que ça interroge quelque chose.
04:38 Et en même temps qu'elle allait effectivement faire quelque chose parce que ce n'est pas par hasard non plus,
04:44 elle n'a pas fait... enfin elle pourrait en parler longtemps, elle vit dit, mais...
04:47 Ça interroge quelque chose de très intéressant Mireille Dumas parce que quand on voit que vous allez lui parler avant,
04:55 que vous prenez les précautions, qu'il y a un échange, un dialogue, à l'époque il y avait des critiques de gens qui disaient
05:02 "Mireille Dumas ça peut être voyeuriste" alors qu'en face il y avait d'autres animateurs qu'on ne va pas citer
05:08 qui sont également sur l'INA aujourd'hui, qui faisaient des émissions quand on les revoit sur internet misogynes,
05:13 limite raciste, beauf, vulgaire, où les artistes étaient méprisés.
05:18 On avait Kerry James hier qui se plaignait du traitement qu'il avait parce qu'à l'époque rap, banlieue, c'était pas possible.
05:25 Squeezie s'en est plaint aussi. Et finalement comment est-ce qu'on le vivait quand ce qui n'était pas cool était rendu cool à l'époque ?
05:32 C'est-à-dire que ça a été une période où ce que je faisais qui ne posait absolument aucun problème,
05:39 où on ne parlait pas de voyeurisme, à un moment donné est arrivé en même temps que moi, en même temps que Balaymas,
05:45 ce qu'on appelait à l'époque les "Rality Show". Peut-être que vous ne savez pas ce que...
05:49 - "Energie 12", "Les Golemons" - Voilà, les "Rality Show".
05:53 Et qui prenaient les mêmes thèmes en fait. Ils parlaient des mêmes thèmes, mais ce qu'ils cherchaient c'était le sensationnalisme.
05:59 Au moment où justement il se passait quelque chose, pouf, coupure pub, attendez juste après la pub,
06:04 vous allez voir comment cette personne s'est fait frapper, etc.
06:09 Donc on était dans l'antithèse de ce que je faisais. Mais comme ça se ressemblait, il y a eu amalgame.
06:14 Et c'est vrai qu'il y a eu une période d'un an ou deux, comme ça un peu compliqué.
06:18 - Et surtout je tiens à le dire, il y avait un côté précurseur dans Balaymas, parce que vous avez mis en lumière la marge.
06:22 - Mais oui, bien sûr, la marge, briser les tabous, changer le regard,
06:28 et surtout poser à travers une histoire singulière un problème de société.
06:33 - Et c'est ce que fait Ovidi à travers son travail, et on espère un Emmy Award.
06:36 - Mais il faut continuer, c'est pour ça qu'il faut continuer, il faut tracer son chemin, Ovidi.
06:40 Laissez parler, continuez, et à un moment donné...
06:44 - Vous avez les encouragements de mettre Yoda de l'interview, là.
06:47 - Ouais, ouais, ouais, je suis flattée de les recevoir.
06:51 Quelque part, c'est quelque chose aussi que j'essaie de mettre en application quand je fais des documentaires,
06:56 quand je fais "Accoucher d'une parole" aussi, on a tous été à la même école.
07:01 - Ah, oui.
07:02 Merci à tous !
07:04 Merci à tous !