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00:00 Et on parle des aires médicaux, donc ce matin, la région n'est pas épargnée à Alice.
00:04 Plus de 200 000 habitants du Barin et du Haut-Rhin vivent dans des zones où c'est difficile d'accéder aux soins.
00:09 Avec nous pour en parler ce matin, la vice-présidente en charge des affaires de santé à la collectivité européenne d'Alsace.
00:14 Bonjour Karine Pagliario.
00:16 Bonjour Hubert, bonjour à tous.
00:18 Alors, c'est plus d'un Alsacien sur 10 qui a du mal à trouver un pharmacien, un généraliste ou des soins à l'hôpital, c'est beaucoup.
00:25 C'est quand même beaucoup moins que la moyenne nationale puisque ça concerne 30% des Français.
00:30 L'Alsace était plutôt épargnée jusqu'à là, pourquoi ça en pire ?
00:34 Ça en pire parce qu'on a moins de médecins et parce que tout simplement, ils ont le droit de vieillir et de partir à la retraite, tout simplement.
00:41 Alors qu'est-ce qu'un désert médical ? C'est ne pas avoir accès aux soins, c'est-à-dire ne pas avoir deux consultations par an pour des personnes.
00:49 Donc c'est tout à fait normal qu'ils soient considérés comme un désert médical dans ce cas-là.
00:54 On est surtout impacté dans le sud du département, vous le savez.
00:57 Quand je dis sud du département, c'est sud d'Alsace évidemment, le Haut-Rhin particulièrement, dans le tout nord de l'Alsace également, et puis des quartiers de Strasbourg également.
01:09 On est sur 130 communes considérées officiellement comme des déserts médicaux en Alsace.
01:14 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'au fur et à mesure des départs à la retraite, dans 10 ans, on est à 500 communes ?
01:19 Ça risque, c'est pour ça qu'on y travaille, on y travaille fortement.
01:24 La plupart des personnes qui cherchent des soins de proximité qui n'en trouvent pas, c'est surtout des spécialistes.
01:32 Alors on va peut-être écouter Evelyne qui a la duelle à trouver un pneumologue.
01:37 Bonjour Evelyne.
01:38 De Richtholzheim.
01:39 Bonjour.
01:39 Bienvenue à vous.
01:41 Evelyne, dites-nous.
01:42 Oui, voilà, donc j'ai une maladie pulmonaire et donc tous les ans je fais une réadaptation pulmonaire.
01:49 Dans notre centre actuellement qui se trouve à UQIR, UGECAM, ils ont un gros problème pour trouver un pneumologue.
01:57 Ils ont été dans l'obligation de supprimer des lits parce qu'ils ne peuvent plus assumer.
02:05 Moi je devais rentrer en septembre, du coup je ne vais rentrer qu'en novembre et encore c'est pas sûr.
02:11 Donc il faut effectivement s'arrêter de passer en septembre.
02:14 Qu'est-ce que vous pouvez lui répondre ?
02:15 Alors déjà bonjour et merci pour votre témoignage.
02:19 Effectivement les spécialistes particulièrement, alors que ce soit des pneumologues,
02:24 mais je pense aussi aux pédiatres psychiatres qui sont très peu nombreux sur l'Alsace.
02:29 Donc on va essayer de faire du rabattage si vous permettez cette expression.
02:32 C'est une expression un peu dure mais on va la dire quand même parce que
02:36 évidemment on n'a pas pléthore de spécialistes particulièrement dans certaines spécialités.
02:42 Alors nous ce qu'on travaille beaucoup en priorité c'est la médecine générale
02:47 parce que c'est en amont des problématiques de santé, sur la prévention santé aussi très fortement
02:53 et ça accompagne aussi la famille.
02:56 Donc j'ai envie de dire on remet du soin là où il y avait souvent pas un soin régulier.
03:01 Et quand vous dites faire du rabattage ça veut dire quoi ?
