La Corse, le laboratoire du Mal Français

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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce vendredi, il revient sur le discours d'Emmanuel Macron en Corse.

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Transcript
00:00 Place à l'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:05 Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour Marie, bonjour à tous.
00:09 Vincent à Ajaccio hier devant l'Assemblée de Corse, Emmanuel Macron a proposé à l'île une
00:13 autonomie dans la République. Il a aussi dit son intention de mentionner la Corse dans la Constitution.
00:19 Que vous inspirent ces promesses ?
00:21 Ces promesses me laissent un peu perplexe. On va prendre les choses une à une.
00:24 En ce qui concerne la mention dans la Constitution, le président de la République l'avait déjà évoqué,
00:28 c'était le 7 février 2018, donc il y a presque 6 ans.
00:31 Il faut rappeler d'abord que cette mention est très hypothétique, elle exigerait une réforme constitutionnelle,
00:35 donc la majorité des deux tiers du Parlement ou un référendum.
00:39 Ensuite, est-ce que l'on parle d'une mention cosmétique ou d'une exception constitutionnelle
00:43 avec des effets en cascade ? Si c'est le cas, le risque de contagion est réel.
00:48 Et d'ailleurs, Emmanuel Macron avait à peine achevé son discours que lors du Congrès des Régions de France,
00:52 le dirigeant socialiste de Bretagne, Loïc Chénier-Girard, disait "Nous voulons la même chose,
00:57 c'est pour ça qu'il y a un peu de légèreté et peut-être même de l'inconséquence dans ce discours du président".
01:02 - Et donc l'autonomie dans la République, nouvelle trouvaille du en même temps macronien, ça ne vous convainc pas ?
01:07 - Alors que l'on s'entende bien, sur le papier, le statut de la Corse,
01:10 il est au caractère unique, doté d'une langue, d'une histoire, d'une identité, peut se discuter.
01:15 Mais pas maintenant, et pas comme ça.
01:17 Aujourd'hui, la Corse a plus besoin de l'État que de l'autonomie.
01:20 Vous savez, la Corse est un précipité presque chimiquement pur des crises qui frappent notre pays.
01:24 C'est un laboratoire du mal français, quand la France est malade,
01:27 la Corse l'est encore plus.
01:28 Aujourd'hui, elle s'appauvrit, elle est la proie du grand banditisme,
01:31 elle peine à offrir à ses enfants l'horizon d'un accomplissement à leur hauteur.
01:34 Son isolement, plus que son absence d'autonomie, l'empêche de mener à bien les mille projets qui pourtant fourmillent.
01:40 C'est cher, c'est compliqué, c'est incertain de traverser régulièrement la mer.
01:45 Quant au transfert de compétences à la collectivité territoriale,
01:48 il faut rappeler qu'il y en a déjà beaucoup, et depuis longtemps, avec des résultats très faibles.
01:52 Je vais prendre un seul exemple.
01:53 La gestion des déchets, c'est un problème qui pourrit, c'est le cas de le dire,
01:56 et à tous les niveaux la vie des Corses,
01:58 problème qui n'est pas encore réglé à ce jour,
02:01 avec à la clé ce symbole des déchets qui sont exportés sur le continent.
02:04 - Oui, Gilles Simeoni, donc le patron des indépendantistes, l'a dit,
02:09 les urnes ont parlé, les autonomistes ont remporté les élections.
02:13 - C'est vrai, mais c'est vrai aussi qu'en 2022, Marine Le Pen est arrivée au second tour
02:17 devant Emmanuel Macron en Corse avec 58% des voix.
02:21 C'était une candidate nationaliste, mais avec le drapeau tricolore.
02:24 On peut voir dans ces deux votes un choix,
02:26 et aussi surtout une défiance vis-à-vis des effets de l'immigration
02:30 qui minent la vie quotidienne sur le continent, et que la Corse ne veut pas vivre.
02:34 Et c'est là l'autre problème.
02:35 La France est trop faible aujourd'hui pour prendre le risque de détricoter même symboliquement l'État-nation.
02:40 Je vous rappelle qu'il y a trois mois, le pays était en flamme,
02:42 et qu'une partie de la jeunesse voulait faire sécession en incendiant les écoles
02:46 et en agressant les policiers.
02:47 Je vous rappelle aussi que le mot "autonomie" a été lâché par le président
02:50 lors des émeutes à Bastia qui ont suivi la mort d'Ivan Colonna.
02:55 Donc ajouter dans ce climat la fracture régionale aux fractures économiques,
02:59 culturelles, géographiques, qui frappent déjà notre pays,
03:02 ça me paraît inutile et ça me paraît dangereux.
03:04 Enfin, si l'on évoque les liens entre la Corse et la France,
03:07 il y a quand même le poids de l'histoire.
03:09 Hier, Emmanuel Macron a commémoré le 80e anniversaire de la libération de la Corse,
03:13 premier territoire libéré de la France métropolitaine.
03:16 C'était en effet le 4 octobre 1943.
03:18 Cinq ans plus tôt, alors que l'Italie fasciste prétendait annexer l'île,
03:23 l'ancien combattant Jean-Baptiste Ferracci avait prononcé
03:25 sous les acclamations de la foule le serment de Bastia.
03:28 "Face au monde", disait-il, "de toute notre âme, sur nos gloires,
03:32 sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir en français".
03:38 Formule magnifique où s'embrassent l'histoire de la Corse et l'histoire de France.
03:41 L'édito politique sur Rantan, merci Vincent Trémolet de Villers et Alain Hudech.

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