03:03 Ça veut dire qu'on essaye de les faire, mais vous savez c'est des professions libérales,
03:08 donc dépendant des professions libérales, ils sont libres d'aller et venir là où ils souhaitent s'implanter.
03:14 Bien sûr ils connaissent les problématiques territoriales,
03:18 puisque l'agence régionale de santé et les différents ordres des spécialistes
03:23 leur indiquent les problématiques, mais libre à eux de s'implanter ou pas.
03:27 Après il faut faire du lobbying.
03:29 Evelyne, on vous remercie de nous avoir appelé ce matin sur France Blas,
03:33 on continue de discuter ensemble, là on a jusqu'à 8h pour le faire, 0388 25 15 15.
03:39 On va accueillir Michel, tenez Michel qui nous appelle de Knering.
03:43 Bonjour Michel.
03:44 Bonjour, bonjour à toute l'équipe.
03:46 Alors on s'intéressait aux spécialistes à l'instant,
03:49 mais vous, vous avez eu du mal à trouver un dentiste c'est ça ?
03:53 Oui, j'ai eu un gros souci dentaire au printemps, mon dentiste était en vacances,
03:57 j'avais un abcès, une joue qui avait triplé de volume,
04:00 j'ai appelé les dentistes, tous les dentistes du coin,
04:03 jusqu'à Mulhouse, Colmar, même Strasbourg,
04:07 je suis allée aux urgences à l'hôpital du Mönch à Mulhouse, on m'a refusé.
04:11 Il n'y a pas de place, il n'y avait de place nulle part pour moi,
04:15 la chance que j'ai eue entre guillemets, la chance que nous avons nous,
04:18 peut-être encore dans la région frontalière, c'est d'avoir la Suisse à côté,
04:22 j'ai passé un coup de fil, j'ai été prise dans la demi-heure.
04:25 Je ne comprends pas qu'en France, on ait un tel désert médical,
04:29 j'ai aussi un gastro-entérologue à Saint-Louis, à qui on a fermé le service,
04:34 à la polyclinique de Saint-Louis, il ne peut plus faire de coloscopie.
04:38 J'ai eu un cancer, je dois faire une coloscopie, il n'y a pas de place nulle part,
04:43 il y a des délais d'un an, voire de deux ans d'attente.
04:46 Je connais une dame qui doit être soignée d'un cancer,
04:50 pour lequel ce même cancérologue se bat, on ne la prend pas nulle part.
04:54 - On entend que c'est compliqué, Michel.
04:57 - Oui, c'est très triste, il y a des gens qui meurent, qui manquent de soins,
05:00 je ne comprends pas que notre gouvernement ne...
05:03 La Suisse est un exemple à côté, alors il y a d'autres moyens, c'est sûr,
05:07 mais on prend les gens en urgence quand il y a urgence.
05:10 - Restez avec nous Michel, on donne la parole aussi à Geneviève dans un très court instant,
05:14 on va poursuivre cette conversation, je rappelle que nous sommes avec Karine Pagliur-Rulot,
05:18 vice-présidente en charge des affaires de santé à la CEA.
05:22 Est-ce qu'il y a un vrai problème dans la région frontalière,
05:25 ou tout simplement les médecins préfèrent s'installer de l'autre côté de la frontière plutôt que s'installer en France ?
05:29 - Vous avez tout dit, effectivement, la consultation de l'autre côté de la frontière n'est pas la même que chez nous en France,
05:35 c'est des accords et des travaux que nous menons,
05:38 parce que la collectivité européenne d'Alsace-Europe, avec la compétence transfrontalière,
05:42 on y travaille, on travaille un peu plus fortement avec l'Allemagne,
05:46 on a accepté de faire des travaux avec nous, de partager les patients sur Vissambourg et du côté de l'Allemagne,
05:53 en Suisse c'est un peu plus lent, parce qu'il faut des conventions, il faut des accords...
05:57 - Il faut des conventions qui fixent les tarifs de la consultation.
06:00 - Voilà, et les médecins, il faut qu'ils soient d'accord aussi, que ces tarifs soient respectés.
06:04 Donc c'est pas aussi évident que ça, mais je salue la volonté de cette dame de se soigner malgré tout,
06:10 et d'avoir été juste de l'autre côté de la frontière à quelques kilomètres,
06:14 je pense que c'est important, à un moment donné, il faut trouver moyen.
06:18 Et on me disait toujours qu'à Strasbourg on trouve tout, ou beaucoup, mais c'est beaucoup plus loin pour elle, effectivement.
06:24 - À Strasbourg on a donc la fac de médecine, on enforme des médecins,
06:27 alors comment on fait pour qu'ils restent, quels sont les moyens qu'on peut mettre en place ?
06:31 - Alors on peut mettre, on met déjà des actions en place, on accompagne dans les territoires,
06:36 et particulièrement là où il y a des problématiques de santé, un médecin généraliste qui va partir en retraite,
06:41 qui a accepté de prendre des stagiaires médecins généralistes,
06:46 et donc les accueillir avec leur famille, parce que souvent ils ont déjà un conjoint, des fois des enfants,
06:54 donc accompagner, faire un package du bien de l'installation.
06:58 - Là on parle de médecins qui sont déjà installés, qui sont déjà médecins, ou on parle des internes dès leur formation ?
07:04 - Alors les internes dès leur formation, tout au début, ne vont pas dans les territoires,
07:08 donc c'est dans la quatrième année, au moment du stage, des obligations de stage, qu'ils vont dans les territoires.
07:14 Et donc c'est là où il faut leur montrer, les séduire, c'est ce qu'on fait aussi durant la semaine d'intégration,
07:21 les 10 jours d'intégration aux nouveaux internes qui viennent d'arriver cette semaine,
07:26 et donc on leur montre qu'est-ce que l'Alsace, ce n'est pas que Strasbourg,
07:29 bien que Strasbourg est magnifique, la capitale de l'Europe, je le dis toujours,
07:33 mais au-delà de Strasbourg, il y a des territoires ruraux qui sont magnifiques aussi,
07:37 où ils peuvent évidemment faire du sport, avoir accès à la culture, aller sur l'international,
07:43 et puis bien vivre avec leur famille, parce que les jeunes aussi, on s'occupe aussi de la garde d'enfants,
07:50 on fait un package pour les accompagner, grâce aux maires aussi, sur les secteurs,
07:56 qui proposent soit des logements, soit de la mobilité, parce qu'on a aussi souvent ce problème-là.
08:01 - Ça c'est un peu la méthode douce pour les convaincre de rester,
08:05 est-ce que ça fait vraiment ses preuves, est-ce que ça marche ?
08:07 - Alors je vous dirais ça dans 5 ou 10 ans, mais ça marche ponctuellement,
08:12 on n'a pas de réussite à grosse échelle aujourd'hui, parce qu'on vient de commencer à peindre cette politique,
08:16 on était, vous l'avez dit, pas en désertification médicale jusqu'à très peu de temps,
08:20 donc on s'en occupe par rapport à d'autres départements très tardivement,
08:24 puisqu'on accueillerait les assises de départements de France, il y en a qui, ça fait 15 ans qu'ils y travaillent,
08:29 donc nous on est un peu plus tardif, mais on croit en ce qu'on fait,
08:33 et on croit aussi en ces jeunes, j'ai demandé hier quand je suis intervenue à la faculté,
08:39 qui c'est qui était alsacien ou de Souche, ou à un moment donné passait par l'Alsace,
08:44 il y avait un bon tiers qui était alsacien, et donc on espère récupérer au moins...
08:49 - Il y a besoin d'être alsacien pour vouloir s'installer en Alsace, là certains l'ont dit aussi, oui.
08:55 - Mais c'est une obligation, on en a beaucoup parlé au printemps dernier,
08:59 de rendre obligatoire de s'installer dans certaines zones désertifiées,
09:02 ça marche pas vraiment, ça a été écarté du projet de loi sur l'accès aux soins finalement,
09:07 est-ce qu'il y a d'autres façons qui seraient un petit peu plus concrètes que simplement faire découvrir l'Alsace ?
09:14 Est-ce que par exemple une incitation financière se serait envisageable, c'est déjà mis en place par exemple en Ile-de-France ?
09:19 - On a aussi des incitations financières, mais contrairement à ce que vous dites,
09:23 c'est pas l'argent qui va véhiculer une volonté d'installation,
09:28 c'est un cadre de vie, c'est un confort, un accueil de l'ensemble de la famille,
09:32 dans de bonnes conditions et sur du long terme, parce que ce qu'on ne veut pas,
09:36 c'est donner de l'argent public, parce que là on parle bien d'argent public,
09:39 donner de l'argent public à un moment, et que les personnes au bout de 6 mois, 1 an, 2 ans,
09:44 on parlait de Saint-Louis tout à l'heure, s'en vont.
09:46 - On discute désert médicaux ce matin sur France Blasas, il est 7h56,
09:49 merci à Michel de nous avoir appelé et merci de son témoignage,
09:52 et on accueille Geneviève qui, depuis à Genaud, souhaite aussi nous dire quelques mots.
09:56 Bonjour Geneviève.
09:57 - Oui, bonjour, j'ai bien écouté là, à un moment donné,
10:06 on a quand même touché le confort des médecins, oui, tout à fait.
10:12 Je pense qu'ils veulent rester un peu dans leur confort,
10:16 et c'est pour ça qu'ils ont beaucoup de mal à se déplacer d'une ville,
10:21 pour rentrer dans un endroit, à se retirer des villes.
10:26 Mais ça c'est les jeunes médecins, ils n'ont pas encore de famille,
10:31 bon, alors ce qu'il faudrait faire pour un peu les motiver,
10:35 déjà il faut obliger, c'est des médecins, ils ont une obligation,
10:39 ils font 10 ans et plus d'études, donc quelque part il faudrait peut-être les toucher,
10:47 sentimentalement on va dire, parce que je me souviens, j'ai 68 ans,
10:52 je me souviens de nos médecins qui se sont déplacés jour et nuit,
10:57 ils n'ont pas regardé sur l'heure, ils sont venus,
11:01 ce qu'aujourd'hui on nous dit, nous ne prenons plus de nouveaux patients.
11:08 C'est quoi ça ?
11:09 - Geneviève, on va laisser notre invitée répondre, Karine Pagliarulo,
11:13 la vice-présidente en charge des affaires de santé, vous répondre à la CEA.
11:17 - Je voulais vous dire madame, merci pour votre témoignage et pour votre appel ce matin,
11:22 on n'est plus à l'ère du médecin qui fait 10 heures par semaine,
11:28 et qui même la nuit se déplace en visite,
11:31 aujourd'hui nous sommes sur une population de médecins particulièrement féminisés aussi,
11:37 avec des familles, avec des enfants, et donc ils souhaitent faire 30-35 heures,
11:42 mais après on n'est pas là pour les fliquer, le but étant que la réponse santé soit là dans les territoires,
11:49 qu'il s'orchestre à deux ou à trois, qu'importe,
11:52 pourvu que la population ait la réponse médicale nécessaire et c'est à cela qu'on travaille.
11:56 - Et vous parlez de sentiments jeunes dièvres, effectivement c'est ce que vous faites,
11:59 en leur faisant découvrir tous les atouts du territoire de l'Alsace.
12:03 Merci beaucoup Karine Pagliarulo d'être venue répondre à nos questions et à celles des auditeurs de France de l'Alsace ce matin.
12:08 Bonne journée. - Bonne journée, merci à tous.

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